Perspective des prêtres et des magiciens sur les maladies et les phénomènes météorologiques

Depuis les temps les plus reculés, le pouvoir et la position sociale des prêtres et des magiciens dépend considérablement de leur capacité présumée à connaître les causes des maux et des calamités qui s’abattent sur les hommes ou qui les menacent et à agir sur ces causes. Si les maladies, les épidémies, les tempêtes, les déluges, les sécheresses et les famines n’existaient pas, s’ils ne faisaient pas souffrir et mourir les hommes et s’ils ne provoquaient pas un fort sentiment d’insécurité, ces personnes n’auraient pas pu acquérir autant de pouvoir et d’influence sur les autres hommes, et n’auraient pas pu constituer des organisations qui gardent jalousement leurs secrets et qui s’entourent de mystère. Car les prêtres et les autres personnages du même acabit profitent la peur et de l’ignorance des hommes, et ils ont intérêt à leur cacher les trucs du métier. En effet, si les hommes connaissaient les causes naturelles de la sécheresse qui détruit leurs récoltes et qui les affame, si les prêtres ne leur faisaient pas croire que c’est là l’action ou l’absence d’action d’une divinité qu’il faut apaiser ou se concilier par des cérémonies, des processions, des sacrifices, des privations et des mortifications, si les magiciens ne leur faisaient pas croire que ces maux ont pour cause l’action de démons, d’esprits ou de forces mystérieuses sur lesquels il serait possible d’agir grâce à des incantations, à des potions, à des concoctions et à des rituels magiques, les hommes n’auraient pas besoin des prêtres et des magiciens, ils refuseraient de les entretenir et ils pourraient difficilement tolérer leur emprise et leur existence. Bref, de tels prêtres et de tels magiciens vivent des maux, de la misère et de la peur des hommes, et ce, qu’ils soient des charlatans intégraux ou des illuminés, ou qu’ils parviennent à obtenir certains résultats bénéfiques contre des donations et des privilèges.

Dans cette perspective, les maux auxquels sont exposés les hommes ou qui les menacent n’ont pas simplement des causes naturelles. Si ceux-ci comprenaient ou croyaient qu’une sécheresse ou un déluge est causé par un ensemble de conditions atmosphériques elles-mêmes causées par toutes sortes de facteurs naturels échappant à tout contrôle humain, ils ne consulteraient pas les prêtres et les magiciens pour obtenir, par un moyen quelconque, la cessation de la pluie. Ils se résignaient plutôt à la situation, ou ils chercheraient à développer des techniques capables de prévenir ou d’atténuer les effets de ces phénomènes naturels, par exemple la construction de digues ou de canaux d’irrigation. Et s’ils comprenaient ou croyaient que les épidémies qui sévissent dans leurs villes sont dues à des conditions de vie insalubres, ils ne consulteraient pas les prêtres et les magiciens pour savoir quelle divinité ils ont offensée et par quels moyens ils peuvent l’apaiser, ou grâce à quel rituel ils peuvent chasser les démons qui occupent les corps ou contrer les maléfices d’un puissant sorcier. C’est au contraire en donnant aux phénomènes naturels des causes surnaturelles, mystérieuses et morales, et en faisant croire à ces causes, que les prêtres et les magiciens acquièrent et consolident leur emprise sur les hommes. Les forces naturelles et les éléments de la nature (le vent, la foudre, la pluie, la mer, le feu, la terre) sont alors humanisés, toutes sortes de divinités, d’esprits et de démons interviennent dans l’ordre de la nature, et l’enchaînement des causes et des effets devient alors une affaire de récompenses et de punitions, ou de tractations avec ces entités surnaturelles et anthropomorphiques. Mais je ne m’exprime peut-être pas correctement, car ces entités – que nous sommes portés à dire surnaturelles dans notre perspective rationaliste – sont, dans cette perspective, intégrées à l’ordre naturel et sont, en ce sens, naturelles.

