Problèmes de surpopulation et de dépopulation

« Les villes continues. 3.

Chaque année, dans mes voyages, je fais une halte à Procope et je prends logement dans la même chambre de la même auberge. Depuis la première fois, je m’arrête pour contempler le paysage qu’on voit en écartant les rideaux de la fenêtre : un fossé, un pont, un petit mur, un sorbier, un champ de maïs, un buisson avec des mûres, un poulailler, le dos d’une colline jaune, un nuage blanc, un morceau de ciel bleu, en forme de trapèze. Je suis certain que la première fois, on ne voyait personne ; ce n’est que l’année suivante qu’à un mouvement entre les feuilles, j’ai pu distinguer une face ronde et plate qui grignotait un épi de maïs. Un an après, ils étaient trois sur le petit mur, et à mon retour, j’en vis six, assis en file, les mains sur les genoux, avec quelques sorbes dans une assiette. Chaque année, à peine entré dans la chambre, je relevais le rideau et comptais quelques faces de plus : seize, y compris ceux qui se trouvaient au fond du fossé ; vingt-neuf, dont huit perchés dans le sorbier ; quarante-sept, sans compter ceux du poulailler. Ils se ressemblent, ils ont l’air gentil, ils ont des taches de rousseurs sur les joues, ils sourient, l’un ou l’autre avec la bouche pleine de mûres écrasées. Bientôt, j’ai vu le pont tout plein de ces hommes à la face ronde, accroupis parce qu’ils n’avaient plus de place pour remuer ; ils croquaient les grains de maïs puis rongeaient les trognons.

Ainsi, année après année, j’ai vu disparaître le fossé, l’arbre, le buisson, cachés par des haies de sourires tranquilles, entre les joues rondes mises en mouvement par la mastication des feuilles. On n’a pas idée comme, dans un espace aussi réduit que ce tout petit champ de maïs, il peut tenir de monde, surtout si les gens sont assis les bras enserrant les genoux, sans bouger. Il doit y en avoir beaucoup plus qu’il ne semble : le dos de la colline, je l’ai vu se couvrir d’une foule toujours plus dense ; mais depuis que ceux du pont ont pris l’habitude de s’asseoir sur les épaules les uns des autres, je ne peux plus voir aussi loin.

Cette année enfin, quand je lève le rideau, la fenêtre n’encadre plus que des faces : d’un angle à l’autre, à tous les niveaux, à toutes les distances, on voit des visages ronds, immobiles, très très plats, avec un soupçon de sourire, et entre, beaucoup de mains, qui se tiennent aux épaules de ceux qui sont devant. Même le ciel a disparu. Autant que je m’éloigne de la fenêtre.

Non que les mouvements me soient faciles. Dans ma chambre, nous sommes vingt-six à loger : pour mouvoir les pieds, je dois déranger ceux qui sont accroupis sur le parquet, je me fais de la place entre les genoux de ceux qui sont assis sur la commode et les coudes de ceux dont c’est le tour de s’appuyer sur le lit : très gentils, tous, heureusement. »

(Italo Calvino, Les villes invisibles, Les villes continues. 3.)




Scandale des effets présumés des « vaccins » sur la fertilité

L’une des choses qui scandalisent le plus les opposants à la « vaccination » contre la COVID-19, ce sont les effets possibles de ces injections sur la fertilité, chez les hommes et chez les femmes. Outre le fait que l’ARN messager et les protéines de pointe produites par l’organisme ne restent pas au site de l’injection, mais sont détectées plus tard dans les organes, notamment les gonades, pour y provoquer une réponse immunitaire, plusieurs femmes injectées ont déclaré d’importantes irrégularités de leur cycle menstruelle. Des scientifiques et des médecins s’inquiètent aussi des effets sur la capacité des enfants injectés à se reproduire plus tard. Nous ne pourrons pas savoir ce qu’il en est exactement avant quelques années ou même quelques décennies. Pour beaucoup d’opposants, surtout s’ils sont croyants et si la famille est pour eux une valeur primordiale, il s’agirait là d’un crime contre l’humanité. Mais ce qui scandalise encore plus de nombreux opposants, c’est que cela s’inscrirait dans un agenda de dépopulation planétaire défendu par les élites mondialistes et plus particulièrement par Bill Gates et par Klaus Schwab et ses suppôts, et auquel pourraient aussi contribuer les décès causés par les « vaccins » eux-mêmes. Évidemment, ces promoteurs de la « vaccination » de toute la planète et de la création d’un nouveau monde post-pandémique nient tout catégoriquement et affirment que c’est un grand délire complotiste.

