Propagation de l’influence tentaculaire de l’industrie pharmaceutique dans les milieux de recherche

Fidèles à leur habitude, les journalistes de La Presse se font la courroie de transmission de l’expertise autorisée qui appuie la politique vaccinale de nos autorités politiques et sanitaires. Encore une fois on nous dit, dans un article publié le 30 septembre, que l’efficacité des vaccins contre les décès et les hospitalisations serait excellente.

Même si ce que je me propose de faire dans ce billet n’est pas de démonter cette étude, je me permets quelques remarques générales sur les résultats présentés dans cet article et sur l’étude de l’INSPQ :

  1. Comme toujours, la journaliste ne daigne pour faire un renvoi à l’étude en question, ce qui revient à substituer son article à cette étude, du point de vue de tous ses lecteurs qui ne prendront pas la peine de faire la recherche.

  2. L’étude en question (Efficacité de deux doses de vaccin contre la COVID-19 chez les adultes québécois vivant dans la communauté) est tellement brève et rudimentaire que l’article de journal est plus long et contient des affirmations qui n’y sont pas faites, par exemple Alain Lamarre, professeur-chercheur en immunologie et virologie à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS), vante la décision du gouvernement de reporter l’injection de la deuxième dose pour offrir une certaine couverture vaccinale à une plus grande partie de la population, puisque cela aurait pour effet d’augmenter légèrement l’efficacité des vaccins. Décidément le hasard fait bien les choses !

  3. La période à l’étude est du 14 mars au 11 septembre 2021, durant laquelle il y a seulement eu 181 décès attribués à la COVID-19, pour une moyenne de 30 décès par mois, soit un peu moins de 1 décès par jour. Cette période consistant pour l’essentiel en un creux épidémique, surtout en ce qui concerne les décès, elle n’est certainement pas une bonne période de référence pour établir l’efficacité des vaccins. Il est notoire que la COVID-19, comme la plupart des infections respiratoires d’origine virale, provoquent plus de décès durant la période hivernale. C’est seulement en attendant l’hiver qui commencera dans quelques mois qu’il sera possible d’évaluer avec rigueur l’efficacité des vaccins.

  4. Il est vraisemblable que les médecins, s’ils croient à l’efficacité des vaccins, soient moins disposés à inscrire sur les certificats de décès la COVID-19 comme cause des décès pour les personnes vaccinées que pour les personnes non vaccinées.

  5. Nous n’avons pas accès aux données brutes, nous ignorons de la manière dont ces données ont été analysées et les notes méthodologiques se réduisent à trois courtes phrases.

  6. Il faudrait donc croire sur parole les auteurs de l’étude et le professeur-chercheur interviewé par la journaliste, ce qui reviendrait à avoir un rapport religieux à la science.

Venons-en à ce qui m’intéresse vraiment dans ce billet, à savoir les relations que les auteurs de l’étude de l’INSPQ pourraient avoir avec l’industrie pharmaceutique.

Puisque le Dr Gaston De Serres, épidémiologiste à l’INSPQ et membre du comité de l’immunisation du Québec (CIQ), apparaît en tête de la liste des auteurs et est aussi interviewé par la journaliste de La Presse, faisons de sa personne le point de départ de nos recherches.

Une recherche rapide sur internet nous apprend qu’en plus d’être chercheur au Centre de recherche universitaire de Québec et professeur à la faculté de médecine de l’Université Laval, il est aussi co-chercheur dans trois axes de recherche (Canadian National Vaccine Safety Network, Special Immunization Clinics Network, Modeling and Economics Research (ModERN) Network) pour le Canadian Immunization Research Network (CIRN) et membre du conseil d’administration.