Quoi qu’il en soit, les prêtres et les magiciens se posent alors comme les interprètes de ces entités dotées de représentation et de désirs, et prétendent servir d’intercesseurs auprès d’elles ou agir sur elles grâce à des rituels, à des sacrifices, à des sortilèges ou à des enchantements, dont ils sont les principaux acteurs, ou auxquels doivent participer les principaux concernés ou toute la communauté. Pour obtenir de la pluie, il faut organiser une procession où l’imposante statue d’une divinité est portée, où on fait entendre des lamentations et où on se flagelle. Pour obtenir des vents favorables qui sont nécessaires au départ des navires de guerre et qui se font attendre, il faut sacrifier des animaux au dieu de la mer ou du vent, ou même des êtres humains, voire la fille du roi. Pour qu’une épidémie qui fait des ravages dans une ville prenne fin, il faut exécuter les impies qui ont provoqué la colère des dieux, ou qui empoisonnent l’eau et l’air par leurs maléfices ou par leur seule présence ; ou il faut que ses habitants se purifient en s’imposant toutes sortes de privations, en s’interdisant tous les plaisirs, en se vêtant de noir et en se couvrant la tête de cendres. Pour qu’une personne devenue folle retrouve la raison, il faut qu’un prêtre ou un magicien l’exorcise et chasse le démon qui s’est logé en elle. Et pour que tout ça fonctionne ou ne produise pas des effets désastreux, il faut que tout ça soit bien entendu fait sous la supervision des prêtres ou des magiciens.

Voici autant de services efficaces et sûrs contre lesquels les prêtres et les magiciens obtiennent une position sociale avantageuse et des richesses suffisantes pour s’élever au-dessus de la populace et parfois pour rivaliser avec les aristocrates. Mais ils ne se sont pas arrêtés là, tant est grande leur soif de pouvoir et de richesse. Au fil des siècles, et à la suite de nombreuses métamorphoses, ils ont raffiné leurs techniques pour accroître leur emprise sur la populace ignorante et superstitieuse, pour se rendre indispensables, pour renforcer leur position socio-économique avantageuse, pour se protéger en cas d’échec trop évident, et même pour passer pour autre chose que des prêtres et des magiciens.

Un des principes grâce auxquels les prêtres et les magiciens ont pu renforcer et étendre leur pouvoir et leur influence, c’est la crainte des puissances mystérieuses et incompréhensibles pour les profanes, ou seulement compréhensibles pour les prêtres et les magiciens. En amplifiant ces mystères et cette inintelligibilité, les prêtres et les magiciens ont pu susciter chez la populace ignorante et superstitieuse non seulement la crainte des maux réels, mais aussi la crainte de maux possibles et imaginaires, présents ou à venir. Car les puissances ombrageuses, jalouses, capricieuses, malveillantes ou despotiques qui sont capables de décimer grâce à des épidémies les habitants d’une ville ou les soldats d’une armée, ou de provoquer des catastrophes naturelles, ne doivent pas seulement être craintes pour les épidémies et les catastrophes naturelles qui se produisent effectivement, mais aussi à cause de celles qui pourraient se produire si on n’avait pas recours aux services des prêtres et des magiciens pour les apaiser ou conclure des pactes avec elles. Pour faire craindre ces maux à venir et obtenir l’obéissance de la populace, les prêtres et les magiciens peuvent avoir recours à des présages dont ils sont les seuls interprètes autorisés ; après quoi, ils peuvent prétendre que cette obéissance est ce qui a permis d’éviter les maux qui se seraient certainement produits sans les rituels, les sacrifices, les privations et les mortifications ordonnés par les prêtres et les magiciens. À l’inverse, si les maux annoncés se produisent malgré tout, les prêtres et les magiciens peuvent toujours se tirer d’affaire en disant que les divinités ou les démons n’ont pas pu être apaisés ou chassés, ou sont même encore plus en colère ou puissants, parce que certaines personnes n’auraient pas fait ce qui était demandé d’eux ou seraient coupables d’impiétés, de sacrilèges ou de maléfices innommables qui auraient neutralisé les efforts des fidèles, des prêtres et des magiciens, ou qui auraient même aggravé les maux combattus. Les personnes visées deviennent alors l’objet de la colère de la foule, peuvent être contraintes à l’obéissance, et sont parfois punies ou sacrifiées, pour apaiser la colère des divinités, pour affaiblir ou chasser les démons ou pour mettre fin aux maléfices des sorciers et des mauvais esprits.

