Procédés de science-fiction (1) : le cas de la COVID-19

Entrée en matière

Il existe plusieurs formes de cette littérature que nous appelons science-fiction, dont certaines ont des prétentions au réalisme, alors que d’autres se projettent résolument dans l’imaginaire, en allant jusqu’à imaginer des êtres vivants, des technologies, des mondes et des lois naturelles très différents que ceux que nous connaissons ou croyons connaître grâce à la science. Certains créateurs vont même jusqu’à mêler des éléments fantastiques à leurs œuvres, par exemple des formes de magie (qui se combinent ou rivalisent avec la science et la technologie) ou de nouvelles capacités humaines (télépathie, télékinésie et perceptions extrasensorielles). Même dans la science-fiction plus réaliste, il y a transformation de ce que sont les êtres humains, de l’environnement dans lequel ils vivent, des machines et des technologies qu’ils utilisent, et des lois naturelles découvertes grâce à la science ; mais les auteurs s’efforcent alors de ne pas trop s’éloigner des prolongements que nous sommes capables d’envisager, et se soucient de la cohérence des mondes qu’ils inventent et des récits qu’ils racontent, afin de produire un effet de vraisemblance.

Ce recours à l’invention imaginaire dans la science-fiction n’est pas problématique et nuisible aussi longtemps que les auteurs reconnaissent ouvertement qu’ils font de la fiction (il serait difficile de ne pas le faire), et que leurs lecteurs ne s’illusionnent pas à ce sujet, tout en étant attentifs aux effets que cette fiction produit sur eux (ce qui est déjà plus difficile). La même remarque peut être faite pour les réalisateurs de films et de séries télévisées de science-fiction et leur audience. Car il peut certainement arriver que des œuvres de science-fiction, quand elles ont un large public, préparent ce dernier à l’utilisation de nouvelles technologies et à d’importantes transformations sociales et politiques. Ce n’est pas parce que ces fictions feraient une description réaliste des progrès scientifiques et technologiques en cours et à venir, ainsi que des changements sociaux et politiques qui sont en train de se produire ou qui devraient immanquablement se produire. C’est plutôt à cause de la capacité des divertissements de masse à façonner les idées, les sentiments et les valeurs d’audiences constituées de millions ou de milliards de personnes, lesquels sont une partie importante de ce que nous sommes et de la réalité dans laquelle nous vivons. La science-fiction de masse, comme la fiction de masse de manière plus générale, produit donc des effets bien réels, souvent à l’insu des personnes concernées, puisqu’elle n’exerce pas l’esprit critique et le neutralise même, notamment en prétendant agir seulement dans le domaine de l’imagination, qui serait isolé de la réalité et où le raisonnement et la critique n’auraient pas leur place. Qui aurait essayé de soumettre à un examen critique rigoureux des productions de science-fiction apocalyptiques des dernières décennies portant sur des « pandémies », sur des guerres nucléaires dévastatrices, sur l’épuisement des ressources naturelles et la pollution et sur des catastrophes naturelles et climatiques, de même que sur les effets qu’elles ont sur les foules, serait passé pour un hurluberlu aux yeux de ces dernières, qui pensent que ces divertissements servent seulement à les amuser, à les distraire et à leur permettre de s’évader de la réalité après de longues heures passées au travail.

