Un conseil amical de la part d’une recruteuse des ressources humaines

J’ai rarement vu des propos aussi haineux de la part d’une concitoyenne. C’est tellement outré qu’on en vient presque à se demander si c’est un faux, si c’est de la satire.

Voici une transcription à peu près complète pour la postérité, car cette vidéo pourrait ne plus être accessible dans quelques années :

« [...] And you’re all loud and proud with your big thoughts and big ideas. Whatever. (Inaudible) … in Ottawa. I’m a recruiter. It’s a small, small industry. It’s smaller than you think. (Inaudible.) If you’re looking for a job or if you’re trying to keep a job, maybe, just maybe, think what you’re putting on social media. Again, freedom fighters, I know you’re not really big with stats and facts aren’t your thing. You know ? But what I can tell you, what is a fact is that recruiters talk. And recruiters, like the majority of Canada, don’t agree with you.

Do you know what that means ? Do you have any guesses, any guesses ? What that means is that if you need a job, you might not get one. If you want to keep a job, you might not get to do that. (Inaudible.) Documentation ! You know what that means ? You wanna be an asshole? We document it. We give you a couple of tries. And then what do we do? We terminate you. With cause. If we’re so lucky. If not, we give you the minimum allowed by law. Either way, best of luck to you. Recruiters are watching. HR is watching. Everywhere. And we hate you. We hate you so much.

And you think we can’t do anything. But we can. We have the power. Always. Remember that. Doesn’t matter if there’s a fucking man at the top of your HR department. It’s run by women. And it’s run by angry women just like me.

I’m so, so glad I got that off my chest. It’s been eating me up inside. And honestly, my heart goes out to you guys. You have families to feed, right? You brought your kids to these big events. You’re a freedom fighter. You’re standing up. Oh, they will be so, so proud. So, so proud of you. Fuck yourself. Fuck, fuck, fuck yourself. (Kisses.) Love you. »

(Source : Odysee)

Il semble que nous ayons trouvé une explication au problème de pénurie de main-d’œuvre au Canada : des recruteuses des ressources humaines ne veulent pas embaucher ou congédient les personnes qui ont appuyé le Freedom Convoy et qui représentent une partie non négligeable de la population canadienne. Elles préfèrent se passer d’employés que d’avoir des employés dont les opinions ne sont pas conformes à leurs standards moraux et politiques très élevés.

Mais trêve de plaisanteries. Il s’agit de discrimination pour des motifs politiques, grâce à laquelle on veut attaquer des opposants politiques dans leurs moyens de subsistance. Il va sans dire que c’est là une grave atteinte à la liberté d’opinion, et que c’est radicalement incompatible avec la démocratie. Et qu’on ne vienne pas me dire que nous sommes libres d’exprimer publiquement n’importe quelle opinion morale et politique, mais qu’il nous faut en accepter les conséquences, c’est-à-dire d’être la cible de représailles. Une telle affirmation est justement la négation de la liberté d’opinion.

Et de quel droit cette recruteuse des ressources humaines et ses associées punissent-elles ceux qui appuient ouvertement le Freedom Convoy, alors que ce n’est pas contre la Loi ? Qui leur a donné ce mandat ? C’est un abus de pouvoir qu’on ne saurait tolérer. Elles devraient se contenter de bien faire leur travail, à savoir trouver des personnes détenant les connaissances et les compétences nécessaires pour occuper les emplois disponibles, indépendamment des opinions morales et politiques de ces personnes. Si c’est trop demander, ce sont elles qui devraient perdre leur emploi.

Je crois que les déclarations de cette recruteuse sont suffisamment rebutantes pour déranger ou choquer aussi ceux d’entre vous qui n’approuvent pas le Freedom Convoy et les moyens utilisés. Si vous ne vous sentez pas concernés et si vous tolérez de telles pratiques sur le marché du travail, vous pourriez vous en mordre bientôt les doigts. Maintenant ce sont les personnes qui ont soutenu le Freedom Convoy. Tôt ou tard, ça pourrait être vous, pour d’autres raisons. Vous ne perdez rien pour attendre, une fois que de telles pratiques sont tolérées et qu’elles se répandent. Votre tour viendra bien assez vite, car ce que vous pouvez dire ouvertement maintenant, vous ne pourrez peut-être plus le dire ouvertement dans quelques années. Et alors il ne faudra pas réclamer le soutien de ceux qui ont subi le même traitement pour des opinions qui ne sont pas les vôtres, sans que ça ne vous dérange.

J’espère que les déclarations de cette recruteuse sont exagérées. S’il est probable que plusieurs des personnes qui s’occupent des « ressources humaines » s’informent de ce que disent les candidats et les employés sur les réseaux sociaux et prennent des décisions en conséquence, je pense aussi qu’il y en a d’autres qui ont la décence de ne pas assumer le rôle d’inquisiteur. C’est du moins mon cas quand je fais passer des entrevues afin de trouver des personnes pour travailler avec moi. Et si mes « supérieurs » avaient la mauvaise idée de me demander de mener une enquête sur les opinions des candidats ou de mes « subordonnés » (que je refuse de traiter et de considérer comme tels), je refuserais catégoriquement. Ce n’est pas négociable.

La situation est tout de même inquiétante. Les attaques contre la liberté d’opinion se multiplient et s’intensifient. Cette pétition qui réclame des sanctions contre un professeur d’histoire qui a soutenu publiquement l’intervention militaire russe en Ukraine en est un autre exemple. Et la situation deviendra vraisemblablement encore plus inquiétante si nous laissons ces tyranneaux n’en faire qu’à leur tête, sans nous opposer vigoureusement à eux. S’ils peuvent certainement se liguer contre nous, nous pouvons aussi nous allier contre eux et leur opposer une résistance farouche. On verra alors s’ils ont des tripes. Et s’ils sont prêts à nous faire de sales coups, qu’ils sachent qu’au besoin, nous pouvons nous montrer rusés et même tordus, et que nous ne nous gênerons pas. C’est de bonne guerre.