Les critères minimaux de la pratique scientifique

Les autorités politiques et sanitaires nous ont répété et continuent de nous répéter qu’il nous faut « croire en la science » et faire « ce que la science dit », et ce, même en l’absence de véritables débats scientifiques sur la « gestion la pandémie » actuelle et des « pandémies » à venir, ou justement pour empêcher que de tels débats aient lieu. Mais ce qu’ils appellent « la science » a-t-il vraiment quelque chose à voir avec la science ? Ce n’est pas là une question à laquelle peut répondre « la science ». Et nous ne pouvons pas davantage nous fier aux experts autorisés pour répondre à cette question, puisqu’ils ont intérêt à répondre positivement, indépendamment de la vérité.

N’étant pour la plupart pas des scientifiques, nous ne pouvons pas déterminer si la « gestion de la pandémie » est scientifique ou non à partir de vérités scientifiques que nous prendrions comme critères d’évaluation et dont nous ne pourrions pas juger en connaissance de cause. D’ailleurs, les scientifiques, spécialisés ou non dans un champ de recherche pertinent (immunologie, microbiologie, épidémiologie, etc.) ne pourraient pas eux non plus procéder de cette manière, car la science est sujette à d’incessantes corrections, ce qui ne se produit pas par magie, et ce qui implique qu’on tolère ou encourage l’existence de positions scientifiques divergentes et non conformes à ce qui passe pour des vérités scientifiques établies aux yeux de la majorité des scientifiques à tel moment.

Est-ce à dire qu’il faut abandonner l’idée – pour les profanes que nous sommes et aussi pour les scientifiques – de juger de ce qui est scientifique et de ce qui ne l’est pas, et qu’il faut accepter ou rejeter en bloc ce qui a des prétentions scientifiques, ou encore faire un tri à l’aveugle, d’après nos intérêts souvent bornés et mal compris, nos désirs peu réfléchis et nos caprices ? Je ne crois pas. Scientifiques ou non, nous pouvons porter des jugements éclairés sur la démarche intellectuelle de ceux qui prétendent être des scientifiques, dans le but de déterminer, avec un assez fort de degré de vraisemblance, si ce qu’ils font est de la science ou non. Nous pouvons convenir de critères portant sur la manière de faire de la science, non pas pour déterminer avec certitude que ce qui répond à ces critères est scientifique et donc vrai, mais pour pouvoir dire que ce qui ne répond pas à ces critères ne sauraient être de la science. En ce sens, il s’agit de critères minimaux, c’est-à-dire ce sans quoi une démarche intellectuelle ne saurait être raisonnablement qualifiée de scientifique, quoi qu’en disent les principaux concernés.

 

Libre affrontement des positions divergentes et transparence

Il est possible d’expliquer les phénomènes de différentes manières. Toutefois, on ne doit pas en conclure que ces explications se valent les unes les autres, car certaines d’entre elles sont plus vraisemblables et ont une puissance explicative supérieure. S’il est certainement difficile, pour des non-scientifiques ou même des scientifiques spécialisés dans un autre domaine, d’évaluer le degré de vraisemblance et la puissance explicative des hypothèses concurrentes portant sur objet ou un problème donné, il est beaucoup plus facile pour eux de juger de la manière dont se déroule ou ne se déroule pas l’affrontement entre les positions divergentes qui existent dans la communauté scientifique.

Le déroulement de cet affrontement a pour condition la transparence quant aux données et aux modèles mathématiques utilisés. Autrement, le débat scientifique peut seulement porter sur les conclusions des recherches et des études, alors que leur valeur dépend de la démarche ayant mené à elles, de la fiabilité des données collectées, de leur traitement, et des modèles mathématiques utilisés pour dégager des régularités de ces données. En fait, nous pouvons nous demander si, en ne donnant pas accès aux éléments constitutifs de la démarche scientifique et en les mettant ainsi à l’abri de la critique, on n’empêche pas simplement le débat scientifique. Du moins, on l’entrave sérieusement. C’est pourquoi des sociétés pharmaceutiques et des centres de recherche privés ou public (ou les chercheurs qu’ils emploient) qui ne rendraient pas accessibles ce matériel de recherche, ou qui le falsifieraient, pourraient être soupçonnés d’avoir quelque chose à cacher et de ne pas vraiment faire de la science. Car s’ils n’avaient rien à cacher, pourquoi manqueraient-ils de transparence et pourquoi refuseraient-ils aux membres de la communauté scientifique l’accès à ce matériel de recherche ? Car en cherchant à se soustraire à la mise en commun du matériel de recherche, n’est-ce pas rejeter le principe sans lequel la communauté ne saurait véritablement exister et ne serait qu’une expression grandement dépourvue de sens ? Pourtant, n’est-ce pas précisément ce qu’ont fait les sociétés pharmaceutiques à propos des essais cliniques portant les fameuses injections expérimentales qui devraient nous protéger contre le virus ? Et n’est-ce pas ce qu’ont fait nos institutions de santé publique en ce qui concerne, par exemple, le nombre de cycles d’amplification des tests PCR, le nombre d’hospitalisations et de décès liés à la COVID-19 (toujours la question du « en étant déclaré porteur du virus » ou « à cause de la COVID »), le nombre de « cas », d’hospitalisations et de décès en fonction du statut vaccinal, et la manière dont sont faites les projections qui annoncent l’engorgement ou l’effondrement du système hospitalier ?

