La convergence bionumérique

Je suis tombé la semaine dernière sur le site d’Horizons de politiques Canada, organisme qu’on décrit comme suit sur ce même site :

« Horizons de politiques Canada, également connu sous le nom d’Horizons de politiques, est une organisation au sein de la fonction publique fédérale qui mène des activités de prospectives stratégiques sur des enjeux transectoriels qui informent les fonctionnaires sur les conséquences des politiques publiques possibles au cours des 10 à 15 prochaines années. »

Sa directrice générale, Kristel Van der Elst, est pour le moins dire très bien réseautée :

« Kristel Van der Elst is CEO of The Global Foresight Group, Director General at Policy Horizons Canada, Special Advisor to European Commission Vice-President Maroš Šefčovič, and a fellow at the Center for Strategic Foresight of the U.S. Government Accountability Office. She is a visiting professor at the College of Europe, and the former Head of Strategic Foresight at the World Economic Forum. Kristel has about 20 years of experience in forward-looking strategy and policy advisory roles. She works with senior executives and policy makers, providing the insights, resources and processes to help them turn long-term strategic thinking into actions and impacts. Kristel holds an MBA from the Yale School of Management, a Masters in Development Cooperation from the University of Ghent, and a Masters in Commercial Engineering from the Free University of Brussels. She is a Fulbright Scholar and a Rotary Foundation Ambassadorial Scholar. »

(Source : World Economic Forum)

Outre le fait qu’elle entretient des liens avec des organisations dont les intérêts sont fort incompatibles avec ceux des citoyens canadiens, je trouve bizarre et même dérangeant que la directrice générale de cet organisme de prospective ne soit pas, sauf erreur, une citoyenne canadienne. Malgré des recherches sur internet, je ne peux pas m’en assurer. On dirait que Mme Kristel Van der Elst est elle-même une entité globalisée et qu’elle transcende les frontières nationales : c’est une citoyenne du monde.

Quant à l’équipe de chercheurs qui l’entoure, elle est composée d’analystes en prospective, d’analystes principaux en prospective et d’un futuriste en chef. L’un de ces chercheurs, Kurt Richardson, aurait une maîtrise en terrorisme et en violence politique. Et ce sont ces individus aux compétences intellectuelles assez quelconques pour la plupart (d’après leur brève biographie) qui peignent les futurs possibles pour le Canada, en suivant bien sûr les grandes tendances planétaires. Ce qui est censé avoir une influence sur les décisions prises pour nous par nos chefs politiques et la haute direction des organismes publics fédéraux.

Ce qui frappe, en survolant plusieurs des articles publiés sur ce site, c’est l’importance très grande accordée aux nouvelles avancées technologiques. Même si on tente parfois de donner l’impression contraire, les nouvelles technologies ne sont pas tant utilisées comme moyens de réaliser un projet politique désirable pour les citoyens canadiens, que comme des facteurs de transformation sociale et économique auxquels il faudrait nous adapter, notamment pour suivre les grandes tendances en santé publique et en réorganisation du travail.

J’attire plus particulièrement votre attention sur un texte publié en février 2020 qui a eu un certain retentissement chez des blogueurs et des vlogueurs anglophones et francophones.

« Explorer la convergence bionumérique »

Plusieurs y ont vu un manifeste du gouvernement canadien en faveur du transhumanisme, et même un projet transhumaniste dont l’injection à la population canadienne de vaccins à ARN messager expérimentaux serait la première étape. Sans exclure entièrement un projet délirant de la part de nos autorités politiques et sanitaires – c’est qu’avec toutes les absurdités dont elles se sont rendues coupables depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, je ne sais pas où peut s’arrêter leur folie –, ce n’est pas en présumant l’existence d’un tel projet, dans lequel s’inscrirait la vaccination massive, que je vous invite à lire ce texte. Nous ignorons quelle influence cet organisme exerce véritablement sur les décisions prises par le gouvernement fédéral.

Il n’en demeure pas moins vrai que, même en tant que simples fictions futuristes sans applications immédiates, ces prospectives financées à mêmes les deniers publics nous en disent long sur l’imaginaire d’une certaine catégorie de technocrates en partie responsables de la crise morale, sociale, politique et civilisationnelle qui est devenue évidente depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire, mais qui lui est assurément antérieure.

