Sanctions économiques « auto-imposées » et guerre humanitaire contre le Virus

C’est du jamais vu : voilà plus d’un an que les gouvernements de presque tous les pays occidentaux adoptent des mesures qui détruisent leur économie, qui appauvrissent la population et lui rendent la vie invivable, et qui ébranlent toutes ses institutions. Et nous voilà repartis, presque partout, non pas tant pour la troisième vague de la « pandémie », que pour le troisième accès d’automutilation collective de l’Occident unanimement piloté pour nos dirigeants. Et qui sait quand viendra la prochaine trêve, et combien de semaines ou de jours elle durera ? Et qui sait si la situation ne pourrait pas bientôt culminer par une sorte de suicide de l’Occident tel que nous le connaissons ? Et qui sait quelle vie il pourrait y avoir après cette mort ?

Cependant je ne crois pas à la génération spontanée, pas même à celle des événements étonnants que nous sommes en train de vivre. Ne nous laissons pas paralyser par l’étonnement et efforçons-nous de comprendre la genèse de ces événements, ou du moins une partie de cette genèse. Car des événements d’une telle ampleur sont nécessairement multifactoriels.

Les gouvernements occidentaux ont souvent recours, sous des prétextes faussement humanitaires ou démocratiques, à des sanctions économiques pour déstabiliser, affaiblir, mettre au pas ou renverser des dirigeants ou des régimes qualifiés de tyranniques, à tort ou à raison. En pareilles circonstances, nos autorités et nos journalistes nous répètent à l’unisson ou presque, que ces personnes sont des méchants qui maltraitent les peuples qu’ils gouvernent, qui les maintiennent dans la servitude et la pauvreté, qui ne respectent pas les libertés et les droits humains les plus fondamentaux, qui arrêtent, détiennent et punissent arbitrairement les opposants, qui massacrent parfois la population, et qui constituent un grave danger pour la situation internationale et la sécurité nationale des pays occidentaux. Au nom de principes humanitaires soi-disant universels dont ils se sont autoproclamés les défenseurs, ces nouveaux croisés sont prêts à apporter en ces pays la famine, la misère, la pestilence, la désolation et la guerre. Que leur importe que les peuples opprimés, censés être sauvés de la misère et de la servitude, soient en fait sacrifiés sur l’autel de l’humanitarisme !

Il faut être un benêt de première classe pour croire encore à la mission humanitaire et civilisatrice de nos gouvernements occidentaux pour les peuples étrangers, dont ils se soucient comme d’une guigne, malgré leurs protestations d’universalisme humanitaire. Les sanctions économiques qu’on impose en invoquant ces grands principes abstraits sont une manière de faire la guerre non seulement aux prétendus despotes et autocrates étrangers, mais aussi aux peuples étrangers, qu’on sacrifie sans scrupules aux intérêts géopolitiques et économiques qui sont en jeu. Les peuples qu’on prétend libérer sont presque toujours perdants, qu’il résulte de ces mesures une grave détérioration des conditions d’existence, un coup d’État qui réduit leur liberté, une invasion ou une guerre civile sanglante. Avec cynisme et hypocrisie, les autorités et les journalistes occidentaux n’en proclament pas moins la libération des opprimés, ou accusent le tyran ou le régime d’affamer son peuple, de ne pas lui assurer de bonnes conditions d’existence, d’être responsables des troubles politiques et des insurrections qui résultent justement des sanctions économiques occidentales.

Il est vrai qu’il existe quelques rares cas où les sanctions économiques occidentales profitent aux États et aux peuples ciblés, quand l’État rival est assez puissant et quand ses dirigeants sont assez habiles pour résister et même tirer profit de ces attaques pour restructurer l’économie du pays, le rendre plus autonome économiquement et lui trouver des alliés plus loyaux ou moins véreux que ses « partenaires » occidentaux. Les attaques des autorités occidentales contre de tels leaders n’en deviennent que plus fréquentes, plus violentes et plus vicieuses, et montrent l’impuissance desdites autorités dans ces circonstances. De tels leaders étrangers n’en méritent pas moins toute notre estime et il faudrait nous désoler de ne pas en avoir quelques-uns en Occident (au lieu de ces crapules qui nous asservissent) si cela n’était pas vain. Car notre salut ne nous viendra pas de l’extérieur, si salut il y a.

