Principes pour une rénovation de la santé publique - Introduction

(Table des matières)

Il ne faut pas être grand clerc pour savoir que la santé publique se porte très mal. Il suffit de voir presque tous les chercheurs, tous les professeurs et tous les bureaucrates qui œuvrent dans le domaine nous chanter la même chanson pour nous dire qu’il y a quelque chose qui cloche. Et quelle chanson ! Il nous faut suivre sans brocher les consignes de la Santé publique – élaborées à partir de leurs recommandations et s’appuyant sur les études que les autorités leur commandent – pour ne pas chopper une maladie dont nous pourrions être atteints sans avoir de symptômes et ne pas succomber individuellement et collectivement à cet ennemi invisible, féroce et diabolique que serait le Virus. Voilà presque un an que la population québécoise vit selon les diktats des experts patentés en santé publique et nous pouvons nous demander comment nous pourrons sortir un jour de cette « crise sanitaire » qui est en train de devenir la nouvelle réalité, si ce n’est par notre effondrement économique et social. Même quand la situation s’améliore, il ne faut pas nous relâcher : il y a les variants et la menace d’une troisième vague qu’ils pourraient provoquer ; il y a les déplacements non recommandés pendant la semaine de relâche ; il y aura le congé de Pâques et les vacances estivales, qui feront craindre aux « experts » des rassemblements illégaux et la propagation du Virus ; et tant d’autres raisons pour justifier la prolongation des mesures, même quand les indicateurs épidémiologiques s’améliorent ou sont très bons même d’après les statistiques officielles. Comment nous en étonner, puisque l’influence et la puissance que détiennent ces « experts », ainsi que le financement qu’ils obtiennent, dépendent justement de la « crise sanitaire » ? Et il y a le copinage vraisemblable de ces « experts » avec l’industrie pharmaceutique qui profite de cette « crise » pour s’enrichir en vendant des « vaccins », des tests de dépistage et de l’équipement de protection.

Voilà qui est une affirmation complotiste, diront certains. Ceux qui brandissent cette épithète disqualificatoire en sont-ils rendus à un tel degré de bêtise qu’ils en sont venus à croire que la corruption n’existe que dans les inventions délirantes de quelques illuminés paranoïaques ? Pourquoi la corruption existerait-elle moins dans l’industrie de la santé, très lucrative, que dans celle de la construction ? Pourquoi les « experts » en santé publique seraient-ils plus intègres que les ingénieurs civils, d’autant plus qu’ils peuvent cacher leurs magouilles grâce à l’image de bons-docteurs-qui-veulent-protéger-la-santé-de-la-population qu’ils entretiennent avec l’aide des journalistes, et ainsi se mettre à l’abri des soupçons et obtenir l’impunité, quand ce n’est pas des louanges ? Nous faut-il attendre que nos journalistes – qui adhèrent presque toujours au narratif officiel de la « crise sanitaire », qui abondent dans le même sens que nos autorités politiques et sanitaires et qui font la promotion des produits mis en marché par l’industrie pharmaceutique – dénoncent la corruption dans l’industrie de la santé, et que notre gouvernement ordonne la création d’une commission d’enquête indépendante sur cette forme de corruption – alors que plusieurs de ses membres pourraient être impliqués –, pour que nous commencions enfin à penser en tenant compte de l’existence probable de cette forme de corruption ? Aussi bien dire que cela n’arriverait jamais, ou qu’il serait trop tard quand cela arriverait, le mal étant alors déjà fait.

Je précise qu’il ne s’agit pas ici de faire un procès, sur la base de présomptions, à tel grand personnage de la santé publique et à ses acolytes. Je ne dispose pas des preuves nécessaires et je ne vois pas comment je pourrais disposer d’elles. Ce n’est d’ailleurs pas ce qui m’intéresse. Bien que je n’aie rien contre l’idée que les « experts » et les bureaucrates corrompus et pourris soient un jour sévèrement punis pour le désastre dans lequel ils nous entraînent, je ne crois pas qu’il suffirait de remplacer ces truands par d’autres personnes pour que la corruption disparaisse et pour que les mesures prises par le gouvernement cessent d’être absurdes, nuisibles et liberticides. Il suffit de voir comment les autorités sanitaires traitent la population dans les autres provinces canadiennes et dans les autres pays pour en conclure qu’il ne s’agit pas d’un problème de corruption d’individus, mais plutôt d’un problème de corruption institutionnelle. Même si le châtiment de quelques grandes crapules pourrait certainement avoir un effet dissuasif, il ne faut pas non plus croire que la situation s’améliorerait miraculeusement en remplaçant les têtes d’affiche de la santé publique. Cela serait aussi déraisonnable que de croire qu’il suffirait de couper la tête à un roi, à sa famille et aux quelques grands seigneurs qui les entourent, et de les remplacer par un autre roi, une autre famille royale et d’autres grands seigneurs, pour que ces derniers ne traitent plus ceux qu’ils gouvernent comme de vulgaires sujets ou même des serfs. C’est la monarchie elle-même – disons la monarchie de droit divin – qui pose problème. C’est elle qu’il faut remplacer par un régime démocratique, ou à tout le moins par une monarchie constitutionnelle, selon ce que rendent possible les mœurs d’un peuple et ses autres institutions.

