Causes et effets imaginaires en temps de crise

Comme d’autres dissidents, j’ai essayé à plusieurs reprises de montrer les relations entre les politiques de confinement et les sanctions économiques prises contre la Russie, qui sont en fait des sanctions contre nous, étant donné la fermeture forcée de plusieurs secteurs de l’économie, la fermeture ou les difficultés économiques de nombreuses petites et moyennes entreprises, l’inflation, les difficultés d’approvisionnement en nourriture, en engrais et en énergie, ainsi que les pénuries et l’effondrement économique qui en résultent déjà ou qui pourraient bientôt en résulter. Nos gouvernements ne semblent pas se soucier des effets dévastateurs des politiques de confinement ou s’en accommoder assez bien, à un tel point qu’on en vient à se dire qu’ils les désirent, car c’est surtout nous qui en faisons et continuerons d’en faire les frais, et pas nos dirigeants. La même chose peut être dite des sanctions économiques contre la Russie, qui réduisent et continueront de réduire notre niveau de vie, et qui nous entraînent dans une grave crise économique qui nous affectera beaucoup plus que nos dirigeants politiques, qui ont généralement beaucoup plus d’argent que nous, qui pourront utiliser ou détourner les fonds publics pour maintenir leur train de vie, ou qui pourront vivre au crochet de leurs copains ou leurs maîtres oligarques, dont ils servent les intérêts et à qui la crise profite.

La ressemblance et la convergence de ces deux types de sanctions dont nous sommes l’objet ne concernent pas seulement les effets de ces sanctions sur nous. Elles concernent aussi la manière dont on nous les fait accepter, qui consiste à faire des effets des sanctions prises contre nous ce contre quoi ces mêmes sanctions permettraient de lutter. Dans le cas des politiques de confinement, nos gouvernements et les journalistes qui leur servent de propagandistes n’ont eu de cesse de nous répéter, au plus fort des confinements, que la fermeture partielle ou totale de plusieurs secteurs économiques allait permettre une relance plus rapide et plus forte de l’économie parce qu’elle permettrait de réduire les ravages du virus. Dans le cas des sanctions économiques prises contre la Russie, on cherche à nous faire croire que Poutine et le Kremlin ont bloqué ou diminué les exportations de blé, d’engrais, de pétrole et de gaz naturel en provenance d’Ukraine et de Russie afin de prendre le monde en otage et de provoquer une crise alimentaire et énergétique mondiale, et que pour cette raison, notamment, il faut punir ces méchants Russes grâce à des sanctions économiques visant toute l’économie russe, dont les exportations, et ainsi les faire reculer et les contraindre à ne plus entraver le libre commerce des denrées alimentaires, de l’engrais, du pétrole et du gaz naturel. Pour en revenir aux mesures dites sanitaires toujours en vigueur, un stratagème semblable a été utilisé et continue d’être utilisé dans les hôpitaux, pour nous faire accepter l’isolement préventif des travailleurs de la santé qui ont reçu un résultat positif à la suite d’un test PCR sans avoir des symptômes ou en ayant seulement des symptômes légers : le système hospitalier subirait de fortes pressions en raison de l’absence de milliers de travailleurs de la santé en isolement, et c’est pourquoi il faudrait continuer à envoyer à la maison les travailleurs infectés afin de ralentir la propagation du virus dans les hôpitaux et empêcher leur saturation et l’effondrement de tout le réseau de santé. Étant donné que cela ne marche pas et que pendant l’hiver le système de santé subit déjà, par endroits, de fortes pressions à cause des infections respiratoires saisonnières autres que la COVID-19 et de la pénurie de personnel soignant qui y sévit de longue date (bien avant l’arrivée du virus), les travailleurs de la santé isolés préventivement servent de prétexte pour confiner partiellement ou complètement certains secteurs de l’économie, afin de sauver le système de santé.

Dans tous ces cas, nos gouvernements créent ou aggravent artificiellement les situations contre lesquelles ils prétendent lutter. Ces situations ne s’amélioreront pas ou ne prendront pas fin aussi longtemps qu’ils persisteront à prendre des mesures aussi mal adaptées ou absurdes, et qui constituent, directement ou indirectement, de véritables sanctions économiques prises contre nous.

Essayons maintenant d’anticiper la manière dont la propagande gouvernementale et médiatique fonctionnera à compter de l’automne ou de l’hiver prochain, car les sanctions économiques contre la Russie et leurs effets introduiront forcément quelque chose de nouveau dans cette propagande, comparativement au printemps 2020, à l’hiver 2020-2021 ou à l’hiver 2021-2022.

