Usage des taxes et des impôts dans les régimes minimalement ou faussement démocratiques (1)

Nos gouvernements, sous prétexte de refaire leurs finances mises à mal à cause des mesures soi-disant sanitaires qu’ils nous ont imposées, de venir en aide aux plus vulnérables et de lutter contre les changements climatiques, augmentent les sommes d’argent que nous devons leur abandonner à chaque paie, à chaque déclaration de revenus ou à chaque achat de combustibles fossiles, qu’il s’agisse d’essence pour la voiture ou de gaz naturel pour la maison. Selon les endroits, cela peut prendre la forme d’une augmentation du taux d’imposition des salaires, des contributions au régime d’assurance-emploi, d’une taxe sur le carbone ou d’une taxe générale sur la consommation. Je n’ai jamais fait le calcul, étant donné que c’est variable selon le revenu des personnes ou des foyers, et selon les marchandises et les services taxés ouvertement ou subrepticement (soit les taxes sont ajoutées au prix des marchandises, soit elles sont comprises dans le prix affiché des marchandises, n’apparaissent pas sur les factures ou les coupons de caisse et peuvent alors être considérées comme des produits taxables, comme dans le cas du tabac, de l’alcool et de l’essence), mais il se pourrait bien que plusieurs d’entre nous se retrouvent à céder petit à petit à nos gouvernements la moitié de leurs revenus ou presque.

S’il est vrai que de telles hausses provoquent parfois des controverses, comme c’est actuellement le cas à la Chambre des communes du Canada, on discute seulement de telle nouvelle mesure financière en fonction de la conjoncture économique du moment ; et même quand on discute de ces hausses de manière plus générale, c’est souvent à des fins électoralistes ou pour défendre des positions idéologiques, certaines tendances politiques ou idéologiques étant généralement en faveur de telles hausses, d’autres tendant plutôt à s’y opposer. Presque jamais on ne remonte aux principes politiques pour se demander ce que cela implique que nos gouvernements fassent de telles levées de fonds sur nous, et redistribuent ou utilisent à leur guise nos contributions, sans que nous puissions leur faire rendre des comptes et influencer leurs décisions (sauf indirectement, par la pression de l’opinion publique et les élections), ou même obtenir qu’ils fassent preuve de transparence à ce sujet. Les gouvernants décident, ils cherchent à donner une impression de bien fondé à leurs décisions à ce sujet, ils n’en font qu’à leur tête si ça ne suffit pas pour nous convaincre, et ils mettent en place toutes sortes de moyens pour être certains que nous nous conformions à nos nouvelles obligations financières à l’égard de nos gouvernements, que nous le payions chèrement si nous essayons de nous y soustraire, et que nous ne sachions pas exactement ce qui est fait de tout cet argent. N’en irait-il pas autrement si nous pouvions décider et contrôler en connaissance de cause l’usage que les administrations publiques feraient de nos contributions ? La manière dont seraient levées ces contributions ne serviraient-elles pas alors davantage nos intérêts, au lieu de ceux des membres des gouvernements, de l’élite économique qu’ils servent et d’où ils proviennent assez souvent, et des organismes bureaucratiques qui se comportent à notre égard comme des parasites ?

