Réflexions à l’occasion du premier anniversaire de l’état d’urgence sanitaire - partie 2

Comme dans le billet précédent, il s’agit ici d’essayer de prévoir ce qui pourrait arriver à moyen terme ou à long terme. Car l’état d’urgence aura peut-être un deuxième, un troisième ou un quatrième anniversaire. Et même la fin de l’état d’urgence sanitaire ne signifierait probablement pas simplement un retour à la normalité d’avant le Virus. C’est pourquoi il importe de réfléchir à ce qui nous attend, afin de pouvoir agir en connaissance de cause. Il ne sortira rien de bon pour nous de toute cette histoire si nous continuons à obéir docilement à nos autorités.

Je rappelle qu’il s’agit de conjectures. Pour cette raison, des possibilités incompatibles entre elles seront abordées. Il ne faudra pas y voir une incohérence, mais une tentative d’envisager différentes possibilités entre lesquelles il n’est pas possible de trancher, compte tenu que nos autorités nous gardent dans l’obscurité, soit qu’elles nous cachent ce qui a déjà été décidé, soit qu’elles ne savent pas elles-mêmes où nous allons. Puis il arrive à nos autorités de faire volte-face : des possibilités incompatibles pourraient donc se produire à des moments différents.

 

Normalisation de certains éléments de l’état d’urgence sanitaire

J’ai déjà signalé que nos autorités ne nous ont jamais dit quelles conditions devaient être réunies pour que l’état d’urgence prenne fin. Elles ne se sont même pas engagées à y mettre fin quand 70 % de la population aura été « vaccinée » et quand l’immunité collective aurait été atteinte, ou même quand toute la population aura été « vaccinée » et serait immunisé au Virus.

J’envisage maintenant une autre possibilité : les autorités mettront fin à l’état d’urgence sanitaire quand leurs objectifs « vaccinaux » seront atteints, mais certains des éléments qui caractérisent cet état seraient normalisés et lui survivraient. Le gouvernement – plus particulièrement le premier ministre, le ministre de la Santé et des services sociaux et la Santé publique – conserverait une partie des pouvoirs exceptionnels grâce auxquels il nous gouverne depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. Il pourrait dorénavant bénéficier du droit de gouverner par décrets en matière de santé publique (librement ou à certaines conditions) sans avoir à déclarer l’état d’urgence sanitaire. Ainsi l’état d’urgence sanitaire ne prendrait pas vraiment fin quand on y mettrait fin : certains des pouvoirs exceptionnels qui ont été accordés au gouvernement deviendraient normaux et permanents.

Le gouvernement pourrait justifier la pérennisation de ces pouvoirs par le fait que le Virus continuerait de circuler malgré la « vaccination » et que la situation épidémiologique demeurerait inquiétante et pourrait se dégrader rapidement, par exemple à cause de l’apparition de nouveaux variants plus contagieux et dangereux contre lesquels les « vaccins » ne seraient pas efficaces. Sans compter que de nouveaux Virus, peut-être encore plus contagieux et dangereux, pourraient apparaître et nous prendre à l’improviste. Il ne faut pas baisser la garde ! Jamais !

Malgré la fin officielle de l’état d’urgence sanitaire, nous serions toujours soumis à l’arbitraire du gouvernement, qui pourrait décider de nous imposer de nouvelles mesures sanitaires sans avoir à déclarer l’état d’urgence sanitaire. Certaines de ces mesures pourraient même être intégrées à la législation normale et ainsi devenir permanentes, peu importe la situation épidémiologique. Je pense par exemple au port obligatoire du cache-binette dans les lieux publics fermés et dans les transports en commun, toute l’année ou pendant l’hiver.

Il est à craindre que la population québécoise accepterait sans trop ronchonner ces manœuvres pour pérenniser l’état d’urgence et les mesures sanitaires. Elle jugerait vraisemblablement de la normalité postérieure à l’état d’urgence sanitaire en prenant comme point de comparaison, non pas la normalité antérieure à l’état d’urgence sanitaire, mais la normalité de l’état d’urgence à laquelle elle se serait habituée. Le passage d’une normalité à l’autre serait alors perçu par elle comme un assouplissement bienvenu du pouvoir qu’on exerce sur elle et des mesures sanitaires qu’on lui impose. Compte tenu de l’horrible « pandémie » qui n’en finirait plus de finir, et du monceau de cadavres qui en aurait résulté, il ne lui semblerait pas raisonnable et souhaitable de revenir simplement à la normalité d’avant et de récupérer tous ses droits et toutes ses libertés (auxquels elle ne tenait guère avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, et auxquels elle tient généralement encore moins maintenant, en raison de cette période de dressage), comme si rien ne s’était passé.