Voici quels sont les partenaires du CIRN :

Nous ne savons pas en quoi consiste exactement ce partenariat. Le CIRN obtient-il une partie de son financement de Pfizer ? À première vue, rien ne permet de savoir, sur le site de réseau de recherche, si c’est le cas ou non. Je n’ai rien trouvé non plus sur le site Pfizer Canada en utilisant la recherche, en consultant la liste des partenariats et en survolant les communiqués de presse depuis 2017. Ce manque de transparence nous empêche donc de savoir de quoi il en retourne exactement. Même dans le cas où Pfizer Canada ne financerait pas le CIRN et serait seulement un partenaire de recherche, il n’en demeure pas moins que la proximité du CIRN avec cette société pharmaceutique nous autorise à nous poser des questions sur l’indépendance des chercheurs du CIRN et la fiabilité de leurs recherches.

Cela devient encore plus inquiétant quand on considère que le CIRN est responsable de l’étude CANVAS-COVID ayant pour objet la surveillance d’événements indésirables après l’administration des injections contre la COVID-19. Notons que cette étude compte parmi les institutions participantes le CHU de Québec – Université Laval (où Gaston De Serres est chercheur) et compte parmi ses partenaires CANImmunize, une plateforme électronique permettant gérer les dossiers de vaccination des Canadiens qui est entre autres soutenue par Pfizer.

Les résultats de l’étude sont très rudimentaires et sont présentées sous la forme d’un tableau de bord qui semble destiné à de grands enfants. Outre le fait que les données sont regroupées de manière très générale et sans tenir compte de la gravité (pourtant tous les maux de tête ne se valent pas), outre le fait qu’il n’y aurait pas de cas de thrombose, de péricardite, de myocardite et d’infarctus et encore moins des décès ou des morts suspectes selon ces données, certains des effets indésirables signalés sont significativement moins fréquents que dans la monographie sur le vaccin de Pfizer (section 8) publiée par Santé Canada à l’occasion de son approbation complète pour les personnes de 12 ans et plus, le 16 septembre 2021. C’est par exemple le cas pour les maux de tête et les céphalées. Alors qu’on signale des maux de tête et des céphalées chez seulement 3,2 % des personnes après l’injection du vaccin dans l’étude CANVAS (sans distinction de la dose), la proportion de céphalées s’élève, chez les participants âgés de 16 à 55 ans, à 43,5 % (tous les cas) et à 1,1 % (sévères) après la première dose, et à 54 % (tous les cas) et à 3,4 % (sévères) après la deuxième dose ; et, chez les participants âgés de 56 ans et plus, à 25 % (tous les cas) et à 0,1 % (sévères) après la première dose et à 39,4 % (tous les cas) et à 0,7 % (sévères) après la deuxième dose.

À ceux qui pourraient prétendre que ce sont des soupçons gratuits visant des scientifiques et des médecins certainement rigoureux et intègres, je propose une mise en situation. Imaginons qu’un spécialiste du virage numérique dans la fonction publique siège au comité d’administration d’un réseau de recherche sur la transformation numérique qui compte parmi ses partenaires Microsoft. Ne serait-il pas légitime de douter de l’évaluation que cette personne pourrait faire, à titre d’expert, pour cet organisme et pour des centres de recherche, des produits et des services offerts par Microsoft, par exemple dans le domaine des logiciels de vidéoconférence et de travail collaboratif en ligne et dans le domaine des solutions en info-nuagique ? Ne pourrions-nous pas nous demander pourquoi ce réseau de recherche, tirant une partie de son financement du gouvernement provincial ou fédéral, a miné sa crédibilité en acceptant un partenariat avec Microsoft ? Et qu’en serait-il si on constatait une situation semblable dans l’industrie de la construction ? Pourquoi ne pas avoir les mêmes soupçons et ne pas poser les mêmes questions quand il s’agit de la vaccination, de Pfizer et de son vaccin contre la COVID-19 ? Aurions-nous affaire à des anges incorruptibles simplement parce qu’il s’agit de la santé de population ?

