Promesse électorale de Québec solidaire : investissements pour des soins en santé mentale

Québec solidaire vient d’annoncer que, si jamais il remportait les élections du 3 octobre 2022 et constituait le prochain gouvernement du Québec, il investirait d’importantes sommes d’argent pour rendre les soins en santé mentale accessibles :

« Le porte-parole de Québec solidaire, Gabriel Nadeau-Dubois, accompagné de la candidate solidaire dans Saint-François, la docteure Mélissa Généreux, a annoncé que son parti investira 280 millions de dollars pour que les soins en santé mentale ne soient plus un luxe.

Faits saillants

- Majoration des salaires des psychologues du secteur public

- Embauche de 900 nouveaux psychologues

- Embauche de 1000 professionnels pouvant fournir des services de psychothérapie (travailleurs sociaux, psychoéducatrices, sexologues, etc.)

- Coût de la mesure : 280 M$

« La santé mentale, c’est une urgence nationale. Aujourd’hui, je vous présente notre plan pour y répondre : Québec solidaire va investir 280 millions de dollars par année pour que la santé mentale ne soit plus un luxe. On va s’assurer que tout le monde puisse avoir accès à des soins de santé mentale publics et gratuits, dans un délai raisonnable. On va non seulement contribuer à régler la crise en santé mentale, mais on va aussi contribuer à désengorger le système de santé. En effet, jusqu’à 40 % des visites médicales chez les médecins de famille sont liées à la santé mentale. », a déclaré Gabriel Nadeau-Dubois. »

Je trouve presque comique cette promesse qui émane d’un parti politique qui a soutenu le mode de vie malsain imposé à toute la population québécoise pendant deux ans, qui a manifesté son opposition aux mouvements de résistance, qui a appelé à l’obéissance, et qui ferait vraisemblablement la même chose si l’Organisation mondiale de la santé déclarait l’apparition d’un nouveau variant ou d’une nouvelle « pandémie », ou si la Santé publique annonçait une nouvelle « vague » de COVID cet automne ou cet hiver. Alors qu’on nous a cassé pendant tout ce temps les oreilles avec l’importance de la prévention quant au méchant virus, l’idée d’empêcher que ne se reproduise une situation si propice à la dépression et à l’angoisse, par exemple, ne vient même pas à l’esprit de nos bien-pensants de Québec solidaire. C’est presque toujours la même chose avec une certaine gauche à mentalité de boy-scout, qui prend maintenant presque toute la place. J’ai même envie de la comparer aux bons chrétiens charitables qui ont besoin de la misère justement pour faire la charité, se mettre en valeur et gagner leur ciel.

