Culture (20)

Interactivité et passivité

C’est une chose que nous considérons comme acquise que ce qui est interactif est forcément mieux que ce qui ne l’est pas. N’est-il pas mieux d’interagir avec un robot conversationnel que de lire des instructions ? N’est-il pas mieux de s’immerger dans un monde virtuel que de regarder une photographie ou un film ? N’est-il pas mieux de jouer à un jeu vidéo où nos actions affectent le déroulement de l’histoire que de nous faire raconter oralement ou par écrit une histoire qui est écrite une fois pour toutes et qui ne saurait changer ? Ne sommes-nous pas beaucoup plus actifs dans tous ces premiers cas, en comparaison des deuxièmes cas où nous sommes plus passifs ? Ces remarques, qui semblent valoir en général, ne s’appliquent-elles pas encore plus au domaine de l’éducation ou de la formation continue, dans les écoles ou dans les milieux professionnels ? N’avons-nous pas l’impression qu’un élève ou un étudiant apprendra ou se souviendra plus facilement des connaissances qu’on veut lui inculquer en utilisant des plateformes éducatives et ludiques qu’en essayant de mémoriser ce que dit l’enseignant ou le professeur en classe ou dans un enregistrement, ou ce qui est écrit dans le manuel qu’il lit, en plus de faire…

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Retour critique sur mes activités de blogueur

Je poursuis la réflexion commencée dans mon billet du 2 janvier 2024, sur le piège de la lutte continue contre l’incessante propagande. J’adopterai un point de vue plus individuel que dans ce billet pour donner une portée plus large à ma réflexion. Même si je suis la principale personne concernée par ce billet, j’espère qu’il pourra s’appliquer dans une certaine mesure à plusieurs de mes lecteurs. À tout le moins, ce qui suit leur permettra de comprendre la raison d’être des nouveaux principes que je me donnerai bientôt pour la rédaction et la publication des billets à venir. Pour écrire tous les billets publiés sur ce blog, et aussi pour m’informer à plusieurs sources, prendre directement connaissance de documents officiels et alimenter mes réflexions, il m’a fallu garder un mode de vie de confiné, même après la fin des confinements, en 2022. En plus de passer environ 35 heures par semaine à travailler sur un ordinateur, voilà plus de trois ans que je passe l’essentiel de mes temps libres, y compris mes vacances, à rédiger ces billets, et à faire des recherches, à regarder des vidéos, à lire des textes et à réfléchir pour les écrire. Paradoxalement, ou peut-être absurdement, je…

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Les conditions de notre évaluation de l’intelligence artificielle

On nous invite de plus en plus à juger nous-mêmes des avancées en intelligence artificielle en essayant les dernières versions des robots conversationnels développés par les grandes corporations informatiques ou en collaboration avec elles. Malheureusement, nous ne pouvons pas participer à une sorte de test de Turing, qui implique que nous ignorions si nous discutons avec une intelligence artificielle ou un être humain, et que nous puissions prendre l’intelligence artificielle pour un être humain ou un être humain pour l’intelligence artificielle. L’évaluation de l’intelligence artificielle ne se fait donc pas à l’aveugle, et notre jugement peut être fortement déterminé par nos préjugés positifs ou négatifs sur la possibilité et l’utilité d’une intelligence artificielle avancée et par nos stratagèmes, reconnus comme tels ou non, pour confirmer nos préjugés. Ceux d’entre nous qui sont influencés par la promotion de l’intelligence artificielle à laquelle nous sommes de plus en plus exposés, et qui voient d’un bon œil la prise en charge de nombreuses tâches par elle, tendent à être impressionnés ou enthousiasmés par les réponses et les répliques des robots conversationnels. À l’inverse, ceux qui sont rebutés par cette campagne publicitaire, et qui considèrent aussi avec méfiance ou crainte le rôle futur qu’on…

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Le piège du combat continu contre l’incessante propagande