Transposons maintenant dans le domaine de la politique intérieure les sanctions économiques et les grands principes humanitaires utilisés, jusqu’à récemment, seulement ou surtout en politique étrangère. Car ce dont il s’agit, c’est l’application en politique intérieure d’une stratégie éprouvée en politique étrangère, avec les ajustements que ça implique, bien entendu.

Commençons par nous demander franchement s’il est raisonnable de croire que les gouvernements occidentaux, ainsi que les journalistes qui leur servent de propagandistes, se soucient davantage des intérêts, des droits, des libertés et du bonheur des peuples occidentaux, que de ceux des peuples étrangers qui sont la cible de sanctions économiques. Pourquoi auraient-ils des scrupules à nous traiter de manière semblable ? Pourquoi prendraient-ils au sérieux, quand il s’agit des peuples occidentaux, les principes humanitaires qu’ils instrumentalisent pour justifier des sanctions économiques qui rendent misérables, qui affament et qui asservissent les peuples étrangers ? Sans compter que ces sanctions économiques ne servent certainement pas les intérêts des peuples occidentaux aux dépens des intérêts peuples étrangers. Qu’avons-nous à gagner à ce qu’on affame des millions de personnes pour essayer de provoquer l’effondrement d’un État socialiste ou nationaliste qui résiste à l’ordre économique aux prétentions hégémoniques qui s’est depuis longtemps imposé chez nous, qui rend notre vie de plus en plus laborieuse et nos emplois de plus en plus précaires, qui nous appauvrit et qui réduit de plus en plus notre liberté ? Rien du tout. Bien au contraire, plus cet ordre parvient à s’imposer ailleurs, à éliminer les « mauvais exemples » ou à discréditer les modèles économiques et politiques concurrents, plus son emprise sur nous augmente. Ce qui guide la politique étrangère des dirigeants occidentaux, ce sont les intérêts d’une puissante élite économique internationale. Pourquoi en seraient-ils autrement en politique intérieure ?

Certains diront que les autorités occidentales agissent autrement avec les peuples qu’elles gouvernent et dont elles ne sauraient se dissocier, puisqu’elles émanent d’eux, puisqu’elles tiennent leur pouvoir d’eux. Mais émanent-elles vraiment de nous ? Et dans quelle mesure tiennent-elles leur pouvoir de nous ? Ne sont-elles pas avant tout les représentants des partis politiques qui, sans nous demander notre avis, les ont choisis comme candidats à l’exercice des pouvoirs politiques les plus grands, en tenant compte des intérêts des élites économiques qui financent (ouvertement ou non) ces partis politiques, qui y ont leur réseau d’influence, qui les corrompent et qui les contrôlent peut-être même ? Puis les grands médias ne sont-ils pas contrôlés par ces élites économiques, qui peuvent donc avoir une grande influence sur la manière dont votent les électeurs, et contribuer grandement à la prise de pouvoir de tel parti politique et non de tel autre, de même qu’à la chute du parti politique au pouvoir ?

Autrement dit, les autorités politiques occidentales ont-elles été élues par les peuples occidentaux ? Ou cette élection n’est-elle souvent qu’une sorte de formalité nécessaire à l’illusion de démocratie, la véritable élection étant faite par les élites économiques ? S’il en est bien ainsi, les autorités politiques n’émanent pas tant de nous que des élites économiques, dont elles deviennent les « élus », comme à une autre époque les rois pouvaient se croire ou se prétendre les « élus » de Dieu pour gouverner les peuples chrétiens. Rien d’étonnant à ce que nos chefs se considèrent alors comme une classe à part, à ce qu’ils se dissocient de nos intérêts pour servir ceux des élites qui les ont « élus », à ce qu’ils nous traitent avec mépris, à ce qu’ils s’offusquent quand nous osons nous mêler de politique et ne pas nous laisser gouverner passivement, et à ce qu’ils fassent preuve depuis un an d’un autoritarisme qui n’a rien, en plusieurs points, à envier aux tyrans étrangers qu’ils condamnent et sanctionnent unanimement, parfois sans l’ombre d’une bonne raison, parfois en créant des situations qui peuvent leur servir de prétextes et les faire passer pour des modèles de bienveillance désintéressée aux yeux des naïfs manipulés par les grands médias.