Je termine ces considérations introductives en reconnaissant que l’idée de réformer la santé publique, à un moment où sa puissance et son caractère monolithique se manifestent massivement, peut paraître étrange. Je ne m’attends pas à ce que les bureaucrates et les « experts » – imbus de leur autorité et de leur prestige, fortement attachés à leurs prérogatives, et pour lesquels la démocratie, notre liberté et même notre santé sont bien peu de chose – lisent mes propositions de réforme de la santé publique. Et si jamais ils les lisaient, je ne crois pas que je pourrais les convaincre de mettre mes idées en application. Si j’avais cet espoir, je dirais d’entrée de jeu que les problèmes institutionnels que j’apprête à analyser et auxquels j’essayerai de trouver des solutions sont moins graves que je l’ai laissé entendre jusqu’à maintenant.

Alors pourquoi écrire ce texte ?

D’abord, pour faire comprendre qu’il ne suffit pas d’espérer un simple retour à la normale d’avant, ou de lutter pour un tel retour à la normale, pour en finir avec la situation actuelle. Si ce tel retour à la normale venait à se produire, ou si jamais nous l’obtenions à force d’opposition ou de résistance, il devrait être l’occasion de réaliser des réformes comme celle que je proposerai. Le statu quo en matière de santé publique rendrait possibles d’autres dérapages sanitaires que pourrait justifier l’apparition d’un autre virus ou d’une nouvelle bactérie, ou l’épidémie réelle ou orchestrée d’une maladie déjà bien connue, mais qui n’est pas menaçante présentement. Nous ne serions pas plus avancés quand cela se produirait. Nous devrions supporter la même chose que présentement, voire pire.

Ensuite, pour donner un point de comparaison afin de mettre en évidence les faiblesses et les déficiences des institutions responsables de l’élaboration et de l’application des politiques de santé publique. C’est ainsi que nous pourrons comprendre à quel point ces institutions sont incompatibles avec la démocratie et la liberté, et à quel point leur « gestion de la crise sanitaire » est insatisfaisante et bien peu scientifique. Outre le fait que cela pourrait réduire l’adhésion aux mesures sanitaires nuisibles et farfelues actuellement en vigueur ou à venir, cela pourrait aussi miner la crédibilité des autorités sanitaires et des « experts », et inciter les scientifiques d’autres disciplines ou d’autres domaines médicaux, les intellectuels et les citoyens en général à ne plus avoir de scrupules à critiquer ouvertement et fermement ces autorités. Ce qui instaurerait un climat propice à l’esprit d’opposition, à la résistance et au désir d’une réforme des institutions de santé publique.

Mais soyons réalistes : ce billet et ceux qui suivront, publiés sur ce blog assez peu connu, ne sauraient produire à eux seuls les effets dont je viens de parler. Non seulement il faudrait que mes lecteurs les envoient à leur famille, à leurs amis et à leurs connaissances (ce que je les invite à faire), mais il faudrait aussi qu’ils entrent dans ce jeu d’analyse et d’invention institutionnelles, en critiquant, en rectifiant ou en prolongeant mes analyses et mes propositions, ou en recommençant à neuf, en adoptant d’autres points de vue. Je peux me tromper, sur des points particuliers ou de manière générale. Et je ne prétends certainement pas faire le tour de la question. Autrement dit, il m’importe assez peu qu’on adhère à mes idées sur la santé publique,  pourvu qu’on les soumette à la critique et qu’on en élabore d’autres (compatibles ou non avec elles) pour qu’un débat public puisse avoir lieu à propos de ce que nous voulons comme institutions de santé publique, d’abord dans certains milieux intellectuels, et peut-être ensuite dans la société en général.

Ce n’est assurément pas une question que nous pouvons laisser aux bons soins des bureaucrates et des « experts » en santé publique puisque ceux-ci, en tant que corporation, ont certainement des intérêts distincts des nôtres, puisque la réponse qu’on donne à cette question dépasse largement les limites étroites de cette spécialité médicale, et a des effets sur notre prospérité collective et individuelle, sur la politique, sur nos mœurs, sur notre vie et sur ce que nous pouvons et ne pouvons pas faire, devenir ou être dans ce contexte.

Alors loin de nous toute mauvaise conscience quand nous nous questionnons sur la santé publique dans cette perspective. Nous n’usurpons pas une autorité scientifique que nous n’aurions pas. Ce sont au contraire ces bureaucrates et ces « experts » qui usurpent, au nom de leur spécialité prétendument scientifique, une autorité qu’ils n’ont pas en matière de politique, d’économie, d’éducation, de culture et de morale, et plus concrètement en ce qui concerne nos libertés et nos manières de vivre. Et il importe de remettre ces usurpateurs à leur place, d’une manière ou d’une autre. Et au plus vite, avant qu’il ne soit trop tard !

 

(I. Décentralisation, indépendance et prévention de la corruption)