 

Possible volte-face sur la contagiosité des personnes « vaccinées »

J’ai déjà montré de quelle manière l’absence d’effet présumé des « vaccins » sur la contagiosité des personnes porteuses du Virus pourrait servir à justifier le maintien du dépistage massif, du traçage des contacts, de l’isolement des personnes et d’autres mesures sanitaires même après la « vaccination » d’une partie importante de la population, peut-être assez pour atteindre l’immunité collective qu’on nous dit viser.

Cependant, cette affirmation – vraie ou fausse – ne permet pas aux autorités et aux journalistes de justifier la « vaccination » des personnes bien portantes et plus souvent réticentes à être « vaccinées » en invoquant la protection de la santé des autres. Du moins cela n’est pas possible sans manquer de cohérence, ce qui n’exclut pas qu’elles aient recours à cet argument. Il n’empêche que ce n’est pas commode et qu’elles s’exposeraient à être démasquées si elles le faisaient. D’où le recours possible à d’autres arguments plus ou moins alambiqués et à des contraintes pour inciter les personnes en santé à se faire « vacciner » même si elles n’en voient pas l’utilité et même si elles se méfient de possibles effets secondaires, surtout à moyen ou à long terme.

Ceci dit, il se pourrait que nos autorités sortent de leur manche de récentes « études » qui montreraient que les « vaccins », en fait, diminueraient la contagiosité des personnes « vaccinées », juste au moment d’entreprendre la « vaccination » des groupes de personnes moins « à risques », ou un peu plus tard, quand elles constateraient que des doses de « vaccin » ne trouveraient pas preneurs et quand elles proclameraient qu’il serait criminel de les laisser se perdre. On nous jouerait alors une scène semblable à celle qu’on nous a jouée le printemps et l’été dernier, quand les autorités politiques et sanitaires se sont mises à recommander de plus en plus fortement le port du cache-binette ou du masque dans les lieux publics fermés, pour finalement le rendre obligatoire. À peine quelques mois plus tôt, elles affirmaient que le port du masque était non seulement inutile pour protéger la population en général, mais qu’il pouvait même augmenter les risques de contamination. Et soudain on a commencé à nous dire le contraire, en insistant sur le fait que l’on protégerait les autres et non soi-même en portant un cache-binette ou un masque. On nous a dit alors que de nouvelles « études » avaient prouvé l’efficacité de cette mesure, alors que les connaissances sur le Virus et les effets de cette mesure étaient insuffisantes avant, quand on la jugeait inutile et même nuisible. C’est que la « science des masques » serait en constante évolution et qu’il faudrait demeurer à la fine pointe de ces recherches pour prendre les bonnes décisions pour la santé de toute la population. Vous connaissez la chanson.

Ce n’est donc pas du délire d’envisager qu’on puisse nous jouer une comédie semblable, au moment jugé opportun, en ce qui concerne les fameux « vaccins ». Avant on ne savait pas que les « vaccins » diminuaient aussi la contagion. La science des « vaccins » serait en évolution constante, pourrait-on nous dire alors. Il faudrait tenir compte des plus récentes découvertes et adapter les politiques de santé publique en conséquence pour protéger la santé de toute la population. Tous auraient donc l’obligation de se faire « vacciner » pour protéger la santé des autres, à part quelques rares exceptions qui ne pourraient pas l’être en raison de leur état de santé. Ces exceptions confirmeraient la règle, puisque pour protéger ces personnes non « vaccinées » malgré elles, il serait légitime de contraindre toutes les autres personnes – qui auraient la chance de pouvoir recevoir le « vaccin » – à se faire « vacciner », grâce à un ordre formel ou grâce à toutes sortes de pressions, d’obligations et d’interdictions qui leur rendent la vie invivable. Toutes les personnes qui résisteraient devraient alors être assimilées à des malades contagieux qu’il faudrait tenir autant que possible à l’écart de la société si elles persistaient à ne pas entendre raison, et pourraient même être considérées comme de dangereux criminels dont il faudrait protéger la société et qu’il faudrait punir.