Mais ne nous attardons pas davantage à ce qui pourrait être et intéressons-nous ici seulement ou surtout à ce qui est. Dans la situation actuelle, nous pouvons dire qu’il est fort douteux que les sommes d’argent que nos gouvernements exigent de nous de manière autoritaire, et que nous sommes contraints de payer, soient utilisés pour servir nos intérêts, ne soient pas utilisées pour servir des intérêts incompatibles avec les nôtres, et ne soient pas utilisées pour nous nuire. En fait, il serait étonnant que cela n’arrive pas en raison de l’opacité de nos gouvernements et de leur indépendance à notre égard. Il est notoire que les membres de nos gouvernements font des passes-droits à ceux qui les aident à se faire élire et à conserver le pouvoir, par exemple les médias de masse qui sont financés avec les fonds publics ; qu’ils ont recours, à grands frais, aux services de firmes de relations publiques pour concevoir leurs politiques et les faire accepter par la population ; et qu’ils accordent des contrats publics très lucratifs à l’industrie de la construction, à l’industrie pharmaceutique, à l’industrie militaire, à l’industrie pharmaceutique et à l’industrie du matériel de protection (masques médicaux, gel désinfectant, etc.), en n’hésitant pas parfois à créer, à aggraver ou à prolonger artificiellement des crises, pour faire des dépenses supplémentaires qui ne se servent pas le bien public ou celui des individus, et pour détourner les fonds publics des projets et des services qui contribuent véritablement à ce bien. Chaque fois que quelque chose va mal ou semble aller mal, on dirait que nos gouvernements prennent plaisir à jeter de l’huile sur le feu ou à exagérer la gravité de la situation pour pouvoir jeter de l’argent par la fenêtre, qu’il s’agisse de construire à grands frais des réseaux de transport en commun électrifiés devant diminuer les émissions de gaz à effet de serre et atténuer les changements climatiques ; de fournir aux écoles, aux hôpitaux et aux organismes publics et parapublics des cargaisons de masques procéduraux, de gel désinfectant, de visières et de lunettes de protection ; d’organiser de vastes campagnes de dépistage de toute la population, comme s’il était possible d’isoler ce méchant virus dont on dit pourtant qu’il est déjà partout ; d’administrer plusieurs doses de soi-disant vaccins à toute la population, alors qu’ils n’empêchent pas l’infection, la contagion et les complications ; et de fournir au gouvernement ukrainien des tonnes d’équipement militaire très coûteux, en plus des dons et des prêts, lesquels on répète quand on réalise qu’ils n’ont pas d’effet significatif sur le déroulement de la guerre. Tout ça avec notre argent, sans que nous protestions vivement. On trouve même des gens – soit qu’ils sont très bêtes, soit qu’ils sont payés pour dire ce qu’ils disent, soit qu’ils essaient d’acquérir un certain capital moral en cherchant à être ou à paraître plus catholiques que le pape – qui trouvent que nos gouvernements n’en font jamais assez et qui réclament que ces derniers dépensent des sommes encore plus importantes pour lutter contre les calamités qui, soudainement, s’abattraient à la fois sur la planète, l’humanité ou nos démocraties occidentales. Derrières les portes closes, nos gouvernants et les magnats de l’armement, du médicament, de la désinfection et de l’énergie verte doivent bien rires de nous.

Toutefois, ne nions pas que nous profitons dans une certaine mesure de l’argent que nous payons à nous gouvernements. L’éducation primaire et secondaire publique est gratuite et accessible à tous les enfants ; nous pouvons consulter des médecins, être soignés, hospitalisés et opérés sans avoir à débourser beaucoup d’argent ou à nous endetter ; et nous pouvons recevoir des prestations d’assurance-emploi si nous sommes mis à pied, ou une aide financière d’urgence quand un méchant virus fait son apparition et fait fermer des secteurs entiers de notre économie. Mais nos écoles ne sont-elles pas parfois mal entretenues, alors que les enseignants sont peu compétents dans les disciplines qu’ils enseignent, sont souvent dépourvus d’esprit critique et dressent les enfants et les adolescents, notamment en leur faisant appliquer une réglementation sanitaire austère et arbitraire ? Mais ne nous faut-il pas attendre parfois très longtemps avant de nous faire attribuer un médecin de famille, d’obtenir un rendez-vous avec un médecin spécialiste et d’être opérés, sans parler du risque de devenir la chose du système de santé, de devenir l’objet d’actes médicaux inutiles pour lesquels les médecins et les hôpitaux sont grassement rémunérés, de subir les effets secondaires de traitements médicamenteux dont nous n’avons pas vraiment besoin et qui sont parfois inefficaces ou peu efficaces, et de subir une grave erreur médicale, de telles erreurs étant la troisième cause de mortalité en Occident ? Mais nos gouvernements n’ont-ils pas, au cours des dernières décennies, imposé des conditions devant réduire la durée des prestations d’assurance-emploi, devant rendre plus difficile d’y avoir droit, ou devant contraindre à accepter des emplois minables sous peine de se voir imposer des pénalités ou d’être privé de cette aide ? C’est sans doute pourquoi, à cause des prestations d’urgence, certains de nos concitoyens ont pu avoir l’impression que nos gouvernements se sont réformés moralement depuis l’arrivée du méchant virus, et se sont mis soudainement à nous vouloir du bien, puisqu’au lieu d’être radins comme d’habitude, ils ont littéralement ouvert les écluses.