Regardons maintenant de l’autre côté de la médaille, c’est-à-dire du côté des dirigeants politiques, des bureaucrates, des experts et des journalistes dont les discours et les idées seraient profondément ancrés dans la réalité et qui ne feraient pas de la fiction. Ces personnages très respectables travailleraient fort et s’occuperaient seulement de choses sérieuses. Ils suivraient la science ; et l’imagination, selon eux, serait et devrait être reléguée au secteur du divertissement. D’emblée, il est exclu qu’ils pratiquent – volontairement ou à leur insu – une forme de fiction, par exemple la science-fiction. Ce serait leur faire un grave affront que d’affirmer le contraire, ou d’examiner seulement cette possibilité. Certains y verraient même une sorte de crime qui consisterait à miner la foi du public en la science et les autorités politiques et bureaucratiques dont notre salut collectif dépendrait. Au contraire, ce qui représente un danger pour nous, c’est le présupposé selon lequel toutes ces personnes puissantes ou influentes qui se revendiquent de la science ne feraient pas de fiction. Comment soumettre à la critique des fictions qui ne devraient pas exister, et évaluer leurs effets dans la réalité ? Comment nous assurer qu’elles n’existent pas, comme le prétendent ces éminents personnages, et qu’elles n’ont pas sur nous, individuellement et collectivement, des effets nocifs, sans faire cet examen critique ? Penser et affirmer que cela est possible, loin d’être un signe de réalisme scientifique, montre en fait qu’on est disposé à se laisser entraîner par des fictions fantastiques et scientistes, selon lesquelles la séparation complète entre la réalité et la fiction, et entre la raison et l’imagination, est facile à réaliser, et qu’elle est déjà réalisée dans la pratique des experts, des dirigeants politiques, des bureaucrates et des journalistes, et aussi dans l’organisation de notre société. Pourtant, rien n’est moins certain. Faute d’un examen critique rigoureux portant sur la présence de fictions dans les idées, les discours et les actes des personnes prétendument réalistes qui nous dirigent et organisent notre société en s’appuyant supposément sur la science, ces fictions ne sont pas reconnues pour ce qu’elles sont et peuvent avoir sournoisement des effets nuisibles sur nous. À l’inverse, cet examen critique devrait permettre de repérer ces fictions, de juger de leurs effets sur nous, et de concevoir des moyens de les extirper de la science et des modes de gouvernance qui disent s’appuyer sur elle, ou encore de mieux les contrôler ou de les modifier en connaissance de cause, s’il n’est pas possible, raisonnable ou souhaitable, aussi bien en science qu’en politique, de séparer complètement la raison et l’imagination, étant donné qu’elles constituent toutes les deux des parties importantes de la nature humaine, dont il nous faut tenir compte pour être réalistes.

 

Le cas de la COVID-19

Pour ne pas faire nous-mêmes de la science-fiction sur le recours à la science-fiction par les experts en santé publique, il est nécessaire de nous intéresser à un cas particulier. Autrement, nous tracerions les grandes lignes de cette pratique en décollant de la réalité, et nous poserions des postulats auxquels la réalité devrait se conformer. La narration qui entoure la « pandémie » qu’on a déclarée en mars 2020, et qui ne semble jamais devoir finir, même après la fin de l’état d’urgence sanitaire, me paraît être un excellent exemple de science-fiction dans le domaine de la santé, mais aussi dans celui des affaires publiques. Ce qui caractérise cette « pandémie » tout à fait exceptionnelle, c’est le fait que les fictions aux allures scientifiques se substituent à la réalité. Un peu comme si un auteur de romans de science-fiction à succès en venait à croire, ou à vouloir faire croire à ses lecteurs, que les histoires qu’il raconte constituent ce qu’est la vérité, et donc ce à partir de quoi il faut interpréter les événements qui se produisent, prévoir les événements à venir et juger de leur véracité.

 

Les modèles mathématiques comme substitut de la réalité

Ce qui a motivé la déclaration de l’état d’urgence dans les pays occidentaux et l’adoption de politiques de confinement au printemps 2020, ce sont des modèles mathématiques très alarmistes qui annonçaient une véritable hécatombe si les gouvernements n’assignaient pas à domicile la quasi-totalité de la population, et même si ces derniers le faisaient. Nous devions nous attendre à une pandémie d’une gravité comparable à celle de grippe espagnole, qui a eu lieu il y a un siècle. De tels modèles, nullement fondés sur l’observation d’une « pandémie » qu’on disait être, a priori, presque unique en son genre, et qui en était encore à ses débuts, ces modèles, dis-je, étaient strictement spéculatifs et tenaient plus de la prophétie que de la science.

