Ampleur de notre dépendance (2)

Étant donné toutes les formes de dépendance (voir le billet précédent) qu’on nous impose et auxquelles nous consentons en temps normal et en temps de crise (réelle ou orchestrée), je ne vois pas pourquoi les choses s’amélioreraient quand la crise économique, alimentaire et énergétique dont nous commençons à sentir les effets s’aggravera, au point que la situation pourrait devenir intenable pour plusieurs d’entre nous. D’un côté, les autorités dont nous dépendons pourraient profiter de l’occasion pour nous rendre encore plus dépendants d’elles et d’autres organisations dont nous sommes aussi dépendants ou pourrions devenir dépendants, sous prétexte de nous venir en aide et de maintenir d’ordre. De l’autre, nous sommes habitués de vivre dans la dépendance et, en temps de crise, nous attendons notre salut d’une forme ou d’une autre de dépendance.

Faisons l’hypothèse, dans ce billet, que nous serons bientôt durement touchés par la crise économique, et que même ceux qui sont à l’aise et qui se croient à l’abri auront de la difficulté à payer leurs comptes ou se retrouveront parfois sans emploi et sans revenus réguliers. Seule une petite minorité très riche ne serait pas affectée par la grave dégradation de la situation économique et pourrait peut-être même en tirer profit.

Téléportons-nous dans ce futur prochain guère réjouissant et imaginons ce que cela pourrait, dans ses grandes lignes, être.

Plusieurs d’entre nous n’auront plus d’emplois, les entreprises qui les employaient ayant dû fermer leurs portes ou mettre à pied une partie importante de leurs employés, soit qu’elles ne seront plus rentables, soit que la demande pour leurs produits ou leurs services aura diminué considérablement. Privés de revenus et en raison de l’inflation galopante, il leur sera devenu impossible de payer la nourriture, leur loyer ou le leur hypothèque et de payer la facture de gaz naturel ou d’électricité pour chauffer leur logement avec les prestations d’assurance-emploi qu’ils recevront. Ceux d’entre eux qui auront la chance d’avoir des économies devront les utiliser pour subvenir à leurs besoins immédiats, mais après quelques mois il ne devrait plus rien rester pour plusieurs d’entre eux.

D’autres continueront de travailler et d’avoir des revenus réguliers. Seulement leurs salaires, qui souvent n’étaient déjà pas élevés, n’augmenteront pas à la même vitesse que l’inflation, surtout pas pour la nourriture, l’électricité, le chauffage, l’essence et les loyers. Leur pouvoir d’achat diminuera rapidement. Et ils ne sauront pas si, dans quelques semaines ou dans quelques mois, ils auront encore un emploi. Les employeurs ne seront pas transparents quant à leur situation financière, et les employés ne sauront pas à quoi s’en tenir. Certains employeurs imposeront une baisse du temps de travail à leurs employés, avec la baisse des salaires payés que cela impliquera. D’autres employeurs – soit qu’ils éprouveront de sérieuses difficultés financières, soit qu’ils chercheront à conserver ou à accroître leur marge de profit en tirant profit de la crise, de l’augmentation rapide du nombre de chômeur et de la diminution rapide du nombre d’emplois disponibles – imposeront même à leurs employés des baisses du taux horaire et, en cas de protestations, leur diront d’aller voir ailleurs s’ils ne sont pas contents, ou les menaceront de les mettre à pied à cause de la situation économique. Pour rendre plus dociles leurs employés mécontents, leur faire sentir pleinement la situation de dépendance dans laquelle ils seront et purger leurs ressources humaines des éléments les plus récalcitrants, certains employeurs pourraient réimposer toutes sortes de mesures sanitaires (en allant peut-être jusqu’à l’obligation vaccinale) à l’automne ou à l’hiver, à la demande des gouvernements ou de leur propre initiative, sous prétexte que les entreprises déjà en difficulté ne peuvent pas se permettre d’avoir des éclosions et de perdre des clients parce qu’ils ne se sentiraient pas en sécurité quand les employés ne sont pas masqués ou « adéquatement vaccinés ».

Indépendamment de notre capacité à payer, il y aura peut-être des pénuries d’énergie et de certaines denrées alimentaires. Ou encore on devra imposer des rationnements plus ou moins sévères, qui pourraient ne pas répondre aux besoins alimentaires de certains d’entre nous et ne pas leur permettre de chauffer suffisamment leur logement pendant l’hiver.

La grogne populaire montera. Des manifestations contre l’inflation seront organisées pour exercer des pressions sur les gouvernements. S’il y a des élections bientôt (comme c’est le cas au Québec), les différents partis politiques feront des promesses pour remédier à la situation, afin de récolter des votes. Les gouvernements déjà au pouvoir en feront autant pour garder une certaine popularité et éviter que les troubles sociaux s’aggravent. Certains d’entre nous prêteront foi à ces promesses et aux effets qui devraient en résulter ; d’autres, non. Quoi qu’il en soit, nous sommes tellement dans la dépendance des politiciens qui nous gouvernent, et ceux-ci sont tellement indépendants de nous, qu’il nous sera difficile de les contraindre à tenir leurs promesses ou à avoir recours à d’autres moyens plus efficaces pour contrer l’inflation, empêcher cette crise économique de déraper complètement, atténuer les effets, et peut-être même y mettre progressivement fin. Comme d’habitude, ils pourront faire la sourde oreille, refuser le débat public et la critique, et nous imposer leurs décrets grâce à la propagande gouvernementale et médiatique dont beaucoup d’entre nous dépendent pour décider ce qu’ils doivent penser et faire, ou par la contrainte, des menaces, des amendes, ou des sanctions plus ou moins graves, en cas de résistance.