Il est maintenant temps de faire entrer en scène notre cher Virus, car c’est grâce à son invasion inadmissible et scandaleuse des pays occidentaux, ainsi qu’à la couverture sensationnaliste et doctrinale des grands médias, qu’on peut transposer en politique intérieure les sanctions économiques pour raisons humanitaires dont on use abusivement en politique étrangère.

Voici le problème que l’invasion virale vient résoudre : il n’est pas possible, pour les autorités occidentales qui servent les intérêts des élites économiques internationales, de déclarer qu’il faut imposer des sanctions économiques draconiennes aux pays occidentaux sous prétexte que les autorités qui les dirigent – c’est-à-dire elles-mêmes – sont des tyrans qui soumettent leurs peuples à toutes sortes de mauvais traitements contraires aux grands principes humanitaires universellement partagés. Pour mener une politique intérieure de sanctions économiques, il leur faut faire appel à un tyran d’importation, à un envahisseur étranger. En l’occurrence, le Virus.

Je précise qu’il ne s’agit pas ici de nier l’existence du Virus. Un Virus réel est, dans ces circonstances, plus utile qu’un Virus imaginaire. Il est plus facile, pour les autorités et les propagandistes, de travailler à partir de quelque chose de réel que d’œuvrer dans le domaine de la pure fiction. Tout bon menteur sait qu’il est plus facile et plus efficace de déformer la réalité et d’exagérer, que d’inventer des histoires de toutes pièces.

Il n’est pas non plus ici question de prendre position sur les origines véritables du Virus. Même si cette question a certainement son importance pour savoir qui tire les ficelles dans cette histoire, ce n’est pas déterminant ici. Le Virus peut servir à justifier les sanctions économiques que nous subissons peu importe s’il a une origine animale (chauve-souris et pangolin), s’il s’est échappé par accident d’un laboratoire où il aurait été fabriqué, ou s’il a été lâché volontairement dans la population. Je laisse aux personnes qui ont les compétences scientifiques nécessaires le soin de discuter ces questions, pourvu que toutes les possibilités soient examinées avec rigueur, même celles qui peuvent sembler farfelues à première vue.

Revenons-en à l’invasion virale des pays occidentaux. Le méchant Virus, selon la simulation mathématique catastrophiste (Report 12 : The Global Impact of COVID-19 and Strategies for Mitigation and Suppression, p. 11) de Neil Ferguson et d’Azra Ghani de l’Imperial College, allait infecter en l’espace de 250 jours 7 013 734 000 personnes (c’est-à-dire 90 % de la population mondiale qui était d’environ 7 800 000 000 personnes en mars 2020) et provoquer 40 624 000 morts. Rien de moins. Il fallait donc absolument faire « quelque chose » pour empêcher le Tyranovirus Rex de détruire toutes ces vies et de faire un véritable géronticide, les personnes âgées de plus de 70 ans étant particulièrement à risque, même si les jeunes en santé peuvent eux aussi mourir des assauts violents du Virus. Car il est admissible que le Virus prive toutes ces personnes de leur droit inaliénable à la vie, droit qui serait d’ailleurs la condition de tous nos autres droits et de toutes nos libertés.