Malgré les descriptions catastrophiques faites dans les médias, beaucoup d’entre nous ne connaissent personne qui est mort de la COVID-19, ou qui en est tombé gravement malade. Nous n’avons pas non plus vu des cadavres étendus dans les rues ou des familles entières mourir dans les maisons et dans les appartements, comme nous aurions dû nous y attendre d’une telle pandémie. Dans plusieurs pays occidentaux, le nombre de décès toutes causes confondues n’a pas, depuis l’apparition du méchant virus, connu une hausse assez importante pour être compatible avec tous les décès qu’on attribue au virus, alors que des experts à la solde des autorités politiques sanitaires affirment pourtant que le nombre de décès dus au virus serait sous-estimé. Hélas ! la réalité ne réussit pas à démentir si facilement cette fiction mathématique, que leurs concepteurs et leurs adhérents pourront défendre en prétendant que, malgré tout, les décès annoncés par les modèles mathématiques se seraient sans doute produits sans les confinements, ce qui devrait montrer que ces derniers ont été efficaces, puisque les modèles mathématiques, eux, seraient incontestablement vrais. Ce drôle d’argument revient à essayer de justifier une fiction mathématique aux allures scientifiques, démentie par des observations réelles, en invoquant une réalité qui aurait pu se produire si les gouvernements occidentaux ne nous avaient pas confinés, et qu’on ne peut par conséquent pas observée. Quant au fait de comparer la mortalité dans différents pays selon l’intégralité et la durée des confinements, ou l’absence de confinement, en tenant compte des particularités sociales et économiques, les concepteurs et les adhérents des modèles mathématiques s’en gardent bien. Il leur suffit de monter en épingle les cas qui sont ou semblent conformes à ces fictions qui sont pour eux l’étalon de la vérité ; et d’ignorer les cas dont ces fictions ne peuvent pas s’accommoder et, quand cela n’est pas possible, d’affirmer gratuitement que le nombre de décès dus au virus est forcément sous-estimé ou dissimulé par les autorités politiques et sanitaires négligentes ou méchantes qui n’ont pas voulu imposer des confinements.

Le monde fictif dans lequel vivent ces modélisateurs déments, et dans lequel ils aimeraient nous faire vivre, a donc ceci de caractéristique : quand leurs inventions imaginaires et la réalité ne s’accordent pas, c’est cette dernière qui a tort et qui doit être réinterprétée ou trafiquée pour être compatible avec ces inventions et s’inscrire dans le récit selon lequel les confinements auraient sauvé des millions de vies. De manière fort semblable à ce que font les auteurs de science-fiction, les concepteurs des modèles mathématiques, leurs adhérents et les autorités qui les instrumentalisent font comme s’ils pouvaient façonner la réalité à leur gré. Ou encore ils croient ou veulent faire croire qu’ils disposent de capacités supérieures que nous, vulgaires profanes et êtres humains ordinaires et inférieurs, n’avons pas, et qui leur permettraient de connaître avec certitude ce qui aurait pu arriver ou ce qui arrive vraiment malgré les apparences trompeuses.

 

Nouvelle définition de la « pandémie » et nouvelle conception de la « maladie »

Depuis l’arrivée du virus, les spécialistes de la santé publique ont mis en application à grande échelle une nouvelle définition de la « pandémie » élaborée il y a environ une décennie, et une nouvelle conception de la « maladie » qui permet de façonner encore plus nos représentations et le monde dans lequel nous vivons.

