Une amende déguisée contre les non-vaccinés (avec quelques ajouts)

Voici quelques remarques écrites à chaud sur la nouvelle « contribution santé » que notre gouvernement veut imposer aux non-vaccinés.

(J’ai fait quelques ajouts en bleu. 2022-01-12.)

  1. Appelons les choses par leur nom : cette contribution est en fait une amende déguisée. Notre premier ministre dit que tous les adultes non vaccinés devront payer cette contribution en raison du fardeau qu’ils représenteraient pour notre système de santé. Pourtant seulement une faible partie de ces personnes non vaccinés est hospitalisée. En date du 9 janvier 2022, seulement 2578 personnes non vaccinées de 20 ans et plus ont été testées positives à leur admission à l’hôpital ou durant leur séjour depuis le 1er septembre 2021, alors qu’il y a quelques centaines de milliers de non-vaccinés au Québec. À cela il faut ajouter que beaucoup de non-vaccinés ont été hospitalisés avec la COVID et non pour la COVID, mais notre gouvernement n’a pas de données précises à ce sujet, car dans les statistiques qu’il publie, ce serait la même chose. De toute façon, c’est une infime partie des non-vaccinés qui est hospitalisée, surtout chez les moins de 60 ans. Comment toutes ces personnes qui n’ont pas été hospitalisées avec ou pour la COVID, et qui ne le seront pas pour la majorité, pourraient-elles représenter un fardeau pour le système de santé ? Comment pourrait-il faire sens de les faire payer pour ce fardeau qui n’a rien à voir avec eux ? Ce que notre gouvernement veut faire, par conséquent, c’est de faire payer aux non-vaccinés un montant d’argent encore à déterminer, mais qu’on dit considérable, simplement parce qu’ils ne sont pas vaccinés, sous prétexte qu’en cette qualité chacun d’entre eux risquerait d’être hospitalisé, de saturer les hôpitaux et de représenter un fardeau supplémentaire pour le système de santé. C’est en tant que membre d’un groupe stigmatisé et créé de toutes pièces par les politiques sanitaires et les discours journalistiques qu’il serait un fardeau sanitaire et qu’il devrait payer. Bref, on ne lui fait pas payer une contribution en raison de quelque chose qui se serait produit ou qui aurait des chances raisonnables de se produire, mais il reçoit plutôt une sorte d’amende parce qu’il n’est pas vacciné, parce qu’il est un non-vacciné, parce qu’il appartient au groupe des non-vaccinés. Pourtant rien dans la loi ou les décrets interdit de ne pas être vacciné et d’appartenir à la catégorie artificiellement créée des non-vaccinés. On veut donc faire payer aux non-vaccinés une sorte d’amende pour quelque chose qui n’est pas un délit. Voilà qui est un usage fort arbitraire du pouvoir. C’est pour le cacher que notre gouvernement préfère parler de « contribution santé ». C’est aussi pour ne pas avoir, pour l’instant, à rendre obligatoire la vaccination, et à interdire le refus de se faire vacciner, que notre gouvernement a recours à ce subterfuge. Peut-être prépare-t-il grâce à lui cette obligation et cette interdiction, le délit ou même le crime devant logiquement suivre l’amende déguisée. Car il ne saurait y avoir d’amende sans délit ou sans crime, comme il n’y a pas de fumée sans feu, dira-t-on. Le châtiment deviendrait alors la preuve et la cause de l’existence du délit ou du crime de non-vaccination et d’appartenance au groupe des non-vaccinés.

  2. Si le gouvernement tient à se lancer dans des calculs d’actuaire et exiger des contributions supplémentaires pour les personnes qui représentent un fardeau supplémentaire pour le système de santé en raison de leur décision, ne devrait-il pas, en toute logique, exiger une contribution des personnes vaccinées – à proportion du nombre de doses – en raison des risques accrus d’avoir des maladies cardiaques et des troubles du système circulatoire ? Ces problèmes de santé ne sont-ils pas les conséquences d’un choix qui a été fait par les vaccinés ? Pourquoi ne devraient-ils pas aussi payer de leur poche pour les pressions qu’ils exercent sur les instituts et les départements de cardiologie ? Ne serait-ce pas la même chose que pour les non-vaccinés ? En fait, non, il y a une différence importante : ils représentent, en tant que groupe, un fardeau plus important sur ce point parce qu’ils ont fait ce que leur gouvernement leur a demandé de faire, contrairement aux non-vaccinés. On ne pourrait tout de même pas les punir pour un acte d’obéissance. Ce qui montre que ce qui est déterminant, ce n’est pas le fait d'être, en tant que groupe, un fardeau quelconque pour le système de santé, c’est d’en être un parce qu’on a désobéi au gouvernement.