Les effets de l’incessante propagande à laquelle nous sommes soumis sont multiples. Beaucoup d’entre nous sont simplement enrégimentés, se soumettent à ceux qui s’efforcent de plus en plus d’agir comme nos maîtres mais qu’ils prennent pour des bienfaiteurs, se retournent contre leurs pairs qui résistent et sacrifient ainsi leurs intérêts à ceux desdits maîtres. Au lieu de se laisser embrigader, d’autres deviennent tellement saturés par la propagande qu’ils s’efforcent d’ignorer autant que possible ses manifestations et aussi ses critiques, souvent sans les reconnaître pour ce qu’elles sont, afin de pouvoir vaquer tranquillement à leurs occupations quotidiennes. D’autres encore sont irrités par la propagande et luttent contre elle, en passant beaucoup de temps à la démonter, à lire et à regarder des articles et des vidéos d’autres personnes qui en font autant, et à discuter avec leur entourage enrégimenté ou somnolant, dans l’espoir d’enfin leur ouvrir les yeux et de les secouer. De tous les effets de la propagande, le dernier est certainement le moins désirable pour les propagandistes et leurs maîtres. En ayant soumis toujours plus notre existence individuelle et collective à la propagande, ils ont finalement réussi à irriter une partie non négligeable de la population qui se fait…

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Transformation numérique et atrophie intellectuelle et sentimentale (3)

Dans mon billet du 13 décembre 2023, j’ai analysé quelques-unes des modifications concrètes de notre vie personnelle et du travail qui pourraient résulter de la popularisation de l’intelligence artificielle. Étant donné la place importante qu’occupe le travail dans notre société et dans notre existence individuelle, et l’organisation de notre vie personnelle à l’âge adulte en fonction du travail et façonnée par lui, l’éducation qui prépare à la vie adulte est fortement déterminée par le travail, d’autant plus que l’enseignement est, pour presque tous les enseignants et les professeurs, un boulot comme un autre qui est exposé aux mêmes tendances sociales et économiques que les autres boulots. C’est pourquoi le recours à l’intelligence artificielle, s’il se généralise au travail et dans le reste de la vie adulte, se généralisera aussi en éducation, pour les élèves et les étudiants et pour les enseignants et les professeurs. Pour préparer les enfants, les adolescents et les jeunes à la vie adulte et au monde du travail qui seraient organisés, dirigés ou épaulés par l’intelligence artificielle, il ne serait plus nécessaire de leur apprendre à lire et à écrire correctement, dans leur langue maternelle ou dans une autre langue. L’intelligence artificielle mâchant le travail aux…

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Transformation numérique et atrophie intellectuelle et sentimentale (1)

La transformation numérique tant vantée dans laquelle l’intelligence artificielle devrait jouer un rôle majeur n’a pas seulement pour objet les documents, les moyens de communication et de transport, les processus administratifs, le commerce et la production industrielle. C’est aussi nous qu’on transformera, à l’école, au travail et dans notre vie personnelle, à proportion de l’étendue et de la radicalité des changements technologiques et sociaux qui se produiront. Ce que nous faisons et la manière dont nous le faisons constituant une partie importante de ce que nous sommes et affectant grandement le développement de nos aptitudes, de tels changements ne nous laisseront pas inchangés, comme si nous avions un moi séparé du monde dans lequel nous vivons et des activités dans lesquelles nous sommes engagés. En fait, la transformation numérique a déjà commencé il y a quelques décennies, quand les micro-ordinateurs ont fait leur apparition dans nos milieux de travail, dans nos écoles et dans nos domiciles. C’est notre manière d’apprendre, d’étudier, d’enseigner, de lire, d’écrire, de communiquer, d’interagir les uns avec les autres et de travailler qui a changé progressivement et qui continue de changer encore plus rapidement aujourd’hui. Et ces changements s’inscrivent dans la continuité des changements rendus possibles…

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Le désir de faire partie du peuple

Dans mon billet du 15 septembre 2023, j’ai montré de quelle manière ceux qui s’efforcent de devenir nos maîtres méprisent de plus en plus ouvertement le peuple ou les citoyens, et considèrent même qu’ils sont de la canaille ; et aussi de quelle manière plusieurs groupes de personnes – des bureaucrates, des universitaires, des médecins, des scientifiques, d’autres sortes d’experts, des journalistes et des « citoyens » obéissants – affectent de ne pas appartenir au peuple et désirent se distinguer de lui grâce à la position qu’ils occupent dans les administrations publiques, grâce à leur scolarité et à leurs diplômes, grâce à leurs connaissances et à leurs aptitudes intellectuelles supérieures ou particulières, grâce à leur expertise respective, grâce à leur capacité à informer le peuple ignare et grâce à leur orthodoxie ou docilité. Au lieu de s’irriter de la conception et des sentiments peu flatteurs des élites pour le peuple, ces groupes de personnes les partagent, quoique sous une forme généralement atténuée ou exprimée avec moins de morgue. Le plus comique, c’est qu’aux yeux de ces élites ils ne sont rien de plus que des serviteurs utiles qui, comme leurs concitoyens qu’ils regardent de haut, appartiennent à la populace. L’attitude de ces personnes…

