Réduction dramatique de la biodiversité humaine en Occident

Nous sommes à un moment de notre histoire où nos gouvernements, après avoir adopté des politiques économiques destructrices de la biodiversité à l’échelle de la planète et avoir toléré ou autorisé la destruction de nombreux écosystèmes par les grandes entreprises privées nationales ou internationales, organisent maintenant à grands frais des congrès internationaux pour convenir des grandes orientations internationales à prendre en matière d’environnement, qu’il s’agisse de la lutte contre les changements climatiques ou de la protection de la biodiversité. Ce revirement est au moins aussi suspect que celui auquel nous avons assisté en 2020, à propos de la protection de notre santé. Car ce sont les mêmes gouvernements qui, après avoir dégradé notre système de santé et nos conditions de vie, ont prétendu faire de notre santé la priorité absolue quand le méchant virus est arrivé chez nous. Voilà qui devrait nous faire réfléchir.

Qu’on me comprenne bien : j’aime la nature. Comme beaucoup d’autres personnes, je ne veux pas vivre sur une planète où les forêts ont été rasées par l’industrie forestière ou par l’industrie agro-alimentaire, par exemple pour produire intensivement de l’huile de palme. Je comprends aussi que des espèces que nous ne remarquons pas, ou que nous n’aimons pas, comme les insectes, jouent un rôle important dans les chaînes alimentaires et sont nécessaires à la survie des écosystèmes. Enfin, je sais que la biodiversité humaine dépend de la biodiversité végétale et animale, c’est-à-dire de la diversité des écosystèmes dans lesquels les êtres humains vivent. Ce n’est pas la même chose de vivre dans un petit village au milieu d’une forêt, dans une petite ville côtière, ou dans une grande ville où l’architecture se combine harmonieusement avec la végétation et où les habitants côtoient de plusieurs espèces d’oiseaux et de petits mammifères comme les écureuils, les ratons-laveurs et les marmottes.

Nos gouvernements, eux, semblent se soucier assez peu de la biodiversité humaine. Ils semblent tout au plus se soucier d’une certaine diversité religieuse, surtout chez les immigrants. Quant à la protection de la diversité des formes de vie non religieuses et plus individuelles, ils ne semblent pas s’en soucier le moins du monde. Ce n’est pas nouveau. Mais disons que cet appauvrissement de la biodiversité humaine s’est accéléré depuis quelques années, et semblent devoir encore s’accélérer au cours des prochaines années, notamment à cause du caractère dogmatique de la lutte contre les changements climatiques et des conséquences économiques des politiques énergétiques que les gouvernements occidentaux cherchent à nous imposer.

Pour prendre un exemple évident, ce n’est un secret pour personne que la situation des étudiants devient de plus en plus précaire de génération en génération. À part de grandes déclarations, nos gouvernements augmentent régulièrement les droits de scolarité et autorisent les universités à exiger le paiement d’autres frais aux étudiants, alors que les bourses d’études qu’ils accordent n’augmentent pas à la même vitesse et ne sont pas indexées sur l’augmentation du coût de la vie. Si bien que presque tous les étudiants qui viennent d’une famille modeste ou de la classe moyenne, ou qui ne sont pas soutenus financièrement par leurs parents plus riches, se retrouvent à travailler de plus en plus pendant qu’ils étudient, tout en s’endettant. Voilà qui les dissuadent d’étudier une discipline intellectuelle ou un art qui les intéresse vraiment, mais dont ils savent bien qu’ils ne pourront pas vivre. Beaucoup étudient seulement pour trouver un emploi assez bien rémunéré et dont ils se disent qu’ils ne le détesteront pas. D’autres abandonnent leurs études ou ne les commencent pas, préférant aller travailler immédiatement plutôt que de perdre leur temps à faire des études qui ne les intéressent pas vraiment. Enfin, il y a ceux qui s’entêtent à faire des années d’études dans des domaines où il n’est pas possible de faire carrière, sauf dans de rares cas, et qui se retrouvent à tirer le diable par la queue ensuite et à devoir accepter toutes sortes d’emplois minables ou inintéressants pour ne pas se retrouver à la rue. Toutes ces personnes deviennent des travailleurs salariés, et en cela leurs manières de vivre sont très uniformes parce que grandement déterminées par ce qu’exigent d’eux leurs employeurs. Même les professions les plus différentes, en ce qu’elles impliquent le manque d’indépendance financière et la servitude du travail salarié, tendent à former des personnes semblables qui vivent de manière semblable, par exemple en organisant leur existence pendant des décennies autour de leur travail, selon la routine métro-boulot-dodo, et l’alternance semaine et fin de semaine.

À cela, il faut ajouter les maux que nous ont fait supporter nos gouvernements depuis 2020. L’inflation généralisée qui résulte des confinements, des plans de relance de l’économie et des sanctions économiques prises contre la Russie sous prétexte de soutenir l’Ukraine, limite encore plus nos possibilités de vie. Plusieurs sont déjà incapables de payer leurs comptes, doivent s’endetter pour survivre et se retrouvent dans une situation de dépendance encore plus grande. Mais ça ne suffit pas : sous prétexte de lutter contre les changements climatiques, nos gouvernements s’apprêtent à faire un virage énergétique vert, ce qui rendra l’énergie encore plus rare et plus coûteuse, rendra notre situation économique encore plus précaire, et réduira ce qu’il est possible de faire avec l’argent dont nous disposons.

Au rythme où vont les choses, les populations humaines occidentales deviendront bientôt de grands troupeaux de pauvres diables dont le principal souci sera de se chauffer, de se loger et de manger ; et qui, en raison de leur situation très précaire, devront se conformer à la volonté des employeurs qui daigneront encore les employer et à l’orthodoxie sanitaire et environnemental, par crainte d’être mis à l’amende ou d’être privés de l’aide financière gouvernementale qui leur reviendrait autrement. La biodiversité humaine en prendrait alors tout un coup.

En ne se souciant pas de la réduction dramatique de la biodiversité humaine et de la dégradation de l’espèce humaine, mais en prétendant se soucier de la biodiversité végétale et animale, la classe politique occidentale ressemble à ces membres de la haute bourgeoisie du XIXe siècle, caractérisés par leur vertu ostentatoire et hypocrite, qui formaient des ligues pour la protection des animaux sans se soucier le moins du monde des conditions de vie des ouvriers qu’ils exploitaient et qui appartenaient selon eux à une espèce animale inférieure dont ils s’efforçaient de se dissocier complètement.