Je ne veux pas faire ici une analyse de ce long article. Je m’en tiendrai à quelques remarques générales susceptibles de donner une orientation critique à une lecture de cet article.

Commençons par lire l’avant-propos :

« Dans les années à venir, les technologies bionumériques pourraient être intégrées dans nos vies de la même manière que les technologies numériques le sont présentement. La convergence des systèmes biologiques et numériques pourraient changer notre manière de travailler, de vivre et même d’évoluer en tant qu’espèce. Plus qu’un changement technologique, cette convergence bionumérique pourrait transformer notre compréhension de nous-mêmes et nous amener à redéfinir ce que nous considérons comme humain ou naturel.

La convergence bionumérique pourrait avoir des répercussions profondes sur notre économie, nos écosystèmes et notre société. En nous tenant prêts à l’appuyer, tout en gérant les risques qui en découlent avec soin et en faisant preuve de sensibilité, nous serons en meilleure position pour gérer les considérations sociales et éthiques et pour orienter les conversations concernant les politiques et la gouvernance.

Guidé par son mandat, Horizons de politiques Canada (Horizons de politiques) souhaite amorcer un dialogue éclairé et utile sur les avenirs plausibles de la convergence bionumérique et sur les questions de politiques qui pourraient émerger. Dans ce premier document, nous définissons et explorons la convergence bionumérique – l’importance de l’explorer maintenant, ses caractéristiques, les nouvelles capacités qui pourraient en découler et quelques répercussions initiales sur les politiques. Nous voulons amorcer un dialogue avec un large éventail de partenaires et d’intervenants sur la forme que pourrait prendre notre avenir bionumérique, sur les répercussions que cette convergence pourrait avoir sur les secteurs et les industries, ainsi que sur l’évolution possible de notre relation avec la technologie, avec la nature et même avec la vie.

Nous vous invitons à nous faire part de vos commentaires et à participer car nous souhaitons approfondir les questions soulevées dans le présent document. »

Même si le conditionnel est utilisé dans cet avant-propos, la question de savoir si c’est une bonne idée de nous engager sur la voie de la convergence bionumérique semble exclue. Il s’agirait plutôt de faire une gestion du risque de la convergence bionumérique, en postulant que le risque encouru pour les citoyens canadiens n’est pas trop grand et qu’il est gérable. Pourtant il est loin d’être certain que nous gagnerions quelque chose, et que nous ne perdrions pas beaucoup, à cette transformation de notre manière de notre manière de travailler, de vivre et même d’évoluer en tant qu’espèce, et de ce que nous considérons comme humain ou naturel.

Voyons ce que l’on entend par convergence bionumérique :

« […] Les technologies numériques et les systèmes biologiques commencent à se fusionner d’une manière qui pourrait bouleverser en profondeur nos hypothèses sur la société, sur l’économie et sur notre corps. C’est ce que nous appelons la convergence bionumérique. »

Je ne fais pas partie de ceux qui voient une abomination dans le fait de modifier la nature, entre autres la nature humaine. Tout dépend des effets visés et des moyens pris pour obtenir ces effets. Mais si nous en jugeons d’après les mesures prises par nos décideurs pour atteindre les résultats désastreux qu’on connaît depuis mars 2020, et qui ont transformé nos mœurs et notre comportement pour le pire, nous ne pouvons pas raisonnablement espérer quelque chose de bon de ces projections futuristes. À l’inverse, des décideurs qui trouveraient souhaitables que le gouvernement canadien et des entreprises spécialisées dans l’industrie bionumérique se lancent, dans un avenir pas si éloigné, dans de pareilles transformations des personnes humaines, de notre société et de notre civilisation, n’auraient probablement pas de scrupules à injecter à toute la population canadienne des vaccins expérimentaux dont les effets à long terme ne sont pas connus, et à remodeler en profondeur notre existence et notre société, sans nous consulter, notamment par la mise en place d’un passeport sanitaire qui pourrait progressivement devenir un dispositif de contrôle et de surveillance de toute la population, par exemple grâce à la collecte de données sur nos actes en apparence les plus insignifiants. Cela leur semblera être des broutilles en comparaison de ces futurs possibles.

Je n’en dis pas davantage et j’invite mes lecteurs à lire ce drôle de texte avec attention, en se demandant ce qu’il peut bien faire sur le site d’un organisme rattaché au gouvernement canadien.

Explorer la convergence bionumérique