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La médecine de masse

Depuis plusieurs décennies, voire un siècle ou deux dans certains cas, nous assistons à une importante massification de ce qui constitue notre culture et nos sociétés. Non seulement nous avons des médias de masse et des divertissements de masse, mais nous avons aussi une alimentation de masse et une éducation de masse. Il n’y aurait pas de problème si cette tendance avait simplement pour effet ou pour but de rendre accessibles à un plus grand nombre de personnes des informations éprouvées et des analyses rigoureuses des actualités nationales et internationales, des œuvres littéraires, cinématographiques et musicales au sens fort du terme, des aliments sains et des créations gastronomiques et une éducation qui développe l’intelligence et l’autonomie. C’est évidemment autre chose qui se passe. Dans le cas des médias de masse, on fournit aux masses des informations simplistes qu’on peut présenter en quelques secondes ou quelques minutes, qui sont immédiatement accessibles à tous, qui s’appuient sur des sentiments rudimentaires et non réfléchis pour être crues, et qui renforcent ces sentiments. Les analyses, quand il y en a, sont généralement simplistes et s’enracinent dans ces informations et ces sentiments rudimentaires et servent seulement à en confirmer la justesse. Les médias de masse…

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Risques de la numérisation de la culture (5) – L’architecture, l’urbanisme et la réalité virtuelle

Suite des billets du 9 juin, du 14 juin, du 25 juin et du 27 juin 2023. Notre civilisation est en train de se décomposer. Nos dirigeants, au lieu d’essayer d’atténuer, de ralentir ou de remédier à cette décomposition, semblent bien décidés à nous faire accepter avec résignation ce processus (sans l’appeler par son nom, évidemment), présenté comme une transformation historique inéluctable, et même à travailler à son accélération, puisque ce qu’ils considèrent comme la forme ultime du réalisme et du progressisme, c’est de courir à l’avant des tendances du moment. Ça n’a évidemment pas commencé avec l’arrivée du méchant virus et le délire sanitaire dont il a été le prétexte, ni avec l’adhésion de plus en plus folle à la croisade contre les changements climatiques, ni avec le sacrifice de la prospérité des pays occidentaux et des conditions de vie de leurs populations sous prétexte de guerre contre La Russie et peut-être bientôt contre la Chine. Pour parler seulement de ce qui m’intéresse dans ce billet, les villes occidentales s’enlaidissent de longue date et il devient de plus en plus difficile d’y vivre. Même dans les villes où les déboires économiques des dernières décennies se sont moins fait sentir…

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Risques de la numérisation de la culture (4) – L’interprétation et la composition musicales et l’intelligence artificielle

Suite des billets du 9 juin, du 14 juin et du 25 juin 2023. Dans mon billet du 25 juin 2023, j’ai envisagé la possibilité que les enregistrements musicaux, qui sont de plus en plus en ligne, deviennent inaccessibles ou difficiles d’accès à cause d’un effondrement technologique, de pénuries énergétiques et de censure, dans un contexte de moralite aiguë ou de guerre froide. Dans ce billet, je veux plutôt examiner la manière dont nos rapports à la musique et la musique elle-même se transformeraient si, au cours des prochaines décennies, l’utilisation de l’intelligence artificielle se généralisait pour produire des interprétations et des compositions musicales. Il faut des années pour apprendre à jouer d’un instrument ou à chanter. Après quoi, il faut s’exercer tous les jours ou presque pour continuer à s’améliorer ou seulement pour ne pas perdre la main. Il faut que des milliers de personnes s’exercent pendant des années, sous le regard attentif d’un ou de plusieurs professeurs, pour obtenir au bout du compte un musicien professionnel, et des millions pour obtenir un seul virtuose. Et c’est encore plus difficile pour obtenir un grand compositeur. Nous pourrions donc nous dire que cela fait beaucoup de temps, d’énergie et d’argent…

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Risques de la numérisation de la culture (3) – La musique en ligne

