Tentative de portrait de la situation épidémique au Québec (2)

Avant de me lancer dans des manières plus complexes d’organiser et d’analyser les données, je crois utile de faire une comparaison de la situation épidémique depuis le début du mois de décembre 2021 avec celle du mois de décembre 2020. Ce n’est pas en comparant la situation actuelle avec la semaine précédente, ou en nous fiant aux projections alarmistes du gouvernement et des experts, que nous pourrons remettre les choses en perspective. Et nous n’y parviendrons pas davantage en comparant un seul paramètre, c’est-à-dire les nouveaux cas par jour (même sans symptômes ou avec des symptômes légers), avec les épisodes épidémiques antérieurs. De tous les paramètres, c’est assurément lui le moins pertinent et le moins important pour évaluer la situation et juger de sa gravité. Les médecins et les experts auxquels les journalistes donnent la parole le reconnaissent eux-mêmes : si l’augmentation rapide des cas confirmés est inquiétante, ce serait qu’elle pourrait provoquer une hausse marquée des hospitalisations, le débordement des capacités hospitalières et de nombreux décès. C’est donc surtout les hospitalisations en cours et les nouveaux décès qui méritent notre attention. Toutefois je n’exclurai pas les nouveaux cas, afin de ne pas écarter simplement un paramètre que nous avons pris l’habitude de voir.

À partir des données publiées sur le site de l’INSPQ, j’ai regroupé dans un même tableau les nouveaux cas, les hospitalisations hors soins intensifs et aux soins intensifs et les décès pour chaque jour de décembre 2020 et 2021.

(Les données en rouge proviennent des médias et n’ont pas encore été publiées et confirmées par l’INSPQ.)

Il apparaît clairement que, pour l’instant, la situation épidémique est meilleure cette année que l’année passée, au même moment, à part sur le point de l’augmentation des cas. Les hospitalisations en cours, hors soins intensifs et aux soins intensifs, sont beaucoup moins nombreuses qu’en décembre 2020, de même que les décès. Les écarts entre les deux années, aussi bien absolus que relatifs, sont importants, comme ce tableau le montre.

Sans nous mettre ici à discuter des causes, qui sont sans doute multiples, nous pouvons donc constater que la situation est, pour l’instant, meilleure qu’à la même période l’année dernière. Nous devrions nous en réjouir, ce qui ne veut pas dire que nous ne gardons pas l’œil ouvert quant à l’évolution de la situation.

Il est vrai que les hospitalisations en cours et les décès augmentent. Mais ces augmentations sont, en termes absolus, moins importantes qu’en décembre 2020. Et elles posent moins problème, le nombre d’hospitalisations et décès au début du mois de décembre étant beaucoup plus faible qu’en 2020.

Voilà des choses qu’il nous faut garder en tête, car les experts et les journalistes réclament déjà un autre resserrement des mesures sanitaires, parlant d’une augmentation « exponentielle » des cas, voire des hospitalisations et des décès, tant ils se plaisent à jouer leur rôle de prophètes de malheur. Il est à craindre que notre gouvernement, sous prétexte de variant Omicron et d’augmentation dramatique des cas, en vienne à nous imposer très prochainement un nouveau confinement et un couvre-feu, dont il nous dira que c’est seulement pour quelques semaines, et qui dureront bien plus longtemps, comme c’est déjà arrivé. Nous savons quand commencent les confinements et les couvre-feux. C’est une autre affaire que de savoir quand le gouvernement décidera d’y mettre fin.

Il serait ridicule que nous en arrivions là encore une fois, comme l’année dernière, alors que les indicateurs les plus importants montrent que la situation est meilleure cette année. Que faudrait-il alors en conclure, sinon que les belles promesses que le gouvernement nous fait depuis le début de la campagne de vaccination massive ne sont que du vent, vraisemblablement comme celles qu’il nous fait pour obtenir que nous consentions à la vaccination des enfants de 5 à 11 ans et à l’injection de notre troisième dose de vaccin ?

Enfin, s’il s’avérait que le réseau de santé ne peut absolument pas mettre plus que 837 lits à la disposition des personnes malades de la COVID-19 pour tout le Québec sans faire encore une fois du délestage et surmener de manière indécente le personnel soignant, nous ne devons pas en conclure qu’une troisième dose de vaccin réussira à faire ce que les deux premières doses n’ont pas réussi à faire, mais au contraire que le gouvernement a eu tort de miser seulement ou presque seulement sur la solution vaccinale, en ne prenant pas des moyens efficaces pour renforcer le réseau de santé ou l’empêcher de se dégrader, notamment en traitant les travailleurs de la santé comme des êtres humains, et non comme des bêtes de somme qu’on fait travailler jusqu’à l’épuisement. Car il se pourrait que notre gouvernement ait contribué lui-même à cette fragilisation du système de santé par sa « gestion de la crise sanitaire », laquelle il invoque maintenant quand il resserre les mesures sanitaires et quand il envisage un reconfinement. Comme c’est commode !

Il est grand temps que notre gouvernement, qui nous demande de « prendre nos responsabilités » depuis presque deux ans, prenne enfin les siennes et soit imputable des décisions qu’il a prises. C’est peut-être justement pour éviter cette reddition de comptes qu’il reporte de fois en fois la fin de l’état d’urgence sanitaire.

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