Une telle découverte sur la capacité des « vaccins » à réduire la contagiosité des porteurs du Virus pourrait aussi justifier l’adoption d’un passeport « vaccinal », sur lequel le ministre de la Santé et des Services sociaux a affirmé avoir eu une « réflexion avancée ». Car il s’agirait alors d’interdire aux personnes non « vaccinées » l’accès à certains lieux, la participation à certaines activités ou à certains rassemblements, et peut-être même certains emplois, sous prétexte de protéger la santé des autres. Mais cette justification ne serait pas bonne, pour peu qu’on s’y attarde. Si les « vaccins » protégeaient vraiment contre les complications dues au Virus, ce serait surtout des personnes non « vaccinées » qui seraient infectées par d’autres personnes non « vaccinées » et qui pourraient avoir des complications – ce qui devrait d’ailleurs se produire assez rarement si elles n’étaient pas très âgées et si elles étaient en santé. À moins de sombrer dans l’autoritarisme le plus borné, on devrait les laisser courir ce risque librement et les laisser assumer les conséquences de leurs actes, mais en les soignant si jamais elles tombaient malades après avoir attrapé le Virus, comme on soignerait des personnes qui tomberaient malades après s’être fait imprudemment injecter un « vaccin » expérimental. Autrement on montrerait qu’il s’agit surtout, par-delà les prétextes, de contraindre ces personnes à faire comme les autres et à se faire « vacciner ». Les personnes bonnes et intelligentes se feraient toutes « vacciner », et seuls les imbéciles égoïstes ne se feraient pas « vacciner » ! Ce qui serait un exemple typique d’égoïsme grégaire, qui n’en demeure pas moins ce qu’il est parce que ce sont les désirs d’un groupe de personnes qui cherchent à s’imposer, et non ceux d’individus isolés.

L’existence de quelques rares personnes qui ne pourraient pas être « vaccinées » en raison de leur santé ne devraient pas davantage justifier la « vaccination » forcée et la pénalisation de personnes beaucoup plus nombreuses qui ne voudraient pas être « vaccinées » et dont les intérêts et les désirs devraient aussi être pris en considération, à moins qu’on ne décide de faire d’elles des citoyens de deuxième ordre, voire pire. Quant aux quelques personnes non « vaccinées » en raison de leur état de santé, il ne faudrait pas davantage leur interdire l’accès à certains lieux ou la participation à certaines activités, en leur laissant le choix de prendre ou non certaines précautions, et en les laissant assumer les conséquences de leurs actes, comme les personnes non « vaccinées » par choix. Si le risque leur semblait trop grand, toutes sortes de mesures pourraient être prises pour les accommoder, les dédommager et leur aménager des milieux de vie où elles pourraient se sentir en sécurité. Les inconvénients d’une telle approche seraient beaucoup moins nombreux qu’une approche coercitive, à la fois pour les individus et l’ensemble de la société. Le fait de ne pas avoir besoin d’implanter un passeport « vaccinal » – qui serait un dispositif de contrôle et de surveillance de tous les citoyens, et aussi d’exclusion d’une minorité – le montre bien.

Pour venir à bout de ces raisonnements, nos autorités devraient nous faire exactement le même coup que pour le cache-binette, qui ne servirait pas à protéger la personne qui le porte, mais plutôt les autres personnes. Mais des déclarations semblables sur les « vaccins » risqueraient fort d’apparaître pour ce qu’elles sont même aux yeux des plus naïfs et des plus bêtes d’entre nous, à savoir des sornettes. A-t-on déjà vu des vaccins qui réduiraient la contagiosité des personnes « vaccinées » sans les immuniser, et qui protégeraient donc les autres et non les personnes « vaccinées » ?


La méfiance est de rigueur. Nous ne pouvons pas nous fier à nos autorités, qui nous ont déjà montré tout ce dont elles sont capables depuis un an, ainsi que le peu de cas qu’elles font de nos droits et de nos libertés. Si les possibilités envisagées plus haut nous semblent invraisemblables compte tenu du ton actuellement employé par nos autorités, cela est peut-être dû au fait que le moment opportun n’est pas encore arrivé. La prudence la plus élémentaire exige que nous n’attendions pas d’avoir le dos au mur avant d’ouvrir les yeux et de faire comprendre à nos autorités que nous ne les laisserons plus disposer de nous selon leur bon plaisir, sous prétexte de protéger notre santé. Voilà déjà un certain temps que de tels mouvements d’opposition ont pris forme dans plusieurs pays européens, avec plus de vigueur que ceux qui existent ici. Les Québécois seront-ils toujours à la remorque du reste de l’Occident et voués à l’obscurantisme ?

 

(Partie 3)