Suite des billets du 9 juin et du 14 juin 2023. Je ne considère pas la diffusion de la musique sur internet comme une mauvaise chose en elle-même. Cela m’a permis d’entendre les interprétations de musiciens qui sont morts avant que je naisse ou quand j’étais enfant (Glenn Gould, Scott Ross, Vladimir Horowitz et Jascha Heifetz) ou qui n’ont jamais donné un concert au Québec auquel j’aurais pu assister (Mstislav Rostropovitch, Paul O’Dette, Hopkinson Smith et Rolf Lislevand). Et même si j’étais né 20 ou 30 ans plus tôt et même si j’avais habité dans une grande ville nord-américaine ou européenne où ces musiciens auraient donné des concerts, je n’aurais probablement pas eu assez d’argent pour aller à tous ceux qui auraient intéressé. Je me serais peut-être même ruiné en achetant des disques, si j’avais vécu à une époque où la musique en ligne n’existait pas encore et si je m’étais mis en tête d’acquérir une certaine culture musicale, en me procurant plusieurs interprétations des œuvres des compositeurs bien connus ou moins connus du XVIIᵉ au XXᵉ siècles. Et sans la musique en ligne, peut-être n’aurais-je jamais entendu du flamenco, de la ranchera, du fado, de la musique tzigane est-européenne, de…

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Risques de la numérisation de la culture (2) – La lecture et l’écriture d’œuvres et l’intelligence artificielle

Dans mon billet du 9 juin 2023, j’ai fait l’hypothèse que les œuvres écrites pourraient devenir difficiles d’accès en raison de l’élagage et de la destruction des exemplaires déjà imprimés, de la transition toujours plus marquée vers des livres électroniques, de la précarité des technologies nécessaires pour les lire, et de la censure et de la falsification dont ils pourraient être l’objet. Dans ce billet, je veux plutôt examiner de quelle manière le rapport aux œuvres pourrait changer si, demeurant facilement accessibles surtout en format numérique sans être censurées ou falsifiées, elles étaient de plus en plus lues, étudiées, enseignées et discutées en s’aidant de l’intelligence artificielle. Ceux d’entre nous qui ont passé au moins quelques années à étudier ou à enseigner dans les collèges et les universités savent que beaucoup d’étudiants considèrent que c’est une perte de temps de lire une œuvre et d’essayer de la comprendre. Ce n’est pas un phénomène nouveau. Quand j’ai fait mes études collégiales et universitaires dans les années 1990 et 2000, plusieurs étudiants disaient fièrement qu’ils ne lisaient pas les œuvres littéraires et philosophiques qui étaient à l’étude et se vantaient de réussir quand même leurs cours. C’était alors la seule chose qui…

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Risques de la numérisation de la culture (1) – Les livres électroniques

Si presque toute la culture est en ligne et est assistée par ordinateur, sa survie dépend de la pérennité de ces technologies et du bon vouloir des corporations, des institutions et des gouvernements qui contrôlent ces technologies et la culture ou qui légifèrent sur elles. Étant donné les transformations technologiques, culturelles, morales et politiques qui s’accélèrent et aux dérapages autoritaires et superstitieux dans lesquels nous sommes entraînés, il y a de quoi s’inquiéter pour l’avenir de la culture en tant qu’entité vivante, et non comme une chose morte, mutilée, démembrée et enterrée. Et pourtant il arrive rarement qu’on s’inquiète. Nos concitoyens, qu’ils aient des prétentions à la culture ou non, nous ont montré qu’ils se préoccupent beaucoup plus du moindre petit microbe qui circulent, et nous font sentir qu’à côté des changements climatiques qui menaceraient l’humanité et la planète toute entière, la dégradation de la culture ne mérite pratiquement pas d’attention. Car à quoi bon préserver la culture si nous sommes submergés à cause de la fonte des glaces polaires, carbonisés par les rayons toujours plus ardents du soleil, affamés par les sécheresses, pulvérisés par les ouragans et les tornades, ensevelis par les tempêtes de neige, frigorifiés par le verglas…

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Possibilités d’utilisation du travail des machines