Dans le nouveau monde qui résulte de ces modifications conceptuelles, une « pandémie » est une maladie qui se propage au-delà des frontières nationales, quelle que soit sa gravité. Et pour être « malade » dans ce nouveau monde, il n’est pas nécessaire d’avoir des symptômes de la maladie en question. Il suffit d’être déclaré porteur du virus pour être considéré comme un cas de COVID-19, même en l’absence de symptômes. On peut donc être déclaré atteint de la COVID-19, et être considéré comme un malade asymptomatique, ce qui est une contradiction flagrante dans les termes, la maladie consistant, avant cette petite révolution conceptuelle, au fait d’avoir des symptômes. Grâce à cette fiction médicale, on peut désormais être malade sans être malade. Qu’aurait-on pensé, il y a quelques années, d’une personne qui se serait dite atteinte de la grippe ou d’une pneumonie sans avoir de symptômes, et qui ne se serait pas présentée au travail sous prétexte de maladie ? Un employeur aurait-il accepté le motif de cette absence, et un médecin aurait-il accepté de signer un billet pour confirmer la maladie de la personne en question ? Pourtant, en s’appuyant sur cette fiction d’un virus radicalement nouveau qui rendrait malades les personnes asymptomatiques, nous comptons depuis 2020 des personnes bien-portantes comme des « cas » de COVID-19 – ce qui fait gonfler les statistiques dont sont friandes les autorités politiques et sanitaires et les journalistes, et ce qui donne aux modélisateurs du matériel à partir duquel élaborer leurs fictions et faire leurs prédictions ou, pour mieux dire, leurs prophéties apocalyptiques.

Cette fiction médicale va encore plus loin. Les personnes qui ont des symptômes qui s’apparentent à la COVID-19 doivent suivre les consignes, en vigueur à tel moment, qui s’appliquent aux personnes atteintes de la COVID-19 (au sens où elles sont déclarées porteuses du virus) même si elles obtiennent un résultat négatif après avoir passé un test de dépistage. Ces personnes doivent alors agir comme si elles étaient atteintes de la COVID-19, et les autres doivent les traiter comme telles, même si elles ne sont pas considérées comme des « cas » de COVID-19.

Enfin, il y a la fiction des « cas contacts » qui, même s’ils sont asymptomatiques et s’ils obtiennent un résultat négatif après un test de dépistage, ont été obligés pendant deux ans de suivre les consignes qui s’appliquaient aux personnes déclarées porteuses du virus (avec ou sans symptômes) et des personnes qui ont eu des symptômes semblables à ceux de la COVID-19 (avec un résultat de test négatif), sous prétexte de ralentir la propagation du virus et de protéger la santé des autres.

En cumulant ces fictions médicales, les spécialistes de la santé publique, les autorités politiques et sanitaires et les journalistes en sont venus à créer par la fiction un nouveau monde où les malades imaginaires sont plus nombreux que les véritables malades, où l’on ne prend pas en charge les derniers parce qu’on s’occupe des premiers, et où les bien-portants sont considérés comme des malades qui s’ignorent.

Malgré des périodes d’accalmie, cette fiction dépourvue de liens avec l’état de santé réel des personnes s’alimente elle-même et est susceptible de proliférer, en s’étendant à d’autres « maladies », anciennes ou nouvelles. À cause de cette fiction à l’apparence scientifique, c’est notre rapport à la santé et à la maladie qui est transformé en profondeur. Il en résulte des changements sociaux importants. Si cette fiction parvenait à s’imposer pour de bon, nous pourrions parler de l’entrer de notre civilisation dans une nouvelle ère où les « pandémies » se multiplieraient, existeraient simultanément, se prolongeraient sans sembler devoir finir un jour et, si jamais cela arrivait, menaceraient toujours de recommencer. La nouvelle normalité créée par cette fiction serait un « état de pandémie » perpétuel ou, dans le meilleur des cas, de préparation à d’éventuelles « pandémies » imaginaires, lesquelles ne manqueraient pas d’avoir des effets bien réels sur nos conditions d’existence et la survie de notre civilisation.

 

Les « décès COVID » et les « hospitalisations COVID »