Un autre principe grâce auquel les prêtres et les magiciens ont pu renforcer et étendre leur pouvoir et leur influence, c’est celui qui consiste à insister sur la gravité des crimes pour lesquels les fidèles seraient punis par une épidémie ou une catastrophe naturelle, sur la force du courroux des divinités offensées et sur la puissance des démons ou des mauvais esprits impliqués. Ce qui revient à dire que les rituels, les sacrifices, les privations et mortifications ordonnés par les prêtres et les magiciens ne fonctionneront probablement pas. L’autorité des prêtres, loin de s’en trouver minée ou diminuée, s’en trouve renforcée : pour obtenir les résultats désirés, il faut persister à faire ce que les prêtres et les magiciens demandent, jusqu’à ce que l’épidémie, le déluge, la sécheresse, la vague de froid ou la nuée de sauterelles finisse par passer, ce qu’on interprétera comme une réussite, en laissant entendre que les maux se seraient poursuivis encore longtemps ou indéfiniment sans l’invention des prêtres et des mages. J’en viens même à me dire que les prêtres et les magiciens ont intérêt, pour consolider ou accroître leur pouvoir, à ne pas atténuer les maux contre lesquels ils prétendent protéger la populace, à l’empêcher ou à la dissuader de développer des techniques pour atténuer ces maux ou des remèdes pour les guérir, et même à imposer le recours à des pratiques qui feront durer ces maux et qui les rendront plus fréquents et plus graves, par exemple des mortifications, des donations ou des sacrifices de nourriture pendant une famine ou une épidémie, des concoctions ou des drogues qui dégradent la santé physique et mentale, ou des discours désespérants ou angoissants qui abattent la détermination des hommes, qui affaiblissent leur capacité à résister à la faim et à la maladie, qui parviennent à les rendre malades ou à les faire mourir de peur, ou qui les poussent à s’enlever la vie. En raison de ces maux prolongés, aggravés ou provoqués par les prêtres et les magiciens, la volonté des hommes sera cassée et ils seront encore plus disposés à s’abandonner aveuglément à la volonté de ces lugubres personnages. Puis le moment vient où ces parasites, craignant une révolte ou la mort de leur hôte s’ils ne relâchent pas leur poigne pendant un certain temps, déclarent avoir vu des signes que les divinités ou les esprits se sont enfin laissés émouvoir ou apaisés ou que les démons ont été chassés ou affaiblis. Cette bonne nouvelle et l’assouplissement des pratiques religieuses et des rituels magiques qui en découlent suffisent à produire une amélioration réelle ou du moins sentie de la situation, laquelle on expliquera par l’efficacité de ces pratiques et de ces rituels, et non par la fin des discours apocalyptiques, de ces pratiques et de ces rituels nuisibles.