  3. Le consentement libre et éclairé à la vaccination, déjà mis à mal par toutes les pressions exercées sur les non-vaccinés, est anéanti par cette amende déguisée grâce à laquelle on essaie d’extorquer le consentement des non-vaccinés ou de les punir en cas de refus. Le principe de tout châtiment est justement d’empêcher les personnes de faire ce qu’on veut punir, ou de les forcer à faire ce qu’on veut qu’elles fassent. Le client n’est pas libre de prendre ce qu’il veut sans payer quand il rentre dans un magasin. Pas plus que le serf n’était libre de ne pas payer ses redevances à son seigneur.

  4. Qu’est-ce que le gouvernement entend faire de la rondelette somme qu’il veut extorquer aux quelques centaines de milliers de non-vaccinés, et qui pourrait s’élever à quelques centaines de millions de dollars ou même à quelques milliards de dollars ? Utilisera-t-il intelligemment cette « contribution santé » pour remettre sur pied le système de santé tellement en piètre état qu’il serait menacé d’effondrement par 10 % de non-vaccinés ? Si oui, cela ne reviendrait-il pas à faire des non-vaccinés que le gouvernement s’apprête à saigner les sauveurs du système de santé ? Ou bien le gouvernement dépensera-t-il ces sommes très importantes en campagnes de vaccination, en tests de dépistage et en opérations de relations publiques pour défendre et imposer ses politiques sanitaires, ou même pour donner des contrats de gré à gré à ses amis de l’industrie, ce qui ne profiterait aucunement au système de santé ? Ce qui montrerait que l’amende déguisée n’aurait rien à voir avec le sauvetage du système de santé.

  5. Si l’intention du gouvernement est vraiment de protéger le système hospitalier des malades de la COVID, et pas de punir les non-vaccinés simplement parce qu’ils sont des non-vaccinés, il devrait donner la possibilité à ces personnes de passer des tests sanguins pour déterminer si elles ont été infectées et si elles ont acquis une immunité naturelle suffisante pour ne pas représenter un fardeau pour le système de santé, pour ne pas avoir à payer cette contribution supplémentaire et pour ne pas être assujetties à des mesures sanitaires plus rigoureuses, le tout sans devoir se faire vacciner. Ce qui pourrait être attesté par des données sur les hospitalisations des personnes déjà infectées et non vaccinées. Un refus d’envisager cette possibilité montrerait qu’il ne s’agit aucunement de payer une contribution pour le fardeau supplémentaire qu’on serait pour le système de santé, mais de se faire imposer une pénalité parce qu’on n’a refusé d’obéir au gouvernement et de se faire vacciner.

  6. Le gouvernement a-t-il l’intention de continuer à cumuler les mesures et les sanctions contre les non-vaccinés, pour obtenir coûte que coûte qu’ils se fassent vacciner, comme s’ils ne pouvaient jamais avoir assez payé pour leur refus de se faire vacciner ? Si oui, voilà qui montrerait qu’il ne s’agit ni de protéger le système de santé ou la santé des non-vaccinés, ni de leur faire assumer les conséquences de leurs actes. Le véritable motif serait alors de punir les non-vaccinés pour l’acte d’obéissance que constitue leur refus de ne pas se faire vacciner, et de montrer que par leur exclusion sociale et leur déchéance économique, personne ne saurait résister au gouvernement tout-puissant et à ses impératifs sanitaires. Pour ce faire, il faudrait punir deux, trois ou quatre fois plutôt qu’une pour un acte de désobéissance et de lèse-majesté gouvernementale qui n’est même pas un délit. Ce qui mettrait à mal les principes fondamentaux du droit. On serait alors aux antipodes de la justice.

  7. Quand cette contribution prendra-t-elle fin ? Est-ce avec l’état d’urgence sanitaire, dont on se sait ce qu’il faudrait pour qu’il prenne fin ? Est-ce pour la vie ou jusqu’à ce que les non-vaccinés se fassent tous vacciner ? Ou jusqu’à l’effondrement de notre système de santé auquel travaille notre gouvernement, comme ses prédécesseurs ?

  8. Est-ce que les personnes qui refuseront la troisième dose et la quatrième dose spécialement conçue pour lutter contre Omicron devront aussi s’acquitter de cette contribution, sans parler des doses qu’on prévoit annuellement plus tard ? Les vaccinés qui ne se réjouissent pas à l’idée de se faire vacciner périodiquement ont intérêt à se joindre aux non-vaccinés pour s’opposer à cette contribution qu’on pourrait leur réclamer à eux aussi. La gouvernement ayant à plusieurs reprises montré qu’il n’a pas de parole et qu’il ne se sent lié par aucun engagement vis-à-vis des citoyens, les promesses qu’il pourrait faire à ce sujet aux vaccinés devraient susciter plus de méfiance que de confiance.

  9. Tous les non-vaccinés qui ont une colonne vertébrale devraient refuser de payer cette amende déguisée et organiser un recours collectif contre le gouvernement. Si nous décidons simplement de payer en espérant que ça ne dure pas, notre gouvernement se dira qu’il peut aller encore plus loin sans rencontrer d’opposition. Plus nous cédons et courbons l’échine, plus il devient autoritaire et même ivre de pouvoir.