Le groupe tactique de bataillon russe

Nous nous plaisons trop souvent à croire, au Canada et ailleurs en Occident, que l’armée russe est une horde de barbares qui recrute de force des soldats, qui méprise la vie de ces derniers et qui utilise la tactique des vagues humaines, à supposer que cela mérite le nom de tactique. Si telle était la réalité, il y a longtemps que l’armée russe aurait subi une cuisante défaite en Ukraine et les dirigeants occidentaux ne seraient pas paniqués à ce point à propos du soutien militaire qu’il faudrait continuer de fournir à l’Ukraine, coûte que coûte.

L’entretien d’un militaire russe avec Brian Berletic (The New Atlas) peut nous aider à en finir avec ce cliché qui a plusieurs décennies. Nous apprenons entre autres que les soldats qui ont été mobilisés au cours des derniers mois ne sont pas des recrues mal entraînées qu’on envoie à l’abattoir. Ensuite, le groupe tactique de bataillon russe, qui est une des unités de base des forces armées russes impliquées dans les combats se déroulant en Ukraine, a une structure tout à fait réfléchie devant lui permettre une importante puissance de feu et une grande mobilité. Il ne s’agit pas seulement d’avoir des soldats capables de manier les armes, les systèmes de défense et les véhicules qui leur sont confiés, mais aussi de les rendre capables de combattre ensemble de manière harmonieuse, ce qui permet au groupe tactique de bataillon d’agir de manière organisée sur le champ de bataille et de faire preuve d’autonomie et de flexibilité.

Une chose qui me frappe, après avoir regardé cet entretien, c’est la manière civilisée et franche dont discutent cet ancien militaire américain et ce militaire russe. Si les chefs politiques et les diplomates (qui souvent ne méritent pas ce nom) occidentaux étaient capables d’en faire autant, la guerre en Ukraine n’aurait probablement pas eu lieu et nous ne serions pas en train de craindre qu’elle évolue en un conflit militaire opposant directement l’OTAN et la Fédération de Russie.

Prenons tout de même avec un grain de sel ce que dit ce militaire russe. Les choses étant ce qu’elles sont, il serait naïf de croire qu’il peut tout nous dire, même si je n’ai pas l'impression qu’il nous ment. Dans le contexte d’une guerre, et même en temps de paix, cela est normal. Alex serait un mauvais militaire s’il disait tout ce qu’il sait, c’est-à-dire plus qu’en savent les services de renseignement militaires occidentaux.