Renversements sur l’ingérence étrangère (2)

Suite du billet du 2 mars 2022

 

Le cas des citoyens des pays occidentaux

Nos gouvernements ont pris l’habitude, surtout depuis l’arrivée du virus et la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, de considérer que la prise des décisions politiques est leur affaire. C’est à eux – qu’ils soient des ministres élus ou des bureaucrates non élus – de décider quels secteurs de l’économie doivent fermer leurs portes, dans quelles circonstances nous devons porter un masque, combien de personnes nous pouvons rencontrer, à quelle heure nous devons être rentrés à la maison et combien de doses de vaccin il nous faut pour avoir accès à tel lieu public ou participer à telle activité sociale ou sportive. Dans la perspective de nos gouvernements, notre santé est une priorité absolue. Elle est la valeur suprême qui doit guider et justifier l’exercice du pouvoir politique et bureaucratique. La santé étant devenue une affaire publique, l’extension du pouvoir politique devient illimitée et l’autorité des gouvernements ne connaît plus de bornes. Tout ce que font les citoyens relève donc du pouvoir des gouvernements. Même ce que les citoyens ont le droit de faire à tel moment peut être interdit du jour au lendemain par les gouvernements, et est seulement permis parce que les gouvernements, dans leur magnanimité, le veulent bien. Si les citoyens demandent des explications, osent protester et réclament même la fin des mesures sanitaires, les gouvernements réagissent comme s’il s’agissait d’une ingérence étrangère dans leurs prérogatives, comme si les citoyens étaient une puissance étrangère qui ne se mêlait pas de ses affaires. Ce qui arrive forcément quand il croit que leur pouvoir doit s’étendre à tout et qu’ils doivent en être les seuls et uniques détenteurs. L’État, ce sont les gouvernements. Voilà qui explique leur agressivité vis-à-vis des personnes qui refusent d’être vaccinées et qui doutent de l’efficacité et de la sécurité des vaccins, ainsi que des personnes qui ont participé aux convois pour la liberté ou qui ont soutenu ces mouvements d’opposition.

Précisons que la tendance des gouvernements à vouloir détenir un pouvoir aussi étendu et incontesté que possible à l’intérieur des États qu’ils dominent n’est pas incompatible avec l’ingérence étrangère de l’Organisation mondiale de la santé, de l’industrie pharmaceutique et des grands groupes d’investisseurs, par exemple. Au contraire, le fait pour les gouvernements de lutter bec et ongles contre l’ingérence des citoyens dans leurs affaires permet à ces puissances étrangères de s’ingérer plus facilement dans les affaires de ces États, avec la complicité des gouvernements qui, en réglant leur politique sur les préceptes et les intérêts de ces puissances étrangères, voient s’accroître leur pouvoir sur les citoyens, qui sont alors traités comme des sujets ou même des serfs.

 

Le cas des gouvernements occidentaux

Mais si – au lieu de considérer que l’État, ce sont les gouvernements –, nous considérons plutôt que l’État n’est pas distinct de nous qui sommes des citoyens, et même que l’État, c’est nous, ce sont les gouvernements qui se rendent coupables d’ingérence en ce qu’ils s’ingèrent dans nos affaires pour les contrôler de plus en plus, ce qu’ils ne peuvent pas faire sans que nos États cessent d’être démocratiques. Car en essayant de contrôler non seulement ce que nous faisons, mais aussi ce que nous pensons et sentons, ils deviennent une puissante étrangère au corps politique que forment les citoyens et, en les privant de leurs droits et de leurs libertés, les empêchent d’être vraiment des citoyens, pour les réduire au statut de sujets et même de serfs. Du même coup ce sont les institutions démocratiques qui sont subverties par cette ingérence étrangère dans les actions, les idées et les sentiments des citoyens. Ce ne sont plus les gouvernements qui gouvernent en vertu de la volonté des citoyens, ce sont les citoyens qui doivent agir, penser, sentir et vivre conformément à la volonté des gouvernements. La liberté n’est plus, car en toutes choses il faut obéir. L’égalité n’est plus, car il y a ceux qui appartiennent à la classe gouvernante et ceux qui appartiennent à la classe gouvernée. En prétendant se protéger contre l’ingérence du Freedom Convoy dans les affaires politiques, les gouvernements canadien et ontarien cherchaient seulement à préserver leur droit de s’ingérer dans les affaires des citoyens et à saper la démocratie.

Les gouvernements deviennent alors une puissance étrangère au corps politique que constituent les citoyens. C’est ainsi qu’ils se perçoivent eux-mêmes quand ils font face à des mouvements d’opposition, même si, de leur point de vue, ce sont les citoyens qui sont coupables d’ingérence étrangère en ce qu’ils se mêlent de la conduite des affaires politiques. Et c’est ainsi que le voient tous les citoyens qui tiennent encore à leurs droits et à leurs libertés, ainsi qu’à la démocratie. Du point de vue de ces citoyens, l’ingérence des gouvernements dans toutes les sphères de la société et dans leur vie quotidienne, est d’autant plus intolérable qu’elle est rendue possible par l’ingérence de puissances étrangères comme l’Organisation mondiale de la santé, l’industrie pharmaceutique et les grands groupes d’investisseurs. Si ces citoyens s’opposent à l’ingérence généralisée des gouvernements, c’est aussi pour empêcher l’ingérence généralisée de ces puissances étrangères dans la politique, dans l’organisation sociale et dans la vie des individus. Il en résulte une opposition inconciliable et même une lutte à mort entre ces deux conceptions de l’ordre social et politique qui ne peuvent pas cohabiter de manière durable au sein d’un même État. Il ne faut pas nous y tromper : les efforts faits par nos gouvernements pour défendre l’ordre public et pacifier les mouvements d’opposition sont une manière de faire la guerre aux citoyens qui tiennent encore à la démocratie, et de leur imposer un ordre social et politique qui est de moins en moins démocratique, où on considère de plus en plus les citoyens comme des puissances étrangères, et où on recherche de plus en plus l’ingérence de puissance étrangères, qu’il s’agisse d’organisations supranationales, de grandes entreprises ou de grands financiers.