Quand ils évoluent dans une civilisation où a perdu de sa force la croyance en des techniques mystérieuses pour lutter contre des maux supposément causés par des divinités courroucées, des esprits capricieux et des démons malveillants, les prêtres et les magiciens doivent passer pour autre chose que ce qu’ils sont, et ils doivent recycler les divinités, les esprits et les démons pour les mettre au goût du jour. C’est ce qui arrive dans les sociétés occidentales, où le christianisme s’est affaibli et où la science a acquis une grande puissance explicative, a permis d’inventer ou de perfectionner des techniques nous procurant une certaine maîtrise de notre environnement, et a par conséquent acquis un grand crédit. Il en résulte que les prêtres et les magiciens ne peuvent plus expliquer les maux dont souffrent les hommes par la colère des divinités, les caprices des esprits ou la malveillance des démons, pas plus qu’ils ne peuvent avoir recours à des rituels, à des incantations et à des sacrifices connus comme tels pour apaiser ces divinités, se concilier ces esprits ou chasser ces démons, pas plus qu’ils ne peuvent exiger des populations occidentales qu’elles aient recours à des privations et à des mortifications pour obtenir les mêmes résultats. Tout au plus continuent-ils d’avoir une emprise assez grande sur de petits groupes marginalisés, par exemple les membres de sectes chrétiennes fondamentalistes ou d’ordres néo-païens, avec lesquels le reste de la population n’a presque pas de contacts, et dont il rie, quand il ne les considère pas comme des fous. Par conséquent, les prêtres et les magiciens qui ont de l’ambition, qui n’entendent pas se contenter d’une forte emprise sur de petits groupes de personnes marginalisées, et qui désirent influencer ou contrôler les orientations des sociétés dans lesquels nous vivons et y occuper des positions d’autorité, doivent échanger leurs soutanes et leurs robes de cérémonie pour des sarraus et remplacer les divinités, les esprits et les démons par d’autres entités puissantes, invisibles et omniprésentes, par exemple les virus qui nous rendraient malades et qui provoqueraient des épidémies et des pandémies, et des gaz qui produiraient un effet de serre et qui provoqueraient de graves changements climatiques.


Mettons entre parenthèses la question de savoir si les virus, de manière générale ou pour certains d’entre eux, existent bien et s’ils produisent tous les maux dont on les accuse. Faisons la même chose pour les gaz qui produiraient un effet de serre et qui provoqueraient des changements climatiques. Ce qui importe dans l’analyse que nous faisons ici, c’est de savoir si la manière dont se rapportent à ces entités les prêtres et les magiciens déguisés en médecins et en scientifiques est semblable à la manière dont ils se rapportent aux divinités, aux esprits et aux démons.

Commençons par les virus, ou plus particulièrement le virus qui aurait causé la pandémie qui aurait commencé en 2020 et qui n’en finirait pas de finir. La première chose qu’ont faite les nouveaux prêtres et les nouveaux magiciens après l’annonce de l’apparition du virus en Chine, c’est d’annoncer une hécatombe, voire une apocalypse sanitaire. Au lieu d’essayer d’évaluer froidement et scientifiquement la dangerosité de ce virus et d’éviter la panique, ils ont préféré faire des prophéties apocalyptiques en s’appuyant sur des modélisations mathématiques assistées par ordinateur, à partir de données non éprouvées empiriquement. Dans les mains de ces nouveaux prêtres et magiciens, ces modélisations spéculatives ou fantastiques ont servi à la même chose que les mauvais présages, c’est-à-dire à faire craindre des calamités à venir et contre lesquelles il faudrait prendre sans attendre toutes sortes de mesures sorties de l’imagination desdits prêtres et magiciens. C’est ainsi qu’ils sont parvenus à imposer, en collaboration avec les autorités politiques, des politiques de confinement radicales et à s’opposer à la prise en charge des malades à l’aide de traitements conventionnels, car, nous disaient-ils, le virus est à ce point exceptionnel que seules des mesures exceptionnelles pouvaient nous mettre à l’abri des calamités annoncées. Alors que des secteurs entiers de l’économie étaient fermés et que la population en général était confinée, qu’elle jouait à cache-cache avec le virus sournois qui pouvait se cacher partout et qui attendait qu’elle baisse les armes pour la contaminer et la rendre gravement malade, le désordre provoqué dans les hôpitaux par cette prophétie, l’isolement préventif du personnel soignant, le refus de soigner avec des antiviraux et des antibiotiques des malades atteints de la COVID-19 ou d’une autre maladie infectieuse respiratoire (une grippe ou une pneumonie), la peur et l’isolement de personnes âgées déjà affaiblies et la dégradation des soins nécessaires à leur survie (alimentation, hydratation et hygiène) ont provoqué ou accéléré la détérioration de la santé et des décès que les nouveaux prêtres et magiciens se sont empressés d’attribuer au virus, en laissant entendre que ça aurait été bien pire si on n’avait pas adopté des politiques de confinement et des mesures dites sanitaires – ce qu’ils ne peuvent évidemment pas prouver et ce que nous devons croire sur parole. Forts de cette supposée confirmation de leurs prophéties et de l’efficacité des rituels collectifs devant servir à confiner le méchant virus et à conjurer les calamités annoncées, les prêtres et les magiciens n’ont pas relâché leur emprise sur nous avant le retour des beaux jours. Au lieu de voir dans la diminution marquée du nombre de malades et de décès un effet du retour de l’été (comme cela arrive tous les ans avec les maladies respiratoires d’origine infectieuse) et de l’assouplissement du confinement et des mesures dites sanitaires, mais en fait nocives, ils ont déclaré que la vague a pu être aplatie grâce au confinement et à ces mesures, puisque selon la prophétie mathématique, la vague aurait pu continuer encore longtemps, et monter de manière exponentielle.

