Renversements sur les conceptions individualiste et collectiviste de la santé

Les partisans de la vaccination de bout en bout peignent les non-vaccinés comme de méchants individualistes qui tôt ou tard finiront par tomber malades, qui occuperont des lits dans les hôpitaux, qui seront soignés aux frais des contribuables, qui seront responsables de l’engorgement du système de santé, qui priveront de soins les personnes vaccinées mais plus vulnérables ou non vaccinées pour des raisons de santé qu’ils infecteront et rendront malades, sans parler de toutes les autres personnes vaccinées mais atteintes d’une autre maladie, lesquelles se verront privées de soins médicaux adéquats à cause du délestage qu’on sera obligé de faire dans les hôpitaux pour soigner les personnes malades de la COVID-19 à cause des méchants égoïstes de non-vaccinés. À cela ils opposent explicitement ou implicitement une conception de la santé collectiviste. Il faut se faire vacciner deux fois, trois fois, tous les ans ou tous les six mois ou plus souvent si c’est nécessaire. C’est ainsi qu’on cesserait d’être un danger pour ses concitoyens et un fardeau pour l’État, le système de santé et les contribuables en occupant des lits dans les hôpitaux alors que cela aurait pu être évité. Bref, l’idéal de la santé collectiviste, ce serait que les lits réservés à la COVID-19 ne soient pas utilisés ou le soient le moins possible. Les personnes non vaccinées auraient donc le devoir de se faire vacciner pour ne pas être hospitalisées et soignées à grands frais aux dépens de la collectivité très majoritairement vaccinée. Certains vont même jusqu’à exiger que, si elles persistent dans leur refus, on leur fasse payer les soins hospitaliers ou qu’on refuse de les soigner quand elles tomberont malades. Comme elles n’ont pas voulu faire leur part, pourquoi la collectivité devrait-elle se soucier de leur santé ? Quant aux professionnels de la santé, ils devraient donner l’exemple au reste de la population en se faisant tous vacciner à répétition. On ne les paie pas pour qu’ils tombent malades au contact de malades infectées et pour qu’ils infectent les malades sains, devenant ainsi un fardeau supplémentaire pour le système de santé et la collectivité. C’est pourquoi il faut suspendre sans solde ces égoïstes réfractaires et même les congédier s’ils ne veulent pas entendre raison.

Mais quand on y regarde de plus près, cette conception soi-disant collectiviste de la santé apparaît sous un jour très différent. Ce qu’on dit aux individus, c’est que c’est leur responsabilité de se faire vacciner pour ne pas occuper des lits dans les hôpitaux publics. L’intervention médicale de l’État quant à la COVID-19 devrait, dans l’idéal, se réduire à l’administration des vaccins à toute la population, ce qui lui permettrait de négliger les traitements donnés à la maison ou dans les hôpitaux publics, qui n’auraient pas lieu d’être – pense-t-on – si les individus prenaient leurs responsabilités et se faisaient vacciner ; ce qui aurait en retour pour effet que la lutte contre le virus dépendrait encore plus du consentement libre ou forcé des individus à se faire vacciner. Par ce glissement, l’intervention « médicale » de l’État devient de plus en plus une affaire de marketing des vaccins et de coercition pour obtenir de tous les individus qu’ils prennent leurs responsabilités et qu’ils fassent leur part, comme on entend souvent dire.

Il n’y a à peu près rien de collectiviste dans cette manière de procéder. Pour nous en convaincre, faisons la comparaison avec d’autres services publics, comme l’éducation.