Depuis la révolution industrielle du XIXe siècle, des opinions s’affrontent sur les avantages et les inconvénients du travail des machines. S’il est vrai que nul ne doute des importants bénéfices qu’il en découle pour les industriels et les financiers, lesquels s’en mettent alors plein les poches en raison de la diminution des coûts de production et d’une dépendance réduite à l’égard de la main-d’œuvre humaine, la question est beaucoup moins claire pour les masses laborieuses. Des artisans du début du XIXe siècle, sous la menace de se retrouver sans travail à cause des machines plus productives qu’eux, se sont d’abord révoltés et ont détruit ou saboté lesdites machines. Par la suite, les ouvriers, dont des enfants, qui les ont ensuite peu à peu remplacés se sont retrouvés à travailler dans des conditions inhumaines et à être réduits à la servitude, par exemple en travaillant quinze ou seize heures par jour, six jours par semaine, le tout pour un salaire de misère, qui ne leur permettait pas de manger à leur faim, de vivre dans des logements assez grands et salubres et de se vêtir convenablement ou assez chaudement. La situation s’est ensuite graduellement améliorée pour diverses raisons (les luttes ouvrières,…

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Ce que l’avenir pourrait réserver aux plus jeunes

Faisons l’hypothèse suivante : les autorités politiques, bureaucratiques et sanitaires – qui ont de toute évidence perdu la tête ou (et) qui nous veulent du mal – continueront d’agir envers nous comme ils l’ont fait depuis quelques années ou quelques décennies ; et le peuple, endoctriné et loin de résister, se rangera majoritairement derrière ces autorités. Si les choses se passent ainsi, qu’en résultera-t-il pour les jeunes adultes, les adolescents, les enfants et les personnes qui pourraient naître au cours des prochaines années ou décennies ? Même s’il ne faut pas embellir la vie que nous, qui sommes plus âgés, avons eu jusqu’à maintenant, il me semble que nous pouvons dire que ce qui attend les plus jeunes et les générations encore à venir, c’est une dégradation généralisée de la situation politique, économique, morale et culturelle, et donc un appauvrissement de leur existence, comparativement à la nôtre. Ne nous leurrons pas : malgré l’élection des membres de l’assemblée législative et du gouvernement, nos droits politiques ont toujours été très limités. Outre le fait que, faute d’avoir l’argent et les relations nécessaires, il a toujours été inenvisageable pour beaucoup d’entre nous d’occuper des fonctions politiques importantes, les parlementaires censés nous représenter sont soumis à la…

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Horizons de politiques Canada – L’avenir de la valeur (7)

Je ne ferai pas ici l’analyse des autres changements de valeur annoncés par les rédacteurs du rapport L’avenir de la valeur publié par le think tank fédéral Horizons de politiques Canada. Il resterait encore sept activités à analyser et j’en aurais encore pour deux ou trois semaines à écrire à ce sujet. Il me semble que nous pouvons déjà avoir une idée assez précise de ce qui nous attend si les changements prédits quant aux activités déjà analysées venaient à se produire. J’ai d’ailleurs choisi les activités qui nous concernent plus spécifiquement, en tant qu’êtres humains et citoyens, et aussi en tant qu’intellectuels ou artistes. Voici les grandes lignes de ce qui apparaît à l’horizon, avec quelques contre-propositions. Appauvrissement généralisé Compte tenu du développement de la robotique et de l’intelligence artificielle, les robots et l’intelligence artificielle pourraient accomplir beaucoup de tâches physiques ou intellectuelles pour lesquelles nous sommes rémunérés. Et quand le travail humain serait encore requis, il nécessiterait moins d’expertise, celle-ci pouvant – selon les auteurs du rapport – être possédée par l’intelligence artificielle et être mise en ligne grâce à des cours sur demande ou à des enregistrements. Il en résulterait que le travail humain perdrait généralement en…

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Horizons de politiques Canada – L’avenir de la valeur (6)

J’analyse ici les modifications que pourraient entraîner les nouvelles technologies quant à la septième activité humaine de base (expériences qui modifient notre état émotionnel) selon le rapport L’avenir de la valeur, publié par Horizons de politiques Canada, un think tank financé avec les fonds publics, c’est-à-dire avec les taxes et les impôts que nous payons au gouvernement fédéral. Nous pourrions penser qu’enfin les rédacteurs du rapport daigneront nous traiter comme des êtres dotés de sensibilité, et pas seulement comme des producteurs et des consommateurs de marchandises, ou même comme des marchandises. Mais le seul fait de regrouper dans une catégorie distincte les activités qui modifient notre état émotionnel montre qu’on se préoccupe assez peu de la manière dont les autres catégories d’activités et leur transformation affectent notre état émotionnel. Car toutes les activités affectent nos sentiments, même si ce n’est pas leur fonction première. Le fait, pour un étudiant, de devoir rester seul des journées entières dans son petit appartement pour suivre des cours en ligne – parce qu’on s’imagine pouvoir ralentir la propagation du virus ainsi, parce qu’on trouve que c’est plus économique et écologique –, au lieu d’y assister en personne sur le campus universitaire, sans masque et…

