La nouvelle approche « syndromique » de la Santé publique du Québec

La semaine dernière, le Dr Luc Boileau, qui a remplacé le Dr Horatio Arruda en tant que chef de la Santé publique au Québec, nous a présenté sa nouvelle approche « syndromique », en compagnie du Dr Jean Longtin, un médecin microbiologiste qui vient du même tonneau que lui.

Les grands médias québécois, dont le manque d’intégrité n’est plus à prouver, insistent sur le fait que la Santé publique laisse tomber l’obligation de s’isoler quand on est atteint de la COVID-19 (entendre par là le fait d’obtenir un résultat positif après avoir fait un test de dépistage), même quand on n’a pas de symptômes. Mais quand on lit les articles au complet et quand on a la patience de regarder les vidéos des points de presse (TVA), on a l’impression que, s’il y a un certain assouplissement en ce qui concerne la COVID-19, on continue de recommander l’isolement quand le télétravail est possible, et on étend les mesures dites sanitaires à d’autres maladies respiratoires, pour lesquelles on demande maintenant de prendre toutes sortes de précautions, parce qu’il y aurait d’autres virus et des bactéries qui circuleraient et qui pourraient rendre les gens malades, surtout les plus vulnérables, et aggraver la pression qui serait exercée sur le réseau hospitalier et le personnel soignant.

On dira que c’est la même chose qu’avant. Pas tout à fait, il me semble. Si depuis l’arrivée du virus on nous demande de rester à la maison quand nous avons des symptômes d’une maladie respiratoire quelconque, c’était par crainte qu’il s’agisse en fait de la COVID-19. Nous avons le nez qui coule, nous éternuons et nous toussons, et nous pourrions croire qu’il s’agit d’un simple rhume ou d’une simple grippe, alors que ce serait la COVID-19. Mieux vaudrait ne pas prendre de chances, nous disait-on, d’autant plus que les tests de dépistage, surtout les tests rapides, pourraient aboutir à des faux négatifs. Mais avec la dernière mise à jour des mesures dites sanitaires, il s’agit d’autre chose : les maladies respiratoires autres que la COVID-19 poseraient problème en elles-mêmes, et non pas parce qu’il y aurait un risque de confusion de la COVID-19 avec ces maladies plus normales et moins dangereuses. Bien que cela ne soit pas obligatoire, les autorités sanitaires québécoises nous recommandent maintenant de rester à la maison, de faire du télétravail et de porter un masque quand nous avons une grippe ou un vulgaire rhume. Car ce serait maintenant toutes les maladies respiratoires qui seraient dangereuses. Voilà tout un glissement !

Vous toussez ? Vous éternuez ? Votre nez coule ? Vous avez mal à la gorge ? Vous faites un peu de fièvre ? Vous avez des courbatures ? Vous avez passé un test, deux tests, trois tests de dépistage pour la COVID-19 ? Tous les résultats sont négatifs ? Qu’importe ! Vous n’en devriez pas moins rester à la maison, ou à tout le moins éviter les lieux publics et surtout les contacts avec les personnes vulnérables, c’est-à-dire les personnes âgées, les personnes immunosupprimées et les femmes enceintes ! Et porter un masque aussi longtemps que vous avez des symptômes ou pourriez être contagieux ! Car ce qui importe maintenant, ce n’est plus d’être déclaré positif à la COVID-19, mais d’avoir le moindre petit symptôme de rien du tout. Ce qui fait dire au Dr Longtin que d’avoir des écoulements nasaux dans un lieu public, c’est la même chose que de conduire en état d’ébriété, et que d’emboutir quelqu’un avec sa voiture. Nous en serions là en 2022, nous dit-il. Voilà ce qui arrive quand on permet à un quelconque médecin infectiologue, qui occupe un poste important dans nos bureaucraties sanitaires, de se mêler d’établir de nouvelles normes sociales, selon l’idée qu’il se fait du « gros bon sens ». Comme si cela relevait de son expertise. Le bon Dr Longtin devrait s’occuper des virus et soigner les malades, arrêter de donner des points de presse et des interviews aux journalistes, et se garder de nous faire la morale. Bref, qu’il arrête d’agir comme un curé et qu’il fasse plutôt son travail de médecin !

Pour l’instant, les précautions à prendre quand on a des symptômes d’une quelconque maladie respiratoire (ce que la Santé publique appelle un « syndrome grippal ») sont seulement recommandées et ne sont donc pas obligatoires. Personne ne va recevoir une amende parce qu’il ose aller dans un lieu public quand il a des symptômes du rhume, même s’il peut être l’objet de réprobation morale par ses concitoyens hypocondriaques. Mais l’hiver approche : les autorités politiques et sanitaires, qui ont la cervelle détraquée et qui prennent un plaisir certain à réglementer le moindre de nos actes, pourraient décider de traiter toutes les maladies respiratoires comme de graves dangers pour la santé publique, et d’imposer pour l’ensemble d’entre elles une partie ou la totalité des mesures dites sanitaires qui ont été imposées jusqu’à maintenant pour la COVID-19. On continue de se protéger, comme le dit la devise de notre chère gouvernement !

Grâce à cette nouvelle approche « syndromique », on s’efforce donc de traiter toutes les maladies respiratoires comme si elles étaient aussi contagieuses et dangereuses que la COVID-19, alors qu’à l’arrivée du virus, on nous disait que la COVID-19 appartenait à une classe à part et on se scandalisait quand un médecin ou un scientifique osait la comparer à une grippe ou à un rhume. De deux choses, l’une : ou bien la COVID-19 continue d’appartenir à une classe à part et il est injustifié d’imposer des mesures dites sanitaires pour d’autres maladies qui seraient beaucoup moins contagieuses et dangereuses qu’elle ; ou bien l’évolution de la « pandémie » a eu pour effet que la COVID-19 est devenue une maladie respiratoire saisonnière comme la grippe et le rhume et il est injustifié de continuer à exiger que nous appliquions des mesures dites sanitaires pour cette maladie, de même que de vouloir étendre ces règles aux autres maladies respiratoires. Si elles se soucient tant soit peu de cohérence, nos autorités sanitaires ne devraient pas, sous couvert d’assouplissement des mesures dites sanitaires s’appliquant à la COVID-19, essayer d’introduire sournoisement de nouvelles mesures dites sanitaires qui devraient s’appliquer à la grippe saisonnière et au rhume, par exemple. De toute évidence, c’est trop demander.