Si le constat des décès laisse peu de place à l’interprétation ou à l’imagination (soit on est vivant, soit on est mort), la situation est très différente quand il s’agit d’établir la cause principale des décès. Cela devient encore plus marqué quand il est question de personnes très âgées et qui ont plusieurs problèmes de santé, comme c’est le cas des personnes dont les autorités politiques et sanitaires disent qu’elles sont mortes de la COVID-19. Pour la plupart, elles étaient sur le point d’atteindre l’espérance de vie, ou elles l’avaient déjà atteinte ou dépassée. Comme c’est normalement le cas quand on a plus de 80 ans, les conditions sous-jacentes se sont accumulées au fil des années. Si bien qu’on peut légitimement se demander si une personne de 84 ans, qui fait du diabète et de l’hypertension, qui a déjà fait un AVC et qui a un système immunitaire affaibli, est vraiment morte de la COVID, ou si cette maladie a seulement devancé de quelques mois un décès qui se serait produit plus tard à la suite d’une infection due à un autre virus ou à une bactérie. C’est une fiction très simplificatrice que de considérer que ces personnes âgées et déjà malades sont décédés à cause du virus, en faisant abstraction de leur état général de santé. C’est comme si on disait qu’un viaduc vieux de plusieurs décennies – le béton a des fissures, l’acier d’armature est rouillé, et il n’est pas possible de le réparer de manière satisfaisante – s’est effondré à cause des quelques voitures qui sont passées sur lui en même temps.

Malheureusement, le fait de considérer comme des « cas » de COVID des personnes qui n’ont pas de symptômes simplement parce qu’elles ont obtenu un résultat positif à la suite d’un test de dépistage (parfois passé après le décès), peut certainement inciter les médecins à participer à cette fiction de la mortalité COVID, surtout quand le patient a des symptômes qui s’apparentent à ceux de la COVID, mais qui pourraient aussi bien être causés par une autre maladie pour laquelle on n’a pas fait de test, par exemple une grippe ou une pneumonie.

Cette fiction devient encore plus apparente quand, comme au Canada, le nombre total de décès attribués à tort ou à raison à la COVID depuis 2020 est supérieur à la surmortalité toutes causes confondues pour la même période. Ce n’est pas pour rien que les autorités politiques et sanitaires parlent souvent de décès liés à la COVID-19, ou de « décès COVID », au lieu de décès causés par la COVID. Il n’en demeure pas moins vrai que, dans la fiction qu’on impose à la population, cela revient au même ; et que, dans la réalité, on essaie de justifier les mesures soi-disant sanitaires grâce à cette fiction dépourvue de rigueur.

Une fiction semblable concerne les hospitalisations liées à la COVID, qu’on a pendant presque deux ans présentées au Québec comme des hospitalisations causées par la COVID. Après avoir été la cible de critiques, les autorités politiques et sanitaires ont dû reconnaître qu’au moins la moitié des hospitalisations liées à la COVID n’étaient pas des hospitalisations pour la COVID, mais des hospitalisations avec la COVID (avec un résultat positif après un test de dépistage, à l’admission ou après). La fiction au nom de laquelle on considère comme des « cas » de COVID des personnes qui n’ont pas de symptômes et qui ne sont pas malades permet non seulement d’entretenir la fiction selon laquelle les hôpitaux seraient saturés par des malades de la COVID, mais aussi d’exercer des pressions supplémentaires sur les hôpitaux, puisque cette fiction exige qu’on prenne à peu près les mêmes précautions pour ces « cas » de COVID que pour les malades de la COVID. Dans la fiction qu’on impose à la population, cela revient au même. C’est pourquoi, dans les grands titres tapageurs des journaux, on continue de parler « d’hospitalisations COVID » sans faire de distinction.

Il en résulte une réalité où, conformément aux dernières fictions supposément scientifiques sur ce que c’est que d’être « malade », des patients hospitalisés occupent des lits en principe réservés pour une maladie qu’ils n’ont pas, contribuent à donner une impression d’engorgement du système hospitalier, augmentent la charge de travail des travailleurs de la santé, justifient le délestage dans le reste du réseau hospitalier appelé en renfort, et servent de prétexte pour imposer à toute la population des mesures soi-disant sanitaires afin de « sauver le réseau de santé de l’effondrement ».

 

L’efficacité des « vaccins »

Ce n’est pas une petite affaire que de concevoir et de mettre sur le marché des « vaccins » qui devraient servir à prévenir une maladie qui, le plus souvent, est imaginaire et à mettre fin ou à garder sous contrôle une « pandémie » qui est une fiction. S’il est vrai qu’il n’est pas nécessaire que ces « vaccins » soient efficaces étant donné la nature grandement fictive de la « maladie » et de la « pandémie », et que cela facilite le travail des scientifiques, il faut néanmoins donner l’impression qu’on a non seulement besoin d’eux, mais que notre salut collectif dépendrait d’eux.