Bien sûr, il n’est pas possible de tout cacher. Il serait alors trop évident qu’il ne s’agit pas de science et qu’on sombre dans l’obscurantisme. Mais on peut certainement limiter les données rendues accessibles et les éparpiller dans plusieurs jeux de données, afin de faire travailler davantage et de dissuader les scientifiques qui se poseraient des questions, et de compliquer la combinaison de ces données, par exemple grâce à des définitions ou des groupes d’âge qui ne sont pas les mêmes. Et on peut aussi trafiquer subrepticement ces données en ne distinguant pas les personnes hospitalisées ou décédées à cause de la COVID ou déclarées positive au virus sans avoir de symptômes de la COVID ; ou en abolissant les groupes témoins auxquels on administre les injections expérimentales, quelques mois seulement après le début des essais cliniques ; ou en n’incluant pas dans le groupe « vacciné avec tel nombre de doses » les personnes ayant reçu une dose depuis moins 14 jours ou de 7 jours (selon le nombre de doses reçues), pour les compter dans le groupe « non vacciné » ou « vacciné avec une dose de moins », ce qui peut dissimuler les infections et les complications « post-vaccination » et donner l’impression trompeuse que les personnes « non vaccinées » ou « non adéquatement vaccinées » sont de manière disproportionnée celles qui sont infectées, malades et hospitalisées à cause de la COVID-19. Si bien qu’il faut faire toute une gymnastique intellectuelle et mathématique pour clarifier la situation, obtenir les données manquantes, ou tenir compte de ces manques, parfois en faisant des approximations et des hypothèses qui rendront moins concluants les résultats obtenus.

Malgré tout, il existe des scientifiques qui en viennent à remettre en question la rigueur scientifique qui travaillent pour des sociétés pharmaceutiques, des centres de recherche et des institutions de santé publique, grâce à des demandes d’accès à l’information, en utilisant des données plus complètes en provenance d’autres pays, ou en réussissant à obtenir des données assez claires en combinant les données partielles portant sur la COVID-19 les unes avec les autres, ou avec d’autres données, par exemple les hospitalisations et les décès toutes causes confondues. Que se produit-il alors ? Autant que possible, les chercheurs concernés et les autorités sanitaires essaient d’ignorer ces critiques et les positions divergentes qui s’y développent, quitte à avoir recours à la censure dans les médias traditionnels et sur les réseaux sociaux, qui favorisent les « connaissances scientifiques » autorisées et orthodoxes. Quand ce n’est pas assez, les « fact-checkers » prétendent montrer à ces scientifiques comment faire leur travail, en leur reprochant notamment de ne pas se conformer au prétendu « consensus scientifique », sans se demander si un tel consensus existe et si son existence serait bénéfique pour la science (ce sont pas là des connaissances démontrées scientifiquement et à propos desquelles il y a un consensus), et sans se donner la peine de comprendre que ce prétendu consensus n’existe pas dans les cas qui les intéressent, puisque des scientifiques expriment justement des positions divergentes. Souvent, le travail des « fact-checkers » ne suffit pas. C’est pourquoi d’autres journalistes se déchaînent contre ces scientifiques, en multipliant les attaques qui visent la personne et non les thèses scientifiques défendues, et en ayant recours à la calomnie. Enfin, les ordres professionnels et les administrations universitaires et sanitaires peuvent prendre des mesures disciplinaires contre les scientifiques en question et leur imposer des sanctions. Le Collège des médecins du Québec a averti ses membres qu’ils s’exposent à des sanctions s’ils expriment publiquement (notamment sur les réseaux sociaux) des positions qui ne sont pas conformes à « la science ». Patrick Provost, professeur au Département de microbiologie, d’infectiologie et d’immunologie de l’Université Laval), a été condamné à une suspension de huit semaines sans paie pour avoir osé exprimer des doutes sur le rapport bénéfice/risque de la « vaccination » des enfants (billet du 4 juillet 2022). En France, le Dr Amine Umlil, spécialiste de la pharmacovigilance, fait l’objet d’une procédure disciplinaire pour être allé « à l’encontre de la communication gouvernementale ».