Ce « quelque chose », cette intervention humanitaire, c’est le confinement généralisé de la population, qui implique la fermeture des entreprises et des commerces jugés non essentiels pendant des semaines ou des mois, avec des millions d’emplois perdus aussitôt seulement au Canada et autant de personnes qui ont perdu leurs moyens de subsistance, et avec des dizaines de milliers de petites et moyennes entreprises menacées de faillite, par opposition aux grandes entreprises qui profitent souvent du confinement et de l’obligation ou de la recommandation de faire des achats en ligne pour les produits non essentiels, pour s’enrichir encore plus et s’accaparer les parts de marché des entreprises de petite ou de moyenne taille, alors qu’elles contrôlaient déjà une partie importante de l’économie et de notre vie, compte tenu de leur puissance médiatique et de l’influence politique qu’elles détiennent. En d’autres termes, il s’agit un embargo qui a été décidé par les autorités occidentales et dont la population et les entrepreneurs doivent faire les frais (en plus d’être privés de plusieurs de leurs droits et de leurs libertés), mais qui profite certainement aux élites économiques.

Il est juste de parler de sanctions économiques auto-imposées dans la mesure où ce sont les autorités de chaque pays occidental qui les ont imposées à sa population, dans la mesure où les travailleurs et les entrepreneurs les ont acceptées et continuent dans une certaine mesure à les accepter, et dans la mesure où ces sanctions constituent aussi une menace pour les finances des États occidentaux, qui sont mises à dure épreuve en raison des dépenses supplémentaires pour soutenir les chômeurs et les entrepreneurs en difficulté, et en raison de la baisse des revenus qui proviennent de l’impôt sur le revenu et des taxes sur la consommation. Compte tenu de l’important déficit public pour l’année 2020 et de celui qui est à prévoir pour l’année 2021, il ne serait pas étonnant qu’on augmente bientôt le taux d’imposition pour les classes économiques moyenne et inférieure et les taxes sur la consommation, en plus d’adopter des mesures d’austérité qui rendront moins accessibles les services publics, par exemple les soins de santé et l’éducation supérieure. Ce qui s’avère être d’autres sanctions économiques infligées à la population, qui seraient le prix à payer pour mener cette guerre humanitaire contre le Virus tyrannique, laquelle accroît les pouvoirs du gouvernement sur les populations, justifie toutes ces sanctions économiques et n’est probablement pas près de prendre fin en raison de son utilité pour les autorités politiques occidentales et les élites économiques qu’elles servent.

Le fait que le tyran avide de sang humain dont il s’agit n’est pas un être humain, mais un ennemi invisible, facilite certainement son instrumentalisation par les autorités occidentales, qui peuvent en faire littéralement ce qu’elles veulent, avec l’aide des propagandistes et des experts autorisés. Et le Virus a assurément le dos large, à un point tel qu’une partie importante de la population croit que c’est contre le Virus que le gouvernement prend des mesures, alors qu’en fait c’est contre elle qu’il adopte des sanctions économiques. Pour ces naïfs, le gouvernement réussit même à faire porter au Virus le blâme de l’appauvrissement généralisé de la population, qui découle pourtant directement des mesures sanitaires prises sous prétexte de ralentir la propagation du Virus et, peut-être un jour, de nous libérer de ce méchant tyran qui nous empêche de vivre notre vie normalement et qui nous séquestre à la maison. C’est toujours la faute du Virus, quand ce n’est pas celle d’une partie de la population qui collaborerait avec lui.

Par opposition, les peuples étrangers savent le mal que leur font les autorités occidentales en général, et les autorités américaines en particulier, quand elles leur infligent des sanctions économiques sous prétexte de les libérer d’un affreux tyran humain. Par exemple, demandez aux Syriens qu’on est en train d’affamer.

Alors que commence le troisième confinement dont on ne sait pas quand il prendra fin, il est important de nous demander à quoi pourrait aboutir cette guerre économique que nos gouvernements mènent avec acharnement contre nous, sous prétexte de guerre humanitaire contre l’affreux Virus. Vise-t-on un changement de régime politique, explicitement ou implicitement, après avoir mis à genoux les États tels que nous les connaissons, avoir concentré le pouvoir dans les mains du gouvernement et nous avoir mis dans une situation de grande précarité économique, si ce n’est pas pire ? Ou faut-il en venir à l’amer constat que ce coup d’État a déjà eu lieu, ce que pourrait confirmer l’autoritarisme arbitraire invasif et croissant de nos autorités, qui culmine dans ces idées de passeport « vaccinal » et de surveillance généralisée de la population ?