C’est pourquoi il a été déclaré, dès l’apparition du virus, qu’il n’existait pas de traitements efficaces contre eux, et ce, sans recherches et expérimentations sérieuses. Les traitements élaborés et mis à l’essai, dès le printemps 2020, par des chercheurs et des médecins ont été déclarés péremptoirement inefficaces et même nocifs, malgré leur utilisation depuis des décennies pour traiter d’autres maladies. Les études faites à ce sujet ont eu pour principale fonction de confirmer ce que la fiction des « vaccins » en tant que sauveurs uniques avait affirmé une fois pour toutes. La réalité résistant bien entendu à cette fiction, il a fallu que les praticiens de la science-fiction administrent des traitements précoces à des malades ayant déjà développé des formes graves de la COVID-19 ou prescrivent des doses beaucoup trop fortes aux cobayes afin d’obtenir les résultats voulus par la fiction, à savoir que ces traitements concurrents n’étaient pas efficaces et pouvaient même être mortels.

C’est vraisemblablement aussi pourquoi, dès le printemps et l’été 2020, l’establishment scientifique et médical a commencé à nous vendre les « vaccins » déclarés unilatéralement efficaces (bien qu’encore au premier stade des essais cliniques) en nous annonçant une « deuxième vague » et en nous obligeant à porter un masque dans les lieux publics C’est pourquoi aussi, l’automne et l’hiver suivants, on nous a reconfinés, la fiction touchant les modèles mathématiques de propagation et les confinements servant d’appui pour la fiction de l’efficacité des « vaccins », dont nous aurions besoin pour un retour à la vie normale, même si on nous annonçait aussi déjà que ce ne serait pas la normalité d’avant le virus.

Les « vaccins » – nous ont déclaré les représentants des compagnies pharmaceutiques, les experts, les autorités politiques et sanitaires et les journalistes – offriraient une protection d’environ 95 % et étaient efficaces contre l’infection, la transmission et les complications. Les premières phases des études cliniques ayant été menées durant l’été et l’automne 2020, dans un « creux épidémique » où le virus circulait peu et où les gens étaient rarement malades à cause de lui, et avec des participants n’appartenant généralement pas aux groupes plus vulnérables, cette efficacité est une fiction qu’on peut rendre transparente en disant que les « vaccins » réduiraient de 95 % les chances d’être infectées dans des circonstances où le virus infecte peu de personnes et les rend rarement malades, pour des personnes généralement trop jeunes et trop en bonne santé pour être menacées sérieusement par le virus. Mais qu’importe ! Selon la fiction, les personnes vulnérables seraient certainement protégées par les « vaccins », et les personnes non vulnérables protégeraient aussi les personnes vulnérables en se faisant « vacciner » et en réduisant ainsi la propagation du virus.

Que la réalité prenne bien gare à elle si elle ose ne pas se conformer à cette fiction ! D’ailleurs, on allait bien trouver moyen de la faire taire ou de lui faire dire ce qu’on voulait, pour confirmer la fiction. Au Québec, les autorités politiques et sanitaires n’ont jamais rendu disponibles des données sur les décès attribués à la COVID, aussi bien sous la forme de jeux de données que de statistiques d’ensemble. Quant aux jeux de données sur les « cas » et les hospitalisations en fonction du statut vaccinal, il a fallu attendre plusieurs mois après le début de la campagne de « vaccination » pour qu’ils soient rendus publics, et le gouvernement a cessé de les alimenter, quand il est devenu évident que des personnes « vaccinées » relativement jeunes et en bonne santé étaient infectées, développaient des symptômes et infectaient leur entourage aussi souvent que les personnes non vaccinées, voire plus souvent.

