Questions pour les militants de gauche

Pourquoi consentez-vous, par votre silence et votre inaction, au prolongement de l’état d’urgence sanitaire ?

Vous savez que le bien des personnes qui constituent le peuple n’est généralement pas ce qui motive les décisions de nos dirigeants politiques. Les politiciens qui parviennent à se hisser au pouvoir provenant presque toujours de milieux cossus, quand ils ne sont pas simplement riches, n’arrivent pas à se représenter la vie que la plupart d’entre nous doivent vivre ou ne s’en préoccupent pas le moins du monde, même s’il leur arrive de prétendre le contraire, pour obtenir des votes et conserver une certaine popularité. Puis ils entretiennent des rapports plus aux moins étroits avec les élites économiques, dont ils défendent les intérêts de manière générale ou de manière plus ciblée, comme de nombreux scandales de corruption devraient nous l’avoir appris.

Sous leur gouverne, ne nous retrouvons-nous pas, depuis des décennies, à payer plus d’impôts sur le revenu et de taxes sur la consommation, alors que les grandes entreprises assument de moins en moins leur part du fardeau fiscal et s’enrichissent démesurément grâce à l’exploitation des ressources naturelles et humaines que le gouvernement met à leur disposition ? N’avons-nous pas vu l’éducation supérieure devenir de plus en plus dispendieuse, et notre niveau d’endettement s’accroître en conséquence, alors que nos employeurs profitent de nos compétences professionnelles sans que le droit du travail ne les contraignent à nous accorder des postes fixes et à nous compenser en cas de congédiement ?

Toujours sous leur gouverne, n’a-t-on pas vu le réseau public de la santé se dégrader progressivement, les hôpitaux étant parfois saturés en raison de la grippe saisonnière, le temps d’attente dans les urgences, pour consulter un spécialiste ou se faire attitrer un médecin de famille étant parfois très long ? N’a-t-on pas vu les gouvernements successifs tolérer que la corporation des médecins entretienne artificiellement la rareté (par le contingentement exagéré dans les facultés de médecine et par les complications faites aux médecins immigrants) pour justifier des salaires scandaleusement élevés ? N’a-t-on pas vu, dans le cadre des politiques de santé élaborées ou approuvées par eux, la classe des bureaucrates devenir de plus en plus importantes dans le réseau de la santé et le parasiter, au détriment des professionnels de la santé, comme les infirmières qui croulent sous le travail ?

Alors comment pourriez-vous croire c’est pour notre bien que nos dirigeants politiques ont déclaré et prolongé l’état d’urgence sanitaire, nous ont confiné, ont réformé nos rapports sociaux, ont réglementé notre vie, nous ont privé pendant quelques mois de nos moyens de subsistance (en échange d’une prestation d’urgence), ont provoqué l’endettement, la fermeture et la faillite de petites et de moyennes entreprises, ont organisé à grands frais une perpétuelle campagne de dépistage préventif et de vaccination massive, et ont accordé de généreux contrats (dont les clauses nous sont inconnues) à de grandes sociétés pharmaceutiques ? Qu’est-ce qui est le plus probable ? Qu’ils aillent plus loin dans les saloperies qu’ils sont prêts à nous faire pour servir leurs intérêts et ceux des élites économiques qu’ils servent ou d’où ils proviennent ? Ou que le virus les ait soudainement transformés au point de les rendre bienveillants à notre égard ?

 

Pourquoi consentez-vous, par votre silence et votre inaction, au traitement sensationnaliste de la crise et à la fabrication du consentement grâce à la propagande gouvernementale et médiatique ?

Vous savez certainement qu’on ne saurait se fier aux informations et aux opinions que diffusent les grands médias. Tout comme vous savez que les gouvernements trompent fréquemment la population pour mieux la gouverner.

Le traitement journalistique des événements n’est pas compatible avec l’honnêteté et la rigueur intellectuelle. On ne peut certainement pas traiter de la même manière une question de politique intérieure ou étrangère, une question d’économie ou une question de science de la même manière qu’un match de hockey, que les derniers blockbusters, qu’un incendie, qu’un accident de voiture, qu’une tempête de neige, qu’un homicide, que l’approche du temps des Fêtes, que des recettes de tourtière, que le décès d’une célébrité, ou qu’une déclaration d’une personnalité publique jugée scandaleuse, le tout de manière à impressionner ou à scandaliser le bourgeois ou le travailleur assommé après une pénible journée de travail. Ce n’est pas en consacrant seulement quelques minutes à un problème complexe, en ne donnant voix qu’aux positions admises par l’opinion ou par la direction des médias, et en jouant sur les passions les plus rudimentaires et les plus partagées, qu’on réussit à y comprendre quelque chose et y discerner le vrai du faux et l’utile du nuisible.

