Changement dans la manière d’imposer des mesures sanitaires

Je n’ai pas été étonné que le port du masque médical en continu (même quand on est assis bien sagement à son bureau, quand la distanciation sociale est respectée et quand il n’y a personne à dix ou vingt mètres à la ronde, en raison du télétravail qui est à prioriser) devienne obligatoire dans tous les milieux de travail après la recommandation faite par l’Institut national de santé publique (INSPQ) et relayée par les médias traditionnels en mars. Ce qui m’a au contraire surpris, c’est la manière dont cette nouvelle mesure sanitaire nous a été imposée.

Je m’attendais à ce qu’un décret ou un arrêté soit promulgué, comme ça c’est produit pour la plupart des autres mesures sanitaires, notamment le port obligatoire du masque dans tous les lieux publics fermés, décrété en juillet 2020. Mais non : c’est la Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) qui a décidé d’exiger le port du masque médical en continu dans tous les milieux de travail, en plus de la distanciation physique et de la présence de barrières physiques, supposément pour limiter la prolongation du virus et des affreux variants dans le contexte de la troisième vague. S’il est vrai que la CNESST a déjà joué un certain rôle dans la définition des mesures sanitaires applicables dans les milieux de travail, cela consistait jusqu’à maintenant à préciser la manière dont s’appliquent les mesures décrétées par le gouvernement, en général ou dans des milieux de travail en particulier, en mettant à la disposition des employeurs et des employés des guides, des aides-mémoires et des affiches, entre autres. C’est donc la première fois, à ma connaissance, qu’elle impose à tous les travailleurs québécois une mesure sanitaire aussi générale dans le contexte de la crise sanitaire actuelle.

Qu’est-ce que cela change ? À première vue, rien du tout : à part ceux qui font du télétravail et ceux qui peuvent en être exemptés quand cela nuit à leur prestation de travail, nous devons tous être costumés en chirurgiens quand nous nous trouvons dans un milieu de travail. Certes. Mais en réfléchissant un peu plus, nous constatons que cette manière de faire rend cette nouvelle mesure sanitaire indépendante de l’état d’urgence sanitaire et peut avoir pour effet de la pérenniser. En effet, toutes les mesures sanitaires imposées grâce à des décrets et à des arrêtés dépendent de la prolongation de l’état d’urgence sanitaire. Si celui-ci prend fin pour une raison ou une autre (le gouvernement y met fin, l’Assemblée nationale le désavoue ou un juge le déclare illégal et inconstitutionnel), les décrets et les arrêtés cessent du même coup d’être en vigueur. J’en viens donc à me demander si le gouvernement, en procédant de cette manière, ne cherche pas à rendre permanente cette mesure sanitaire. N’oublions pas qu’on nous a dit, l’été dernier, que le masque est là pour rester, mais sans qu’on précise pour combien de temps. Il est vrai que la CNESST dit avoir adopté cette mesure pour combattre la troisième vague. Mais si d’autres variants supposément plus contagieux et peut-être plus dangereux, et contre lesquels les « vaccins » salvateurs seraient peu efficaces, continuent d’apparaître, et si on nous annonce bientôt une quatrième, une cinquième et une sixième « vague », on voit mal pourquoi la CNESST annulerait cette mesure prochainement, laquelle elle dit appuyer sur le principe de précaution. Et ce, surtout si les employés qui font présentement du télétravail finissent par revenir partiellement dans les milieux de travail l’automne ou l’hiver prochain.

Il nous faut garder l’œil ouvert. Si le gouvernement a recours au même stratagème pour nous imposer d’autres mesures sanitaires, il y aura de quoi nous demander dans quelle mesure le retour à une vie normale, qu’on nous annonce après la « vaccination », diffère vraiment de la normalité actuelle et si les « vaccins » sont vraiment un passeport pour la liberté, ce qui est déjà fort douteux, compte tenu de la manière dont la campagne de « vaccination » est menée.