Est-ce ainsi que le débat scientifique doit se pratiquer ? Est-ce ainsi que les positions divergentes doivent s’affronter pour que la vérité soit connue et que les erreurs commises soient repérées et corrigées ? Et de quoi se mêlent ces journalistes et ces administrateurs, dont la démarche n’est pas seulement non scientifique, mais incompatible avec la libre recherche qu’exige la pratique de la science ?

 

Reproductibilité des expériences scientifiques et modification des protocoles de recherche

Un autre principe important de la science, c’est que les expériences doivent être reproductibles. On veut dire par là que les expériences faites par une équipe de chercheurs doivent être refaites par un autre ou plusieurs autres équipes de chercheurs afin de voir si les mêmes résultats ou des résultats très semblables seront obtenus. Grâce à cette reproduction des expériences, les scientifiques peuvent s’assurer que la première équipe n’a pas fait d’erreurs ou que les résultats n’ont pas été trafiqués par elle afin d’arriver aux résultats désirés, dont dépendent souvent les profits faits par des entreprises qui emploient ces chercheurs, ou le financement public et privé des centres de recherche dont ils font partie. Quant aux non-scientifiques ou aux scientifiques non compétents dans la discipline ou la spécialité scientifique concernée, le fait de savoir que les expériences sont reproduites par d’autres scientifiques donnent de la crédibilité à la démarche des scientifiques et aux résultats obtenus, si ceux-ci sont confirmés par les expériences reproduites. Mais sans tentatives de reproduction des expériences, les scientifiques ne peuvent pas juger en connaissance de cause des résultats obtenus, ou le peuvent difficilement, bien que les articles ou les rapports dans lesquels sont présentés les résultats puissent leur donner des indices sur la rigueur avec laquelle les expériences ont été faites et la fiabilité des résultats obtenus. Il en résulte que les non-scientifiques et les scientifiques non spécialisés dans le domaine n’ont pas de raisons de considérer les résultats des expériences non reproduites comme des vérités démontrées scientifiquement.

Il peut aussi arriver que les scientifiques qui s’intéressent aux expériences des autres dans un domaine où ils sont compétents trouvent dans les protocoles de recherche mis en œuvre ce qui leur semble être des défauts, des faiblesses ou des erreurs, avant d’avoir essayé de reproduire une expérience donnée, ou justement après avoir reproduit cette expérience. Une autre manière de mettre à l’épreuve cette expérience et les résultats obtenus est de modifier ce protocole de recherche et de refaire l’expérience en conséquence afin de voir si, après ces corrections, on obtient des résultats semblables à ceux de l’expérience initiale ou compatibles avec eux. Le fait que cette mise à l’épreuve est possible, et est même encouragée ou exigée, rend justifiées la confiance en la démarche intellectuelle des chercheurs impliqués et la valeur accordée aux résultats obtenus. À l’inverse, si cette mise à l’épreuve n’a pas lieu et est même entravée malgré les critiques des protocoles de recherche faites au sein de la communauté scientifique, on a de bonnes raisons de douter de la valeur scientifique des expériences et des résultats en question.