Quant aux gouvernements québécois, canadien et occidental, ce n’est pas la première fois qu’ils diffusent des informations partiales, déformées ou simplement fausses pour nous tromper et justifier une politique intérieure, des sanctions économiques contre un autre État ou une intervention militaire. Nos gouvernants, chaque fois qu’il y a un attentat terroriste, en profite pour peindre avec insistance et exagération la menace d’autres attentats semblables, mettre en place toutes sortes de dispositifs de surveillance et de contrôle devant servir à les prévenir, et pour justifier des interventions militaires à l’étranger, lesquelles ont généralement pour effet de détruire ou d’affaiblir le pouvoir politique, de radicaliser les populations subissant l’invasion, et d’accroître la puissance et la force d’attraction des organisations terroristes. Ou qu’on songe aux armes de destruction massives de Saddam Hussein, invoquées pour justifier l’invasion de l’Irak par plusieurs puissances occidentales et qu’on n’a pas encore trouvées.

Si nos gouvernements sont capables, avec la complicité des médias, d’instrumentaliser les attentats terroristes pour accroître la surveillance et le contrôle auquel nous sommes soumis, en ligne ou en personne, est-il à exclure que la propagation du virus et de ses variants puisse être instrumentalisée de la même manière ? Si les gouvernements occidentaux, toujours avec la complicité des médias, sont prêts à nous mentir pour renverser et remplacer des gouvernements étrangers et pour affamer et pour bombarder des populations étrangères, ne sont-ils pas aussi capables de nous mentir pour renforcer le pouvoir qu’ils exercent sur nous et pour dégrader nos conditions de vie ?

 

Pourquoi faites-vous plus confiance au complexe sanito-pharmaceutique qu’au complexe militaro-industriel ?

C’est bien connu : la puissance et le financement du complexe militaro-industriel occidental (et surtout américain) dépend des guerres en cours, des menaces étrangères réelles ou imaginaires, des tensions entre États et de l’instabilité de certaines régions du monde. L’OTAN, le Pentagone, les armées occidentales et les marchands d’armes profitent de l’échec de la diplomatie et du chaos que provoquent les interventions militaires ou le déploiement de troupes et de bâtiments de guerre dans une région du monde où il y a déjà des tensions. La paix – comprise comme absence de guerre et de tensions pouvant dégénérer en guerre – est le pire ennemi de ces organisations et de ces entreprises. En temps de paix, c’est la fin de la course aux armements et de la lutte pour la domination militaire. Les militaires perdent de leur pouvoir et de leur influence dans la politique nationale et internationale. Ils obtiennent moins de financement et leur expansion connaît un temps d’arrêt, quand il n’y a pas régression. Les affaires sont moins bonnes pour les marchands d’armes. On comprend que tout ce beau monde a intérêt à alimenter les relations conflictuelles entre États et même au sein des États.

De manière semblable, la puissance et le financement du complexe sanito-pharmaceutique occidental (et surtout américain) dépend des pandémies en cours, des menaces sanitaires réelles ou imaginaires et des risques de nouvelles pandémies. L’OMS, les ministères de la Santé, les autres organismes publics ou parapublics s’occupant de la santé de la population, les centres de recherche en micro-biologie et en virologie, et les marchands de médicaments et de vaccins profitent généralement de l’échec des stratégies sanitaires nationales et internationales et des données alarmantes (à tort ou à raison) sur la propagation du virus ou des nouveaux variants, sur la hausse des hospitalisations et sur l’augmentation des décès attribués à la COVID-19. La santé publique – comprise comme absence d’épidémie ou de risques d’épidémie – est le pire ennemi de ces organisations et ces entreprises. En temps de santé, c’est la fin de la course aux vaccins et du contrôle sanitaire. Les organes sanitaires perdent de leur pouvoir et de leur influence dans la politique nationale et internationale. Ils obtiennent moins de financement et leur expansion connaît un temps d’arrêt, quand il n’y a pas régression. Les affaires sont moins bonnes pour les marchands de médicaments et de vaccins, et aussi pour les marchands de matériel de protection (masques et produits désinfectants). On comprend que tout ce beau monde a intérêt à ce que la pandémie se poursuive ou semble se poursuivre, et qu’elle reprenne ou semble reprendre tous les hivers avec de nouveaux variants plus menaçants et plus résistants aux vaccins.