Il ne s’agit pas ici d’établir ou de nier le bien fondé de ces soupçons ou de ces accusations, mais de voir quelles en sont les implications morales, politiques et économiques pour les opposants conservateurs, pour les élites mondialistes et pour l’ensemble de la population. C’est pourquoi je ferai, dans ce billet, comme si c’était vrai. Pour le bien de l’exercice, je vous demande d’en faire autant.

 

Implications pour les opposants conservateurs

Pour les opposants conservateurs, on ne badine pas avec le droit à la vie. Il ne s’agit pas seulement de défendre la vie des enfants et des adultes en bonne santé. Il faudrait aussi défendre le droit inaliénable à la vie des fœtus ou des enfants encore à naître, ainsi que celui des malades incurables et des vieillards en très mauvaise santé, fortement réduits dans leurs capacités physiques et intellectuelles, n’ayant plus ou presque plus d’autonomie, et étant devenus la chose du système hospitalier. Ainsi s’opposent-ils souvent au droit à l’avortement, au suicide assisté et à l’euthanasie. Les plus zélés d’entre eux, qui sont heureusement très rares, s’opposent même à l’utilisation des moyens de contraception, étant donné qu’il ne faudrait pas priver tel spermatozoïde et telle ovule du droit de devenir un être humain à la suite de la copulation et de la fécondation, bien que la même chose se produise quand on pratique plutôt l’abstinence sexuelle.

C’est en grande partie en raison de ce cadre moral que la réduction de la fertilité par les injections expérimentales et un possible agenda de dépopulation sont scandaleuses pour les opposants de tendance conservatrice, qui sont fortement représentés parmi les personnes qui critiquent et résistent aux mesures soi-disant sanitaires et aux politiques de « vaccination » de toute la population. Je ne crois pas me tromper en disant que la vie humaine, prise en elle-même ou à cause de ses origines divines, est sacrée pour eux. Toute atteinte à la vie sacrée est ou devrait être considérée comme un mal inadmissible et impardonnable, et devrait donc susciter la plus vive indignation chez tous ceux qui ne sont pas des méchants ou même des monstres inhumains. C’est pourquoi ils se disent souvent « pro-vie ».

En luttant contre le droit à l’avortement, le suicide assisté et l’euthanasie, ou en parvenant à les faire interdire, ces conservateurs montrent que le caractère sacré de la vie les dispense d’évaluer la valeur de la vie en fonction de ses conditions concrètes.

Que leur importe qu’un couple ou qu’une femme célibataire désire avoir recours à l’avortement parce qu’il ou elle ne dispose pas d’une assez bonne position sociale et économique pour donner la possibilité à l’enfant à naître de se réaliser en tant qu’être humain ou seulement de vivre décemment, sans connaître la pauvreté et la servitude ; parce que les obligations familiales lui sont rebutantes et qu’elles empoisonneraient sa vie et celle de l’enfant à naître ; parce qu’il ou elle a d’autres projets de vie incompatibles avec les obligations familiales et qui lui permettent, à son avis, de se réaliser davantage en tant qu’être humain ; parce qu’une maladie génétique a été détectée chez le fœtus, ce qui veut dire que l’enfant à naître serait gravement handicapé, ne serait pas en mesure de réaliser pleinement les possibilités humaines, et dépendrait de ses parents comme un enfant même à l’âge adulte, ce qui ferait de lui un fardeau pour eux, jusqu’à la fin de sa vie ou de la leur ; etc.

Qu’importe aussi à ces conservateurs qu’une personne qui a toute sa raison décide d’avoir recours au suicide assisté parce qu’elle est atteinte d’une maladie incurable et dégénérative qui aura tôt fait de la priver de son autonomie, de l’empêcher de faire tout ce qu’elle aime, de lui rendre difficile d’avoir une discussion même courte, et de faire d’elle un fardeau pour ses proches ; parce qu’elle a atteint un âge très avancé, voit ses capacités physiques et intellectuelles se dégrader rapidement, sent qu’elle n’est plus que l’ombre de ce qu’elle était, et refuse de passer le reste de sa vie enfermée dans un CHSLD et de se retrouver dans la situation dégradante consistant à dépendre du personnel soignant pour être nourrie, pour être tournée dans son lit, pour aller faire ses besoins, pour faire changer sa couche et pour être lavée ; etc.

Qu’importe enfin à ces conservateurs qu’une personne réclame, si jamais elle est grièvement blessée dans un accident de voiture et se retrouve dans un coma dont elle ne pourra probablement pas sortir (et pas sans séquelles cérébrales irréversibles qui la rendront gravement handicapée), qu’on ne s’acharne pas à la garder en vie et qu’on l’euthanasie plutôt.

