Limites du point de vue des professionnels de la santé

Le gouvernement et les journalistes, pour nous imposer ce qu’ils disent comme une vérité indiscutable, ont recours aux témoignages des professionnels de la santé, notamment pour nous déclarer que les hôpitaux débordent, que les médecins et les infirmières sont tous au bord de l’épuisement, que les gens meurent dans d’atroces souffrances à cause du virus, que les jeunes en bonne santé ne sont pas épargnés et tombent gravement malades, que les non-vaccinés regrettent amèrement d’avoir refusé les vaccins salvateurs qu’on leur a pourtant offerts gratuitement, et maintenant qu’on n’a jamais vu autant d’enfants malades à cause des virus respiratoires qui circulent. Mais tout point de vue, même celui des professionnels de la santé, même celui des médecins, a ses limites, tout particulièrement quand on s’imagine qu’il constitue le seul point de vue valable, sur une question particulière ou de manière plus générale.

Je ne veux pas parler ici des professionnels de la santé qui acceptent de devenir les instruments de la campagne de relations publiques de nos gouvernements, alors qu’ils savent très bien que la situation n’est pas et n’a jamais été si dramatique qu’on le dit dans les hôpitaux ; pas plus que des professionnels de la santé qui, par docilité et crainte des représailles, répètent ce que les autorités politiques et sanitaires attendent d’eux. Je veux plutôt parler de tous ces professionnels de la santé qui, de bonne foi, s’imaginent que le méchant virus et, par la suite, les virus respiratoires sont responsables d’un engorgement exceptionnel des hôpitaux, car leur bonne foi est loin d’être une garantie de vérité. Comme tous les autres êtres humains, ils sont très influençables. Et ils sont d’autant plus influençables qu’ils sous-estiment ou ignorent quelles sont ces influences, ou qu’ils s’imaginent que leur expertise médicale les met à l’abri.

  1. Le fait de travailler en milieu hospitalier peut donner aux professionnels de la santé l’impression qu’il y a plus de malades qu’il n’y en a en réalité. Il est normal que des personnes malades aillent dans les hôpitaux et y soient hospitalisées, surtout pendant l’hiver. Les hôpitaux servent précisément à soigner les malades et, au besoin, à les accueillir. Les personnes en bonne santé, à moins d’être hypocondriaques, ne fréquentent généralement pas les hôpitaux. C’est pourquoi les professionnels de la santé voient principalement des personnes malades, surtout s’ils travaillent comme urgentistes et dans les unités de soins intensifs. Toutes les personnes saines, qui n’ont rien eu ou presque rien eu depuis l’arrivée du méchant virus, échappent alors à leur regard. Pourtant, ce qui se passe en dehors du système hospitalier est tout aussi important que ce qui s’y passe, voire encore plus important, puisqu’il ne représente qu’une petite partie de la société. Les professionnels de la santé qui s’imagineraient qu’il y a une épidémie ou même une crise sanitaire parce qu’ils voient des malades à l’hôpital sont comme des psychiatres qui s’imagineraient que l’ensemble de la population est menacé par de graves maladies mentales parce qu’ils passent l’essentiel de leur temps dans des instituts psychiatriques.

  2. À force de se faire répéter par les autorités politiques et sanitaires que de dangereux agents pathogènes circulent et que les malades submergent les hôpitaux, les professionnels de la santé sont disposés à exagérer la gravité de ce qu’ils voient dans les hôpitaux. La congestion saisonnière de certains départements hospitaliers à cause des maladies respiratoires tendra alors à leur paraître plus importante qu’elle ne l’est en réalité. Il se produit la même chose que quand on annonce à la télévision et dans les journaux une période de canicule supposément sans précédent, et quand on s’arrête tellement à la chaleur qu’il fait qu’on est plus importuné par elle et qu’on s’imagine n’avoir jamais vu ou presque jamais des vagues de chaleur comparables.

  3. Dans l’éventualité où certains professionnels de la santé auraient été ou seraient encore débordés de travail en raison de l’afflux des malades, il faut éviter d’en conclure qu’il y a alors forcément une grande augmentation absolue du nombre de malades. Il faut envisager la possibilité qu’il n’y a pas d’augmentation absolue, ou que cette augmentation est négligeable ; et qu’on assiste plutôt à une augmentation de la charge de travail de ces professionnels, due au fait qu’on détourne plusieurs d’entre eux de la prise en charge des malades en les faisant participer à des campagnes de dépistage et de vaccination de masse, et au fait qu’on isole ceux d’entre qui ont été déclarés positifs à la COVID-19, ou qu’on les fait travailler ailleurs que dans les urgences ou dans unités de soins intensifs pour la même raison. Ce serait donc seulement le nombre de malades par professionnel de la santé qui augmenterait, et non leur nombre absolu. L’augmentation de la charge de travail des professionnels de la santé est alors perçue par eux comme une confirmation de ce qui est annoncé dans les points de presse des gouvernements et dans les médias de masse. Au lieu d’empêcher la prolifération de la COVID-19 et des autres maladies respiratoires et l’effondrement du système hospitalier, ces mesures administratives aggravent les pressions exercées sur le système hospitalier et s’appuient sur cette aggravation pour justifier leur existence. C’est comme si, dans un pays nordique qui dépend du gaz naturel pour se chauffer, on prétendait qu’il fait plus froid parce qu’on utilise ce combustible pour autre chose, qu’on chauffe moins pour lutter contre les changements climatiques, et qu’on voit dans cette impression de froid anormale une manifestation des changements climatiques et une raison de continuer à ne pas chauffer assez les domiciles.

