La confusion des rôles (2) – Les curés

La médecine actuelle étant censée être fondée sur la science, ceux qui la pratiquent peuvent difficilement ignorer les prédictions faites par les devins qui parviennent à passer pour des scientifiques (billet du 19 septembre 2022 sur les devins) et à imposer leurs prédictions à la communauté dite scientifique, surtout quand celles-ci sont reprises par les autorités politiques et les journalistes. Les médecins doivent donc se conformer à l’orthodoxie imposée par les devins, sinon gare à eux ! C’est ainsi qu’ils doivent relayer les prédictions des devins, prêcher pour obtenir la foi et l’obéissance de la population, et appliquer les protocoles sanitaires et médicaux s’appuyant sur les prophéties des devins et devant donner l’impression aux profanes qu’elles se réalisent. En d’autres termes, les médecins deviennent des curés qui s’occupent du salut des corps et qui sermonnent la population au lieu de la soigner, laquelle ne s’aperçoit pas qu’ils ne font plus de la médecine, tant est grand le prestige des soi-disant médecins et des soi-disant scientifiques dont les découvertes guideraient la pratique de la médecine. En ce sens, les experts en santé publique, dont on persiste à dire qu’ils sont des médecins même s’ils ne soignent pas les malades, sont l’archétype de cette espèce de curés ou, mieux encore, sont les grands prêtres de la religion sanitaire.

Même si cette tendance s’est grandement renforcée quand les devins ont annoncé l’arrivée du nouveau virus et les hécatombes qui devaient en résulter inévitablement si on ne confinait pas toute la population, elle existait déjà bien avant l’arrivée du virus, sous une forme moins apparente et moins nuisible. L’importance souvent exagérée que les médecins accordent à la prévention, et le fait qu’ils prétendent réglementer nos habitudes de vie quand nous sommes malades ou même bien portants, pour que nous ne devenions pas plus malades ou pour que nous restions en santé, consistent en fait à s’ingérer dans notre vie. Il nous faudrait par exemple avoir un régime alimentaire plus équilibré, arrêter de fumer ou d’être exposés à la fumée des autres, boire moins d’alcool ou ne plus en boire du tout, consommer moins de café, dormir plus longtemps, faire de l’activité physique et perdre du poids, en laissant entendre que si nous n’écoutons pas leur prêche et ne nous imposons pas à nous-mêmes une discipline sanitaire rigoureuse et minutieuse, nous sommes non seulement responsables des problèmes de santé que nous avons ou que nous finirons par avoir, mais aussi du fardeau supplémentaire et évitable que nous représenterions pour le système de santé engorgé où s’engouffrent les fonds publics provenant des taxes et des impôts payés par les contribuables. En guise de réponse à ces sermons, il faudrait voir dans quelle mesure la prêche de ces curés, qu’elle vise des individus ou des collectivités, détourne les ressources humaines et financières du réseau de santé des soins eux-mêmes et contribuent à son engorgement et aux importantes dépenses qui y sont faites.

À première vue, il s’est produit une importante transformation dans les sermons sanitaires des curés quand le virus est arrivé chez nous. S’il est vraisemblable que le fait de manger régulièrement du fast-food, de fumer comme une cheminée, de boire comme un ivrogne, d’ingurgiter une douzaine de tasses de café par jour, de se surmener en dormant tout au plus cinq ou six heures par nuit, et de passer douze heures par jour devant un écran d’ordinateur ou le téléviseur, n’est pas bon pour la santé et nous dispose à avoir toutes sortes de maladies, les mesures sanitaires réclamées par les devins, imposées par les gouvernements et soutenues publiquement par le clergé médical sont bien entendu mauvaises pour la santé, et ne pouvaient passer pour bonnes que dans la mesure où elles permettraient d’éviter les maux incommensurablement plus grands annoncés par les devins – drapés dans l’autorité de la science – lors de la venue du virus. Qu’ont fait les confinements à beaucoup d’entre nous, qu’ils fassent partie ou non des personnes qu’on considère vulnérables ? Ils nous ont rendu encore plus sédentaires qu’avant. Ils ont favorisé l’augmentation de la consommation d’alcool régulière ou excessive. Ils ont poussé les fumeurs à fumer encore plus à cause de l’angoisse et de l’ennui, et ont poussé les anciens fumeurs à recommencer à fumer. Ils ont provoqué des dépressions et d’autres troubles de santé mentale chez beaucoup de nos concitoyens. Le prêche des curés, supposément motivé par des raisons sanitaires, a alors fait adopter à toute la population des habitudes de vie nocives pour leur santé physique et mentale. À moins de croire aux prédictions des devins, ces sermons ne peuvent pas se justifier par leurs bons effets sur la santé de la population, contrairement aux sermons des curés faits avant l’arrivée du virus. Nous faut-il en conclure alors que le plaisir de nous sermonner et le contrôle de notre manière de vivre se sont émancipés des effets salutaires qui devraient en résulter, pour devenir des fins en elles-mêmes ?