Aux personnes qui ne se soucient pas des données, mais qui se sont mises à douter de l’efficacité des « vaccins » après avoir été infectées par le virus et avoir été malades malgré leurs deux doses ou leurs trois doses, on a pu maintenir la fiction de l’efficacité des « vaccins » en prétendant qu’elles auraient sans doute attrapé la COVID bien avant si elles n’avaient pas été « adéquatement vaccinées », et qu’elles auraient probablement eu des symptômes plus forts, avec un risque accru de graves séquelles et même de décès. Comme pour les projections catastrophistes faites par les modélisateurs, on s’efforce de justifier une fiction aux allures scientifiques démentie par l’expérience en faisant appel à des événements qui auraient pu se produire, mais qui n’ont pas pu se produire parce que ces personnes se sont faites « vaccinées ». Ce qui revient à invoquer une fiction pour étayer une autre fiction quand elle est démentie par la réalité.

La partie la plus absurde de cette fiction vaccinale, c’est de dire aux personnes « adéquatement vaccinées » qu’elles bénéficient d’une forte protection contre la COVID, tout en prétendant que les personnes « non adéquatement vaccinées » représenteraient un grave danger pour elles, afin d’isoler ces dernières de la société, de les empêcher de pratiquer leur profession, et de les contraindre à adhérer à la fiction vaccinale qu’on cherche à imposer comme la réalité ; tout en prétendant aussi que la protection conférée par les « vaccins » s’affaiblit après quelques mois, d’elle-même et aussi à cause des nouveaux variants qui ne cessent d’apparaître, et qu’il faut par conséquent recevoir une ou deux doses de rappel par année pour conserver cette protection.

Nous nous retrouvons donc avec une fiction vaccinale qu’il est possible de résumer comme suit : les « vaccins » seraient très efficaces et l’unique voie du salut même s’ils n’empêchent pas l’infection et la transmission, même s’ils n’empêchent pas de tomber malades (parfois gravement, au point d’en mourir), même s’ils ne protègent pas les personnes « adéquatement vaccinées » du virus que pourraient leur transmettre les personnes « non adéquatement vaccinées », et même s’il faut se faire injecter de manière récurrente de nouvelles doses pour que cette protection ne s’affaiblisse pas et pour rester protéger contre les nouveaux variants. Ce n’est pas seulement l’efficacité des « vaccins » qui est fictive. Les « vaccins » eux-mêmes sont une fiction, puisqu’ils ne font pas ce que les vaccins devraient faire pour être considérés comme des vaccins. En fait, ce ne sont probablement pas les seuls « vaccins » de cette espèce qui existent, et il est à craindre que d’autres fassent bientôt leur apparition, pour soigner des maladies fictives et contrôler des pandémies fictives.

Si elle parvient à s’imposer pour de bon après la période d’accalmie que nous connaissons depuis le printemps 2022 et qui prendra peut-être fin l’automne ou l’hiver prochain, cette fiction vaccinale pourrait très bien nous entraîner de manière durable dans un nouveau monde ou dans une nouvelle normalité qui semblera sortie d’un roman de science-fiction à l’atmosphère oppressante, et où notre statut vaccinal sera le fondement de nos droits et de nos obligations.


Je pourrais sans doute analyser d’autres aspects de la « gestion de la pandémie » où les experts et les autorités politiques et sanitaires pratiquent une certaine forme de science-fiction à laquelle la réalité devrait se conformer, et qui façonne aussi la réalité. Je pense toutefois que mes lecteurs ont déjà compris de quoi il s’agit, et seraient en mesure de faire ces analyses eux-mêmes. C’est pourquoi je ne veux pas m’attarder plus longuement au cas de la COVID-19, et que je me propose plutôt d’analyser, dans un billet à venir, les idées et les pratiques constitutives de la santé publique prise comme spécialité médicale et bureaucratique, afin de montrer qu’elles relèvent elles aussi de la science-fiction, et que le rôle de la science-fiction dans la « gestion de la pandémie » actuelle ne constitue pas un accident isolé, mais découle d’une conception irréaliste et même fantastique de la santé publique dont il nous faut craindre les débordements dans d’autres situations.

 

À suivre.