Le passeport vaccinal peut faire son entrée dans les supermarchés au Nouveau-Brunswick

La ministre de la Santé du Nouveau-Brunswick a donné, au début du mois de décembre, la possibilité à tous les commerces de demander à leurs clients de présenter leur passeport vaccinal au lieu de faire appliquer la distanciation physique entre les clients.

Voilà la distinction entre les services essentiels et les autres services qui vient d’être abolie. Pourtant c’est grâce à la promesse du maintien de cette distinction qu’au printemps et à l’été (on peut supposer que les choses se sont passées à peu près de la même manière au Nouveau-Brunswick qu’au Québec) on a réussi à rendre acceptable à l’opinion publique l’idée d’un passeport vaccinal. Il devait seulement s’appliquer, nous a-t-on dit, aux grands rassemblements, aux restaurants, aux cafés, aux bars, aux gyms, etc. Jamais on aurait l’idée de l’appliquer aux supermarchés ou même à l’ensemble des commerces de détail. Quelle idée ! Et voilà que le gouvernement du Nouveau-Brunswick vient de faire le premier pas dans cette direction.

Il est vrai que la ministre de la Santé n’oblige pas les commerces en général, et les épiceries en particulier, à exiger que leurs clients présentent un passeport vaccinal. Elle laisse plutôt le choix à chaque commerce de faire respecter la distanciation sociale ou de demander le passeport vaccinal Le gouvernement se décharge donc de l’odieux de cette mesure sur les commerçants qui décideront d’avoir recours au passeport vaccinal. Outre le fait que ce sont les commerçants qui s’exposeront à des contestations et à des poursuites devant les tribunaux, il pourrait s’agir d’une sorte de ballon d’essai afin de voir la réaction de la population et préparer en conséquence la meilleure stratégie pour l’élargissement de l’utilisation du passeport vaccinal. Car nous n’en sommes qu’au début de l’hiver. Car cette mesure fait partie de la phase 1 du plan d’action hivernal néo-brunswickois.

Même s’il n’y a rien d’inscrit à ce sujet aux phases 2 et 3 du plan d’action, il est à craindre que la ministre de la Santé oblige tous les commerces, y compris les épiceries, à faire ce qu’elle leur donne seulement la possibilité de faire. Un système d’alerte, ça se change facilement, comme nous l’a montré le gouvernement québécois l’hiver et le printemps derniers. Et il est toujours plus facile de gravir les paliers que de les redescendre.

Nous voyons dans quel sens ça va au Québec. Le ministre de la Santé et des Services sociaux a demandé aujourd’hui aux entreprises de réinstaurer le télétravail. Et on n’exclut pas la possibilité de revenir sur la récente autorisation des rassemblements de 20 personnes vaccinées à l’occasion des Fêtes. Et nous ne sommes qu’en décembre. Allez savoir ce que le gouvernement québécois décrétera d’ici janvier, février, mars ou avril pour pourrir la vie à la population, et tout particulièrement aux personnes non adéquatement vaccinées. Puisqu’il peut difficilement remettre en question la pertinence et l’utilité de la vaccination de toute la population sans perdre la face, puisque la vaccination des enfants de 5 à 11 ans se poursuit, puisque l’administration de la troisième dose a commencé, puisqu’on parle déjà de la mise en marché de vaccins spécifiquement contre le variant Omicron au printemps, puisque les critères selon lesquels on pourra considérer la soi-disant pandémie terminée n’ont pas été définis, puisque le premier ministre fédéral aurait rencontré en fin de journée les premiers ministres provinciaux pour discuter d’un resserrement des mesures dites sanitaires, il sera probablement plus commode pour notre gouvernement de tenir les non-vaccinés responsables des espoirs déçus, de l’irritation et de la peur. Je ne vois donc pas pourquoi il se gênerait, en profitant de la panique et de la haine qu’il provoque ou alimente, pour interdire aux non-vaccinés l’accès aux commerces de détails, y compris les épiceries.

Certains diront que ce ne serait qu’un inconvénient mineur, pour les non-vaccinés, d’acheter leur nourriture en ligne et de la faire livrer à domicile. C’est en effet maintenant assez facile à faire. Mais si toutes les personnes non vaccinées doivent acheter leur nourriture en ligne et la faire livrer, ça pourrait changer la donne. Surtout si le gouvernement impose cette mesure du jour au lendemain, sans laisser le temps au commerce de se préparer.

Supposons que 10 % des clients des supermarchés devront alors faire leurs courses en ligne. Cela demandera beaucoup de temps aux employés de ces commerces pour préparer et livrer ces commandes. Il est vraisemblable qu’ils ne seront pas assez et qu’il faudra embaucher du nouveau personnel, alors qu’il est déjà difficile de combler les postes vacants, surtout quand il s’agit d’emplois assez mal rémunérés, surtout si on réussit à terroriser une partie considérable de la population qui préférera rester chez elle et ne pas s’exposer virus en allant travailler. Dans ce contexte, il se pourrait que les commandes en attente s’accumulent, un peu comme ça s’est produit en 2020 dans d’autres secteurs économiques qui ont dû passer rapidement au commerce en ligne.

Mettons-nous donc ceci dans la tête : il est vraisemblable que notre gouvernement ne lâchera pas de sitôt les personnes non vaccinées. Et les personnes adéquatement vaccinées, qu’on pourrait arrêter de considérer comme telles si elles ne reçoivent pas la troisième dose, pourraient aussi en voir de belles cet hiver et le printemps prochain. Et ce, peut-être même si elles acceptent de se faire administrer cette troisième dose, et aussi un nouveau vaccin spécifiquement contre le nouveau variant Omicron. Car le gouvernement va toujours plus loin et ne semble pas même penser à s’arrêter, tant il jouit des pouvoirs exceptionnels qu’il s’est accordés lui-même sous prétexte d’urgence sanitaire. Et ce sera encore pire si une part assez importante de la population ne lui oppose pas une opposition vigoureuse et soutenue, comme il en existe en Europe ou en Australie. Plus nous nous laisserons faire, plus on s’efforcera de nous faire passer sous le rouleau compresseur des mesures dites sanitaires, qui sont en fait des mesures destructrices de notre société, de nos institutions politiques, de nos droits et de nos libertés et de nos conditions d’existence.