Les limites du rôle de la famille dans la résistance à l’autoritarisme gouvernemental et aux tendances totalitaires

Pour beaucoup d’opposants à l’idéologie sanitaire qui s’est manifestée ouvertement à partir de 2020, la famille est une valeur importante. Elle serait même une force de résistance contre l’ingérence et les abus de pouvoir des autorités politiques et sanitaires. Car une des choses qui scandalisent le plus ces opposants, c’est que ces autorités prétendent mieux savoir que les parents ce qui est bon pour leurs enfants. Et ce qu’ils craignent le plus, c’est que ces autorités profitent des opportunités que procure l’éducation publique pour administrer à ces derniers des injections expérimentales. Certains sont même allés jusqu’à retirer leurs enfants des écoles et à les éduquer eux-mêmes à la maison pour les protéger du dressage sanitaire, grâce à la désinfection compulsive des mains, le dépistage préventif, la distanciation sociale, le port du masque et les « bulles-classes ». C’est effectivement ce que pouvaient faire de mieux ces parents dans ce contexte. Je les en félicite.

Cependant, nous aurions tort de croire que les familles sont en elles-mêmes des structures de résistance contre l’autoritarisme gouvernemental, surtout quand il a des tendances totalitaires. C’est un lieu commun de la critique du totalitarisme de reprocher à ce dernier de retirer les enfants à leurs parents et de contrôler complètement l’éducation qu’on leur donne, laquelle serait par ce fait même de l’endoctrinement et du dressage. En fait, il est naïf de croire que la famille ne peut pas remplir la même fonction d’endoctrinement et de dressage que les écoles, et jouer un rôle fondamental dans un système totalitaire, ou dans un système autoritaire à tendance totalitaire. Car les parents, souvent endoctrinés et dressés comme les enseignants des écoles publiques ou des écoles privées, peuvent très bien servir de courroie de transmission de l’idéologie promue par les gouvernements occidentaux et les puissantes élites économiques dont ils servent les intérêts. C’est ainsi que, depuis des décennies, les parents, dans les pays occidentaux, préparent leurs enfants à la servitude du travail salarié qui sera leur lot, par l’exemple qu’ils leur donnent et par le rythme de vie qu’ils leur imposent et que les écoles reproduisent (les enseignants sont des travailleurs salariés et ont souvent des enfants), qu’il s’agisse de la routine autobus-boulot-dodo, du découpage de chaque journée selon un horaire assez rigide, ou de l’opposition semaine/fin de semaine.

En ce qui concerne le cas qui nous intéresse ici, beaucoup de parents ont collaboré avec les autorités politiques, sanitaires et scolaires. Ce sont eux qui, lors du premier confinement, ont consenti à la dégradation ou à l’interruption de l’éducation de leurs enfants et qui les ont enfermés à la maison avec eux pendant des semaines. Ce sont eux qui ont commencé à leur faire porter un masque dans les transports en commun et les lieux publics, alors que les écoles étaient fermées ou que l’année scolaire était terminée. Ce sont eux qui les ont parfois isolés plusieurs jours dans leur chambre ou qui les ont empêchés de mettre le nez à l’extérieur, pour respecter les consignes de la Santé publique en cas de test positif. Ce sont eux qui ont donné leur consentement pour faire administrer les injections expérimentales à leurs enfants, soit parce qu’ils avaient peur d’être eux-mêmes infectés et de tomber malades, soit sous prétexte de ne pas tuer grand-papa et grand-maman. Les opposants qui sont des parents diront que ce sont de mauvais parents. Mettons. Mais ils n’en sont pas moins des parents, et ils sont plus nombreux que les bons parents. Et des parents, justement parce qu’ils voulaient être de bons parents, ont parfois décidé de consentir à la vaccination, pour leurs enfants et eux-mêmes, afin de leur permettre de jouer au soccer ou au hockey et d’assister aux parties et aux séances d’entraînement. Des adultes, pour ne pas être exclus des célébrations de Noël ou du Nouvel An, ont cédé aux pressions des autres membres de leur famille et se sont fait vacciner. La famille, loin d’être un rempart efficace contre l’autoritarisme des gouvernements et leur ingérence dans notre vie privée, peut aussi bien servir de levier pour forcer le consentement et endoctriner, conformément à l’idéologie sanitaire promue activement par les gouvernements occidentaux depuis 2020.