Imaginons que le ministre de l’Éducation, qui ne vaut guère mieux que le ministre de Santé et des Services sociaux, après des décennies de sous-financement ou de mauvaise administration du système d’éducation publique, prétende résoudre les problèmes engendrés par un ratio enseignants-élèves trop bas et par le mauvais état des écoles, en demandant aux parents de prendre davantage en charge l’éducation de leurs enfants. Le Ministère leur fournit à cet effet du matériel pédagogique préparé et éprouvé par les meilleurs pédagogues de la province. Les parents sont appelés à faire leur part en enseignant à leurs enfants une journée par semaine pour éviter que les classes ne débordent et que les enseignants se retrouvent en arrêt de travail pour cause d’épuisement professionnel. Ceux qui refusent, selon le gouvernement et les journalistes, sont des égoïstes qui prennent seulement à la collectivité et qui ne lui donnent rien en retour. Parce que certains parents ne prennent pas adéquatement leurs responsabilités en servant d’auxiliaires au système d’éducation, les enseignants se retrouvent débordés et, en raison de retard scolaire de leurs enfants, ce sont tous les enfants qui se trouvent dans la même classe qu’eux qui sont pénalisés à cause d’eux, les enseignants devant s’ajuster au rythme d’apprentissage des retardataires et leur consacrer plus de temps pour qu’ils acquièrent les connaissances et les compétences au programme. Ce sont aussi les contribuables qui doivent assumer les frais pour ces retards éducatifs dus à la négligence, à la mauvaise volonté ou à l’individualisme des parents. Le ministre de l’Éducation, constatant qu’il y a d’irréductibles parents récalcitrants qui ne font pas leur part et qui ne soutiennent pas le système d’éducation, fait régulièrement des points de presse pour les sermonner et les menacer : il y aura des conséquences s’ils persistent sur cette voie ! Des journalistes remplis de zèle éducatif diffusent l’idée qu’il ne faudrait pas admettre en classe les enfants retardataires dont les parents n’ont pas assumés adéquatement leurs responsabilités d’éducateurs. D’autres, plus modérés, soutiennent plutôt qu’il ne faut pas punir les enfants pour les fautes des parents égoïstes, tout comme il ne faut pas pénaliser les enfants qui ont de bons parents en les privant d’une éducation de qualité dans les écoles publiques. C’est pourquoi ils proposent plutôt d’isoler les enfants retardataires dans des écoles spécialisées et de faire payer à leurs parents des frais pour la fréquentation de ces écoles. En ce qui concerne les enseignants qui n’assument pas leurs responsabilités d’éducateur en tant que parents et qui donnent un mauvais exemple aux autres parents, ces journalistes suggèrent qu’on les suspende jusqu’à ce qu’ils assument ces responsabilités, prétextant que s’ils ne se donnent même pas la peine d’éduquer correctement leurs propres enfants, il est à craindre qu’ils se soucient encore moins de l’éducation des enfants des autres. Puis, si on tolérait ces écarts chez le personnel enseignant, comment pourrait-on exiger des parents non enseignants qu’ils fassent ce que certains parents enseignants refusent de faire, justement pour réduire la charge de travail de ces derniers et les protéger contre l’épuisement professionnel ? Compte tenu de la puissance des moyens médiatiques dont on dispose, ces idées se répandent dans la population comme une traînée de poudre. Ce serait aux yeux de beaucoup la seule manière de sauver notre système d’éducation du naufrage et de procurer aux enfants une éducation de qualité.

Ce que cette brève fiction nous fait voir, c’est que sous couvert d’une conception faussement collectiviste de l’éducation, l’État en profite pour se décharger progressivement sur les parents de ses responsabilités en matière d’éducation, lesquelles il n’est pas en mesure d’assumer en raison de mauvaises politiques éducatives qui se suivent les unes les autres. Il moralise donc les parents pour qu’ils donnent à leurs enfants l’éducation que les écoles publiques ne réussissent plus à leur donner : tous doivent faire preuve d’engagement social et d’esprit communautaire et faire leur part pour désengorger le système d’éducation. Quand on pense de cette manière, c’est la mission éducative de l’État qui est niée, l’éducation publique revenant progressivement dans les maisons et devenant la responsabilité individuelle des parents, bien que l’État leur impose en même temps une sorte de programme éducatif en lui fournissant du matériel éducatif.