Mais en y regardant de plus près, le plaisir de nous sermonner, d’exercer et de se faire valoir ainsi peut aussi expliquer en partie le comportement des curés avant la venue du virus. En effet, ceux-ci semblaient déjà se soucier assez peu des obstacles sociaux et économiques à l’adoption des habitudes de vie saines qu’ils prêchent, et qu’ils peuvent continuer de prêcher justement parce qu’il est impossible ou difficile de les adopter pour beaucoup d’entre nous, en raison du mode de vie qui nous est imposé. Il n’est pas donné à tous de bien manger alors que le prix de la nourriture augmente rapidement, que nos salaires n’augmentent pas à la même vitesse, que nous devons passer 40 heures par semaine au travail sans compter les déplacements, que notre charge de travail est souvent très lourde, et que nous avons d’autres obligations, par exemple à cause de nos enfants. Et on voudrait que nous trouvions aussi le temps et l’énergie de faire de l’activité physique régulièrement, par exemple en allant au gym ou en faisant du sport ! Et on s’étonne qu’avec ce mode de vie pénible et même assommant, beaucoup trouvent plus facile de rester enfermés à la maison après le travail, pour naviguer sur les réseaux sociaux, pour regarder des films ou des séries télévisées, pour jouer à des jeux vidéos ! Et on s’étonne que d’autres, moins nombreux, soient portés sur la bouteille pour se détendre, oublier leurs soucis ou supporter leur existence moche ! Si les curés se souciaient vraiment de l’amélioration de nos habitudes de vie, de notre état de santé et de l’engorgement et des dépenses du système de santé, ils passeraient beaucoup moins de temps à moraliser les individus et à leur reprocher leurs fautes, et ils en passeraient beaucoup plus à réclamer des changements à notre organisation sociale pour rendre plus facile ou possible aux individus d’adopter un mode de vie plus sain. Étant donné que ce n’est pas le cas, nous pouvons soupçonner les curés d’hypocrisie, le désir qui les fait agir ainsi à notre égard étant en fait le plaisir de nous sermonner et non de contribuer véritablement à l’amélioration significative de notre état de santé, laquelle les priverait d’ailleurs de nombreuses occasions de nous sermonner et de se faire valoir ainsi.

Revenons à ce qui s’est passé après l’annonce de l’arrivée du virus chez nous par les devins. Non seulement le prêche du clergé médical, les mesures soi-disant sanitaires qu’il a soutenues et les protocoles médicaux qu’il a mis en œuvre se sont avérés nuisibles pour notre santé, mais ils ont aussi contribué à augmenter la fréquence des complications et des décès liés ou non à la COVID, et à allonger le temps d’attente pour les chirurgies, les examens médicaux et les consultations avec des médecins spécialistes, ce qui a donné l’impression que les prédictions alarmistes des devins étaient fondées et qu’elles se réalisaient.

