Risque d’opération sous fausse bannière en Ukraine

Après que le gouvernement russe a annoncé la présence en Ukraine de laboratoires financés par les États-Unis où l’on fabriquerait des armes biologiques, la sous-secrétaire d’État pour les Affaires politiques, Victoria Nuland, a reconnu l’existence de plusieurs « centres de recherche biologique » en Ukraine, et a prétendu craindre que les résultats de ces recherches ne tombent entre les mains des Russes.

Si des armes biologiques étaient bientôt utilisées en Ukraine, ce serait donc nécessairement les Russes qui devraient être tenus responsables, tout simplement parce que les Russes seraient des méchants, alors que les Américains et leurs alliés seraient les vertueux défenseurs du Bien. En fait, ce que Nuland dit des Russes peut certainement s’appliquer aux Américains, à leurs alliés occidentaux et aux pays ou organisations qu’ils utilisent pour mener des guerres par procuration, par exemple en finançant des groupes terroristes au Moyen-Orient.

La lutte se déroule toujours entre les différents gouvernements occidentaux, et aussi à l’intérieur de ces gouvernements, pour savoir si on essaiera ou non d’imposer une zone d’exclusion aérienne (no-fly zone en anglais), en prenant les moyens militaires que cela exige, c’est-à-dire déployer des avions et des systèmes anti-aériens pour abattre les avions russes qui volent à l’intérieur de l’espace aérien ukrainien. Et quoi qu’en disent les gouvernements et les médias occidentaux, la stratégie d’encerclement de l’armée russe donne ses fruits : une partie importante de l’armée ukrainienne est prisonnière d’un chaudron à l’Est, lequel on mettra bientôt sur le feu pour obtenir la reddition ou l’anéantissement des soldats ukrainiens, et plusieurs bourgades et villes sont prises ou sur le point de l’être. Si bien que l’armée russe pourrait bientôt se déplacer vers le centre de l’Ukraine, et plus particulièrement vers Kiev, qui est déjà encerclée. On peut alors s’attendre à voir paniquer encore plus les partisans occidentaux de la ligne dure à l’égard de la Russie. Incapables d’accepter la perte de l’Ukraine, et constatant que les sanctions économiques ne changeront rien à la situation, ils pourraient être prêts à faire une opération sous fausse bannière, en cherchant à attribuer à l’armée russe une attaque biologique imaginaire, ou dont serait responsable l’armée ukrainienne ou des bataillons néo-nazis, ou encore la CIA ou le SIS, qui ont sans doute du personnel sur place. La dernière remarque de Nuland semble en effet préparer le terrain pour un telle attaque, qu’on annonce presque, au cas où on déciderait d’aller jusque-là.


Pour ceux à qui l’idée d’une opération sous fausse bannière semblerait farfelue, je propose de regarder quelques photographies de l’attaque chimique de Douma, en Syrie (7 avril 2018). Selon les pays occidentaux et les rebelles dits modérés, le régime de Bachar el-Assad aurait tué des civils en utilisant des armes chimiques à base de chlore. Les cylindres auraient été largués par avion. L’un d’entre eux aurait traversé le toit d’une résidence et pour atterrir dans une chambre à coucher.

La photographie ci-dessous montre le trou qu’aurait fait ce cylindre dans le toit. Si on en juge d’après les tiges qui sortent du plafond, il s’agit de béton armé, ce que confirme le rapport publié en 2019 par l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (location 4, p. 17-20 ; annexe 7, p. 59-64). L’impact a dû être violent pour que le cylindre passe à travers le béton et les tiges d’acier. Mais cela est tout à fait possible si le cylindre, qui aurait pesé 150 kg selon un expert, a été largué d’un avion.

Selon le rapport de l’OIAC (p. 19), le cylindre aurait changé de trajectoire après avoir défoncé le toit et être entré en collision avec le plancher, pour finalement atterrir sur un lit :

« The assessments further indicated that, after passing through the ceiling and impacting the floor at lower speed, the cylinder continued altered trajectory, until reaching the position in which it was found. »

Le schéma suivant (p. 61) représente cette drôle de trajectoire.

Compte tenu du poids du cylindre et de la vitesse à laquelle il devait tomber quand il a défoncé le plafond, on aurait pu s’attendre à ce qu’il s’enfonce dans le plancher. Mais même si on fait l’hypothèse qu’il y aurait eu une importante perte de vitesse après qu’il a passé à travers le béton armé, et qu’il aurait pu rebondir sur le plancher, pour finalement atterrir sur le lit, il y a quelques bizarreries qui demeurent difficilement explicables. Dans cette photographie prise le jour même de l’attaque présumée, le lit semble anormalement en bon état. La base et la tête du lit ne sont pas endommagées, alors que c’est elles qui sont censées avoir mis fin à la course du cylindre. Quant au cylindre lui-même, il est lui aussi anormalement en bon état. Il est à peine déformé, il manque seulement un peu de peinture et il est couvert d’une poudre blanche, alors qu’il tombait pourtant à grande vitesse et a défoncé un toit en béton armé.