Revenons à l’impératif vaccinal et au sauvetage de notre système de santé. En adoptant une approche moralisatrice, nos autorités politiques et sanitaires montrent qu’elles entendent responsabiliser les individus quant à leur santé pour venir en aide au système de santé qu’elles ont elles-mêmes mis en mauvais état au fil des décennies, et qu’elles continuent à dégrader encore. Pour atteindre cet objectif, on fournit aux individus des vaccins qu’ils doivent prendre pour ne pas encombrer indûment les lits dans les hôpitaux, en plus de leur imposer toutes sortes de mesures sanitaires qui entravent fortement la vie sociale et la pratique agréable ou efficace de certaines activités. Nos autorités en sont presque rendues à dire ouvertement que ce n’est pas la mission du ministère de Santé de mettre à disposition suffisamment de lits pour soigner les malades, et que c’est plutôt la responsabilité des individus de faire ce qu’on leur dit de faire pour ne pas tomber malades et occuper des lits qui ne sont pas en assez grand nombre et qu’on envisage peut-être de réduire encore, en incitant encore davantage à la responsabilisation des individus, quitte à étendre ces impératifs moraux à d’autres maladies (pas seulement infectieuses), à d’autres vaccins et à d’autres habitudes de vie. Pour ne pas attraper le cancer et devenir un fardeau pour l’État, la société et les contribuables, les individus doivent avoir de bonnes habitudes alimentaires, faire régulièrement de l’activité physique, ne pas boire régulièrement de l’alcool et ne pas pratiquer le tabagisme, le tout combiné avec l’injection de « vaccins » expérimentaux qui permettraient au système immunitaire de reconnaître les cellules cancéreuses comme des agents pathogènes à attaquer et à détruire.

En ce qui concerne la situation actuelle, il faut nous demander ce qui se passerait si les « solutions » mises à la disposition des individus pour faire de la santé une affaire de responsabilité individuelle, se montraient non seulement inefficaces, mais nuisaient aussi à la santé des individus, de manière générale et plus particulièrement en ce qui concerne le virus. Loin de réduire les pressions exercées sur notre système de santé, elles auraient pour effet de les accroître. Ce qui pourrait être catastrophique puisque ce système est déjà en dissolution, et que notre gouvernement prend des décisions qui aggravent la situation, notamment en suspendant tous les professionnels de la santé non « adéquatement » vaccinés à compter de la semaine prochaine. Ceux qui attendent des effets miraculeux de la responsabilisation des individus comme mode de gestion des épisodes épidémiques (communément appelés vagues) réaliseraient alors que l’ordre naturel (c’est-à-dire l’enchaînement des causes et des effets) n’est pas soumis aux représentations morales superstitieuses des êtres humains. Si cela se produit, deux voies se présenteront à nous comme société : soit ouvrir les yeux et enfin comprendre que la moralisation des individus est inefficace et nuisible, et chercher une solution où l’État assume véritablement ses responsabilités envers la collectivité et les individus en matière de santé ; soit nous entêter et moraliser encore plus les individus dans l’espoir qu’un degré supérieur de responsabilisation des individus, obtenu grâce à la propagande et à la coercition, permettra d’obtenir les effets qu’un degré moindre de responsabilisation n’a pas permis d’obtenir.


Essayons maintenant de débrouiller les rapports entretenus entre la responsabilisation des individus, une certaine conception collectiviste de la santé et les interventions de l’État qu’elles impliquent.

