Comment trafiquer une étude scientifique

Imaginez que des scientifiques, très soucieux de l’environnement, décident de réaliser une étude visant à déterminer si l’utilisation des automobiles est véritablement avantageuse, ou s’il s’agit plutôt d’une illusion. Pour ce faire, ils recrutent 100 participants âgés de 18 à 35 ans qui doivent parcourir 50 kilomètres, la moitié à vélo et l’autre moitié en voiture. 5 heures après le départ, les scientifiques vérifient si chaque participant a été en mesure de compléter le trajet ou non. À la fin des observations, les scientifiques constatent que les résultats sont semblables. Même si on peut observer un plus grand nombre de participants ayant complété le trajet dans le groupe automobile que dans le groupe vélo, la différence n’est pas statistiquement significative et elle pourrait être due au hasard. Les scientifiques affirment que leurs observations ne permettent pas de conclure d’une efficacité plus grande des déplacements en voiture. Compte tenu de l’état d’urgence environnementale qui vient d’être déclaré, ils recommandent au gouvernement de mettre en place un programme de sensibilisation à l’utilisation du vélo, de construire de nouvelles pistes cyclables, d’augmenter les taxes sur l’essence, de faire payer une taxe pour l’achat et la possession d’une voiture, de faire payer des amendes à ceux qui utilisent une voiture quand ils peuvent prendre le vélo et, à terme, de réduire de 95 % le parc automobile national.

Vous me direz à juste titre que les dés sont pipés. Il aurait fallu comparer les résultats pour les deux groupes après 30 minutes ou une heure, par exemple. Le choix de fixer le moment de cette comparaison 5 heures après le départ implique qu’il n’est pas important d’arriver plus rapidement à destination, alors que c’est précisément pourquoi beaucoup préfèrent ou sont obligés de prendre une voiture pour se déplacer à 50 kilomètres de leur domicile et y revenir ensuite. Sans compter qu’il n’est certainement pas possible, pour toutes les personnes qui ont un certain âge et dont la santé a commencé à décliner, de parcourir régulièrement 50 kilomètres en vélo, ou même 100 kilomètres.

En d’autres termes, le protocole de recherche semble avoir été conçu pour obtenir les résultats désirés. Heureusement, les chances que des scientifiques essaient de nous passer un sapin à ce sujet et y parviennent sont très faibles. Nous savons d’expérience que l’automobile permet généralement de se déplacer plus efficacement que le vélo, sauf dans des cas bien précis, par exemple quand il y a des embouteillages parce que le réseau routier ne peut pas accueillir de manière fluide un afflux trop grand de voitures, et quand un réseau de pistes cyclables existe.

Toutefois, ce subterfuge peut être utilisé, avec des raffinements supplémentaires, dans des essais contrôlés randomisés devant déterminer si un médicament est efficace. C’est ce que montre Enzo L. dans un billet sur une étude dans laquelle on prétend montrer que l’hydroxychloroquine et azithromycine n’est pas efficace contre la COVID-19. Tous les moyens sont bons pour obtenir les résultats qu’on veut obtenir, surtout quand il en en va des profits des sociétés pharmaceutiques (auxquelles sont liées beaucoup de chercheurs et de médecins) qui vendent à nos gouvernements leurs vaccins expérimentaux.

Pour lire le billet d'Enzo L.:

Un ECR peut-il passer à côté d’un traitement efficace ? Exemples (2)