Il semble donc que le slogan « Mon corps, mon choix. », utilisé par les opposants conservateurs à la « vaccination » sous contrainte, ne doive pas s’appliquer, assez arbitrairement, à l’avortement, au suicide assisté et à l’euthanasie. On voit donc que, pour ces personnes, le champ de l’application de la liberté de choix qu’elles revendiquent quant aux actes médicaux se réduit pour l’essentiel au droit de refuser, de manière libre et éclairée, les injections expérimentales, mais ne saurait inclure le choix libre et éclairé de se faire avorter, d’avoir recours au suicide assisté et de se faire euthanasier. Voilà un cas exemplaire de géométrie variable, qu’il ne faut pas relever pour nier le droit des opposants de ne pas être forcés à recevoir les injections expérimentales, mais plutôt pour les inciter à revoir leurs idées sur le droit à l’avortement, au suicide assisté et à l’euthanasie.

On l’aura vu, ces conservateurs ont plus de choses en commun qu’ils ne le croient avec toutes ces personnes (au centre, à gauche, à droite ou sans positionnement politique bien clair) qui considèrent que la vie est sacrée au point de trouver qu’il est scandaleux de mourir d’un virus respiratoire quand on a 84 ans et plusieurs problèmes de santé, et qui pour cette raison ont soutenu et, au besoin, pourraient continuer de soutenir l’imposition à toute la population d’une politique de confinement et de mesures sanitaires qui l’empêchent de vivre de manière agréable ou simplement décente, qui réduisent temporairement l’existence aux besoins vitaux les plus rudimentaires, qui détruisent l’économie dont dépendent nos conditions de vie et qui, si elles deviennent récurrentes, limitent considérablement nos possibilités de vie. À l’inverse, les fidèles de la politique de confinement et des mesures soi-disant sanitaires, sous prétexte de protéger coûte que coûte la vie des personnes très âgées et très vulnérables qui auraient une valeur inaliénable et égale à celle des personnes plus jeunes et bien portantes, ont beaucoup plus en commun qu’ils ne l’imaginent avec les opposants conservateurs qui tendent souvent à s’opposer à l’avortement, au suicide assisté et à l’euthanasie, sous prétexte que la vie des fœtus, des enfants à naître et des vieillards prisonniers des CHSLD est sacrée comme n’importe quelle autre vie humaine. C’est qu’il ne suffit pas, pour nous émanciper de la morale chrétienne qui imprègne notre civilisation, de nous dire et de nous croire athées, agnostiques, non pratiquants ou progressistes.

Revenons maintenant aux problèmes que posent la surpopulation et les moyens susceptibles d’être utilisés pour remédier à la situation. En raison de la sacralisation de la vie humaine, de nombreux opposants conservateurs considèrent comme un droit inaliénable et même un devoir le fait d’avoir des enfants. À leurs yeux, une politique nationale ou internationale ayant pour but de ralentir l’augmentation de la population humaine d’un pays ou de la planète, ou de la réduire, serait proprement scandaleuse, qu’il s’agisse d’empêcher les couples d’avoir autant d’enfants qu’ils le voudraient, ou de contrôler la natalité grâce à des technologies. De telles pratiques seraient non seulement sacrilèges, mais elles seraient aussi la principale caractéristique du totalitarisme tel qu’ils le conçoivent, car il ne saurait y avoir plus grave ingérence des gouvernements et des organisations internationales dans la vie des individus que la réglementation ou le contrôle de la reproduction des êtres humains. Dans cette perspective, il est très difficile d’examiner et d’évaluer les effets nuisibles de la surpopulation sur l’environnement et sur les êtres humains, et encore plus de discuter des moyens qui pourraient être pris pour empêcher l’accroissement de la population ou pour la réduire. Ceux qui croient que la reproduction humaine est sacrée et bonne ont tendance à en déduire que les effets de cette reproduction sont forcément bons, à en sous-estimer les effets nuisibles, ou à supposer que ces effets nuisibles sont bien moindres que les effets bénéfiques de la reproduction humaine non contrôlée ou que les effets nécessairement néfastes de la réglementation ou du contrôle de reproduction. Certains vont même jusqu’à voir des misanthropes dans ceux qui désirent prendre en considération les effets néfastes de l’augmentation incontrôlée de la population mondiale, puisque ceux qui aiment les êtres humains devraient vouloir qu’il y en ait le plus possible. C’est pourquoi ils se font les défenseurs de politiques natalistes et, puisque cela est alors conforme à leurs valeurs, ils réclament que les gouvernements prennent des mesures pour inciter les jeunes adultes à avoir des enfants, à en avoir davantage et à valoriser la famille, qui serait le fondement ultime de la vie en société et même de notre humanité.

