Lutte interminable contre les changements climatiques et une pléthore d’autres maux

Ce qui me frappe quand j’écoute les politiciens, les militants écologistes, les journalistes et les oligarques qui s’investissent ou qui investissent dans la lutte contre les changements climatiques, c’est que les objectifs de cette lutte ne sont pas précisément ou même approximativement définis. Le climat a toujours changé, même avant l’apparition de l’espèce humaine ; et il continuera toujours de changer, même après la disparition de l’espèce humaine. Si on ne nous dit pas avec une certaine précision quel est le point de référence à partir duquel les changements climatiques sont évalués, quelles sont les raisons de choisir ce point de référence et pas un autre, et en quoi consisterait une période de relative stabilité climatique qui ferait que la situation pourrait être considérée de nouveau sous contrôle, alors tout peut être considéré comme des changements climatiques contre lesquels il nous faudrait absolument lutter, que ces changements se produisent ou semblent se produire maintenant, ou qu’on les annonce dans un futur rapproché ou lointain.

Malgré les modélisations mathématiques sur lesquelles ils prétendent s’appuyer, ce sont des précisions et des raisons que les pourfendeurs des changements climatiques refusent généralement de nous donner. Dans leur perspective, les changements climatiques étant omniprésents et leur existence étant absolument évidentes, il nous faudrait lutter indéfiniment contre des changements climatiques qui ne peuvent qu’exister, dans le but d’atteindre une certaine stabilité climatique qu’on ne définit pas, qu’on projette dans un avenir lointain et qui, vraisemblablement, ne peut pas exister.

Ce vague peut être comparé à celui dont font preuve les autorités politiques et sanitaires qui ont déclaré l’état d’urgence sanitaire, et qui ne nous ont toujours pas dit quelles conditions devraient être réunies pour qu’on déclare la fin de cette « pandémie », malgré la fin de l’état sanitaire dans la plupart des pays. Le fameux virus, s’il existe, n’est pas un adversaire dont on pourrait venir à bout définitivement et totalement. La même chose peut être dite des virus et autres agents pathogènes qui existent déjà ou qui pourraient apparaître. À défaut d’une définition assez précise et réaliste d’un état de la « santé publique » qui ne serait pas considéré comme maladif ou menacé de le devenir, la « maladie publique » est considérée comme une réalité contre laquelle il nous faudrait lutter indéfiniment ou, à tout le moins, comme un risque contre lequel il nous faudrait constamment nous prémunir, parfois en faisant comme s’il était déjà devenu une réalité. Car les virus et les autres agents pathogènes ont ou auraient toujours existé et circulé avant la « pandémie » actuelle, et continueraient toujours d’exister et de circuler. Au nom d’une conception floue et irréaliste de la « santé publique », c’est donc une politique et une économie de guerre contre les virus et les autres agents pathogènes qu’on instaure de manière durable, entre autres en faisant passer des tests de dépistage à des personnes asymptomatiques qui sont considérées comme malades et dangereuses pour la « santé publique » si le résultat s’avère positif, ou en faisant régulièrement des analyses des eaux usées grâce auxquelles on peut déclarer qu’une population est collectivement malade et doit par conséquent être collectivement traitée et sauvée, à force de confinements et de campagnes de vaccination massive. Du même coup, nous voilà considérés, pour une période indéfinie, avant tout comme des malades qui s’ignorent et des vecteurs de contagion par les autorités politiques et sanitaires, même quand nous sommes bien portants.

Ce vague peut aussi être comparé à celui dont font preuve les autorités politiques et sécuritaires qui déclarent l’état d’urgence après un attentat terroriste, et qui nous engagent dans une interminable guerre contre le terrorisme, sans nous dire en quoi pourrait consister une victoire durable ou définitive contre le terrorisme. C’est que, bien sûr, le terrorisme n’est pas un adversaire concret dont on pourrait venir à bout, surtout quand ces autorités se plaisent à déstabiliser politiquement des régions entières ou à déclarer arbitrairement que leurs adversaires, sur la scène nationale ou internationale, sont des terroristes qui menaceraient la sécurité nationale et internationale. À moins que les autorités politiques et sécuritaires pacifient définitivement le monde en obtenant la reddition inconditionnelle de tous leurs adversaires et l’adhésion complète de la population mondiale et des gouvernements étrangers à tout ce qu’elles pourraient décider de faire et d’imposer, la victoire contre le terrorisme ne viendra jamais, et la guerre contre le terrorisme pourra se poursuivre indéfiniment. C’est pourquoi les mesures sécuritaires devraient, dans cette perspective, être maintenues indéfiniment et même être renforcées, car nous pourrions tous être des terroristes, qui se savent tels ou qui s’ignorent, en raison des théories complotistes auxquels ils adhéreraient ou de la propagande qui les aurait endoctrinés.