Pour ceux qui ont plus de suite dans les idées, il est évident que c’est grâce à ces prestations d’urgence – qui ont permis à beaucoup d’entre nous de se nourrir, de se loger et de payer leurs comptes – que nos gouvernements ont pu faire accepter à la majorité de la population des confinements préjudiciable pour notre économie, pour les finances de l’État, pour notre prospérité individuelle et collective, et aussi pour nos droits et nos libertés. On dirait donc que, même quand nos gouvernements nous font ou semblent nous faire du bien, ils nous font en fait du mal. Et peut-être réussissent-ils à nous faire encore plus de mal quand ils ont l’air de nous faire du bien. Outre le fait que la fermeture récurrente de plusieurs secteurs de l’économie a entraîné la fermeture ou l’endettement de nombreuses petites et moyennes entreprises, l’argent que nos gouvernements ont emprunté ou « imprimé » pour payer les prestations d’urgence des nouveaux chômeurs et des entreprises a provoqué une inflation généralisée comme nous n’en avons pas vu depuis de décennies, si bien que de plus en plus de personnes tirent le diable par la queue et voient leur pouvoir d’achat diminué, alors qu’on augmente les taux d’intérêt pour tâcher de remédier à la situation, ce qui a pour effet d’enfoncer encore plus ceux d’entre nous qui ont une hypothèque à payer et des dettes à rembourser. Tout ça parce que nos gouvernements auraient voulu nous protéger contre méchant virus qui tue essentiellement des personnes qui sont déjà au seuil de la mort. Aurions-nous accepté cette destruction de notre économie si, grâce aux finances publiques, on ne nous avait pas permis de continuer de vivre relativement confortablement, ou du moins d’atténuer les conséquences des pertes de revenus pour les nouveaux chômeurs, les prestations étant alors une sorte d’analgésique qui nous a insensibilisé au mal que nos gouvernements étaient en train de nous faire ?

Nous aurions pu espérer que ce qui a suivi – c’est-à-dire le sabotage des négociations avec la Russie pour mettre fin à la guerre en Ukraine et les sanctions économiques prises par les gouvernements occidentaux, qui ont pour effet l’augmentation rapide des coûts énergétiques, des pénuries prochaines d’énergie en Europe, une aggravation de l’inflation, la fermeture d’autres entreprises et même la désindustrialisation de certains pays et des problèmes de production et d’approvisionnement de nourriture – serait capable d’ouvrir les yeux à nos concitoyens qui persistent à croire que nos gouvernements nous veulent du bien. Certains commencent à se réveiller, alors que d’autres continuent d’être anesthésiés et trouvent normal que nos gouvernements prétendent nous prendre plus d’argent pour financer les régimes d’assurance-emploi et de soutien des plus vulnérables, alors qu’ils s’entêtent à aggraver les causes de l’inflation et de l’appauvrissement, et rendent de plus en plus précaire notre situation économique et insuffisante l’aide donnée par l’État aux personnes qui ont perdu leur emploi ou qui ne sont plus capables de subvenir à leurs besoins.

Nous pourrions faire des remarques semblables à propos des investissements que nos gouvernements annoncent pour permettre à la police de lutter contre la hausse de la criminalité, surtout dans les grandes villes. Ces investissements ne sont-ils pas en grande partie nécessaires à cause des politiques économiques non viables de nos gouvernements et de l’appauvrissement et de la criminalité croissante qui en résultent ? Je dirais même que le fait de prétendre protéger la population contre les crimes violents grâce à ces investissements dispensent nos gouvernements de changer ces politiques, et leur permet même d’accroître la surveillance policière, qui ne porte pas seulement sur les individus violents, sur les gangs de rue et sur les organisations criminelles plus complexes. Comme cela est commode, alors que nos gouvernements deviennent de plus en plus autoritaires, tolèrent de plus en plus mal la critique et les mouvements d’opposition, ne prétendent pas seulement lutter contre les actes criminels mais aussi contre des propos qu’on considère de plus en plus comme des crimes, et cherchent régulièrement à nous mobiliser entièrement dans des guerres saintes, par exemple contre les micro-organismes, contre la Russie ou contre les changements climatiques !

Bref, il semble que plus nos gouvernements deviennent autoritaires et échappent à tout contrôle de la part des citoyens, plus ce qu’ils font avec les taxes et les impôts que nous leur payons nous est préjudiciable, et ce, même quand nous semblons bénéficier de l’usage qu’ils font de l’argent qui nous est soutiré. Je ne vois pas pourquoi cela changerait aussi longtemps que nos institutions ne deviendront pas plus démocratiques.

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