Un regard extérieur sur la ratification des mesures d’urgence

Il est intéressant d’avoir un regard extérieur – celui d’Alex Christoforou et d’Alexander Mercouris – sur la ratification des mesures d’urgence, et la marche forcée vers la dictature ou l’autoritarisme que connaît le Canada. Car le gouvernement fédéral s’est donné à lui-même beaucoup de pouvoir en se donnant officiellement le droit de surveiller et de contrôler les moyens de financement des camionneurs et, par le fait même, de toutes les personnes qui s’opposent ou pourraient s’opposer à lui, puis de bloquer les comptes bancaires de ces personnes. Bien sûr, on nous a dit que ces mesures d’urgence seraient temporaires, et que leur usage serait circonscrit et proportionné. Mais même si les barrages empêchant la circulation des marchandises ont été démantelés avant l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence, même si les manifestants ont été en grande partie chassés du centre-ville d’Ottawa avant le vote de ratification de ces mesures d’urgence par la Chambre des communes, le gouvernement tient maintenant à conserver ces pouvoirs extraordinaires, applicables sur tout le territoire du Canada, sous prétexte que ça pourrait recommencer et que ces camionneurs et leurs partisans seraient des extrémistes qui constitueraient une menace pour l’économie, pour la population, pour le gouvernement et pour les institutions démocratiques, sans nous dire quelles conditions devraient être réunies pour qu’il renonce à ces mesures d’exception, en se contentant de dire qu’il faut attendre que les agences de renseignement et les forces policières leur confirment que la situation est redevenue assez sécuritaire. Puisqu’elles profitent de ces pouvoirs de surveillance et de contrôle accrus, nous n’avons probablement pas fini d’attendre, d’autant plus que le chef par intérim de la police d’Ottawa dit qu’on donnera la chasse à toutes les personnes qui ont participé à ces manifestations afin qu’elles soient châtiées, ce qui pourrait prendre plusieurs mois. Et comme si ce n’était pas assez, Chrystia Freeland se propose de rendre permanents certains de ces pouvoirs d’exception, si ce n’est pas leur totalité, grâce à une loi qu’elle veut présenter à la Chambre des communes. Nous sommes décidément dans de beaux draps.

Alex Christoforou et Alexander Mercouris ont donc raison de considérer que c’est une attaque massive contre la démocratie canadienne.