Il faudrait aussi nous méfier de ces psychologues, dont beaucoup ne font que croire sans réflexion à ce qu’on a déversé dans leur cervelle à l’université, et profitent assurément de la prolifération des troubles de santé mentale, réels ou imaginaires. Leur tendance à diagnostiquer à outrance des problèmes d’hyperactivité et de déficit d’attention chez les enfants et aussi les adultes, sans se demander s’il n’est pas normal que cela ne convienne pas à tous de passer la journée entière sagement assis sur un banc d’école ou sur une chaise de bureau, montre bien ce qu’il en est. Comme il est avantageux ou profitable pour eux d’y voir, conformément aux grandes tendances psychologiques, des troubles de santé mentale qu’il faut traiter par une thérapie, voire par un traitement médicamenteux ! Ne nous illusionnons donc pas : même si nous avons entendu parfois des psychologues déplorer la dégradation de la santé mentale de la population québécoise depuis 2020, le problème pour eux, c’est qu’ils ne sont pas assez pour fournir à l’ouvrage et prendre en charge les enfants et les adultes qui ont ou qui auraient besoin de soins en santé mentale. Car le silence et la mollesse assez généralisée des psychologues à propos de la politique sanitaire sont fort suspects ; de même que leurs déclarations publiques, qui consistaient essentiellement à dire que les listes d’attente s’allongeaient, et que les troubles de santé mentale étaient essentiellement causés par l’angoisse provoquée par la « pandémie ». Et quand ils admettaient l’influence très néfaste de la politique sanitaire elle-même pour la santé mentale des Québécois, c’était toujours ou presque toujours pour déplorer l’insuffisance des services en santé mentale et les listes d’attente qui s’allongeaient, sans jamais remettre en question l’utilité de cette politique ou en réévaluer les bénéfices et les inconvénients. Non, s’ils étaient plus à soigner les problèmes de santé mentale, ça pourrait aller et ça permettrait même de maintenir encore plus longtemps la ligne dure en matière de politique sanitaire malgré ses effets sur la santé mentale des Québécois, puisque ce serait un mal nécessaire. Et voilà que Québec solidaire propose justement d’augmenter leur nombre et leur salaire pour rendre plus accessibles les soins en santé mentale. Advenant une autre « vague » de COVID ou une autre « pandémie » et les mesures soi-disant sanitaires qui les accompagnent, nos psychologues mieux rémunérés et plus nombreux risquent de collaborer encore plus avec un gouvernement qui leur fournirait du travail et qui justifierait aux yeux des contribuables les fonds publics qui leur seraient alloués. Advenant qu’au contraire on ne déclare pas une autre « vague » de COVID ou une autre « pandémie », tout ce beau monde s’affairerait pour justifier les postes qu’il occupe et les salaires qu’on lui paie. En d’autres termes, ces psychologues auraient intérêt à voir des troubles de santé mentale où il n’y en a pas et à prendre en charge les personnes concernées. Ils pourraient alors donner libre cours à leur tendance à pathologiser les comportements et les sentiments des personnes qui sont, à juste titre, fortement irritées ou désespérées à cause de la situation dans laquelle elles se trouvent, notamment à cause des effets économiques désastreux des politiques sanitaires, des plans de relance économique de nos gouvernements et des sanctions économiques occidentales contre la Russie. À mon sens, ce serait plutôt toutes les personnes ramollies et avachies, qui se résigneraient ou accepteraient la situation avec placidité, qui seraient atteintes de graves troubles de santé mentale, lesquels les psychologues et les autres professionnels capables d’accorder des services de psychothérapie ne pourraient pas soigner et risqueraient au contraire d’aggraver, par exemple en invoquant le « lâcher-prise » face à des événements qui seraient hors de notre contrôle et qui relèveraient d’une sorte de fatalité, dans le genre « l’ère de l’abondance est terminée », pour reprendre ce qu’a déclaré Emmanuel Macron en prévision de la crise économique, énergétique et peut-être aussi alimentaire qui frappera vraisemblablement durement la France et d’autres pays occidentaux.

La docteure Généreux, spécialisée en santé publique et candidate pour Québec solidaire, ajoute :

« Pour agir en santé mentale, on doit évidemment améliorer l’accès aux soins, notamment à la psychothérapie. Ça veut aussi dire de mieux financer les organismes communautaires, dont plusieurs offrent de l’aide aux personnes en détresse, par exemple les centres de prévention du suicide, les organismes en santé mentale et les maisons des jeunes. Couvrir les frais de santé mentale, c’est une chose, mais ramener les professionnels dans le réseau public ou communautaire, c’est la clé pour assurer que notre système fonctionne bien et que les gens sont soutenus au moment où ça compte. »

Le véritable problème, ce n’est pas tant qu’une partie importante de la population québécoise ait besoin de soins en santé mentale alors que ceux-ci ne sont pas accessibles, mais c’est plutôt qu’elle cherche à avoir accès à des services en santé mentale et qu’on croie qu’elle s’en portera mieux alors que les causes à l’origine des problèmes auxquels elle est confrontée continuent d’exister ou pourraient se manifester à nouveau, et alors que la situation pourrait même s’aggraver.

Nous n’avons pas simplement affaire à un problème de santé mentale : c’est un problème d’ordre politique, social, moral et économique. Le fait de réduire la situation à des troubles de santé mentale dispense de poser ce problème complexe et d’essayer sérieusement de le résoudre. C’est comme actionner les pompes sans chercher par où l’eau rentre dans le navire et sans essayer de colmater la brèche. Peut-être faut-il voir dans cette attitude irréaliste et déconnectée de la réalité un grave problème de santé mentale qu’il faudrait traiter. Mais ceux mêmes qui sont censés s’en occuper comptent parmi les personnes les plus gravement atteintes, et ne sont pas rémunérés pour essayer de colmater la brèche, mais pour actionner les pompes.