Il est donc difficile, dans ce contexte, de discuter du rapport qu’il y a entre, d’un côté, l’augmentation de la population mondiale, et, de l’autre, la dégradation de l’environnement et de nos conditions de vie ; et aussi des politiques qu’il faudrait prendre pour atténuer ou arrêter cette dégradation. Abordons rapidement quelques cas, sans prétendre ici aller au fond des choses.

Il est difficile de nier l’existence d’un rapport entre la quantité de déchets produits et le nombre d’êtres humains, à moins qu’on impose à ces derniers des mesures d’austérité toujours plus sévères afin de leur permettre de se multiplier plus longtemps. Ce qui est enterré dans les sites d’enfouissement ne disparaît pas simplement et constituent une source importante de pollution des sols et de l’eau, susceptible d’affecter de plus en plus la santé et donc la vie des générations futures.

Il existe aussi un rapport entre la population mondiale, la nourriture nécessaire pour la nourrir et le nombre de terres cultivables nécessaires pour y parvenir. L’espace est limitée sur notre planète, tout comme la superficie des terres arables. Ce qui veut dire que si la population continue d’augmenter rapidement, il faut couper à blanc des forêts pour obtenir des terres où on pratiquera l’agriculture intensive, qui seront souvent surexploitées, et sur lesquelles on répandra de grandes quantités d’engrais chimiques et d’insecticides pour en augmenter la productivité et réduire les pertes. Ces produits chimiques et ces insecticides pollueront de plus en plus les sols et les nappes phréatiques, se retrouveront de plus dans notre nourriture et seront à l’origine de plus en plus de problèmes de santé. Des écosystèmes seront aussi détruits et notre planète pourrait devenir recouverte de villes densément peuplées et d’exploitations agricoles intensives. Les parcs naturels pourraient alors être considérés comme un luxe que l’humanité ne peut plus se permettre, et on pourrait envisager, à plus long terme, de grands projets d’ingénierie terrestre qui consisteraient à niveler progressivement la surface de la planète pour qu’elle devienne plus facilement exploitable.

Il y a aussi un rapport entre la population mondiale, le prix de la nourriture et les problèmes d’approvisionnement. Plus il y a d’êtres humains, plus la nourriture ou certains aliments sont susceptibles de devenir rares. Cela entraîne généralement une hausse des prix et réduit la marge de manœuvre quant à la satisfaction des besoins alimentaires de l’humanité. De mauvaises récoltes, une sécheresse qui touche une partie du monde, une guerre ou des sanctions économiques visant directement ou indirectement le secteur agroalimentaire ont alors plus de chances d’accroître la rareté des denrées alimentaires, d’entraîner une flambée des prix déjà trop élevés pour une partie de la population, de provoquer des pénuries et parfois de résulter en des famines. Plus la population mondiale et celle des différents pays augmentent, plus il est difficile pour chacun d’entre eux de devenir autonome quant à son alimentation (il est ou il semble alors avantageux de se concentrer sur la production intensive de certains aliments et d’importer le reste de l’étranger), et plus les êtres humains sont souvent exposés aux conséquences de ces problèmes et dans l’obligation de consacrer tous leurs efforts à la simple survie, ce qui les détourne d’autres possibilités humaines certainement plus intéressantes et agréables.

Enfin, plus la population mondiale augmente, plus il est difficile de satisfaire ses besoins énergétiques à l’aide des ressources limitées et réparties inégalement sur la planète, et plus il est difficile pour chaque pays de devenir autonome quant à ses besoins énergétiques. Au fur et à mesure que la population et les besoins énergiques augmentent, plus les conflits économiques et les guerres pour contrôler l’exploitation et le commerce de ces ressources deviennent fréquents et vitaux pour les États impliqués, et plus les êtres humains sont menacés par les graves conséquences de ces affrontements, qu’il s’agisse des horreurs de la guerre, d’une importante dégradation de la situation économique d’un pays privé de ressources énergétiques suffisantes, ou d’une flambée des prix de l’essence, du gaz naturel et de l’électricité qui rendent les salaires insuffisants.

