L’Ukraine sous contrôle de l’OTAN

Interviewée par FranceSoir, Karine Béchet-Golovko (docteur en droit public et professeur invité à l’Université d’État de Moscou) adopte un point de vue en rupture avec ce que nous disent les gouvernements et les médias occidentaux. Selon elle, il n’est pas d’une guerre de la Russie contre l’Ukraine, qu’il s’agirait de détruire en bombardant les villes, avec les civils toujours sur place. Il s’agit plutôt de libérer l’Ukraine qui est occupée par l’OTAN, ou sous contrôle de l’OTAN. Si bien que la souveraineté nationale de l’Ukraine, au nom de laquelle on condamne l’invasion de l’armée russe, ne serait qu’une illusion. Ce qui s’affronte dans ce conflit, c’est une conception du monde unipolaire atlantiste et une conception du monde multipolaire. Si la Russie échouait en Ukraine, et si États-Unis et ses vassaux réussissaient à la déstabiliser et à l’affaiblir considérablement à force de sanctions, la puissance des États-Unis ne serait plus contre-balancée par celle de la Russie. Les pays européens seraient encore plus sous le joug des États-Unis et ce qui leur reste de souveraineté aurait vite faire de disparaître. Ne parlons même pas du Canada, qui est depuis longtemps une colonie américaine. Les gouvernements occidentaux, s’ils se souciaient autant de la souveraineté de leurs pays respectifs qu’ils disent se soucier de celle de l’Ukraine, ne devraient pas suivre les États-Unis dans son hystérie anti-russe, au point où ils en viennent à proposer des sanctions toujours plus destructrices pour l’économie des pays occidentaux, dans l’espoir de déstabiliser et d’affaiblir la Russie. Par exemple un embargo sur le pétrole russe, qui provoquerait une forte inflation dans tout le secteur énergétique et, indirectement, dans beaucoup de secteurs de l’économie, en raison de la hausse des coûts de production et de transport. Les pays occidentaux auraient donc doublement intérêt à ne pas se ranger du côté des Américains, dans l’espoir de regagner ainsi une partie de leur souveraineté et d’éviter une prolongation et une intensification des sanctions économiques qui leur nuisent, ainsi que des représailles de la part de la Russie, lesquelles ne sauraient tarder. À ce propos, le Canada, qui fournit des armes et des instructeurs militaires au gouvernement ukrainien depuis des années, est certainement dans la mire de la Russie. Le plus grand service que nous pourrions rendre aux Ukrainiens et à nous-mêmes, ça serait de les aider à mettre hors d’état de nuire les groupes armées d’extrême-droite (au lieu de les armer et de les entraîner) et d’exercer des pressions sur le gouvernement ukrainien pour qu’il négocie avec les Russes et pour qu’on mette fin à cette guerre à laquelle les Ukrainiens et les peuples des pays occidentaux n’ont rien à gagner.