  4. Les protocoles mis en place pour la prise en charge des personnes déclarées positives à la COVID-19 ou soupçonnés d’être positives, et ce, même quand elles n’ont pas de symptômes, ont pu rendre moins efficaces le travail des professionnels de la santé. La situation a été aggravée par le fait que même les malades et les travailleurs de la santé qui n’étaient pas soupçonnés d’être porteurs du virus faisaient l’objet de consignes pointilleuses et qui demandaient du temps et de l’énergie qui n’étaient pas utilisés pour soigner les malades. Pour un même nombre de malades, il en résulte une augmentation de la charge de travail des professionnels de la santé, qui doivent s’adonner à des activités de désinfection compulsive, à des changements réguliers du matériel de protection et à leur nettoyage, ou au respect de la signalisation lors de la circulation dans les corridors avec les malades. Le débordement qui en résulte peut avoir été attribué à tort, par plusieurs professionnels de la santé, à une augmentation du nombre de malades. C’est comme si les professionnels de la santé, auxquels on demanderait de faire encore plus paperasse, s’imaginaient qu’il y a beaucoup plus de malades parce qu’ils disposent alors de moins de temps pour les soigner.

  5. Dans l’hypothèse où il y aurait effectivement eu ou qu’il continuerait d’y avoir, à certains endroits et à certains moments, une augmentation absolue du nombre de malades, les professionnels de la santé sont disposés à croire hâtivement que cela est principalement dû au méchant virus et à l’adhésion insuffisante de la population aux mesures prétendument sanitaires, comme le prétendent les gouvernements et les journalistes. Pourtant, il n’est pas nécessaire, pour expliquer cette augmentation, de postuler l’existence d’un virus anormalement contagieux et dangereux, l’adoption de mesures exceptionnelles pouvant suffire à expliquer ce phénomène. Le déni de soins pour la COVID-19 ou les autres maladies respiratoires qui passaient souvent pour la COVID-19, sous prétexte qu’il n’y avait pas alors de traitement efficace, explique certainement une partie des complications et des décès observés par le personnel des hôpitaux. Combiné avec l’appel des gouvernements à rester à la maison, cette absence de traitement des malades symptomatiques a résulté en une aggravation de l’état de santé de ces derniers, qui sont allés à l’hôpital quand ils étaient mal en point et quand il était parfois trop tard. À cela il faut ajouter les effets nuisibles de la campagne de peur des gouvernements et du mode de vie imposé grâce à elle sur le système immunitaire et l’état de santé général. Enfin, s’il y a vraiment un nombre anormalement élevé d’enfants admis présentement à l’hôpital à cause de maladies respiratoires, il faut nous demander si cela est dû aux quelques doses d’injections expérimentales qu’on leur a administrées et qui ont peut-être affaibli leur système immunitaire, temporairement ou de manière plus durable. Expliquer sans autre forme de procès une augmentation importante du nombre de malades, à tel endroit et à tel moment, par la présence d’un ou de plusieurs méchants virus, reviendrait à attribuer à une nouvelle maladie très contagieuse et très dangereuse des problèmes de santé qui seraient en fait dus à l’incapacité des populations européennes à se chauffer suffisamment durant l’hiver, en raison de pénuries de gaz naturel ou des coûts énergétiques élevés causés par les sanctions économiques prises contre la Russie, mais en fait prises contre ces populations.

  6. Dans nos sociétés où le travail compte parmi les valeurs les plus importantes, il ne faut pas sous-estimer la tendance des travailleurs à exagérer la surcharge de travail pour se faire valoir, et à pratiquer ainsi une sorte de surenchère morale. Les corporations professionnelles de la santé ne sont pas à l’abri de cette tendance morale, qui voit dans la crise sanitaire qui ne semble jamais devoir finir une occasion de se manifester. Ainsi il est raisonnable de nous méfier des doléances des travailleurs de la santé, comme nous nous méfions de ceux des fonctionnaires qui se plaignent aussi de la surcharge de travail. Dans les deux cas, ces travailleurs peuvent duper les autres et se duper eux-mêmes pour se conformer à la morale du travail en tant que souffrance, acquérir un certain capital moral, et tâcher de défendre ainsi leurs intérêts individuels et corporatifs.