Quand les « vaccins » contre la COVID-19 étaient sur le point d’être approuvés ou venaient d’être approuvés pour utilisation d’urgence ou conditionnelle par les agences de santé nationales, les autorités politiques et sanitaires et les journalistes affirmaient péremptoirement que ceux-ci sont efficaces et sécuritaires. On pourrait croire que ces agences de santé ont essayé de reproduire les essais cliniques – qui sont une sorte d’expérience – en faisant leurs propres essais. Ce n’est pourtant pas ce qu’a fait, par exemple, l’agence nationale canadienne responsable de l’approbation et, sauf erreur, nous pouvons en dire autant des agences nationales des autres pays. Santé Canada a simplement approuvé l’utilisation des « vaccins » à partir des résultats des essais cliniques réalisés par les fabricants desdits « vaccins », lesquels avaient certainement intérêt à obtenir d’excellents résultats, aussi bien quant à la sécurité qu’à l’efficacité, afin de faire un magot. L’agence canadienne, qui a l’époque s’est vantée d’avoir approuvé le premier « vaccin » avant l’agence américaine, a manqué de la rigueur et de la prudence scientifiques les plus élémentaires. Non seulement elle ne s’est pas donné la peine d’essayer de reproduire les essais cliniques par les marchands de « vaccins », mais elle n’a pas non plus essayé de tenir compte des défauts et des limites de ces essais cliniques et de les corriger, notamment le fait que les participants n’étaient pas soumis régulièrement et systématiquement à des tests de dépistage par les chercheurs mais décidaient eux-mêmes d’aller passer des tests, l’absence de données sur la réduction de la contagiosité, le nombre insuffisant de personnes âgées plus vulnérables parmi les participants, la durée trop courte des premières phases des essais pour évaluer la sécurité et l’efficacité des « vaccins » à moyen terme et à long terme, l’élimination du groupe placebo dont les membres ont été en grande partie « vaccinés », et le fait que les premières phases de ces essais ont eu lieu durant l’été et l’automne, alors que la COVID-19 est une maladie respiratoire qui sévit surtout l’hiver. Et n’oublions pas le fait que, dans les essais cliniques de Pfizer et de Moderna, les participants savaient s’ils avaient reçu le « vaccin » ou le placebo, ce qui est contraire à ce qui se fait habituellement (des essais en double aveugle) dans les essais cliniques, et ce qui y a introduit un billet important, les personnes « vaccinées » croyant qu’elles sont protégées contre la COVID-19, allant moins souvent passer des tests de dépistage et ayant moins de chances d’obtenir un résultat positif pendant ces essais, et les personnes « non vaccinées » croyant qu’elles ne sont pas protégées, allant passer plus souvent des tests de dépistage et ayant plus de chances d’obtenir un résultat positif pendant ces essais (voir la vidéo de Décoder l’éco du 2 septembre 2022).

L’approbation de ces « vaccins » par les experts de Santé Canada et leurs déclarations très favorables à l’égard de leur sécurité et de leur efficacité ne s’appuient donc pas sur une démarche scientifique, mais plutôt sur la foi aveugle (ou intéressée) qu’ils ont en les résultats présentés par les marchands de « vaccins » – foi que leurs déclarations non fondées scientifiquement devraient communiquer à l’ensemble de la population canadienne, du seul fait qu’ils seraient des experts autorisés parlant nécessairement en connaissance de cause.

 

Exactitude des prévisions et correction des erreurs

La capacité de faire, à partir des régularités observées, des prévisions exactes est une des caractéristiques importantes de la science moderne. C’est ce qui permet d’acquérir un certain degré de maîtrise de ce qui constitue la réalité, et c’est ce qui la rend utile. Des prévisions qui seraient vagues et susceptibles d’être interprétées de différentes manières après les événements, ou qui seraient régulièrement démenties par l’expérience sans que cela n’entraîne des tentatives rigoureuses de correction, ne sauraient s’inscrire dans une pratique scientifique au sens où nous l’entendons depuis quelques siècles.

Imaginez que des physiciens, qui prétendent rendre compte de la réalité grâce à leurs modèles mathématiques, refusent de faire des prévisions précises et quantifiables grâce à ces modèles, ou bien font souvent ou toujours des prévisions qui s’avèrent fausses ou imprécises, sans pourtant essayer de corriger ou d’améliorer ces modèles et en continuant à affirmer que ces modèles sont démontrés scientifiquement. Dirons-nous que ces « savants » font de la science et que leurs « savoirs » sont des vérités démontrées scientifiquement ? Certainement pas.

S’il est vrai que nous ne pouvons pas attendre le même degré d’exactitude dans les prévisions des différentes sciences et pour tous les objets, la pratique scientifique ne saurait tolérer une forte dose d’inexactitude, surtout quand elle est récurrente et quand on s’accommode d’elle, au lieu d’essayer de corriger la situation. Même si l’épidémiologie et la santé publique peuvent difficilement prétendre à une exactitude aussi grande que la physique, ceux qui les pratiquent ne pourraient toutefois pas prétendre faire de la science s’ils pataugeaient constamment dans l’inexactitude, s’accommodaient fort bien de la situation, et profitaient même de la confusion qui en résulte pour dissimuler, justifier ou excuser ce manque de rigueur.