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Horizons de politiques Canada – L’avenir de la valeur (4)

Je continue l’analyse du rapport publié par le think tank fédéral Horizons de politiques Canada que j’ai commencée dans les billets du 29 octobre, du 1er novembre et du 6 novembre 2021. Nous nous intéresserons maintenant à la cinquième activité humaine de base, question de voir comment, selon les auteurs du rapport, les nouvelles activités pourraient affecter la rareté quant à la production de connaissances, et provoquer des changements de valeur, comprise au sens économique. Ce qu’on dit ici est très important pour nous, car je suppose que plusieurs de mes lecteurs entrent dans la grande catégorie des « producteurs » et des « consommateurs » de connaissances. Il n’est déjà pas sans danger qu’on considère nos activités intellectuelles et artistiques d’un point de vue économique assez borné. Gardons donc l’œil ouvert et voyons à quelles transformations on voudrait soumettre ce que nous faisons, sous prétexte de progrès technologique. La définition est très vague et en même temps elle est restrictive et même simplificatrice. Comme je l’ai déjà dit dans mon analyse de l’activité 4, le fait de séparer en deux activités distinctes l’acquisition d’informations et la production de connaissances pose problème, surtout si les informations sont acquises par des personnes autres que celles…

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Purge du superflu et réduction à l’essentiel

Les mesures de guerre décrétées pour lutter contre le Virus consiste en une purge du superflu ou, si l’on préfère, à une réduction à l’essentiel. Nous avons remarqué, immédiatement après la déclaration de l’état d’urgence sanitaire qui se pérennise, que l’économie, la société et notre vie sont, aux yeux de nos autorités, composées de choses essentielles et de choses inessentielles. Les supermarchés, les pharmacies, les quincailleries, la Société des alcools du Québec et Société québécoise du cannabis sont des commerces essentiels. Les librairies et les bars n’en sont pas. L’éducation en présentiel ou à distance est essentielle. Les voyages et le tourisme ne le sont pas. Les sorties en famille sont essentielles. Les rassemblements entre amis ne le sont pas. C’est là le plus visible. Mais il y a aussi une purge du superflu et une réduction à l’essentiel dans ce qu’on conserve de ce qui est essentiel ou inessentiel. Il est vrai que les supermarchés et les pharmacies continuent d’exister à peu près sous la même forme. J’en conclus qu’ils avaient déjà été réduits à quelques fonctions essentielles : vendre de la nourriture ou des médicaments, en plus de produits de santé, d’hygiène et de commodité. Ce qui est déjà…

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Pourquoi acceptons-nous d’être confinés ?

Il ne s’agit pas de nous demander quelles raisons on nous donne pour justifier notre confinement. Ce serait une question stupide, dont nous savons tous la réponse. Il ne s’agit pas davantage de savoir si ces raisons sont bonnes, c’est-à-dire si la dangerosité du Virus justifie notre confinement, et si le confinement est un moyen efficace de lutter contre sa propagation et donc contre les hospitalisations et les décès dont il serait la cause. Il suffit de savoir que beaucoup d’entre nous le croient. Et pourtant nous croyons beaucoup de choses, notamment à propos de ce qui est nuisible ou bon pour notre santé, sans que nous ne changions tous nos habitudes pour autant. Par exemple, nous savons que notre mode de vie sédentaire est mauvais pour notre santé, qu’il est l’une des causes des maladies cardiovasculaires, et qu’il est donc responsable d’une diminution de notre espérance de vie. Mais beaucoup d’entre nous passent leurs soirées ou leurs fins de semaine devant un écran d’ordinateur (en plus du temps passé au travail) ou de télévision, au lieu de faire du sport ou de l’activité physique. Et nous ne nous attendons pas à ce que la Santé publique ordonne, grâce à…

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