Bref le complexe sanito-pharmaceutique occidental est un parasite qui vit pour propre compte, au détriment de ses hôtes. Tout comme le complexe militaro-industriel.

 

Pourquoi consentez-vous, par votre silence et votre inaction, à l’assimilation forcée de toute la population ?

N’êtes-vous pas pour la diversité culturelle ? Ne voyez-vous pas que ce qu’on est en train de faire, c’est d’assimiler, c’est de coloniser les populations des pays occidentaux, quelle que soit leur ascendance ou leur appartenance à une communauté culturelle majoritaire et minoritaire donnée ? Comment ne pas voir dans cette entreprise une forme d’impérialisme intérieure mais concertée par les différents États ? À tout le moins il y a mimétisme, malgré les différences de détail. Car on dirait qu’une nouvelle culture, avec ses croyances, ses normes et ses pratiques, est en train de se mettre en place en Amérique du Nord, en Europe, en Australie, en Nouvelle-Zélande, etc. Les confinements saisonniers, le port du masque dans les lieux publics, la désinfection maniaque des mains et des surfaces, la crainte d’être infecté et de propager le virus, le dépistage et l’isolement préventifs, le traçage acharné des cas contacts, la surveillance et le contrôle de ce que nous faisons ou pouvons faire grâce au passeport vaccinal, le paternalisme au nom duquel on nous dit comment nous devons vivre sous prétexte de protéger notre santé et notre sécurité, sont autant d’aspects de la nouvelle « culture », des nouvelles mœurs qu’on nous impose grâce à l’endoctrinement et à la coercition. Nos particularités culturelles s’effacent et deviennent insignifiantes en comparaison du mode de vie uniforme et pauvre qui nous transforme en sujets dociles, ce qui est assurément commode pour les dirigeants politiques et les élites économiques qui nous gouvernent.

Nous avons tort, nous qui vivons en Occident, de croire que ce sont seulement les populations étrangères qui peuvent être colonisées et asservies. Comme si ça suffisait à faire de nous des êtres humains appartenant à une classe à part, par nature à l’abri de l’impérialisme des élites économiques et politiques ! Même si nous avons bénéficié jusqu’à maintenant d’une certaine liberté, nos maîtres ont visiblement décidé qu’il est temps de nous mettre au pas. Que nous ayons la peau blanche, noire, jaune ou rouge, nous sommes tous aux yeux de nos maîtres des sous-hommes indignes de la liberté, et devrions donc être traités comme de grands enfants.

 

Avez-vous été domptés ou sortirez-vous enfin les griffes pour montrer au gouvernement ce dont vous êtes capables ?

Comment expliquer votre silence et votre inaction face aux mesures dites sanitaires grâce auxquelles on nous asservit, vous y compris ? Avez-vous abandonné la lutte ? Êtes-vous devenus les complices des élites que vous combattiez il n’y a pas si longtemps ? Vous accommodez-vous des inégalités sociales et économiques qui sont aggravées par la situation actuelle ? Continuerez-vous à vous tenir à l’écart des mouvements de résistance, et parfois même à les condamner ?

Il est vrai que la droite est fortement représentée – aux États-Unis, en Europe et ici aussi – parmi ceux qui s’opposent ou qui résistent aux mesures sanitaires et à la destruction de nos conditions de vie. Je comprends votre antipathie pour leur conservatisme moral et religieux. Vous ne voulez pas être assimilés à ces opposants de droite en raison de votre opposition aux mesures sanitaires et au nouvel ordre social et politique qu’on essaie de mettre en place. Et ce mouvement d’opposition vous semble même suspect par ces tendances à droite. Est-ce à dire qu’il vous faut vous garder de prendre à part à la résistance, et même devenir le complice du gouvernement en appelant les résistants à faire preuve de modération et d’obéissance, et vous réjouir quand l’un d’entre eux subi des attaques médiatiques et a des ennuis avec la justice, en raison de divergences idéologiques ? En agissant de cette manière, ne laissez-vous pas le champ libre aux groupes de droite qui, en l’absence d’une alternative de gauche dans la résistance québécoise, exercent une force attractive certaine sur les mécontents ? N’êtes-vous pas alors les principaux artisans de la « droitisation » que vous dites déplorer ?

La seule manière d’éviter cette « droitisation » et notre asservissement par le gouvernement, c’est pour la gauche d’aller faire concurrence à la droite sur le terrain de la résistance, et de susciter un mouvement d’opposition au gouvernement comparable à celui que nous avons vu en 2012, dans le cadre de la grève étudiante.