Voici en quels termes il faut envisager les problèmes qui résultent de la surpopulation : considérons-nous comme sacré le droit de se reproduire sans restrictions, quels que soient les effets de la surpopulation sur les conditions de vie des générations à venir, ou jugeons-nous préférable de limiter ce droit pour assurer ou améliorer ces conditions de vie ? J’insiste sur le fait que quand je parle des conditions de vie, je ne pense pas seulement à la satisfaction des besoins les plus élémentaires, mais aussi aux modes et aux projets de vie qui sont possibles, et aux qualités esthétiques de l’environnement où devra vivre l’humanité. Voulons-nous, pour les générations futures, d’un monde où il serait non seulement encore plus difficile de vivre décemment, mais où les possibilités de vie se réduiraient de plus en plus à la stricte subsistance gouvernée par des règles de vie austères, et où la planète ne serait pas un endroit où il serait agréable de vivre, puisqu’elle serait de plus en plus divisée en trois types de zones : les zones d’habitation, toujours plus densément peuplées et où le prix des logements augmenteraient pour chaque nouvelle génération ; les zones d’exploitation agroalimentaire, dont les terres seraient des plus en plus surexploitées, polluées et même contaminées ; et les zones d’enfouissements de déchets de toutes sortes, qui seraient simplement perdues pour les êtres humains, sauf pour ceux qui en seraient réduits à y chercher ce dont ils auraient besoin pour survivre, avec les risques que cela poserait évidemment pour leur santé ?

Face à l’impossibilité de discuter de manière conséquente des graves problèmes qui résultent de la surpopulation avec une frange importante de la population occidentale et mondiale qui sacralise le droit de se reproduire, se pourrait-il que des individus et des organisations qui appartiennent aux élites mondialistes en viennent à se dire qu’il faut agir sans mettre les masses au courant, et qu’il faut plutôt les mettre devant le fait accompli, le tout au nom du salut de l’humanité, supposément ? Le problème, avec cette manière de faire, c’est que les moyens utilisés ne sont pas soumis à la critique dans le cadre d’un débat public, et qu’il faut par conséquent s’en remettre à l’infaillibilité et à la bienveillance de ceux qui s’arrogeraient le droit de décider de manière autoritaire de la destinée de l’espèce humaine. Il est à craindre qu’une élite mondialiste qui se croirait investie d’une telle mission se lance dans des projets délirants, et qu’elle se soucie presque exclusivement de ses intérêts, au détriment des nôtres et de ceux de nos descendants, puisqu’à ses yeux nous faisons partie d’une catégorie humaine inférieure ne devant pas disposer des mêmes droits et des mêmes libertés qu’elle.

 

Implications pour les élites mondialistes

Dans l’hypothèse où les élites mondialistes cherchent à diminuer les naissances grâce à l’injection de milliards de doses de « vaccins » expérimentaux qui réduirait la fécondité, il faudrait être particulièrement naïf pour croire qu’elles cherchent par là le bien de l’humanité, du moins certainement pas tel que nous pouvons le concevoir.

Comment leur faire confiance après des décennies d’exploitation au cours desquelles elles se sont enrichies à nos dépens, au cours desquelles les politiques économiques qu’elles ont promues auprès de nos gouvernements ou qu’elles leur ont imposées nous ont appauvris et nous ont assujettis, et au cours desquelles les grandes entreprises ont pollué impunément la planète sans se soucier des effets sur notre santé ?

Comment croire à une réforme morale de ces élites à l’occasion de la « pandémie », au cours de laquelle elles se sont enrichies démesurément grâce à la fermeture des petites et moyennes et à l’imposition du commerce en ligne dues aux confinements, et grâce à la mise en marché agressive des injections expérimentales ?

Comment croire qu’elles ont à cœur notre santé quand les politiques sanitaires qu’elles soutiennent nous ont forcé à adopter pendant deux années un mode de vie très malsain, et ont engorgé nos systèmes de santé en mobilisant leurs ressources pour une lutte absurde contre un virus assez inoffensif ?

Comment croire que ces élites se soucient de la protection de l’environnement alors que les mêmes politiques sanitaires ont imposé le port obligatoire du masque chirurgical à des centaines de millions de personnes et ont généré une quantité industrielle de déchets non biodégradables, et alors que les politiques guerrières qu’elles soutiennent impliquent l’envoi de cargaisons d’armes en Ukraine, dont la fabrication et l’utilisation sont très polluantes, mais dont le commerce est certainement très lucratif ?

Comment croire qu’elles cherchent à optimiser les ressources limitées dont nous disposons en fournissant une aide militaire qui ne changera pas l’issue de la guerre, et qui au contraire la fera durer et la rendra plus meurtrière et plus destructrice ?

