Sur une prétendue corrélation entre l’hésitation vaccinale et les accidents de la route (suite)

Je veux revenir rapidement sur l’étude scientifique manifestement fumeuse qui prétend prouver l’existence d’une corrélation entre l’hésitation vaccinale et les accidents de la route (« COVID Vaccine Hesitancy and Risk of a Traffic Crash », 2 décembre 2022), dont j’ai parlé dans mon billet du 17 décembre 2022. Comme il fallait s’y attendre, cette étude a été soumise à un examen critique par plusieurs scientifiques et médecins, par exemple le Dr John Campbell (chaîne Rumble et vidéos archivées sur Odysee). Son analyse de cet article prétendument scientifique soulève plusieurs problèmes.

  1. Le jeu de données utilisé par les chercheurs n’est pas disponible pour les autres scientifiques, lesquels ne peuvent donc pas soumettre à la critique les analyses faites de ces données. Peut-on alors parler vraiment de science, puisqu’il faut alors croire ces scientifiques sur parole ?

  2. Plusieurs décès ont été exclus arbitrairement de l’étude, alors que leur prise en compte aurait permis de voir si les accidents cardiaques liés à la vaccination contre la COVID-19 ont ou non une incidence sur les accidents de la route.

  3. L’augmentation du risque d’accidents de la route supposément attribuable à l’hésitation vaccinale est trop uniforme quand on la combine avec d’autres conditions, ce qui laisse supposer l’existence d’un biais, ou encore d’une falsification.

  4. Les Canadiens non vaccinés ne pouvaient pas utiliser les avions et les trains en 2021, et dans certains cas ont probablement parcouru plus de distance en voiture. Il en résulte de plus grandes chances de faire un accident de voiture pour eux que pour les Canadiens vaccinés.

  5. Les travailleurs essentiels, qui n’ont pas fait de télétravail, sont surreprésentés parmi les non-vaccinés. On peut se demander dans quelle mesure cela expliquerait que des non-vaccinés seraient impliqués plus souvent dans des accidents de la route, puisqu’ils ont dû aller travailler en personne même pendant les confinements, alors que les autres faisaient du télétravail ou ne pouvaient pas aller travailler.

  6. L’étude ne porte pas seulement sur les conducteurs, mais aussi sur les passagers et les piétons. On peut douter fort que le manque de prudence et de respect de la réglementation routière qu’on attribue à ces personnes, quand elles sont non-vaccinées, puisse entraîner une hausse significative du risque d’être impliqué dans un accident de la route, surtout pour les passagers.

  7. Les statistiques gouvernementales tendent à surestimer le taux de vaccination, pas seulement pour la COVID. Il en résulte que le risque d’accidents de la route est vraisemblablement surestimé pour les non-vaccinés et sous-estimé pour les vaccinés.

  8. Les personnes vaccinées depuis moins de 14 jours sont généralement considérées comme non vaccinées. Si elles ont fait un accident de voiture durant cette période, par exemple à cause d’un problème cardiaque, il est à craindre qu’elles aient été comptées comme des personnes non vaccinées.

J’ajoute que nous avons peut-être affaire ici à un très beau cas d’inversion accusatoire, ces chercheurs essayant de dissimuler la surreprésentation des personnes vaccinées parmi les accidentés de la route, à cause de problèmes cardiaques ou d’évanouissements. Il faudrait faire des recherches pour savoir qui a financé cette étude, et quels sont les liens que les chercheurs pourraient avoir avec l’industrie pharmaceutique.