Knock ou Le triomphe de la médecine

Les pratiques médicales et pharmaceutiques douteuses ne sont pas nouvelles. C’est ce que nous constatons en regardant Knock, un film de 1951 avec Louis Jouvet dans le rôle principal et qui est une adaptation de la comédie du même nom publiée en 1923 par Jules Romains. Cela peut bien faire cent ans, le docteur Knock peut bien être une sorte de visionnaire, les propagandistes et les charlatans d’aujourd’hui ont recours à des stratagèmes fort semblables, le prélèvement d’échantillons au fond de la fosse nasale pour des tests PCR préventifs et récurrents étant par exemple l’équivalent de la prise de température systématique par le rectum de jadis, en tant que procédure médicale invasive servant à s’assurer de la docilité des soi-disant malades.

Quand le docteur Knock parle, on croirait entendre nos autorités sanitaires, nos médecins et nos experts, en public ou derrière les portes closes :

« Tomber malade ? Vieille notion qui ne tient plus devant les données de la science actuelle. La santé n'est qu'un mot qu'il n'y aurait aucun inconvénient à rayer de notre vocabulaire. Pour ma part, je ne connais que des gens plus ou moins atteints de maladies plus ou moins nombreuses à évolution plus ou moins rapide. »

Ou encore :

« Par elle-même, la consultation ne m’intéresse qu’à demi. C’est un art un peu rudimentaire, une sorte de pêche au filet. Mais le traitement, c’est de la pisciculture. »

Ou encore : 

« Regardez ceci. C’est joli, n’est-ce pas ? – On dirait un carte du canton. – C’est cela, oui. – Que signifie tous ces petits drapeaux ? – C’est la carte de la pénétration médicale. Chaque petit drapeau indique l’emplacement d’un malade régulier. »

Ou encore :

«  Est-ce que, dans votre méthode, l’intérêt du malade n’est pas un peu subordonné à l’intérêt du médecin ? – Docteur Parpalaid, vous oubliez qu’il y a un intérêt supérieur à ces deux-là. – Lequel ? – Celui de la médecine. C’est le seul dont je me préoccupe. »

Ou encore :

« Vous me donnez un canton peuplé de quelques milliers d'individus neutres, indéterminés. Mon rôle, c'est de les déterminer, de les amener à l'existence médicale. Je les mets au lit, et je regarde ce qui va pouvoir en sortir : un tuberculeux, un névropathe, un artério-scléreux, ce qu'on voudra, mais quelqu'un, bon Dieu ! quelqu'un ! Rien ne m'agace comme un être ni chair ni poisson que vous appelez un homme bien portant. »

Voilà qui donne le ton de cette comédie.

La principale différence avec ce qui se passe dans ce film, c’est que maintenant nous n’avons plus ou presque plus à payer directement pour des consultations médicales et pour des médicaments, qui sont en principe gratuits, c’est-à-dire payés avec nos taxes et nos impôts, que nous devons payer que nous consultions ou non, et que nous consommions ou non, et qui se retrouvent d’une manière ou d’une autre dans les poches des médecins et des vendeurs de médicaments. Alors aussi bien en profiter et ne pas nous passer de ce pour quoi nous payons de toute façon !