Efficacité des vaccins : tout est dans la présentation

Tout est dans la présentation. C’est ce que savent les bons vendeurs de tapis, d’aspirateurs et de voitures usagées. Et les vendeurs de produits pharmaceutiques, bien sûr. L’un des trucs du métier, pour ces derniers, c’est de parler seulement de la diminution du risque relatif de contracter une maladie, de tomber gravement malade ou d’en mourir. Souvent ils n’ont que faire de la diminution du risque absolu, qui est beaucoup moins « vendeuse ».

Imaginons que nos autorités sanitaires constatent une résurgence du scorbut et en concluent qu’elle est due aux mauvaises habitudes alimentaires que nous avons depuis notre naissance. Il faut faire quelque chose. Malheureusement les fruits et les comprimés de vitamine C ne sauraient suffire pour contrer ce scorbut civilisationnel. Ils pourraient même être dangereux en ce qu’ils procuraient un faux sentiment de sécurité aux personnes qui en prendraient. C’est alors qu'entre en jeu une société pharmaceutique en mettant sur le marché un traitement X contre cette nouvelle forme de scorbut. Selon les essais cliniques, ce traitement aurait une efficacité de 89 % contre les gingivites aiguës et contre la perte des dents dues au scorbut. En collaboration avec les autorités sanitaires et les médias, une campagne est menée pour exhorter les adultes à prendre soin de leur dentition en prenant trois comprimés de X tous les jours, et pour procurer aux enfants d’âge scolaire des comprimés à l’heure du repas et de la collation dans les écoles. Comme personne ne veut avoir les gencives infectées et perdre ses dents et ne veut que cela arrive aux enfants, on ne trouve rien à redire et on loue la bienveillance des autorités sanitaires qui ont implanté ce programme national de prévention du scorbut.

Voyons ce qu’on cache généralement aux scorbutiques en puissance à propos de l’efficacité du traitement X. Elle correspond à la diminution du risque relatif, laquelle est calculée par la comparaison du nombre de personnes qui ont développé une forme grave de scorbut dans les groupes traité et non traité. Une efficacité de 89 % signifie que le nombre de personnes tombées gravement malades dans le groupe traité correspond à 11 % du nombre de personnes tombées gravement malades dans le groupe non traité. Par exemple, il y a eu 100 cas graves dans le groupe traité (composé de 30000 personnes) contre 900 dans le groupe non traité, durant les quelques mois qu’ont duré les essais cliniques ; ou encore il y a eu 10 cas graves dans le groupe traité contre 90 dans le groupe non traité ; ou encore il y a eu 1 cas grave dans le groupe traité contre 9 dans le groupe non traité. Quand on considère seulement la diminution du risque relatif, cela revient au même. Pourtant la situation change du tout au tout selon que les personnes non traitées tombent gravement malade durant la période d’observation dans une proportion de 0,33 %, de 0,033 % ou de 0,0033% dans le groupe traité et de 3 %, de 0,3% ou de 0,03 % dans le groupe non traité. D’où l'importance de calculer la diminution du risque absolu, en soustrayant le risque absolu pour le groupe traité et du risque absolu pour le groupe non traité, ce qui donne respectivement une diminution de 2,67 %, de 0,267 % et de 0,0267 % du risque de développer une forme grave de scorbut pour les personnes qui font partie du groupe traité. Quel que soit le cas, voilà qui n’est pas très impressionnant et qui est plus difficile à utiliser pour faire la promotion d’un produit pharmaceutique. Surtout si ledit produit a des effets secondaires non négligeables à court terme, alors que ses effets secondaires à moyen et à long terme sont pour l’instant inconnus. Surtout si certains groupes de personnes sont encore moins susceptibles de tomber gravement malades. Bien que la diminution du risque relatif ait sa pertinence et son utilité, il s’avère impossible d’évaluer avec justesse les bénéfices et les risques du traitement X sans connaître aussi la diminution du risque absolu. Du même coup, il est impossible de donner son consentement éclairé à ce traitement, ou de le refuser en connaissance de cause.

Pour voir plus exactement de quelle manière ça s’applique aux vaccins contre la COVID-19 qu’on s’efforce de nous injecter, veuillez lire cet article paru dans FranceSoir. Et n’oubliez pas de le diffuser, surtout à ceux de vos proches qui pourraient prendre un rendez-vous pour se faire vacciner, et aussi aux autres qui ont déjà été vaccinés et qui, j’en ai bien peur, sont déjà tombés dans le panneau.

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