Qui sont les preneurs d’otages ?

Nous entendons parfois dire, dans les journaux, à la télévision et dans notre entourage, que la minorité non vaccinée prendrait en otage la majorité vaccinée. Ne serait-ce pas à cause de ces égoïstes et de ces imbéciles de non-vaccinés que les personnes vaccinées, qui ont fait ce qu’il fallait faire, voient reporter leurs examens médicaux, leurs traitements et leurs interventions chirurgicales ? Ne serait-ce pas aussi à cause d’eux que les personnes vaccinées ne peuvent pas recommencer à vivre normalement, c’est-à-dire pouvoir librement travailler, aller au restaurant, sortir boire un verre avec des amis, recevoir de la famille ou des amis à la maison et voyager à l’étranger, par exemple ? N’est-ce pas aussi à cause de ces maudits non vaccinés que l’éducation et les relations sociales des enfants et des adolescents sont sacrifiées ? Etc. Ah ! qu’il ferait bon vivre si les non-vaccinés se faisaient vacciner ou n’existaient

Il n’est pas ici question de nier que les personnes vaccinées, qui ont fait tout ce que le gouvernement leur a demandé, ont raison d’être irritées que le retour à la normale annoncé ne se soit pas produit, ni de nier qu’elles sont des otages. Toutefois cette irritation ne dispense pas de penser clairement et d’examiner si l’étiquette de preneurs d’otage convient bien aux non-vaccinés. Le fait de se tromper sur ce point n’améliorerait en rien la situation des accusateurs vaccinés. Voyons ce qu’il en est. Demandons qui sont les preneurs d’otages.

Est-ce les non-vaccinés qui ont ordonné le délestage des activités hospitalières, qui interdisent aux vaccinés de vivre normalement et qui bousillent l’éducation et le développement des enfants et des adolescents ? Certainement pas. Au contraire, les non-vaccinés, tout comme les vaccinés, sont eux aussi privés de soins médicaux, ne peuvent pas vivre normalement et déplorent souvent encore plus que les vaccinés le gâchis que subissent les enfants et les adolescents et qui pourrait les affecter pour le reste de leur vie. Bref, les non-vaccinés sont pris en otages au même titre que les non-vaccinés. Ce qui les distingue des vaccinés, c’est que leur situation d’otages est pire, c’est en fait un sentiment de révolte plus fort contre leur condition d’otages, qu’ils supportent plus difficilement que les vaccinés.

Comment les non-vaccinés pourraient-ils être à la fois otages et preneurs d’otages ? Comment pourraient-ils être les preneurs d’otages alors que la prise d’otages a commencé bien avant que la vaccination commence et qu’il y ait des vaccinés et des non-vaccinés ? Voilà qui est impossible et même absurde.

Alors qui sont les preneurs d’otages ? La réponse est simple. Ceux qui nous empêchent de vivre librement depuis presque deux ans. Ceux qui, du jour au lendemain, ont décidé de nous priver de nos droits et de nos libertés. Ceux qui réclament, en guise de rançon, que nous obéissions à leurs ordres et à leurs recommandations. Ceux qui, au printemps 2020, nous ont séquestré à domicile sous prétexte d’aplatir la vague. Ceux qui, à l’automne 2020 et à l’hiver 2021, nous ont reconfinés en nous annonçant l’arrivée des vaccins salvateurs. Ceux qui, au printemps et à l’été 2021, nous ont promis le retour progressif à la vie normale, sans distanciation sociale, sans masques, sans couvre-feu, quand l’objectif de vaccination de 70 ou de 75 % serait atteint. Ceux qui, au fur à mesure que l’automne 2021 approchait, ont rehaussé l’objectif vaccinal et sont revenus sur leurs promesses, pour nous imposer un resserrement des signes sanitaires. Ceux qui ont réimposé un couvre-feu et interdit les rassemblements privés juste avant le Nouvel An. Ceux qui, après avoir tout misé sur la vaccination, n’ont pas fait ce qu’il fallait pour préparer le système hospitalier à la saturation hivernale, et nous tiennent responsables des conséquences de leurs décisions. Ceux qui, sans être en mesure de savoir combien de malades sont hospitalisés avec la COVID ou à cause de la COVID, obtiennent notre obéissance en nous annonçant que nous serons peut-être privés de soins de santé si nous ne respectons pas les consignes sanitaires et si nous tombons malades. Ceux qui menacent les non-vaccinés de les priver de droits et de libertés supplémentaires pour leur pourrir la vie et les contraindre à se faire vacciner. Ceux qui renverront bientôt les vaccinés dans la catégorie des non-vaccinés, et les priveront des mêmes droits et libertés, s’ils ne se font pas injecter une troisième dose, et peut-être une quatrième et une cinquième doses plus tard. Ceux qui nous menacent d’exclusion sociale et économique si nous osons désobéir. Ceux qui cherchent à rendre omniprésents la surveillance et le contrôle des vaccinés et des non-vaccinés grâce à l’utilisation généralisée du passeport vaccinal censé nous rendre notre liberté. Ceux qui, quand nous leur avons payé notre rançon en obéissance, en demande toujours plus au lieu de nous libérer. Ceux qui, quand nous les interrogeons, refusent de nous dire franchement quelles exigences devraient être satisfaites pour que nous soyons enfin libérés.

Certains diront que notre gouvernement agit ainsi pour une bonne cause : nous protéger contre le virus, protéger notre système de santé et nous protéger contre nous-mêmes. À cela je réponds que ce n’est pas nouveau que les terroristes et les extrémistes preneurs d’otages se réclament d’une noble mission. Les otages n’en sont pas moins privés de leurs droits et libertés, et n’en sont pas moins souvent sacrifiés sur l’autel des idéaux souvent très discutables de leurs ravisseurs. Bien au contraire.

Mais ce qui est plus rare, c’est que beaucoup d’otages accordent créance aux prétentions de leurs ravisseurs, sympathisent avec eux et se retournent contre ceux d’entre eux qui refusent de payer à ces ravisseurs une rançon qui manifestement ne leur rendra pas la liberté, et qui est justement la négation de la liberté qu’il s’agit de récupérer.

Que nous soyons complètement vaccinés, partiellement vaccinés et non-vaccinés, personne ne nous sauvera, à commencer par ceux qui nous ont pris en otages. Nous devons nous libérer nous-mêmes.