Mauvaise catégorisation du statut vaccinal dans les données anglaises sur la mortalité et sur l’efficacité de la vaccination

Une équipe de chercheurs anglais vient de publier un article scientifique qui met à mal les données anglaises sur la mortalité en fonction du statut vaccinal qui attesteraient l’efficacité des vaccins. Contrairement à ce que nous sommes habitués de voir au Québec, cette analyse statistique ne porte pas sur les cas de contamination et sur les hospitalisations en fonction du statut vaccinal. Elle ne porte pas non plus seulement sur les décès liés à la COVID-19 en fonction de ce statut, mais essentiellement sur les décès toutes causes confondues et sur les décès non liés à la COVID-19 en fonction de ce statut. Voilà non seulement qui permet d’éviter les problèmes d’attribution de la cause de la mort à la COVID-19 (qui existent aussi quant aux hospitalisations), mais qui permet aussi d’évaluer globalement les bénéfices et les risques des vaccins, car on peut mourir d’autre chose que de la COVID-19.

Voici l’abstract de cet article :

« The risk/benefit of Covid vaccines is arguably most accurately measured by comparing the all-cause mortality rate of vaccinated against unvaccinated, since it not only avoids most confounders relating to case definition but also fulfils the WHO/CDC definition of “vaccine effectiveness” for mortality. We examine two of the most recent UK ONS vaccine mortality surveillance reports, which provide the necessary information to monitor this crucial comparison over time. At first glance the ONS data suggest that, in each of the older age groups, all-cause mortality is lower in the vaccinated than the unvaccinated. This conclusion is cast into doubt upon closer inspection of the data due to a range of fundamental inconsistencies and anomalies in the data. Whatever the explanations for these are, it is clear that the data is both unreliable and misleading. It has been suggested that the anomalies are the result of healthy vaccinee selection bias and population differences. However, we show why the most likely explanations for the observed anomalies are a combination of systemic miscategorisation of deaths between the different categories of unvaccinated and vaccinated; delayed or non-reporting of vaccinations; systemic underestimation of the proportion of unvaccinated; and/or incorrect population selection for Covid deaths. We also find no evidence that socio-demographic or behavioural differences between vaccinated and unvaccinated can explain these anomalies. »

Dans cette courte présentation de l’article, je ne résumerai pas l’ensemble des analyses qui y sont faites. Je m’attarderai seulement sur ce qui me semble avoir les implications les plus importantes quant aux affirmations que le gouvernement et les grands médias font sur l’efficacité de la vaccination de masse, et aussi à notre situation sociale et politique déplorable, qui découle justement de ces affirmations.

Les auteurs de l’article remarquent d’abord un taux de mortalité toutes causes confondues plus élevé dans tous les groupes d’âge pour le groupe non vacciné, comparativement au groupe vacciné. Sans plus d’analyse, certains concluraient que c’est là la preuve que les vaccins sont efficaces et sécuritaires, et qu’il est par conséquence légitime de les administrer à toute la population, de gré ou de force. Si les auteurs ne se prononcent pas sur les mesures de coercition vaccinale, il en faut plus pour les convaincre de l’efficacité des vaccins. C’est pourquoi ils font ensuite la même comparaison entre les groupes vacciné et non vacciné pour chaque groupe d’âge, mais en excluant cette fois-ci les décès attribués à la COVID-19. Étrangement, un taux de mortalité considérablement plus élevé est encore observable chez les non-vaccinés. Pourtant on peut difficilement attribuer aux vaccins – même si certains journalistes les désignaient, il n’y a pas si longtemps, comme de merveilleux sérums – la capacité de réduire les décès causés par d’autres maladies que la COVID-19.

En poursuivant leurs analyses, les chercheurs font deux constats. D’abord, les hausses du taux de mortalité toutes causes confondues sauf COVID-19, pour chaque groupe d’âge, n’ont pas lieu en même temps ni pendant le pic des phases épidémiques. Ensuite, le taux de mortalité toutes causes confondues sauf COVID-19, pour chaque groupe d’âge, est considérablement plus élevé que le taux attendu pour le groupe non vacciné, et considérablement plus bas que le taux attendu pour le groupe vacciné.