Dans l’hypothèse vraisemblable où le taux d’inflation continue d’être élevé ou de monter, où les difficultés d’approvisionnement en nourriture et en énergie s’aggravent en Occident, et où des entreprises ferment leurs portes et mettent à pied leurs employés en raison des pénuries d’énergie, des coûts de production trop élevés pour continuer à être rentables et de la baisse de la demande pour leurs produits ou services, plusieurs d’entre nous pourraient s’appauvrir considérablement et même connaître la misère. Plus concrètement, nous pourrions avoir de la difficulté à nous nourrir suffisamment et correctement, à chauffer nos maisons et nos appartements pendant l’hiver, et même à payer l’hypothèque ou le loyer, ce qui pourrait mener à une expulsion, selon ce que les lois du pays où nous habitons permettent ou ne permettent pas. Les travailleurs de la santé pourraient eux aussi être touchés par la hausse accélérée du coût de la vie, même s’ils ont moins de chances d’être mis à pied que les employés du secteur de la restauration, par exemple. Étant donné que les conditions de vie constituent un facteur déterminant de notre santé et, plus particulièrement, de notre résistance aux maladies infectieuses, il faut s’attendre à ce que le nombre de cas de COVID-19 (je veux dire de vrais cas, avec des symptômes dignes de mention), d’autres maladies respiratoires infectieuses et d’autres maladies non respiratoires augmente. Les pressions exercées sur le système hospitalier pourraient donc être plus grandes, aussi bien à cause du plus grand nombre de malades que du plus grand nombre de travailleurs de la santé isolés préventivement à la maison ou véritablement malades de la COVID-19 ou d’une autre maladie. Les autorités politiques et sanitaires et les journalistes pourraient expliquer la situation, en tout ou en partie, par l’apparition de nouveaux variants du coronavirus ou d’autres virus. Sous prétexte de passer à travers cette x-ième « vague », de garder sous contrôle cette nouvelle urgence sanitaire et de sauver le système de santé de l’effondrement, les autorités pourraient décider d’avoir une autre fois recours à des politiques de confinement pendant l’hiver et peut-être aussi le printemps. Bien entendu, cela aggraverait la crise économique et dégraderait encore plus la santé de la population. Le nombre de malades, au lieu de diminuer, augmenterait.

Ajoutons maintenant un tour supplémentaire à ces projections, en reconnaissant franchement qu’elles deviennent alors plus conjecturales.

Nos gouvernements, se disant de plus en plus inquiets de l’effondrement du système de santé, alloueraient de plus en plus des ressources humaines et financières limitées dont ils disposent pour dépister et « vacciner » l’ensemble de la population, ressources qui ne seraient pas utilisées pour soigner les malades et qui ne serviraient pas à réduire les pressions croissantes auxquelles seraient exposés les hôpitaux. Nos gouvernements exerceraient aussi des pressions de plus en plus fortes sur les « récalcitrants » en tâchant de les exclure de la société et de les empêcher de participer à l’économie ; et aussi sur le reste de la population, par des mesures sanitaires qu’ils pourraient durcir et étendre au fur et à mesure que l’hiver avancerait. Ce qui, bien entendu, aggraverait encore la situation. Les finances publiques ayant été mises à mal, il serait de plus en plus difficile pour nos gouvernements de trouver l’argent nécessaire à la fois pour soutenir les chômeurs et les travailleurs qui s’appauvriraient et dont le nombre continuerait d’augmenter, et pour continuer à faire marcher à plein régime les hôpitaux et les centres de dépistage et de « vaccination ». Nos gouvernements devraient faire face au mécontentement croissant de la population, lequel ils pourraient alimenter en prenant des mesures d’austérité pour diminuer leurs dépenses ou accroître leurs revenus, et chercher à atténuer en accusant les Russes d’être responsables de la crise alimentaire, énergétique, économique et aussi sanitaire. Ce qui redirigerait vers l’extérieur une partie de la colère populaire et donnerait un semblant de justification morale pour maintenir les sanctions économiques contre la Russie, pour continuer à financer, à armer et à entraîner ce qui resterait des groupes militaires ukrainiens à ce moment, pour déployer plus de militaires occidentaux près des frontières russes, et pour renouveler l’équipement des armées occidentales. Ce qui, bien entendu, ne permettrait pas de résoudre la crise économique en Occident, laquelle est en grande partie causée par l’attitude belliqueuse des gouvernements occidentaux à l’égard de la Russie et, peut-être plus tard, à l’égard de la Chine.

Fermons maintenant la boucle : c’est parce que nos gouvernements refusent de prendre sérieusement en compte les conséquences néfastes des sanctions économiques contre la Russie sur notre économie, sur notre niveau de vie et sur notre santé, c’est parce qu’ils pourraient même instrumentaliser la dégradation générale de notre santé pour gonfler la « pandémie » et affaiblir le réseau public de santé, qu’ils pourraient avoir recours encore une fois à des politiques sanitaires qui aggraveraient la situation économique, sanitaire et politique au lieu d’aider à résoudre cette crise, et qu’ils pourraient se retrouver dans l’obligation d’alimenter les tensions économiques et militaires avec la Russie (même après la défaite des forces armées ukrainiennes, laquelle ne saurait tarder) dans un effort maladroit de canaliser vers la Russie la colère de la population et de garder sous contrôle les troubles domestiques, et peut-être aussi d’en faire autant avec la Chine dans le Pacifique, avec des risques croissants d’affrontements armés directs et dévastateurs.

Voilà ce qui pourrait se produire si nos gouvernements persistaient à attribuer des causes imaginaires aux maux réels ou imaginaires qu’ils prétendent combattre, en prenant pour lutter contre eux des moyens qui, en fait, causent l’aggravation de ces maux ou donnent l’impression de cette aggravation, en causant aussi d’autres maux auxquels on donne d’autres causes imaginaires et contre lesquels ils prétendront lutter grâce à des moyens auxquels ils attribueront des effets imaginaires. Tout ça par bêtise ou calcul, ou les deux à la fois.