De plus, les coupes rangées au-dessus de la douche, située juste à côté du lit, auraient dû tomber en raison de la force de l’impact, d’autant plus que les vitres de la douche ont été fracassées.

Ce qui nous autorise à faire l’hypothèse que le cylindre a été déposé sur le lit, et qu’il n’a pas défoncé le toit, le trou qu’on voit dans le plafond ayant alors été fait par autre chose.

C’est aussi à cette conclusion qu’en est venu Ian Henderson, un ancien inspecteur de l’OIAC dans un rapport pour usage interne (p. 8) qui a été écartée pour la rédaction du rapport final :

« 32. At this stage the FFM engineering sub-team cannot be certain that the cylinders at either location arrived there as a result of being dropped from an aircraft. The dimensions, characteristics an appearance of the cylinders and the surroundings scene of the incidents, were inconsistent with what would have been expected in case of either cylinder having been delivered from an aircraft. In each case the alternative hypothesis produced the only plausible explanation for observations at the scene.

33. In summary, observations at the scene of the two locations, together with subsequent analysis, suggest that there is a high probability that both cylinders were manually placed at those two locations rather than being delivered from aircraft. »

Voici son intervention devant le Conseil de sécurité de l’ONU (janvier 2020) à propos du rapport final de l’OIAC.


Il est donc important, si jamais Zelensky, les gouvernements occidentaux et les médias de masse annoncent que l’armée russe a utilisé des armes biologiques (ou chimiques) contre la population ou l’armée ukrainienne, d’être très méfiants et de ne pas nous laisser entraîner par la rhétorique belliqueuse exigeant le châtiment immédiat de ce crime de guerre scandaleux et l’intervention militaire des pays occidentaux en Ukraine, sans même enquêter pour vérifier si cette attaque a vraiment eu lieu et si c’est l’armée russe qui en est responsable. Le fait d’intervenir militairement après une telle attaque, sans donner l’occasion aux accusés de se défendre (l’armée russe), revient à porter un jugement sommaire, et à accorder aux parties impliquées directement (l’Ukraine) et indirectement (les pays occidentaux) dans ce conflit militaire le droit de juger leurs adversaires et de les punir, alors qu’ils sont en fait eux aussi des suspects.

Certains diront que ce crime de guerre est trop horrible pour qu’on reste les bras croisés alors que les gens meurent et pour qu’on attende les résultats d’une enquête indépendante. Nous aurions déjà suffisamment de preuves incriminantes. Nous saurions que c’est la faute des Russes, comme toujours. L’inaction pourrait ici causer la mort de milliers, de dizaines de milliers, de centaines de milliers de personnes ! Il faudrait donc faire quelque chose pour sauver ces vies !

À cela je réponds qu’il ne s’agit pas de faire quelque chose pour sauver ces vies, mais de savoir qu’on fait la bonne chose pour sauver des vies, et pas plutôt quelque chose qui causera des milliers, des dizaines de milliers, des centaines de milliers, des millions ou des milliards de morts. Je ne plaisante pas. Si les États-Unis et leurs alliés s’avisaient, sous prétexte d’utilisation d’armes biologiques par l’armée russe, de jouer les justiciers autoproclamés et d’attaquer des cibles militaires russes en Ukraine, cela entraînerait inévitablement une riposte de l’armée russe. En vertu du traité de l’OTAN, tous les pays membres pourraient se retrouver engagés dans une guerre contre la Russie, laquelle pourrait connaître une escalade rapide, jusqu’à ce que des armées nucléaires soient utilisées, de part et d’autre. Ce qui signifierait l’anéantissement de l’humanité. Car il se pourrait que ça tourne beaucoup plus mal, cette fois-ci, qu’après l’attaque de l’aviation américaine, française et anglaise contre des positions syriennes, en guise de représailles contre la prétendue attaque chimique de Douma, où on a fait attention de ne pas toucher du matériel et du personnel militaires russes lors de ces frappes aériennes.

Nous devons donc faire preuve de la prudence la plus extrême, et ne pas nous laisser obnubiler par le sentiment d’urgence humanitaire et militaire si on nous annonce des attaques biologiques en Ukraine et si on réclame à grands cris l’intervention militaire occidentale, par exemple sous la forme d’une zone d’exclusion aérienne, qui impliquerait que les armées occidentales abattent des avions militaires russes en cas de non-respect. Nous devons même nous opposer rigoureusement à cette folie, si nos dirigeants décident d’aller dans cette direction. Nous devrions même prendre les devants, et ne pas attendre d’en arriver là. Hélas ! il est à craindre que nos dirigeants, ivres de pouvoir après deux ans d’urgence sanitaire, ne se soucient pas le moins du monde de ce que nous pouvons dire et penser, ni des conséquences de leurs décisions. Le fait de mater la Russie, ou de contrôler la propagation du virus, devrait justifier les actions aux conséquences les plus désastreuses.