Pour essayer d’expliquer ces anomalies, les auteurs font l’hypothèse qu’il existe une relation entre ces pics de mortalité non-COVID et les périodes d’administration de la première dose et de la deuxième dose de vaccin à chaque groupe d’âge. Ils remarquent alors que ces pics se produisent peu après l’administration de la première dose et de la deuxième dose à chaque groupe d’âge. Pour expliquer ce phénomène, ils envisagent une mauvaise classification des personnes dans les groupes non vaccinés et vaccinés, explicable par le fait qu’on aurait classé dans le groupe non vacciné les personnes décédées moins de 14 jours (quand ce n’est pas 28 jours) après avoir reçu une première dose de vaccin, comme on aurait classé dans le groupe vacciné avec une dose les personnes décédées moins de 21 jours après avoir reçu une deuxième dose de vaccin.

Pour mettre à l’essai de cette hypothèse, les chercheurs attribuent au groupe non vacciné de chaque groupe d’âge le taux de mortalité attendu, l’excédent étant attribué au groupe vacciné du même groupe d’âge, ce qui ramène le taux de mortalité du groupe vacciné près du taux attendu. Les auteurs y voient une confirmation de leur hypothèse, selon laquelle les personnes vaccinées décédées auraient été comptabilisées à tort comme des personnes non vaccinées. Et ils concluent, sur ce point, qu’il est étrange que les organismes britanniques chargés de comptabiliser les données sur la COVID-19 et la vaccination n’aient pas pris de précautions pour éviter ce problème.

Si l’hypothèse de ces scientifiques quant à un mauvais classement systématique des personnes s’avère justifiée quand il s’agit des décès non attribués à la COVID-19, il est raisonnable de penser qu’elle s’applique aussi aux décès attribués à la COVID-19, avec toutes les conséquences que cela peut avoir sur l’évaluation in vivo de l’efficacité des vaccins.

Après avoir fait des analyses qui tiennent comptent du délai entre la date d’infection et la date de décès lié à la COVID-19, avoir examiné des hypothèses concurrentes et avoir analysé les décès attribués à la COVID-19 selon le statut vaccinal pour tenir compte de la période de trois semaines qu’il y a généralement entre l’infection et le décès, les auteurs concluent leur article ainsi :

« By Occam’s razor we believe the most likely explanations are :

- Systematic miscategorisation of deaths between the different groups of unvaccinated and vaccinated.

- Delayed or non-reporting of vaccinations.

- Systematic underestimation of the proportion of unvaccinated.

- Incorrect population selection for Covid deaths.

With these considerations in mind, we applied adjustments to the ONS data and showed that they lead to the conclusion that the vaccines do not reduce all-cause mortality, but rather produce genuine spikes in all-cause mortality shortly after vaccination. »

Revenons à notre situation ici, au Québec. Alors que notre gouvernement veut « serrer la vis » aux non-vaccinés (ce qui est une manière plus correcte de leur dire qu’il veut les emmerder) et s’apprête à leur imposer toutes sortes de mesures coercitives pour qu’ils consentent enfin à se faire vacciner, on peut s’étonner de la simplicité des données que notre gouvernement et les journalistes nous présentent. C’est pourquoi il nous faudrait faire un travail d’analyse statistique semblable à celui qu’ont fait ces chercheurs anglais. Car il est vraisemblable que les données du gouvernement du Québec ne soient pas plus fiables que celles du gouvernement britannique.

Mais les personnes qui auraient les compétences nécessaires font face à un obstacle important : nous ne disposons pas de statistiques sur les décès en fonction du statut vaccinal, ni pour les décès liés à la COVID-19, ni pour les décès toutes causes confondues. Tout ce que nous avons, ce sont des jeux de données sur les nouveaux « cas » et les nouvelles hospitalisations pour ou avec la COVID-19 selon le statut vaccinal (qui commence en juillet 2021, alors que la vaccination a commencé en décembre 2020). Mais pas de jeux de données sur les hospitalisations en cours pour la COVID-19 et toutes causes confondues pour faire une analyse rigoureuse de la situation. Et alors qu’en date du 15 janvier 2022, on administre à vitesse grand V une troisième dose à la population, il n’y a pas encore de groupe vacciné trois doses dans les jeux de données qu’on nous fournit.

