Sur la facture symbolique des frais de santé

Christian Dubé, le ministre de la Santé et des Services sociaux du Québec, est avant tout un comptable. Cela se voit clairement dans sa proposition de remettre aux contribuables québécois une facture symbolique (qu’il ne faut pas payer) pour les frais de santé reçus. Ce serait l’un des gains importants de l’implantation d’un nouveau système de financement des hôpitaux selon leurs activités, un peu comme on finance actuellement les médecins en fonction des actes médicaux accomplis :

« Quels ne seraient pas le plaisir et le bonheur d’un citoyen de dire : je viens de recevoir un beau cadeau de 18 000 piastres parce que j’ai fait changer mes deux hanches et ça ne m’a rien coûté. C’est ça notre principe d’universalité. »

Vers une facture symbolique des frais de santé », La Presse, 7 décembre 2022.)

Ne nions pas que les Québécois, ramollis par des décennies de propagande pseudo-sanitaires, consultent sans se soucier des coûts pour de petits malaises qui passent d’eux-mêmes, qui sont facilement supportables, que nos professionnels de la santé ne réussissent pas à soigner, et qu’ils aggravent parfois par les traitements qu’ils prescrivent. Toute l’agitation à laquelle nous avons assisté à cause du méchant virus est le résultat de cette opération qui a duré des décennies. Ainsi il ne s’agit vraisemblablement pas d’inciter les Québécois à être moins des mauviettes en matière de santé, et donc à être plus sobres. Au contraire, il s’agit de faire consentir les Québécois aux importantes sommes d’argent dépensées par notre merveilleux système de santé (le meilleur du monde, nous dit-on parfois), qu’ils doivent financer grâce à leurs taxes et à leurs impôts :

« Je pense qu’il faut avoir cette vision-là, que notre réseau de la santé qui nous coûte globalement 50 milliards par année, c’est parce qu’il donne un service à 8 millions de Québécois. »

Il est notoire que la santé, ou plutôt la maladie, est une industrie très rentable. Demandez aux compagnies pharmaceutiques et aux fournisseurs de matériel de protection, mais aussi aux administrateurs du système de santé, aux agences de placement qui lui fournissent une partie de son personnel, aux cliniques privées qui obtiennent du financement public, aux experts et aux professionnels de la santé, tout particulièrement les médecins et les vaccinateurs. Nous sommes les vaches à lait de tout ce beau monde, qui souvent se soucie plus de ses profits ou de sa carrière que de notre santé. L’émission de factures symboliques pour les soins de santé, c’est donc un effort pour nous faire accepter notre rôle de vaches à lait.

Qu’on me comprenne bien : je suis pour l’accès universel aux soins de santé. Cependant, je pense que beaucoup de choses qui sont faites dans le système de santé coûtent trop cher en raison de la voracité des industriels, des administrations et des professionnels de la santé, et que des actes médicaux sont accomplis en pure perte pour nous, ce qui détourne les ressources limitées de notre système de santé et nuit à l’accès universel aux soins de santé, quand cela est vraiment utile ou nécessaire. C’est pourquoi je préférerais qu’on rende public le détail des montants indécents qui sont payés à l’industrie pharmaceutique, aux administrations de la santé et aux professionnels de la santé. À cela, il faudrait ajouter les dépenses liées aux erreurs médicales, aussi bien les coûts payés pour des diagnostics foireux et des traitements inutiles ou même nuisibles (en raison de l’incompétence de certains professionnels de la santé et de la bêtise inhérente à plusieurs protocoles de soins), qu’à cause des problèmes de santé qui résultent de ces diagnostics et de ces traitements, et qu’il faut traiter. On aurait alors un tout autre rapport aux PDG de l’industrie de la maladie, aux cadres du système de santé, aux experts et aux médecins quand ils viennent nous vendre leur salade sur les plateaux de télévision ou dans les journaux. Il faudrait d’ailleurs aussi rendre publiques les dépenses liées à ces campagnes de relations publiques grâce auxquelles notre gouvernement nous influence et pour lesquelles il nous fait payer.

Ce qui m’inquiète aussi avec cette idée du ministre Dubé, c’est que des fonctionnaires et des cadres du système de santé décident un jour de se faire actuaires, et se mettent à établir des relations entre les dépenses accrues dont seraient responsables certains usagers du système santé et des comportements jugés inadéquats ou immoraux, avec le manque de rigueur et d’honnêteté que nous avons appris à connaître depuis 2020. N’oublions pas que le précédent gouvernement caquiste a voulu imposer aux Québécois non vaccinés une taxe santé supplémentaire à cause du fardeau qu’ils représenteraient pour le système de santé. Votre vaccination contre la COVID-19, la grippe, le rhume, les coups de soleil et les piqûres de moustiques n’est pas à jour, vous fumez, vous buvez, ou vous mangez de la viande rouge, voilà autant de raisons pour réclamer de vous une contribution supplémentaire, avec l’accord des chiffes molles qui craignent d’être privées de soins de santé à cause de nous et que nous avons le malheur d’avoir comme concitoyens.