La responsabilité des personnes vaccinées, des journalistes, des experts autorisés et des autorités politiques et sanitaires

On dirait que les journalistes de La Presse rivalisent de zèle sanitaire pour savoir qui en dira et en fera plus pour obtenir la vaccination des « récalcitrants ». Francis Vailles – en s’appuyant sur les statistiques d’hospitalisations publiées dans un « tweet » du ministre de la Santé et des Services sociaux, qui portent seulement sur la dernière semaine et dont j’ai parlé dans un précédent billet, comme s’il s’agissait d’une analyse statistique rigoureuse – fait un pas de plus en envisageant l’idée de faire payer les frais d’hospitalisation à ceux qui s’entêteraient à ne pas obtempérer et qui pourraient tomber gravement malades à cause du virus. Car pour lui ce n’est pas une mesure coercitive de reconfiner les personnes non vaccinées et de les priver de services non essentiels. Il faut penser à en faire plus :

« Le ministre évite toute mesure coercitive, par exemple l’obligation d’être pleinement vacciné pour obtenir des services essentiels (alimentation, santé, etc.). Ou encore la facturation des frais d’hospitalisation aux patients atteints de COVID-19 qui auraient refusé de se faire vacciner pour des raisons autres que médicales.

Une telle facture d’hospitalisation est fort salée. En moyenne, un patient hospitalisé pour la COVID-19 coûte 15 000 $, facture qui grimpe à 50 000 $ lorsque des soins intensifs sont requis, selon un rapport de l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS). La facture d’hospitalisation liée à la COVID-19 est quatre fois plus élevée que celle d’un séjour moyen à l’hôpital autre que pour la COVID-19.

Les antivaccins, qu’on trouve souvent parmi les groupes anticonfinement ou parmi ceux qui nient l’existence même de la COVID-19, crieraient au loup, probablement. Ces groupes souvent de droite populiste réclament pourtant la liberté et la fin du « gouvernemaman ».

Or, ce « gouvernemaman » leur offre justement des soins gratuits, contrairement aux États-Unis, où ces apôtres de la liberté totale doivent payer les frais d’hospitalisation lorsqu’ils sont malades ou encore acquitter une prime d’assurance privée parfois plus élevée selon leurs antécédents médicaux.

Cela dit, la facturation poserait des problèmes éthiques importants. Laissera-t-on mourir un patient sans moyens, qu’il soit complotiste ou non ?

Et à ce compte, si l’État décide de faire payer les frais d’hospitalisation pour la COVID-19, pourquoi ne le ferait-il pas pour les autres patients qui mettent sciemment leur santé à risque, comme les fumeurs, les chauffeurs automobiles imprudents, les personnes qui ont un comportement sexuel à risque, les personnes qui s’alimentent mal, etc. ?

Et encore, pourquoi n’y aurait-il pas une gradation selon le niveau de risque ? Un fumeur occasionnel paierait-il moins qu’un fumeur régulier ?

Surtout, une santé publique cohérente veut tenir compte des motifs qui en incitent certains à fumer, à boire ou à trop manger, par exemple. Leurs comportements peuvent venir de leur éducation, de leur milieu de vie, de leur environnement, de stress particuliers, etc.

Un fumeur qui aurait appris à vider deux paquets par jour en imitant ses parents pauvres serait pénalisé doublement s’il devait en plus payer ses soins.

Est-ce différent pour la COVID-19 ? Un peu, quand même. Car le patient qui est atteint risque d’en contaminer plusieurs autres, davantage qu’un fumeur avec la fumée secondaire ou un automobiliste qui roule à 140 km/h.

Ne l’oublions pas, même ceux qui sont vaccinés peuvent attraper la COVID-19, souvent avec moins de conséquences, mais parfois avec autant de virulence, puisque la double vaccination est efficace pour 90 à 95 % des cas, pas pour 100 %.

Et qu’arriverait-il s’il y avait une quatrième vague ? Et que les malades, essentiellement ceux non vaccinés, occupaient des places à l’hôpital, avec le personnel, dont ne pourraient bénéficier les patients atteints d’autres problèmes de santé ? »

(« Le passeport et les antivaccins », La Presse, 10 juillet 2021.)

 

Entrons dans le jeu de ce journaliste, non pas pour défendre ce principe de facturation des frais de santé à l’usager selon sa culpabilité morale présumée, mais pour en tirer les conséquences jusqu’au bout.