Revenons aux auteurs de l’étude de l’INSPQ. En plus Gaston De Serres, on trouve Nicholas Brousseau, Chantal Sauvageau et Marc Brisson parmi les chercheurs du CIRN. Ce sont 4/15 (27 %) des auteurs de cette étude qui pourraient être compromis par des relations avec Pfizer. Yossi Febriani est employé dans l’équipe de Gaston De Serres, et il est vraisemblable qu’il ne contredira pas le chercheur qui l’embauche sur quelque chose d’aussi houleux que l’efficacité des vaccins. Même chose pour Mélanie Drolet, qui fait partie de l’équipe de recherche Marc Brisson et qui, étant associée de recherche senior, n’a vraisemblablement par une position stable et dépend du chercheur principal qui l’embauche. Cela fait donc 6/15 (40 %) des auteurs possiblement compromis par des liens directs ou indirects avec Pfizer. Poursuivons. Philippe De Wals, même s’il n’apparaît pas dans la liste des chercheurs du CIRN, participe actuellement à des études post-commercialisation sur les vaccins contre la COVID-19 réalisées par le CIRN. Geneviève Deceuninck étant une de ses employés, nous voici donc à 8/15 (53 %) des auteurs potentiellement compromis par des liens directs ou indirects de partenariat avec l’industrie pharmaceutique. Est-il raisonnable de prendre pour argent comptant les données qu’on nous présente dans cette étude de l’INSPQ ?

Procédons maintenant en sens inverse, pour voir si nous trouverions pas, parmi les chercheurs du CIRN, d’autres experts qui cherchent à convaincre les Québécois de se faire vacciner et qui interviennent dans les médias.

Ève Dubé, anthropologue de la santé, se trouve justement sur cette liste. On y apprend en plus, dans son profil de chercheuse au CIRN, qu’elle s’intéresse à l’hésitation vaccinale et qu’elle a été membre d’un groupe de travail de l’OMS sur ce sujet. Sa présence comme chercheuse à l’INSPQ et au CIRN, lié à Pfizer, sert parfaitement les intérêts de l’industrie pharmaceutique qui empoche des sommes faramineuses depuis le début de la campagne de vaccination massive dans presque tous les pays occidentaux. Puisque son domaine d’expertise ne lui permet pas d’être une autorité capable de convaincre de l’efficacité et de l’innocuité des vaccins, elle s’attaque plutôt au problème de l’hésitation vaccinale, ou au refus ferme de se faire vacciner, qu’elle explique notamment, dans ses interventions médiatiques, par un faible niveau de scolarité et par l’influence des réseaux sociaux et des théories complotistes qui y circuleraient (par opposition aux médias traditionnels qui se règlent sur la position gouvernementale et qui nous diraient la vérité). Comme elle ne daigne pas entrer dans la controverse et prétend la regarder du haut de sa science anthropologique objective, l’idée ne lui vient pas que ceux qui ne veulent pas être vaccinés puissent avoir de bonnes raisons de douter de l’efficacité et de l’innocuité, par exemple le manque de transparence du gouvernement quant aux données sur les effets secondaires des vaccins et les relations directes ou indirectes des experts autorisés avec l’industrie pharmaceutique, ce qui serait bien entendu du complotisme, même si le phénomène est documenté de longue date par des sociologues et des anthropologues. Il est vrai qu’elle dit qu’il est contre-productif d’insulter ceux qui adhèrent à des théories dites complotistes, ce qui fait d’elle une sorte de prêtresse qui dit qu’il ne faut pas insulter et persécuter les mécréants, mais qui ne s’en croit pas moins défenderesse d’une vérité indubitable par opposition aux mécréants, qu’il faut par charité sauver des erreurs funestes dont ils sont prisonniers.