Comment croire qu’elles se soucient du fait que les quantités de nourriture, de gaz naturel et de pétrole sont limitées étant donné la population mondiale, alors qu’elles adoptent contre la Russie des sanctions économiques qui entraînent des difficultés d’approvisionnement, des pénuries et une forte inflation qui réduisent notre pouvoir d’achat et notre niveau de vie, et qui pourraient provoquer un effondrement économique ?

Alors comment croire que, si elles cherchent à réduire la population mondiale grâce aux injections expérimentales ou autrement, c’est pour le bien des générations futures et de l’environnement ? Tout ça n’est qu’hypocrisie !

Pourquoi les élites mondialistes chercheraient-elles à stabiliser ou même à réduire la population mondiale ? Vraisemblablement parce qu’elles croiraient, à tort ou à raison, avoir de moins en moins besoin de nous comme travailleurs. Étant donné que le travail humain est de plus en plus remplacé par le travail plus performant des machines et des ordinateurs, ou que le travail humain devient de plus en plus productif grâce aux machines et aux ordinateurs, le nombre de travailleurs dont ces élites ont besoin pour faire marcher l’économie qui leur permet de vivre dans l’opulence diminue. Il s’agirait donc d’éliminer ou de réduire, en quelques générations, le gaspillage improductif des ressources utilisées ou les dépenses inutiles faites pour faire vivre des travailleurs dont on a de moins en moins besoin ou qui deviennent superflus, surtout dans les pays où ils bénéficient d’un certain confort, comme en Europe et en Amérique du Nord. Ces élites – qui se considèrent comme les possesseurs des ressources de la planète, y compris les ressources humaines – pourraient non seulement réaliser ces économies grâce à une réduction de la fertilité chez les masses laborieuses de plus en plus inutiles, mais aussi grâce à l’imposition de mesures d’austérité qui seraient justifiées par une crise économique, des « pandémies » ou par des impératifs écologiques, et qui s’appliqueraient seulement à la race de sous-hommes sur laquelle elles régneraient ou, à leur avis, règnent déjà. Ce serait pourquoi les sacrifices exigés de nous dans ces situations ne devraient en aucun cas s’appliquer à elles. Les élites mondialistes peuvent et doivent pouvoir continuer à s’en mettre plein les poches et à vivre alors que nous autres perdons nos emplois ou avons de la difficulté à joindre les deux bouts même en travaillant à temps plein. Elles peuvent et doivent pouvoir continuer à voyager et à organiser des fêtes alors que nous devons pour notre part pratiquer la distanciation sociale et réduire nos contacts au strict minimum. Elles peuvent et doivent pouvoir posséder une flotte de véhicules à essence, et se déplacer aux quatre coins de la planète pour habiter l’une de leurs nombreuses résidences ou pour participer à des forums internationaux sur les changements climatiques, la nouvelle économie verte et l’avenir de l’humanité, alors qu’on nous demande de nous débarrasser de notre voiture, d’aller au travail à pied ou à vélo, de chauffer moins notre logement et de manger moins de viande sous prétexte de faire des économies énergétiques et de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Si un tel projet de réduction de la population existait et était mené à terme par les élites mondialistes dans quelques décennies, il ne devrait rester des masses de sous-hommes que ce qu’il faut pour vaquer au système, pour servir de valets à ces élites, et pour amplifier leur sentiment de supériorité et de puissance par la comparaison avec l’avilissement de ces faire-valoir auxquels rien ou presque rien n’appartiendrait, auxquels on accorderait par magnanimité une petite allocation pour subvenir à leurs besoins les plus élémentaires, et qui ne représenteraient plus un danger pour les élites globalistes en raison de leur nombre beaucoup plus petit, de leur pauvreté, de leur impuissance, de leur dépendance et de leurs habitudes de servitude.

Bref, il ne s’agirait pas de réduire la population mondiale pour le bien des générations futures. Cela serait plutôt motivé par les intérêts, bien compris ou mal compris, des élites mondialistes désireuses de vivre comme des demi-dieux en faisant de nous des sous-hommes. Ce qui ne veut pas dire que les problèmes posés par la surpopulation n’existent pas, et qu’il faut s’opposer à ce projet hypothétique des élites mondialistes en défendant seulement le statu quo. Bien au contraire !