Voilà qui peut être comparé à l’attitude de tous les bien-pensants qui luttent contre toutes les formes, imaginables et inimaginables, de violence et de discrimination. Au nom d’une conception idéale et irréaliste de la société où la violence et la discrimination seraient complètement disparues, ces bonnes âmes refusent catégoriquement de préciser quelle est la dose de violence et de discrimination (en excluant leurs manifestations de violence et de discrimination, qui ne devraient pas être considérées pour ce qu’elles sont) avec laquelle il nous faudrait apprendre à vivre. Les mesures morales, politiques et économiques qu’il faut prendre contre la violence et la discrimination – censure, accusations anonymes ou arbitraires, sanctions disciplinaires, condamnations, amendes, emprisonnement – sont donc là pour rester aussi longtemps que la chimère d’un monde sans victimes ne se réalisera pas. En fait, cet état de fait convient tout à fait à tout ce beau monde, qui ne désire pas tant la réalisation de cette chimère, que de pouvoir imposer toutes sortes de mesures au nom de cette chimère. Ah ! que ces personnes seraient profondément déçues et désemparées si elles ne pouvaient plus ainsi justifier leurs propres actes de violence et de discrimination ! Heureusement pour elles, et malheureusement pour nous, elles pourront toujours trouver ou inventer des actes, des paroles ou des sentiments violents et discriminatoires pour lesquels il nous faudrait nous repentir, sans parler de ce dont nous serions coupables du seul fait d’être des hommes hétérosexuels blancs ou d’avoir des ancêtres blancs, qui seraient tous de méchants colonisateurs et d’horribles conquérants, même quand on ne peut rien nous reprocher de précis. C’est pourquoi les mesures visant à contrôler ce que nous faisons, disons, pensons et sentons devraient, dans cette perspective, être maintenues indéfiniment et même être renforcées, car nous serions des personnes violentes, racistes, antisémites, islamophobes, misogynes et transphobes – aussi bien dire des monstres – qui se savent telles ou qui s’ignorent, notamment à cause des doctrines suprématistes blanches qui les auraient infectées à leur insu ; car nous devrions nous repentir indéfiniment des fautes commises par nos ancêtres colonisateurs, esclavagistes et massacreurs et dont nous aurions héritées, puisque ce qui a été fait ne peut pas être annulé ou corrigé, et que chaque nouvelle génération naîtrait coupable des fautes indélébiles de ses aïeux.

Voilà qui peut aussi être comparé à l’attitude des prêtres ou des puritains qui consacrent leur vie à la lutte contre les péchés mortels et véniels (les leurs et surtout ceux des autres) dont la nature humaine, foncièrement vicieuse, ne peut s’empêcher de se rendre coupable. Au nom d’un idéal humain qui a, en réalité, peu de chose à voir avec la nature humaine, ce sont des sentiments et des comportements tout à fait naturels, souvent nullement nuisibles, parfois agréables et parfois utiles, qu’on considère comme des péchés. Beaucoup des jouissances que nous procurent le monde matériel et nos sens sont non seulement dévalorisées, mais considérées comme des fautes plus ou moins graves, prises en elles-mêmes ou en ce qu’elles nous empêcheraient d’être sauvés et d’aller au Paradis après notre mort. Même le sacrifice du Fils de Dieu et le sacrement du baptême grâce auquel on devient chrétien effacent seulement la tache originelle et ne nous rendent pas moins pécheurs. Dans cette religion, être humain, c’est essentiellement être un pécheur ; et le but de la vie, c’est d’essayer en vain d’arrêter de pécher, c’est d’essayer de racheter ses péchés pour gagner son ciel. Étant donné que les hommes ont toujours, pour la plupart, été attirés par les plaisirs de la chair et le seront manifestement toujours, même s’ils sont chrétiens, ils devront toujours lutter contre la tentation, finir par y céder et faire ce que les prêtres leur ordonnent pour obtenir le pardon de Dieu et être lavés de leurs fautes, jusqu’à ce qu’ils succombent encore à la tentation, etc. En fait, les prêtres ne cherchent pas à éradiquer le péché ou encore à le définir de manière à ce que seuls les hommes les plus vils et les plus vicieux soient des pécheurs. Au contraire, ils ont besoin du péché généralisé pour maintenir ou renforcer leur emprise sur la foule des pécheurs. Ils vivent du péché comme les médecins et les pharmaciens vivent de la maladie. C’est pourquoi le règne spirituel des prêtres auraient très bien pu continuer jusqu’à ce que vienne le Royaume des Cieux, c’est-à-dire indéfiniment, si ceux qui parviennent à passer pour des scientifiques et des médecins n’avaient pas pris leur place, pour traiter leurs fidèles à peu près de la même manière.

Revenons à cette histoire de lutte contre les changements climatiques. Dans ce cas, au lieu d’être considérés avant tout comme des malades qui s’ignorent et des vecteurs de propagation, des terroristes en puissance, des monstres immoraux ou des pécheurs incurables, nous sommes considérés avant tout, pour ne pas dire exclusivement, comme des producteurs de gaz à effet de serre – ce qui serait le plus grand crime, le plus grand péché actuellement. Comme si nous pouvions nous empêcher d’être à l’origine, directement ou indirectement, d’émissions de gaz à effet de serre à cause de nos déplacements, de la nourriture que nous mangeons, des vêtements que nous portons et de l’énergie grâce à laquelle nous chauffons nos logements ! Il nous faudrait littéralement arrêter de vivre, ou vivre misérablement, à la manière de prisonniers, pour avoir une empreinte carbone aussi petite que possible, et ce, pour mettre fin aux changements du climat terrestre qui n’a jamais été stable et qui ne le sera jamais ! À ce compte, ce sera l’urgence climatique jusqu’à notre mort, la mort de la génération suivante, et ainsi de suite. Si nous ne secouons pas le joug des autorités politiques et climatologiques, la lutte contre les changements climatiques continuera indéfiniment, et ces autorités conserveront et renforceront leur emprise sur nous, et elles nous imposeront toutes sortes de mesures arbitraires, jusqu’à ce que leurs successeurs les délogent et entreprennent de nous traiter de la même manière.