Faisons d’abord comme si les vaccins, en plus d’être sécuritaires, pouvaient réduire de manière significative les pressions sur le système hospitalier. Il n’en demeure pas moins vrai que les autorités politiques et sanitaires, les experts autorisés et les journalistes travaillant pour les grands groupes médiatiques refusent de prendre en considération les avis de ceux – même si ce sont des scientifiques de renommée internationale – qui sont d’un autre avis, allant jusqu’à les qualifier de complotistes, d’extrémistes de droite, de populistes, de négationnistes, de gourous, de charlatans, de récalcitrants, d’irresponsables et de criminels. Il n’en demeure pas moins vrai aussi que les autorités sanitaires et les sociétés pharmaceutiques ne rendent pas disponibles les données brutes et s’exposent ainsi au soupçon de falsifier les données et les résultats des essais cliniques. Car si elles n’ont rien à cacher à la population, pourquoi ne rendent-elles pas accessibles toutes les données brutes dont elles disposent, dans l’espoir de convaincre une partie des « récalcitants » de se faire vacciner ? Quoi qu’en pensent les défenseurs des vaccins, une attitude aussi bornée, dogmatique et autoritaire, et la présentation de quelques nombres dans un « tweet » comme si c’était le résultat d’une étude scientifique, contribuent à créer un climat de méfiance et renforcent la réticence vaccinale. Il est donc légitime de dire que le gouvernement, les experts autorisés, les sociétés pharmaceutiques et les journalistes nuisent à la cause vaccinale. Il en résulte que les personnes « récalcitrantes » qui seraient hospitalisées seraient des victimes de l’attitude inadéquate de ces personnes et de ces organisations, comme le grand fumeur qu’on excuserait en raison de la mauvaise influence de son milieu social. Faisons un pas de plus : ces personnes et ces organisations devraient, en toute logique, assumer leur part de responsabilité et défrayer une partie des coûts entraînés par l’hospitalisation des personnes non vaccinées, de même qu’une compensation aux personnes qui seraient privées de soins en raison de l’engorgement hospitalier qui résulteraient de leur promotion maladroite de la vaccination.

Admettons maintenant qu’il existe des traitements abordables qui permettent de réduire de beaucoup les complications, les hospitalisations et les décès. Les autorités politiques et sanitaires, les experts autorisés, les marchands de vaccins et les journalistes ont nié leur existence depuis le début de la « crise sanitaire », pour défendre à l’unisson la solution vaccinale généralisée. Ne serait-il pas légitime de tenir tout ce beau monde responsable des décès et des dépenses hospitalières causés par le refus de soigner les personnes infectées ? Et pourquoi ne pas en faire autant des coûts faramineux de la campagne de vaccination massive, qui est elle aussi payée avec nos impôts, souvent pour vacciner des adultes sains très peu à risques d’avoir des complications et des enfants qui ne sont presque jamais malades quand ils contractent le virus, et qui pourraient tous être facilement soignés s’ils étaient malades, ce qui a pour effet que ces sommes d’argent ne sont pas allouées à d’autres secteurs du système de santé, et que d’autres malades ne sont pas pris en charge assez rapidement ? Et qu’en serait-il des dommages économiques, moraux, sociaux et politiques causés à l’ensemble d’entre nous par le tableau dramatique mais faux d’une maladie impossible à traiter ?

Enfin, faisons l’hypothèse que les vaccins expérimentaux, en plus d’être beaucoup moins efficaces que semblent le montrer les données fournies par les marchands de vaccins, ont des effets secondaires importants, à moyen ou à long terme, dont on ne sait rien parce que l’autorisation d’utilisation a été délivrée en urgence et que les études de sécurité n’ont pas été correctement réalisées. Ces effets pourraient par exemple être causés par la présence ou l’accumulation de la protéine spike dans certains organes (elle était censée rester près du site de l’injection, comme pour les vaccins conventionnels), alors qu’elle jouerait un rôle dans la COVID-19 et pourrait être à l’origine de réactions auto-immunes. (Dr Byram W. Bridle, COVID-19 Vaccines and Children : A Scientist’s Guide for Parents, p. 19 à 28.) Ne faudrait-il pas faire payer les frais d’hospitalisation aux personnes imprudentes qui ont accepté inconsidérément de se faire administrer des vaccins expérimentaux et qui pourraient engorger les hôpitaux financés avec nos impôts, privant ainsi de soins d’autres personnes malades, qui pour leur part ne seraient pas coupables de négligence quant à leur santé ? Et qu’en serait-il des autorités politiques et sanitaires, des experts ayant droit de parole dans les médias et des journalistes qui les ont incitées à se faire vacciner ?

Bref, que toutes ces personnes – surtout les simples personnes vaccinées, car si ce que j’envisage venait à se produire l’automne ou l’hiver prochain, ou dans quelques années, ce seraient surtout elles qui en feraient les frais – y pensent bien avant de promouvoir la facturation des frais d’hospitalisation aux personnes non vaccinées. Cela pourrait se retourner contre elles, dans un contexte où pourraient être décrété toutes sortes de mesures d’austérité, et où la foule en colère pourrait chercher des coupables. Sont-elles assez certaines de la sécurité des vaccins pour prendre la chance ? Car si les choses tournaient mal, nous pourrions nous montrer impitoyables avec elles, compte tenu de tout ce qu’elles nous auront fait endurer au nom de l’impératif vaccinal.