Les opposants pour lesquels la famille est une valeur diront peut-être que cela est dû simplement à la perversion et à l’instrumentalisation de la famille par les autorités gouvernementales, avec la collaboration des médias de masse. Il faudrait donc soustraire la famille à ces influences nocives et lui permettre d’exister sous une forme plus pure.

Je ne suis pas de cet avis. Si les autorités gouvernementales réussissent facilement à façonner la famille pour la transformer en instrument de dressage, c’est probablement que, même quand ces autorités n’exercent pas une influence directe sur elle, elle est un milieu de vie qui cultive des comportements et des sentiments qui sont compatibles avec l’autoritarisme et le totalitarisme. Quand ils ne sont pas à l’école, les enfants sont presque toujours sous la supervision de leurs parents, qui règlent leurs gestes, leurs paroles et leurs sentiments. Quant aux parents, ils doivent constamment surveiller leurs propres gestes, paroles et sentiments pour le bien de leurs enfants, et ils doivent donc se priver de faire et de dire des choses qui n’ont rien de nuisible pour des adultes – ce qui revient pratiquement à vivre comme des enfants et, ce faisant, à se départir d’une grande partie de leur liberté et de leur autonomie. Ne nous étonnons pas que beaucoup de ces adultes acceptent d’être traités comme des enfants par les autorités politiques et sanitaires, qui sont alors les parents des grands enfants que sont les adultes. Autrement dit, l’autoritarisme du gouvernement s’appuie sur les comportements caractéristiques de la vie familiale, pour les transposer en politique et dans d’autres sphères de la société. Façonnés par cette forme d’existence quand nous étions des enfants et des adolescents, et quand nous sommes plus tard des parents, nous sommes disposés à accepter l’ingérence gouvernementale dans notre vie privée et la régulation paternelle ou maternelle de nos actes, de nos paroles, et même de nos idées et de nos sentiments, le tout pour notre bien. Nous pouvons donc dire qu’actuellement la politique, c’est le gouvernement de la famille à l’échelle d’une société, avec l’autoritarisme et les tendances totalitaires que cela implique.

Ces tendances autoritaires et totalitaires étant inhérentes à ce qu’est devenue la vie de famille dans les pays occidentaux, il est fort douteux qu’elles disparaîtraient d’elles-mêmes si on réussissait à soustraire la famille à l’influence des autorités politiques et sanitaires. Il faudrait donc intervenir plus directement, en s’ingérant dans la vie familiale. Voilà qui poserait à mon avis problème, non pas parce que je considère que la famille serait une sorte de sanctuaire sacré, ou que les enfants seraient la chose de leurs parents, mais plutôt parce que ce serait surveiller et contrôler ce que font des adultes, anéantir leur vie privée, et continuer de les traiter comme de grands enfants, pour leur bien et celui de leurs enfants. Nous ne serions pas plus avancés, du moins si ce que nous voulons, c’est de lutter contre l’autoritarisme du gouvernement et les tendances totalitaires qui se manifestent de plus en plus ouvertement dans nos sociétés occidentales. En fait, le remède serait peut-être pire que le mal qu’il est censé combattre, et contribuerait vraisemblablement à l’aggraver. J’en viens donc à me dire que c’est la famille prise en elle-même qui pose problème. Si j’ai raison, c’est donc l’importance de la famille qu’il faudrait réduire pour lutter contre l’autoritarisme et les tendances totalitaires.