Perspective profane sur les virus

Depuis 2020, les autorités sanitaires nationales et internationales ont tellement exagéré quant aux maux attribués au méchant virus, que plusieurs scientifiques et médecins se questionnent de plus en plus sur le rôle véritable joué par les virus dans les maladies qu’on dit infectieuses. Même si ces recherches sont certainement intéressantes, même si quelques-uns de ces chercheurs essaient de nous rendre accessibles leurs travaux en faisant de la vulgarisation scientifique, nous n’en demeurons pas moins des profanes inaptes à distinguer la vérité et l’erreur dans un domaine de recherche à ce point spécialisé. Nous pouvons tout au plus juger que tels chercheurs nous semblent avoir raison ou se tromper à cause de leur réputation scientifique, de la cohérence de leurs propos, de leur capacité à répondre aux objections et à tenir compte des critiques, du grand nombre d’observations faites sur des malades et sur des personnes saines, de leur indépendance à l’égard de l’industrie pharmaceutique, ou à cause de l’absence de ces choses.

Toutefois, ce qui s’est passé depuis 2020 nous a montré que les implications pratiques de l’hypothèse virale en médecine sont tellement grandes que nous ne pouvons pas nous en remettre à des experts pour réfléchir à ces implications à notre place. Alors que faire ?

Puisqu’il est exclu que nous puissions devenir des scientifiques compétents en la matière du jour au lendemain, faisons porter notre réflexion précisément sur la perspective profane qui est la nôtre, en mettant entre parenthèses la question du bien fondé de l’hypothèse virale. Ce qui importe, dans cette perspective, ce sont les effets qu’ont sur nous, en tant que profanes, la croyance répandue à cette hypothèse, les politiques sanitaires qui en découlent, et la position dans laquelle nous nous trouvons vis-à-vis des autorités sanitaires, des médecins et des autres professionnels de la santé.

Nous n’avons jamais vu de virus et nous n’en verrons jamais. Ce qui caractérise les virus, c’est justement d’être invisibles. Faute de voir les virus, nous n’avons pas d’idée claire de ce qu’ils sont. Les représentations qu’on fait des virus, surtout dans les campagnes gouvernementales de sensibilisation, ne changent rien à la situation, puisqu’elles sont des reconstitutions d’artiste. Même si elles étaient fidèles aux codes génétiques séquencés en laboratoire, cela ne signifierait rien pour nous. Nous n’en comprenons pas davantage comment ces êtres minuscules, que nous ne voyons pas pour de vrai, peuvent nous rendre malades. On nous dit seulement que, pour beaucoup de maladies, ce sont eux qui nous rendent malades. La cause des maladies nous étant alors à la fois invisible et très mal connue, elle n’explique rien pour nous. Au contraire, les virus contribuent à rendre les maladies encore plus mystérieuses et opaques aux yeux des profanes.

Que les scientifiques soient capables ou non, de manière générale ou pour des maladies particulières, de montrer que ce sont bien les virus qui nous rendent malades, cela ne change rien dans notre perspective de profanes. Nous devrions croire sur parole les scientifiques qui prétendent avoir démontré scientifiquement qu’il est en est effectivement ainsi. Nous devrions aussi nous fier aux professionnels de la santé qui, après avoir fait un prélèvement, déclarent que tel virus a été dépisté, que nous sommes infectés, que nous sommes contagieux et que nous avons telle maladie. Voilà qui nous met dans une situation de dépendance à l’égard des professionnels de la santé que nous consultons quand nous sommes malades ou même quand nous sommes en bonne santé. Prétendant à tort ou à raison comprendre des choses invisibles que nous ne saurions comprendre, ces spécialistes peuvent, s’ils n’y prennent pas gare, agir à l’égard des profanes que nous sommes comme les membres d’une sorte de clergé médical qui tire son pouvoir du mystère dont est entouré le salut des corps dont il s’occupe, et du privilège de dire qui est malade de quoi et de décider ce qu’il faut faire pour être sauvé, sans tolérer la moindre opposition ou résistance.

La situation dans laquelle nous nous trouvons, quand il s’agit de maladies dont on dit qu’elles sont d’origine virale, est très différente de celle dans laquelle nous nous trouvons quand nous nous blessons. Nous comprenons très bien ce qui se passe quand nous tombons dans un escalier, nous fracturons une jambe, et devons avoir un plâtre et même être opérés pour que les os reprennent comme il faut. Nous ne pouvons pas en dire autant quand, l’hiver venu, nous attrapons une maladie respiratoire saisonnière comme une grippe, et quand on nous dit que c’est parce que nous avons contracté un virus qui nous a rendus malades et qui peut rendre malades d’autres personnes. Nous devons faire un acte de foi, car le virus qui serait la cause de notre maladie est une entité invisible, car nous ignorons de quelle manière il provoque les symptômes que nous voulons faire cesser, car nous pouvons seulement faire des suppositions plus ou moins vraisemblables sur la manière dont cette petite bestiole invisible nous aurait été transmise par une personne infectée. L’acte de foi est encore plus grand quand des professionnels de la santé ou les autorités sanitaires prétendent que, sans avoir de symptômes, nous pourrions être porteurs de ce virus, être contagieux et le transmettre à d’autres personnes qui, symptomatiques ou asymptomatiques, pourraient le transmettre à leur tour à d’autres personnes, etc.

De tels actes de foi sont ce qui ouvre la porte aux abus de pouvoir des autorités sanitaires et des professionnels de la santé. Puisqu’il n’est pas possible de contrôler directement la propagation de ces entités invisibles que sont les virus, il faut plutôt exercer un contrôle sur l’ensemble des vecteurs de propagation présumés, c’est-à-dire tous les individus. Le pouvoir qui en résulte pour les principaux concernés rend raisonnable de supposer que l’importance grandissante qu’on accorde à l’hypothèse virale en médecine et dans les politiques sanitaires n’est peut-être pas fondée entièrement sur des découvertes scientifiques, et que des facteurs politiques et idéologiques peuvent y jouer un rôle considérable. Et même si l’hypothèse virale était fondée, même si les épidémies étaient causées par la propagation des virus comme on ne cesse de nous le répéter, il faudrait faire preuve de beaucoup de prudence : une société démocratique n’est pas un grand hôpital et les citoyens ne sont pas des patients ou des vecteurs de contagion qui doivent être pris en charge par la bureaucratie hospitalière. L’organisation de la société et de la vie des individus ne peut pas, sans graves conséquences pour la démocratie, être contrôlée par les autorités politiques et sanitaires qui détiennent la seule parole permise sur la propagation des entités invisibles contre lesquelles il faudrait protéger coûte que coûte la population.

À moins qu’on prenne des précautions pour limiter le champ d’action de la virologie, pour empêcher son instrumentalisation politique et bureaucratique, pour la chasser de la place publique et des institutions politiques et bureaucratiques, et pour la remettre à sa place (dans les hôpitaux, dans les centres de recherche, dans les facultés de médecine), cette spécialisation médicale constitue un danger pour la démocratie, et aussi pour le bonheur des individus.