Contre l’élimination du groupe témoin et pour la liberté vaccinale

L’objectif de vacciner, au Québec et dans de nombreux pays occidentaux, presque toute la population a pour effet d’éliminer tout groupe témoin digne de ce nom, sous prétexte d’urgence sanitaire. Pourtant les études post-commercialisation des vaccins se poursuivront ou devraient se poursuivre encore quelques années. Comment les scientifiques pourront-ils, sans l’existence d’un tel groupe, avoir une idée juste de l’efficacité et de la sécurité des vaccins à plus long terme et sur le terrain ? Car pour en juger, il faut un point de comparaison, c’est-à-dire un groupe de personnes non vaccinées.

Certes, il existera toujours un certain nombre de Québécois non vaccinés. Mais, après toutes les pressions qu’on exercera vraisemblablement sur eux l’automne et l’hiver prochains et qui reviennent à imposer indirectement la vaccination, combien en restera-t-il en mai 2022 ? Seront-ils assez nombreux pour qu’on puisse faire une comparaison rigoureuse entre le groupe des personnes vaccinées et le groupe des personnes non vaccinées ? Disposera-t-on d’assez de personnes dans ce deuxième groupe pour faire une comparaison entre des sous-groupes, en fonction de l’âge, du sexe, de l’état de santé et du revenu des personnes, par exemple ? Car il faudrait beaucoup de personnes dans chaque sous-groupe (mettons quelques milliers, voire une dizaine de milliers de personnes) pour que les incidents relativement peu fréquents puissent être observés et pour que les données soient fiables. Car on ne pourra pas simplement faire une comparaison avec des groupes de personnes non vaccinées d’autres pays, où les conditions de vie sont différentes et où les données ne sont pas collectées de la même manière. N’est-ce pas là nous priver des conditions nécessaires à une véritable étude scientifique des effets de la vaccination massive en cours ?

Nous qui ne sommes pas vaccinés, nous qui ne voulons pas l’être, nous acceptons les risques que cela peut représenter et nous revendiquons le droit de donner notre consentement libre et éclairé pour faire partie de ce groupe témoin nécessaire à une étude scientifique rigoureuse de l’efficacité et de la sécurité des vaccins contre la COVID-19. Et ce, dans l’intérêt public, dans l’intérêt des personnes vaccinées et des personnes non vaccinées. Car on ne saurait obtenir autrement des résultats concluants sur ces vaccins et tirer au clair cette histoire. Car la Santé publique ne pourrait pas décider en connaissance de cause de rendre annuelle la vaccination contre la COVID-19 ou de changer de stratégie, en optant par exemple pour des traitements ambulatoires précoces ou même préventifs capables d’empêcher les complications.

En échange, qu’on laisse vivre librement et normalement les personnes non vaccinées. On ne saurait d’ailleurs nous imposer toutes sortes de contraintes grâce à l’entrée en vigueur du passeport vaccinal sans fausser les résultats de cette étude sur la vaccination contre la COVID-19. En nous privant de relations sociales régulières l’automne et à l’hiver, en nous interdisant l’accès à des services non essentiels et – qui sait ? – peut-être essentiels, en limitant ou en contrôlant nos déplacements à l’extérieur de nos domiciles, en nous empêchant peut-être d’exercer notre profession et en nous privant d’une partie importante de nos revenus, ne dégraderait-on pas notre état de santé physique et psychologique, ce qui pourrait entraîner directement plusieurs problèmes, dont celui de nous rendre plus susceptibles de développer des formes graves de COVID-19 ? Quant au dépistage préventif récurrent (avec des probabilités accrues d’isolement préventif) auquel on pourrait vouloir nous soumettre pour pouvoir continuer à vivre notre vie plus ou moins normalement, et auquel ne seraient pas soumises les personnes vaccinées, il aurait aussi pour effet l’impossibilité de comparer le groupe vacciné au groupe non vacciné, soumis à des politiques de dépistage différentes. Bref, dans l’intérêt de la société, des individus et de la science, qu’on laisse vivre les personnes non vaccinées de la même manière que les personnes vaccinées.

Pourquoi les personnes vaccinées, qui se croient protégées par les vaccins et qui sont largement majoritaires, refuseraient-elles ce droit, cette liberté aux personnes vaccinées ? Comment pourrions-nous représenter un danger pour elles, qui sont censées bénéficier pour la plupart d’une immunité robuste ? Comment pourrions-nous engorger à nous seuls les hôpitaux, nous qui serons très minoritaires et qui sommes pour la plupart jeunes et en bonne santé, et donc peu disposés à développer des complications ?

La liberté vaccinale est dans l’intérêt de tous. Elle est une condition nécessaire de la recherche scientifique sur les nouveaux vaccins et de la prise de décision éclairée par la Santé publique. La confiance en l’efficacité et la sécurité des vaccins en dépend, comme la santé des Québécois à moyen et à long terme. Ce sont aussi les transformations que pourrait connaître notre société qui en dépendent.

Ne portons pas atteinte à la liberté vaccinale en imposant directement ou indirectement l’administration de vaccins dont les effets secondaires à moyen ou à long terme sont mal connus pour l’instant et pourraient difficilement être bien connus sans la protection de cette liberté. Ayons la prudence de nous donner collectivement les moyens d’évaluer avec rigueur les effets des décisions prises pour essayer de revenir à une certaine normalité, et aussi les moyens de constater et de corriger nos erreurs, s’il y a lieu. Et surtout efforçons-nous de ne pas réorganiser notre société autour de la division entre vaccinés et non-vaccinés, et d’alimenter les tensions qui y existent déjà.