Même si l’État se décharge considérablement de ses responsabilités en matière de santé en tenant les individus responsables de l’évolution de la situation sanitaire (essentiellement la propagation du virus), c’est quand même au nom d’une conception collectiviste ou communautaire de la santé que cette responsabilisation des individus a lieu et que le gouvernement, censé représenter la collectivité et défendre ses intérêts, fuit ses responsabilités envers la collectivité. Ce qui montre qu’il est simplificateur d’opposer les individus et la collectivité ou une conception individualiste de la santé à une conception collectiviste. Ces conceptions ne sont pas des essences éternelles et immuables, mais peuvent être conçues de différentes manières qui sont en concurrence ; et ce qui les constitue peut s’articuler de différentes manières, lesquelles tendent à échapper à notre regard quand nous nous en tenons à des abstractions qui n’ont presque rien à voir avec la réalité.

Ce qui caractérise l’idéologie sanitaire qui organise nos vies, c’est le postulat très discutable selon lequel la moindre négligence ou le moindre refus de la part des individus quant au respect des mesures sanitaires et de l’impératif vaccinal aura de graves conséquences non seulement pour les récalcitrants, mais aussi pour toute la collectivité. C’est parce que la santé de la collectivité serait tributaire de la santé de chaque personne, c’est parce que tout se jouerait dans les petites choses de rien du tout qui constituent l’existence individuelle que le gouvernement et la collectivité justifient leur ingérence dans la vie privée des individus, au point d’exiger d’eux qu’ils se plient quotidiennement à de petites consignes pointilleuses et qu’ils reçoivent des injections expérimentales à l’efficacité et à l’innocuité douteuses, en leur faisant supporter tous les inconvénients et les risques de ces injonctions. Autrement dit, la conception de la santé que suppose l’idéologie sanitaire comporte une facette individualiste, non pas en ce que la liberté individuelle serait valorisée, mais en ce que ce serait les comportements des individus qui détermineraient l’amélioration ou la détérioration de la situation dite sanitaire. (Ce qui rappelle une certaine idéologie économique selon laquelle les périodes de récession économique se produiraient et se prolongeraient parce que les individus ne travailleraient pas assez fort et seraient des paresseux égoïstes.) Mais elle comporte aussi une facette collectiviste en ce que les interventions des autorités politiques et sanitaires devraient se réduire à dicter aux individus leurs comportements au nom du bien de la collectivité, et à obtenir leur obéissance grâce à la propagande et à la coercition, avec la collaboration des individus qui croient défendre les intérêts de la collectivité. Ce qui autorise, aux yeux de tout ce beau monde, la multiplication des ingérences dans la vie privée des individus et de graves atteintes à la liberté des individus, sous prétexte de surveillance et de contrôle de leurs actes, de leurs déplacements et même de leurs paroles. Ces deux facettes, étroitement liées, sont toutes deux très peu désirables si nous comprenons bien notre intérêt, individuellement et collectivement. Et ce serait une grave erreur de supposer qu’elles se bornent seulement au domaine de la santé, et qu’elles ne connaîtront pas des développements rapides dans d’autres secteurs de notre société et de notre existence.