Les zélateurs des mesures sanitaires, quelle que soit leur spécialité scientifique ou médicale, ne sont pas en mesure de faire des prévisions fondées scientifiquement à propos de l’évolution de la « pandémie » en fonction des différentes mesures soi-disant sanitaires. Ces experts nous ont-ils annoncé avec précision, à un moment ou un autre, quels sont les effets absolus et relatifs, évidemment quantifiables, des décisions suivantes prises par les autorités politiques et sanitaires ; et ce, dans la réalité et pas dans un laboratoire ou dans une modélisation mathématique qui se devrait se substituer à la réalité ?

  • le fait de faire passer la distanciation physique d’un mètre à deux mètres ;

  • le fait d’imposer la distanciation physique aussi à l’extérieur, malgré l’aération bien meilleure qu’à l’intérieur ;

  • le fait d’obliger le port du masque quand la distanciation d’un mètre ou de deux mètres ne peut pas être respectée ;

  • le fait d’obliger de porter un masque dès qu’on quitte son bureau au travail ou sa place dans un restaurant ou un café ;

  • le fait de devoir porter un masque en tout temps même quand on est assis à son bureau ;

  • le fait d’obliger de porter un masque chirurgical dans certains lieux pendant une certaine période ;

  • le fait d’accepter le port des couvre-visages en tissu dans certains lieux pendant une autre période ;

  • le fait d’imposer le port du masque à l’extérieur, dans toutes les rues, seulement dans certaines rues, ou seulement pour certains événements ;

  • le fait d’imposer, dans certains milieux de travail et pour certaines catégories de travailleurs, le port de lunettes de sécurité ou d’une visière ;

  • le fait de maintenir l’obligation de porter un masque dans les transports en commun quelques semaines après la levée de cette obligation dans les autres lieux publics ;

  • le fait d’autoriser les rassemblements privés extérieurs de dix personnes maximum provenant au plus de trois foyers différents, et pas les rassemblements huit personnes provenant de quatre foyers différents ;

  • le fait d’autoriser les rassemblements privés intérieurs de dix personnes maximum provenant au plus de trois foyers différents, et pas de six personnes qui habitent toutes seules ;

  • le fait d’imposer un couvre-feu, de le faire commencer à 19 heures, et plus tard à 21 heures ;

  • le fait de viser une couverture vaccinale d’au moins 75 %, au lieu de 65 % ou de 70 %, pour tous les groupes d’âge de plus de cinq ans ;

  • le fait d’exiger la « vaccination » de certaines catégories de travailleurs assez disparates (les travailleurs de la santé, les camionneurs, les facteurs) ;

  • le fait d’imposer le dépistage préventif récurrent aux travailleurs qui refusent de se soumettre à « l’obligation vaccinale » ;

  • le fait de confiner à la maison seulement les personnes non vaccinées, ou de leur interdire l’accès à certains lieux et la participation à certaines activités, de l’automne jusqu’au printemps ;

  • etc.

Les experts et les autorités sanitaires se sont gardés de faire des prévisions quantifiables sur l’évolution de la « situation épidémiologique » générale, ou dans certains milieux sociaux ou certaines régions, en fonction des facteurs que nous venons d’énumérer, pris individuellement ou combinés. Jamais les autorités sanitaires ne nous ont annoncé, quand des mesures soi-disant sanitaires étaient imposées, les effets quantifiables escomptés dans la durée, avec une certaine marge d’erreur. (Dans le meilleur des cas, il est possible de trouver dans des documents administratifs peu consulté des projections d’ensemble à partir du taux d’adhésion aux mesures soi-disant sanitaires prises en blocs – projections que les experts ne confrontent pas publiquement avec ce qui se passe ensuite pour en évaluer la justesse.) Les autorités sanitaires s’en tiennent plutôt à des affirmations générales et vagues, en nous disant qu’il est démontré scientifiquement que les mesures soi-disant sanitaires imposées « aident à ralentir la propagation du virus et à protéger la population », mais sans essayer de quantifier la diminution du nombre de « cas », d’hospitalisations et de décès liés à la COVID-19. Tout au plus nous dit-on, de manière générale, qu’on s’attend approximativement à telle incidence à tel moment et qu’on s’attend à atteindre le pic de la « vague » à tel moment. Si, malgré ces mesures, la « situation épidémiologique » semble continuer à s’aggraver au fur à mesure que nous approchons du milieu de l’hiver, les autorités politiques et sanitaires, au lieu de se raviser, prétendent que c’est parce que la population ne respecterait pas suffisamment les mesures sanitaires, pour en conclure qu’il faut prendre les grands moyens pour obtenir la plus grande obéissance possible et qu’il est nécessaire d’imposer des mesures supplémentaires. Quand la « situation épidémiologique » semble enfin s’améliorer, généralement à la fin de l’hiver ou au printemps, les autorités sanitaires s’empressent de conclure que les mesures soi-disant sanitaires ont fini par fonctionner et nous ont permis d’éviter le pire, sans se donner la peine de quantifier après coup le rôle jouer par chaque mesure ou chaque variante de mesure dans cette victoire, avec données à l’appui, et d’utiliser ces découvertes pour être en mesure, à l’avenir, de faire des prédictions précises et exactes en prenant en compte dans leurs calculs de tous les paramètres.