Les finances des pays occidentaux sont déjà très mal en point. Les gouvernements occidentaux, qui étaient déjà fortement endettés avant 2020, ont fait d’importants déficits en 2020 et en 2021. Non seulement les politiques de confinement ont réduit considérablement leurs revenus et augmenter leurs dépenses, mais ils ont aussi déboursé beaucoup d’argent pour offrir une aide financière à toutes les personnes qu’ils ont privé de leurs revenus pendant les confinements, pour acheter des masques, des tests PCR et rapides et les injections expérimentales, et pour organiser la campagne de « vaccination » de masse. Étant donné notre situation de dépendance, nos gouvernements ne nous ont pas demandé notre avis même s’il s’agit des finances publiques, et ils ne nous le demanderont pas s’ils décident de continuer de faire la même chose à compter de l’automne ou de l’hiver prochain, ou s’ils décident de nous imposer des mesures d’austérité sous prétexte de redresser les finances publiques, par exemple en réduisant le montant des prestations de retraite, d’assurance-emploi et ou d’aide de dernier recours, et en allant peut-être jusqu’à imposer de nouvelles conditions d’accès, par exemple l’obligation d’être « adéquatement vacciné », sous prétexte qu’on ne pourrait pas se permettre d’engorger les hôpitaux avec des personnes atteintes de la COVID-19 en pleine crise économique, le tout alors qu’ils pourraient maintenir les sanctions économiques contre la Russie qui ont contribué beaucoup à l’importante inflation que nous connaissons, et décider d’adopter des sanctions semblables contre la Chine et l’Inde.

Bien entendu, ces décisions de nos gouvernements assujettis au gouvernement américain n’arrangeraient pas la situation et l’aggraveraient même, ce qui pourrait donner naissance à d’importants mouvements de protestation et d’opposition, comme le Freedom Convoy au Canada. Ces gouvernements, dont le principal souci semble être d’accroître notre dépendance et de la faire désirer à beaucoup d’entre nous, pourraient compter sur les grands médias pour peindre les opposants comme de dangereux extrémistes et préparer le recours à la loi sur les mesures d’urgence pour empêcher ce qu’on peindrait comme une « insurrection », afin de les mater en utilisant les forces de l’ordre (dont nous dépendons, en principe, pour assurer notre sécurité, faute d’avoir le droit de le faire nous-mêmes) et d’exiger que soient « gelés » les comptes ouverts dans les institutions financières (dont nous dépendons pour déposer et utiliser notre argent).

De manière plus générale, les gouvernements pourraient consolider leur contrôle sur nous en déclarant une nouvelle « vague » de COVID-19 ou d’autre chose, et en nous imposant toutes sortes de restrictions, pour mobiliser et rendre encore plus dociles ceux d’entre nous qui ne résistent pas, et pour rendre difficile aux autres de se rassembler de s’associer et d’organiser des manifestations et d’autres actes de résistance.


J’ignore si les choses se passeront vraiment si mal. N’oublions pas que c’est une conjecture. Toutefois nous ne devrions pas nous fier à nos gouvernements pour atténuer les effets de la crise économique pour nous, l’empêcher de s’aggraver et trouver comment y mettre fin. Si nous passons à travers cette crise sans que notre existence devienne invivable, ce ne sera pas grâce à nos gouvernements, mais malgré eux, car il est vraisemblable qu’ils y voient une occasion d’accroître notre dépendance et, par le fait même, leur contrôle sur nous ; ce, bien sûr, dans l’hypothèse où ils ne perdent pas le contrôle des troubles que cette crise pourrait provoquer, ce qui est une raison supplémentaire pour eux d’accroître leur contrôle sur nous.

Nous avons donc intérêt à nous associer et à nous organiser en prévision du pire, pas seulement pour atténuer les effets de la crise sur nous ; pour contourner les restrictions qui pourraient viser indistinctement tous ceux qui, aux yeux de nos gouvernements, font partie de la populace qu’ils méprisent, ou plus particulièrement contre ceux qu’ils peuvent compter parmi les récalcitrants et les insoumis ; et pour obtenir par des voies détournées ce qu’il pourrait devenir difficile d’obtenir par les moyens habituels. Je crains cependant que, habitués de vivre dans la dépendance et de laisser les « autorités » organiser presque tous les aspects de notre vie, l’esprit d’initiative nous manque, et que nous ayons de la difficulté à faire des conventions. Ce sont des obstacles qu’il nous faudra surmonter. Pour le faire, n’attendons pas d’avoir le dos au mur.

Enfin, un dernier conseil : ne nous encombrons pas des grands enfants qui délèguent entièrement aux « autorités » le soin de prévoir les problèmes et de les résoudre, à moins qu’ils ne changent radicalement d’attitude. Autrement, leur passivité ferait qu’ils deviendraient dépendants de nous comme ils le sont actuellement des « autorités ». Nous n’avons pas besoin de ce fardeau supplémentaire.