Une stratégie rudimentaire et récurrente

Tout ce qui s’est passé depuis l’arrivée du méchant virus en 2020 devraient nous avoir appris, à nous qui sommes des Occidentaux, que nous sommes particulièrement bêtes, même si nous nous croyons très intelligents et souvent supérieurs aux autres habitants de la planète, que nous regardons de haut et dont nous méprisons les intérêts et les souffrances, tout en nous targuant de ne pas être racistes. Le problème, c’est que les symptômes de la bêtise tendent à ne pas être remarqués par les principaux concernés, surtout quand ils sont nombreux, puisque pensant et faisant la même chose que les autres imbéciles qui les entourent, ils se croient d’autant plus intelligents qu’ils s’imitent les uns les autres. Un bel exemple de cette bêtise généralisée, c’est le fait qu’on a recours à répétition à une stratégie rudimentaire pour nous faire accepter et même réclamer des politiques et des mesures diamétralement opposées à nos intérêts. Beaucoup de nos concitoyens – qui ne sont pas plus bêtes que la moyenne et qui sont des imbéciles fonctionnels qui réussissent à vaquer à leurs occupations étant donné les exigences intellectuelles assez faibles en vigueur dans nos sociétés en pleine décadence – tombent dans le panneau à tous les coups. Alors qu’on aurait pu s’attendre au contraire, j’en suis rendu à me dire que plus ces personnes à la cervelle en compote se font piéger, plus il leur sera difficile de comprendre qu’elles sont tombées dans un piège et de se méfier pour ne pas tomber dans le même piège ou dans un autre piège. Cette stratégie, en plus de tirer profit de la bêtise de ces personnes et de l’aggraver, tire aussi profit de leur faiblesse morale, qu’elle aggrave aussi. Car ce qui les empêche de reconnaître qu’elles se sont trompées et qu’elles ont été trompées, c’est le coup que cela porterait à l’image qu’elles se plaisent à avoir d’elles-mêmes. Habituées de se croire intelligentes et soucieuses du bien-être de leur entourage, de leurs concitoyens et même de tous les êtres humains, il leur est douloureux d’envisager, même à titre d’hypothèse, qu’elles sont en fait décérébrées et qu’elles ont des comportements en fait nuisibles pour les elles-mêmes et pour les autres. Pourtant elles feraient preuve d’intelligence et de force morale en reconnaissant enfin qu’elles se sont trompées et qu’elles ont été trompées, au lieu de persister indéfiniment dans leurs erreurs, ce qui est beaucoup moins exigent intellectuellement et moralement, en ce que cela ménage leur vanité. Si elles n’ont pas assez d’orgueil pour se corriger et se détacher du troupeau dont elles ont fait partie jusque-là, et si elles préfèrent se laisser gouverner par leur petite vanité, nous n’avons pas d’autre choix que de les considérer comme des adversaires, qui nous nuisent, qui nuisent aux autres, et qui se nuisent aussi à eux-mêmes, ce qui n’est pas une raison pour les ménager, bien au contraire.

Venons-en à la stratégie qu’on utilise à toutes les sauces, depuis l’arrivée du méchant virus, et aussi avant. Elle consiste à faire accepter des politiques ou des mesures sous prétexte d’éviter ou d’atténuer précisément les effets que ces politiques ou ces mesures produisent ou la situation qu’elles aggravent ; et à utiliser ces effets pour justifier ces mesures, leur prolongation et leur intensification.

Voici quelques applications de cette stratégie, que ceux qui sont déniaisés comprennent déjà, et que ceux qui pourraient un jour se déniaiser devraient être capables de comprendre s’ils se donnent la peine de penser.

  1. Attaquer militairement un pays du Moyen-Orient dans l’espoir de renverser un régime qui constituerait un danger pour la population qu’il gouverne et pour la sécurité de la région et des pays occidentaux, ce qui a pour effet de déstabiliser encore plus la région et de favoriser l’émergence de groupes terroristes qui asservissent et massacrent la population dudit pays, qui le font sombrer dans le chaos, qui déstabilisent les pays voisins et qui commettent des attentats dans les pays occidentaux. Utiliser cette nouvelle menace pour faire accepter d’autres interventions miliaires dans la région, lesquelles engendreront une instabilité encore plus grande, une dégradation des conditions de vie des populations locales et de nouveaux attentats qui viseront les populations occidentales. Et ainsi de suite.