Je m’arrête ici en faisant la liste des chercheurs québécois pour le CIRN, lesquels il faut garder à l’œil :

  1. Marc Dionne, Université Laval ;

  2. Caroline Quach, Université McGill ;

  3. Earl Rubin, McGill University ;

  4. Brian Ward, McGill University ;

  5. Alexandra de Pokomandy ;

  6. Jelena Djordjevic, McGill University ;

  7. Eduardo Franco, McGill University Health Centre ;

  8. Vladimir Gilca, Centre de recherche du CHU de Québec-Université Laval Institut national de santé publique du Québec ;

  9. Marie-Hélène, Institut national de santé publique du Québec, Centre de recherche du Centre hospitalier de l’Université de Montréal (CRCHUM) ;

  10. Guy Boivin, Université Laval ;

  11. Sylvie Trottier, Université Laval ;

  12. Louis Valiquette, Université Sherbrooke ;

  13. François Boucher, Université Laval ;

  14. Jean Philippe Drolet, CHU Laval ;

  15. Francisco Noya, McGill University ;

  16. Marie-Noëlle Primeau, Montreal Children’s Hospital ;

  17. Bruce Tapiéro, CHU Sainte-Justine ;

  18. Bouchra Serhir, l’Institut national de santé publique du Québec ;

  19. Cécile Tremblay, Université de Montréal ;

  20. Arnaud Gagneur, Université de Sherbrooke ;

  21. Maryse Guay, Université de Sherbrooke ;

  22. Laurence Monnais, Université de Montréal ;

  23. Holly Witteman, Université Laval ;

  24. Michel Alary, Université Laval ;

  25. Philippe Lemieux-Mellouki, Université Laval.

S’il est peu probable que tous ces chercheurs aient été directement soudoyés par Pfizer, surtout sans que cela ne s’ébruite, il serait certainement mal venu pour eux de remettre en question publiquement la solution vaccinale prônée par le gouvernement et l’efficacité et la sécurité quand on fait partie du CIRN, financé par le gouvernement canadien et quelques sociétés pharmaceutiques, dont Pfizer. Un tel acte serait perçu comme une trahison, et on risquerait d’être exclu de ce prestigieux réseau de chercheurs. Assurément ce serait très mauvais pour la carrière du renégat, qu’on ne pourrait plus considérer comme digne de confiance. Les organismes subventionnaires et l’industrie pharmaceutique hésiteraient certainement à financer les recherches auxquelles il participerait par la suite, ce qui pourrait inciter les autres chercheurs à ne pas faire de lui un collaborateur, lesquels craindraient d’ailleurs de se faire faire le « même coup » par lui. Les journalistes des médias traditionnels pourraient entreprendre une campagne de dénigrement contre lui et son employeur ou son ordre professionnel pourrait lui infliger des sanctions disciplinaires, puisqu’il exprimerait publiquement des opinions contraires à la « Science » et dangereuses pour la population, par exemple en renforçant l’hésitation vaccinale et en diminuant l’adhésion aux mesures dites sanitaires. Ce qui montre que quand les chercheurs ne disposent pas d’une indépendance suffisante et quand un milieu de recherche est par conséquent pourri, il est possible d’être corrompu – pour un médecin ou un scientifique, ça veut dire faire passer sa carrière et son confort avant la santé de la population et la vérité – sans avoir été soudoyé, par carriérisme, conformisme ou pusillanimité.

À ceux qui trouveraient que j’en fais trop en appelant à la méfiance à l’égard des médecins et des scientifiques qui ont des contacts directs ou indirects avec l’industrie pharmaceutique, je réponds que je ne fais qu’appliquer le principe de précaution tant invoqué depuis le début de la crise dite sanitaire. Alors qu’on fait un traçage méticuleux des cas contacts pour les personnes qui ont reçu un test positif, alors qu’on leur demande de se mettre en isolement préventif même s’ils n’ont pas de symptômes, pourquoi ferait-on preuve de moins de prudence quand il s’agit de corruption ? Assurément le milieu de la recherche scientifique et médicale est un milieu à haut risque de corruption et de propagation communautaire de ce fléau. Et comme il n’y a pas de tests de dépistage pour la corruption, et pas de traitements et de vaccins contre elle, la prudence est encore plus de mise dans ce cas-ci que pour le virus.