 

Implications pour les populations occidentales et les populations non occidentales

Toujours dans l’hypothèse de l’existence d’un grand projet de réduction de la population piloté par les élites mondialistes et réalisé à l’aide d’injections expérimentales, les populations occidentales semblent être dans la mire de ces élites. Malgré les beaux discours de l’Organisation mondiale de la santé, des sociétés pharmaceutiques et des gouvernements occidentaux sur l’importance de « vacciner toute la planète pour sortir de la pandémie » et le « partage des doses de vaccins », on s’est acharné à injecter deux doses, trois doses ou quatre doses aux populations européennes et nord-américaine, en négligeant d’autres populations, par exemple plusieurs populations africaines, qui représentent pourtant une partie importante de la population mondiale et qui sont en forte croissance. J’ai même l’impression qu’on utilise le fait qu’une partie importante de la population mondiale n’est pas vaccinée pour expliquer l’apparition de nouveaux variants très contagieux et exiger l’injection de nouvelles doses de « vaccin » aux populations occidentales. Voilà qui est très commode. Plusieurs gouvernements occidentaux ont déjà signé des contrats pour acheter d’autres doses de « vaccins » pour les années à venir et financent la construction d’usines de « vaccins » sur leur territoire pour être prêts à la prochaine « vague » ou à la prochaine « pandémie ».

Serait-ce que les intérêts économiques de l’industrie pharmaceutique l’emportent sur le projet de réduction de la population des élites mondialistes ? Ou serait-ce que les populations occidentales sont prioritaires étant donné leur niveau de vie plus élevé et la plus grande dépense inutile de ressources qu’elles représentent pour les élites mondialistes qui prétendent gérer la planète et les populations qui l’habitent comme leurs entreprises ? Je ne saurais dire.

Quoi qu’il en soit, si l’administration récurrente de doses de « vaccin » a bien pour effet ou objectif de diminuer la fertilité des personnes inoculées, de réduire de manière significative le taux de natalité, et même d’augmenter le taux de mortalité des jeunes adultes en âge d’avoir des enfants, le déséquilibre démographique des sociétés occidentales – causé par un faible taux de natalité et le vieillissement de la population – pourrait s’en trouver aggravé, à moins que les injections « liquident » des personnes plus âgées dans des proportions comparables ou supérieures. Nous pourrions assister à un véritable crash démographique dans quelques décennies, surtout si les confinements saisonniers entraient dans les mœurs, avec des effets durables sur les relations sociales et la situation économique capables d’entraîner une augmentation du nombre de célibataires chez les jeunes adultes et d’inciter ceux qui sont en couple et qui manquent de moyens de ne pas avoir d’enfants ou d’en avoir seulement un. Les aînés (c’est-à-dire nous qui avons maintenant 40 ans ou plus) devraient alors faire face à une importante réduction de leurs pensions de retraite, faute de travailleurs plus jeunes en assez grande quantité.

Quant aux populations non occidentales, disons les populations africaines, leur tour pourrait venir. De la même manière que cela a été fait pour d’autres campagnes de vaccination, leurs gouvernements pourraient faire l’acquisition de centaines de millions ou de milliards de doses de « vaccins » à moindre coût dans le cadre d’un programme « philanthropique » de l’OMS et de GAVI. Pour obtenir le consentement de ces populations, qui ont déjà eu de mauvaises expériences quant aux expérimentations médicales de l’industrie pharmaceutique occidentale, ces gouvernements pourraient avoir recours à des moyens semblables à ceux utilisés en Occident et, au besoin, aller jusqu’à la vaccination obligatoire ou forcée, le tout en fonction du caractère plus ou moins autoritaire des gouvernements en place. L’excédent de ces populations souvent en forte croissante pourrait aussi être déplacé dans les pays occidentaux, pour y être traité de la même manière que les populations auxquelles il s’intégrerait ! Quelle chance pour ces immigrants !

 

Ouverture

Sortons maintenant de cette fiction cauchemardesque dont nous ne savons pas quel rapport elle entretient avec la réalité. Le fait que plusieurs d’entre nous croient qu’il pourrait y avoir du vrai dans ce projet de dépopulation des élites mondialistes montre à quel point nous croyons que les grands malades mentaux ivres de pouvoir qui ont « géré la pandémie » sont capables de tout, et que nous aurions donc tort de nier les problèmes causés par la surpopulation et de leur laisser ainsi le champ libre. Ne nous laissons pas aveugler par un attachement superstitieux à la vie humaine, qui n’est pas sacrée et qui n’a de valeur qu’en fonction des conditions de vie concrètes et des possibilités de vie qu’elles permettent. Agir autrement, ce serait donner l’occasion à ces fous de nous traiter comme des animaux privés de raison qui ne comprennent pas qu’ils ne peuvent pas se multiplier indéfiniment, auxquels ils imposeraient une solution sans les consulter, laquelle servirait bien entendu les intérêts des élites mondialistes au détriment des leurs, à supposer que ce ne soit pas déjà fait. C’est pourquoi il est très important de discuter ouvertement des problèmes posés par la surpopulation et des solutions possibles à ces problèmes ; et même d’avoir un débat public à leur sujet. N’attendons pas d’être entassés les uns sur les autres, de crouler sous les ordures, d’avoir coupé toutes les forêts pour nous nourrir, et d’avoir irrémédiablement contaminé toutes les terres et tous les océans. N’attendons pas que les élites mondialistes essaient de nous imposer une nouvelle réalité cauchemardesque tout droit sortie de leurs cervelles détraquées, sous prétexte de résoudre les problèmes de l’humanité et même de la sauver. Ne l’oublions pas : de tels sauveurs sont pires que la peste.