En raison du retour du soleil et de la chaleur et du déconfinement progressif accordé comme récompense aux confinés, les prêtres et les magiciens ont constaté que leurs fidèles déconfinaient plus rapidement qu’ils ne le voulaient et qu’ils risquaient d’échapper à leur emprise. C’est à ce moment qu’on s’est mis à prophétiser à propos du début prochain d’une deuxième vague, au plus fort de l’été. Pour bien leur faire rentrer dans la tête de la populace que cette vague était sur le point d’arriver et de la submerger, et pour leur faire sentir que le virus continuait d’être présent et de circuler sournoisement sous une forme latente, ils ont imposé le port obligatoire du masque dans les lieux publics. Mais la deuxième vague tardant à venir et ne s’annonçant visiblement pas assez forte, les prêtres et les magiciens ont décidé, avec le retour du temps froid, décidé d’étendre le dépistage préventif à toute la population, ont augmenté la capacité de dépistage en conséquence, et se sont mis à considérer comme des « cas » de contamination les personnes sans symptômes qui ont obtenu un résultat positif, et à traiter comme des « cas » les personnes sans symptômes et sans test positif qui auraient eu des contacts avec des « cas », toujours par mesure de précaution. C’est ainsi que la deuxième vague et les vagues suivantes, nées de l’esprit malade et malveillant des prêtres et des magiciens, ont pu acquérir une certaine réalité par la prolifération des malades imaginaires et par la crainte de beaucoup d’attraper cette maladie imaginaire et de la transmettre aux autres. C’est ainsi qu’ils ont pu faire accepter le retour en force des confinements et d’un mode de vie malsain, ainsi que le durcissement des mesures dites sanitaires ; promettre des récompenses aux fidèles dociles qui resteraient dans leurs bonnes grâces ; et tenir responsables les récalcitrants pour le report ou l’annulation de ces promesses, afin de monter contre eux les fidèles dociles et de les punir de plus en plus sévèrement, pour leurs actes et pour leurs paroles sacrilèges qui permettraient au virus de proliférer. Car plus les fidèles supporteraient docilement les privations, se plieraient à une discipline sanitaire rigoureuse et consentiraient à la destruction de l’économie, moins le virus se propagerait et moins les prêtres et les magiciens seraient dans l’obligation de leur imposer ces privations et cette discipline austère qui détruisent leur vie, leur santé et l’économie qui leur permet de gagner leur vie et de vivre décemment. Car plus les récalcitrants seraient mis au pas, rentreraient dans les rangs et seraient sévèrement punis par les prêtres et les magiciens, leur bras armé ou les fidèles en colère, plus il serait facile de protéger l’économie et de revenir à une sorte de normalité où les maux et les contraintes imposés par les prêtres et les magiciens existeraient seulement sous une forme atténuée.