  2. Sous prétexte de protéger l’ensemble des populations occidentales contre un nouveau virus qu’on dit très contagieux et dangereux, imposer des confinements qui ont pour effets que les gens restent plus longtemps enfermés dans des lieux clos, s’appauvrissent, sont plus isolés et sédentaires, mangent moins bien, pas assez ou trop. Tirer profit de la contagion qui en résulte, de la dégradation de l’état de santé général de ces populations, de l’affaiblissement de leur système immunitaire et des complications qui en résultent parfois pour maintenir et intensifier les politiques de confinement aussi longtemps que possible. Et ainsi de suite.

  3. Dans le but affiché de lutter contre la division de nos sociétés, les troubles sociaux et politiques, et la radicalisation pouvant mener à des actes de violence, accuser une partie non négligeable de la population (car pourquoi en parlerait-on sinon ?) de mettre en danger la santé des autres, de faire de la désinformation, et d’être des complotistes qui mineraient l’effort de guerre contre le virus et qui seraient par conséquent criminels, ce qui s’expliquerait par le fait qu’on aurait affaire à des suprématistes blancs, racistes, sexistes, islamophobes, homophobes et transphobes qui ne croiraient pas à la science et qui seraient liés à des groupes d’extrême-droite qui voudraient renverser le gouvernement. Profiter de la résistance et du clivage social plus grands qui en résultent pour crier encore plus fort à la radicalisation violente et adopter des mesures punitives d’urgence conçues spécialement pour la partie de la population qu’on veut mettre au pas. Et ainsi de suite.

  4. Prétendre qu’on veut dissuader la Russie d’envahir l’Ukraine en réitérant les promesses d’entrée dans l’OTAN alors que les autorités russes ont dit que c’est pour elles une ligne rouge à ne pas franchir, en intensifiant les bombardements contre les Républiques populaires de Donetsk et de Lougansk, et en accumulant des troupes à leurs frontières, alors qu’elles ont signées avec la Russie un accord de défense mutuelle. À la suite de l’intervention militaire russe en Ukraine qu’on a ainsi provoquée, se scandaliser de l’attaque barbare et gratuite de l’armée russe, tout en faisant échouer les négociations entre l’Ukraine et la Russie et en jetant de l’huile sur le feu grâce à des sanctions devant détruire l’économie russe et aboutir à un changement de régime, grâce à la fourniture d’équipement et d’entraînement à l’armée ukrainienne et grâce à la présence de généraux occidentaux au sein de cette armée. Se scandaliser de l’escalade militaire qui en résulte, durcir le ton à l’égard de la Russie, et promettre d’intervenir encore plus directement dans ce conflit pour rétablir la paix et la sécurité dans la région. Et ainsi de suite.

  5. Sous prétexte de lutter à la fois contre les changements climatiques, contre la dépendance énergétique et alimentaire à l’égard de la Russie et contre les catastrophes humaines qui pourraient en résulter au cours des prochaines décennies ou même des prochaines années, décarboniser à grande vitesse le secteur énergétique occidental, et interdire ou entraver les exportations russes de pétrole, de gaz naturel, d’engrais et de nourriture. Accuser la Russie de vouloir provoquer des pénuries d’énergie et de nourriture, tout en expliquant les mauvaises récoltes par les changements climatiques accélérés qui seraient en train de se produire à cause des émissions de gaz à effet de serre. Y voir une raison supplémentaire de se libérer entièrement, rapidement et pour toujours des exportations russes, et d’accélérer la transition écologique des secteurs énergétiques et alimentaires. Et ainsi de suite.

Combien de fois faudra-t-il encore nous faire, à peu de chose près, le même coup pour que les fidèles décérébrés finissent par comprendre que nos gouvernements, les médias de masse et les oligarques dont ils servent les intérêts, ne se soucient pas le moins du monde de nos intérêts, de nos conditions de vie et de notre bonheur ? Serons-nous encore longtemps, nous qui appartenons au peuple, la risée de ceux qui nous traitent de plus en plus comme leurs serfs et qui agissent de plus en plus comme nos seigneurs ? Sommes-nous trop bêtes, trop ramollis, trop dégénérés pour nous réveiller un jour ? Sommes-nous assez serviles pour nous résigner au sort que nos nouveaux seigneurs nous préparent, et pour voir dans cette « nouvelle normalité » qui doit suivre « l’ère de l’abondance » une fatalité inéluctable dont ils chercheraient à atténuer pour nous les inconvénients ?

S’il en est ainsi, nous serons appauvris, écrasés et asservis. Et c’est tout ce que nous méritons.