« La ville de Léonie se refait elle-même tous les jours : chaque matin la population se réveille dans des draps frais, elle se lave avec des savonnettes tout juste sorties de leur emballage, elle passe des peignoirs flambants neufs, elle prend dans le réfrigérateur le plus perfectionné des boîtes de conserves inentamées, écoutant les dernières rengaines avec un poste dernier modèle.

Sur les trottoirs, enfermés dans des sacs de plastique bien propres, les restes de la Léonie de la veille attendent le camion poubelle. Non seulement les tubes de dentifrice aplatis, les ampoules mortes, les journaux, les récipients, les matériaux d’emballage, mais aussi les chauffe-eau, les encyclopédies, les pianos, les services de porcelaine : plutôt qu’aux choses qui chaque jour sont fabriquées, mises en vente et achetées, l’opulence de Léonie se mesure à celles qui chaque jour sont mises au rebut pour faire place à de nouvelles. Au point qu’on se demande si la véritable passion de Léonie est vraiment, comme ils disent, le plaisir des choses neuves et différentes, ou si ce n’est pas plutôt l’expulsion, l’éloignement, la séparation d’avec une impureté récurrente. Il est certain que les éboueurs sont reçus comme des anges, et leur mission qui consiste à enlever les restes de l’existence de la veille est entourée de respect silencieux, comme un rite qui inspire la dévotion, ou peut-être simplement que personne ne veut plus penser à rien de ce qui a été mis au rebut.

Où les éboueurs portent chaque jour leurs chargements, personne ne se le demande : hors de la ville, c’est sûr ; mais chaque année la ville grandit, et les immondices doivent reculer encore ; l’importance de la production augmente et les tas s’en élèvent, se stratifient, se déploient sur un périmètre plus vaste. Ajoute à cela que plus l’industrie de Léonie excelle à fabriquer de nouveaux matériaux, plus les ordures améliorent leur substance, résistent au temps, aux intempéries, aux fermentations et aux combustions. C’est une forteresse de résidus indestructibles qui entoure Léonie, la domine de tous côtés, tel un théâtre de montagnes.

Voici maintenant le résultat : plus Léonie expulse de marchandises, plus elle en accumule ; les écailles de son passé se soudent ensemble et font une cuirasse qu’on ne peut plus enlever ; en se renouvelant chaque jour, la ville se conserve toute dans cette seule forme définitive : celle des ordures de la veille, qui s’entassent sur les ordures des jours d’avant et de tous les jours, années, lustres de son passé.

Le déjet de Léonie envahirait peu à peu le monde, si sur la décharge sans fin ne pressait, au-delà de sa dernière crête, celle des autres villes, qui elles aussi rejettent loin d’elles-mêmes des montagnes de déchets. Peut-être le monde entier, au-delà des frontières de Léonie, est-il couvert de cratères d’ordures, chacun avec au centre une métropole en éruption ininterrompue. Les frontières entre villes étrangères ou ennemies sont ainsi des bastions infects et les détritus de l’une et de l’autre se soutiennent réciproquement, se menacent et se mélangent.

Plus l’altitude grandit, plus pèse le danger d’éboulement : il suffit qu’une boîte de conserve, un vieux pneu, une fiasque dépaillée roule du côté de Léonie, et une avalanche de chaussures dépareillées, de calendriers d’années passées, de fleurs desséchées submergera la ville sous son propre passé qu’elle tentait en vain de repousser, mêlé à celui des villes limitrophes, enfin nettoyées : un cataclysme nivellera la sordide chaîne de montagnes, effacera toute trace de la métropole sans cesse habillée de neuf.

Déjà des villes sont prêtes dans le voisinage avec leurs rouleaux compresseurs pour aplanir le sol, s’étendre sur le nouveau territoire, s’agrandir elles-mêmes, rejeter plus loin de nouvelles ordures. »

(Italo Calvino, Les villes invisibles, Les villes continues. 1.)