Mais on peut avoir une conception très différente de la santé, où s’articulent autrement les rapports entre les individus, la collectivité et le gouvernement. Sans nier qu’il puisse exister en certaines circonstances des rapports entre les comportements de certains individus et la santé d’autres individus, cette conception se garde généralement de voir l’ingérence dans la vie des individus comme procurant des bénéfices plus grands que les inconvénients provoqués par la propagande et la surveillance et le contrôle des comportements individuels, surtout quand l’État y voit un prétexte pour ne plus assumer ses responsabilités en matière de santé, par exemple en n’assurant pas l’accès universel et rapide à des soins médicaux de qualité ou en se gardant bien d’adopter des politiques de santé pouvant contribuer à l’amélioration de la santé des individus dont la collectivité est constituée, et ce, sans réduire la liberté individuelle (en l’augmentant, au contraire). Par exemple en réduisant le temps de travail, en améliorant les conditions de travail, en empêchant l’exploitation de certaines catégories de travailleurs, en légiférant pour que la nourriture soit plus abordable et ne soit pas contaminée par toutes sortes de produits chimiques. Ce sont des mesures que peut prendre et que devrait prendre le gouvernement au nom d’une conception collectiviste de la santé, bien qu’elles aient aussi des dimensions politiques et économiques. Ce qui aurait pour effet global de réduire la fréquence des maladies causées par des décennies sacrifiées au travail salarié, par le mode de vie sédentaire et déprimant que ça implique, et par la contamination de la nourriture qu’on nous vend à grand prix, avec l’autorisation de notre gouvernement. Ce qui aurait pour effet de rendre plus rares les comorbidités qui disposent à avoir des complications et à être hospitalisé quand on contracte une infection virale respiratoire, par exemple. Ce qui réduirait la pression exercée sur notre système de santé, pas seulement celle due à la COVID-19, mais aussi celle due à la grippe saisonnière, aux maladies chroniques, aux cancers et maladies cardio-vasculaires. Ce qui ferait que nous pourrions sans problème permettre aux individus de vivre comme ils l’entendent, sans nous soucier qu’ils engorgent le système de santé, en tombant malades ou en rendant malades les autres. Pour résumer, s’il y a bien un lien entre la collectivité et les individus dans cette conception de la santé, il va en sens opposé au lien présent dans la première conception : ce sont de bonnes conditions de vie collectives qui sont à l’origine de la santé des individus, qui servent de fondement au système de santé public et qui permettent aux individus de bénéficier d’une grande autonomie quand il est question de leur santé.

Il est vrai que cette conception de la santé n’a jamais existé intégralement. Elle a existé et continue d’exister à différents de degrés de réalisation selon les époques et les endroits. Tout comme l’autre conception avec laquelle elle est en concurrence. Il importe donc de nous demander dans quelle direction nous voulons aller en tant que société et agir en conséquence, ce qui aura assurément de grands effets sur notre existence individuelle. Voulons-nous que notre gouvernement, au lieu d’assumer ses responsabilités en matière de santé, continue à responsabiliser les individus, à condamner et à châtier les résistants, tout en torpillant notre système de santé, ce qui mènera à un plus grand délestage de responsabilités par le gouvernement, à une plus grande responsabilisation ou culpabilisation des individus, à un contrôle accru de leurs comportements et – n’ayant pas peur des mots – à la persécution de ceux qui refusent d’obtempérer ? Ou bien voulons-nous aller en sens inverse ?

On aura compris que ces questions n’ont pas pour seul enjeu la santé, et qu’elles ne sont pas l’affaire exclusive de spécialistes de diverses disciplines médicales ou scientifiques. Elles impliquent des projets politiques très différents et, à l’échelle des individus, des modes d’existence divergents, lesquels reposent sur des principes politiques et moraux différents, même s’il arrive parfois qu’on utilise les mêmes mots pour parler d’eux.

On me dira peut-être que la conception de la santé que j’ai ici esquissée impliquerait un véritable chantier politique, en voulant dire par là que ce n’est pas réaliste, que c’est infaisable, que c’est une entreprise trop risquée, etc. Je reconnais volontiers qu’un grand chantier serait nécessaire, mais je refuse le reste. Je signale à ces objecteurs – au cas où ils ne l’auraient pas encore remarqué – que nous sommes engagés, en tant que société, dans un autre chantier guidé par l’idéologie sanitaire guère réjouissante qui s’impose de plus en plus à nous et qui transforme radicalement et rapidement le monde dans lequel nous vivons. Si nous sommes prêts à consacrer toute cette énergie et tout cet argent à ces transformations, si nous sommes prêts à prendre des risques en ce qui les concerne, pourquoi ne serions-nous pas prêts à en faire autant pour un autre projet de société, surtout quand celui-ci est susceptible de nous procurer une vie plus agréable, plus saine et plus libre, et aussi compatible avec les qualités qui doivent être présentes chez des citoyens, contrairement au projet en cours qui pourrait à terme produire des sujets, des serfs, voire des esclaves ?