Il n’est pas nécessaire d’être scientifique pour constater qu’on est à des années-lumières du grand sérieux scientifique revendiqué par les autorités sanitaires. Les autorités sanitaires pataugent et se vautrent même dans l’inexactitude, le flou et le vague.

De deux choses, l’une : soit il est possible de faire des prévisions quantifiées et on peut faire de la santé publique une science, mais les autorités sanitaires ne sont pas à la hauteur, ce qu’elles devraient avoir l’honnêteté de reconnaître, pour céder la place à des scientifiques compétents ; soit cela n’est pas possible et les experts en santé publique doivent arrêter de nous raconter des histoires et de prétendre à la scientificité pour nous en imposer.


Sauf erreur, ce qui prétend être scientifique et ne répond pas à ces critères minimaux ne saurait être considéré comme de la science. Les autorités politiques et sanitaires et les journalistes ne sauraient alors exiger de nous que nous « suivions la science » ou que nous « croyions en la science », puisqu’il ne s’agit pas de science. D’ailleurs, ces exhortations étant peu compatibles avec le caractère dynamique et non dogmatique de la science, elles sont déjà des indices qu’il ne s’agit pas de science, et elles devraient nous inciter à douter et à nous méfier.

Quant à ce qui répond à ces critères, il est raisonnable de croire qu’il s’agit de science, ce qui implique qu’on ne croie pas dogmatiquement à ce qui passe pour être, à un moment donnée, des vérités démontrées scientifiquement. La science est un processus dynamique et ce qui la constitue doit être soumis à la critique et être corrigé ou perfectionné.

Sans cette possibilité, pour les non-scientifiques, de juger de ce qui est scientifique et de ce qui ne l’est pas, la démocratie ne serait pas possible. Les décisions seraient prises selon les avis des experts (ou de ceux qui passent pour des experts), auxquels les citoyens et les élus devraient obéir, ou que les élus instrumentaliseraient pour obtenir l’obéissance des citoyens. Il en résulterait, et il en résulte déjà, une forme particulièrement dangereuse d’assujettissement politique, dont ceux qui prétendent à tort ou à raison faire de la science n’ont pas une connaissance privilégiée, et laquelle ils ignorent souvent quand ils essaient d’orienter et de légitimer les décisions politiques des gouvernements, pour la simple raison qu’elle n’est pas un objet de leur science.

Nous laisserons-nous mener indéfiniment par les autorités politiques et sanitaires qui prétendent « suivre la science », mais dont la démarche n’a pourtant rien ou presque de scientifique ?

Si nous répondons négativement à cette question, nous avons intérêt à faire aussi passer le test de ces critères minimaux à la production et aux communications prétendument scientifiques qui portent sur les changements climatiques. Car il est douteux que les experts en la matière, soutenus par les politiciens et les journalistes, tolèrent le libre affrontement des positions divergentes, n’entravent pas les efforts faits pour reproduire leurs observations ou les refaire en corrigeant leurs protocoles de recherche, et s’efforcent de faire des prévisions rigoureuses quant à ces changements, une chose et son contraire (vague de chaleur ou vague de froid, sécheresse ou inondation) pouvant être conçue comme une preuve que ces changements se produiraient et constitueraient une grave menace pour l’humanité et la planète.