Le gouvernement caquiste, qui nous faisait de belles promesses de transparence, se drape donc de ténèbres pour imposer toutes sortes de mesures aux non-vaccinés, ainsi qu’aux vaccinés qui refuseront la troisième dose ou la quatrième dose (celle prévue au printemps, contre Omicron) et qui seront reclassés dans la catégorie non vaccinée pour établir quels sont leurs droits et libertés. Depuis le temps que les organismes gouvernementaux de santé doivent colliger des données sur les hospitalisations et les décès selon le statut vaccinal, il est évident que si des jeux de données complets et exhaustifs n’ont pas encore été publiés, c’est que notre gouvernement ne veut pas les publier. Cela est d’ailleurs très commode pour lui : il peut nous dire que les choses sont comme ci ou comme ça, et nous devrions le croire sur parole, faute de pouvoir vérifier les données brutes et déterminer s’il nous dit ou non la vérité, et si ses analyses sont bonnes ou erronées.

Il serait temps que les organismes et les tribunaux censés veiller au respect de nos droits et de nos libertés, que nous soyons vaccinés ou non, se décident enfin à faire quelque chose, au lieu d’approuver toutes les décisions de notre gouvernement ou de faire traîner les procédures en longueur, pour ne pas avoir à se prononcer. S’il est vrai que nos droits et libertés ne sont pas absolus et qu’ils peuvent être limités par le gouvernement dans certaines circonstances exceptionnelles, ces limitations doivent être justifiées. Mais comment juger si l’exclusion sociale progressive des non-vaccinés et la « contribution santé » supplémentaire qu’on veut exiger d’eux sont légitimes et utiles quand notre gouvernement ne rend pas publiques toutes les données dont il dispose quant à la relation entre les décès et les hospitalisations dus à la COVID-19 et toutes causes confondues, d’un côté, et le statut vaccinal, de l’autre ? En attendant d’avoir accès à ces données et de les discuter publiquement, comment les médecins, les scientifiques, les éthiciens, les juristes, l’Assemblée nationale, les tribunaux, la commission provinciale des droits et libertés et les citoyens pourraient-ils se faire une idée ? Pas même besoin de prendre position pour ou contre ces mesures, puisqu’on ne peut pas juger en connaissance de cause d’elles. Toutes les restrictions visant les personnes non vaccinées devraient donc être déclarées nulles et non avenues jusqu’à ce que le gouvernement ait fourni toutes les données devant prouver qu’elles sont utiles et même indispensables, afin qu’elles soient examinées et discutées publiquement. Autrement nos droits et nos libertés peuvent être suspendues ou niées à volonté par le gouvernement. Ce qui revient à dire qu’abandonnés à l’arbitraire du gouvernement, nous n’avons en fait aucune assurance que nos droits et nos libertés seront respectés par le gouvernement. De facto, nous n’avons plus de droits et de libertés reconnus juridiquement.

Enfin, que le gouvernement ne nous joue pas la carte de l’urgence : il aurait pu et il aurait dû rendre publiques ces données depuis longtemps. Alors qu’il reconnaît lui-même que la situation s’améliore au point de rouvrir les écoles et que Santé Canada annonce que nous aurons bientôt atteint le « pic de la vague », si ce n’est pas déjà fait, il devrait se garder d’essayer de nous en imposer avec une situation d’urgence qu’il a créée artificiellement en omettant de rendre publiques des données indispensables pour justifier sa politique vaccinale. Si cela lui déplaît, il ne peut s’en prendre qu’à lui-même : il aurait dû le faire avant, bien avant. C’est donc à lui d’assumer les conséquences de son manque de transparence, et pas à nous, que nous soyons vaccinés ou non vaccinés.

Pour lire l’article :

Official mortality data for England suggest systematic miscategorisation of vaccine status and uncertain effectiveness of Covid-19 vaccination