Alors que le dépistage massif de tous les fidèles se poursuivait à fond le train et qu’une vague n’en attendait pas une autre, et que ceux-ci commençaient à désespérer et étaient « atteints de fatigue pandémique », les prêtres et les magiciens leur ont annoncé la « bonne nouvelle » : en la personne des vaccins, un sauveur nous serait enfin venu, un sauveur qui allait tous nous purifier définitivement du virus. Voilà non seulement le remède sûr et efficace aux ravages que ferait le virus lui-même, mais aussi aux confinements, aux privations, aux contraintes et aux fastidieux rituels imposés aux fidèles par les prêtres et les magiciens pour les protéger contre ces maux. Mais pour que ça fonctionne, il faut que presque toute la population consente à se faire injecter le sauveur deux fois. Seulement alors pourra-t-on se protéger soi-même et protéger les autres. Cependant, le dépistage massif a été maintenu, les vagues ont continué de se succéder et l’efficacité du sauveur, bien que bien réelle, semblait être mise en échec par le virus. Heureusement, les prêtres et les magiciens avaient la clé de ce mystère : c’est que la couverture salvatrice ne serait pas assez grande ; c’est que les fidèles dociles devraient recevoir de nouvelles doses de sauveur pour qu’il conserve son efficacité ; c’est qu’il faudrait inoculer le sauveur aux pauvres habitants des pays en voie de développement qui seraient des foyers d’infection, et ainsi sauver toute l’humanité ; c’est que ce seraient les mécréants antivax qui attrapent le virus, qui tombent malades et qui engorgent les hôpitaux ; c’est que ce seraient les mécréants anti-sauveurs qui attrapent le virus sans avoir de symptômes, qui le transmettent aux fidèles doublement, triplement ou quadruplement sauvés, et qui les rendent malades et les font mourir ; c’est que de nouveaux variants du méchant virus seraient apparus, lesquels seraient plus contagieux et plus dangereux, s’en prendraient plus spécialement aux personnes en bonne santé, aux jeunes et aux enfants ; c’est que les problèmes de santé provoqués par la sur-efficacité du sauveur seraient le fait de ces variants ; c’est que le virus original et les nouveaux variants se dupliqueraient librement dans l’organisme des mécréants anti-sauveurs, lesquels se transformeraient en usines à variants possiblement toujours plus contagieux et dangereux ; c’est qu’il faudrait contraindre les mécréants à imiter les bons fidèles afin d’augmenter la couverture vaccinale ; c’est qu’il faudrait isoler les mécréants de la société, les mettre à l’amende, leur faire perdre leur emploi, leur interdire de travailler ou les emprisonner quand ils osent persister dans leur erreur impie et criminelle et refusent de recevoir en eux quelques doses de sauveur ; etc. Nous connaissons la suite.

Et maintenant que les prêtres et les magiciens ont enfin déclaré la fin des confinements et la suspension des mesures sanitaires, prétextant que le sauveur nous protège suffisamment et qu’il nous faut dorénavant apprendre à vivre avec le virus, ils continuent d’inoculer dans le cerveau et dans le cœur des fidèles dociles que c’est parce que nous leur avons obéi que nous réussissons pour l’instant à tenir le virus à l’écart, lequel pourrait revenir en force ou céder la place à un autre démon. C’est pourquoi les prêtres et les magiciens se gardent bien de déclarer la fin de la pandémie, se préparent déjà la prochaine pandémie, et nous y préparent. Alors les fidèles devront, pour s’en sortir, faire la même chose, c’est-à-dire prendre part à tous les rituels, cérémonies, incantations et privations qu’il leur plaira d’imaginer pour conjurer le démon du moment.


Ce billet étant déjà long, je peindrai dans un autre billet les moyens malhonnêtes utilisés par les prêtres et les magiciens des changements climatiques, en essayant de mettre en évidence leur ressemblance avec les techniques utilisées par les prêtres et les magiciens des religions traditionnelles et de la nouvelle religion sanitaire pour étendre et renforcer leur emprise sur la populace à laquelle nous appartenons, et qui leur appartient aussi.

À suivre.