Dès l’arrivée du virus, que les devins décrivaient comme radicalement nouveau, c’est devenu un article de foi largement partagé au sein du clergé médical qu’il n’était pas possible de prévenir ou de soigner les complications. Lors de la « première vague », les curés ne pouvant pas soigner et étant même dispensés de soigner les personnes réellement atteintes de la COVID ou d’une autre maladie respiratoire (la grippe saisonnière et la pneumonie n’ont pas disparu comme par magie à cause de la venue du virus), ils ont prêché aux personnes malades de rester à la maison (sans tentative de traitement ou suivi médical digne de ce nom) et de se présenter seulement à l’hôpital si elles avaient de graves complications ; ce qui veut dire que des personnes qui, atteintes de la COVID ou d’une autre maladie respiratoire, n’ont pas été prises en charge par les curés et, en agissant conformément aux sermons de ces derniers, se sont présentées à l’hôpital quand leur maladie avait atteint un stade déjà avancé, se sont retrouvées hospitalisées dans des unités de soins intensifs et sont mortes, alors que cela aurait pu souvent être évité. Je vous laisse imaginer les effets que les sermons du clergé médical et les protocoles médicaux conçus par lui ont vraisemblablement eu dans les centres hospitaliers de soins de longue durée (CHSLD) où une éclosion de COVID aurait eu lieu, les résidents atteints de la COVID ou d’une autre maladie respiratoire étant isolés et parfois même traités comme des pestiférés, n’étant pas soignés adéquatement ou étant même mis sous sédatif pour atténuer leurs souffrances (ce qui a pu accélérer leur décès). Sans compter que des résidents ont parfois été négligés ou abandonnés par les préposés aux bénéficiaires, qu’ils soient sains ou malades, en raison de la panique et de la désertion provoquées par les sermons apocalyptiques des grands prêtres de la Santé publique, au point que certains d’entre eux seraient en fait morts de faim et de déshydratation, après avoir croupis plusieurs jours dans leurs excréments.

Et qu’a fait l’élite du clergé médical – c’est-à-dire les experts en santé publique et les autres médecins qui ont échangé leurs sarraus contre des soutanes – face à ce désastre ? Imbue dans sa propre infaillibilité, et soucieuse de ne pas avoir à reconnaître publiquement ses torts, elle a persisté dans l’erreur et la folie, et s’est contentée de continuer à prêcher la même chose à l’ensemble de la population et à la terroriser, comme si c’était son comportement qui était à l’origine des effets du déni de soins opéré par le clergé médical. En fait, ce redoublement a contribué à aggraver l’engorgement du système hospitalier, les malades d’autre chose de la COVID ayant eu parfois peur de fréquenter les hôpitaux ou même de sortir de chez eux, et ne s’étant pas présentés aux consultations et aux examens médicaux prévus, peut-être même à des chirurgies, ce qui a contribué à augmenter les retards déjà pris et, dans certains cas, a résulté en une détérioration de leur état ou à un diagnostic tardif d’une maladie grave, et donc à une prise en charge requérant plus de ressources du système de santé.

Bref, le clergé médical a contribué à dégrader la situation sanitaire par un déni de soins, le tout pour sermonner et agir conformément aux prédictions apocalyptiques des devins, lesquelles semblent confirmées par les maux qu’il a ainsi provoqués.

Loin de corriger le tir après la « première vague », les curés ont continué à agir de la même manière pendant les « vagues » subséquentes, et dans l’attente de ces « vagues », lesquelles ils ont contribué à générer en concevant et en appliquant des protocoles sanitaires conformes aux prévisions orthodoxes des devis, car plus la situation paraît catastrophique, et plus les curés peuvent sermonner et renforcer leur emprise morale sur les individus et l’ensemble de la société, qui devient alors un grand hôpital où la discipline sanitaire devrait être en vigueur en permanence et s’appliquer même aux personnes saines et asymptomatiques, qui seraient des malades contagieux qui s’ignoreraient et qui seraient dangereux pour les autres et pour le système hospitalier.

C’est donc dans l’ordre des choses que les grands prêtres de la Santé publique aient décidé de compter comme des décès liés à la COVID les personnes mortes qui ont reçu un résultat positif à la suite d’un test de dépistage fait avant ou après leur décès, et ce, même si elles étaient atteintes d’autres maladies et avaient plusieurs comorbidités, comme on peut s’y attendre de personnes âgées en moyenne d’environ 84 ans ; et c’est aussi dans l’ordre des choses que les petits curés, qui sont en bas de la hiérarchie ecclésiastique, n’aient généralement pas eu à se faire prier pour remplir en conséquence les certificats de décès, en tant que membres d’un clergé qui accroît son emprise morale grâce à la crise sanitaire qui perdure. Les mêmes remarques peuvent être faites à propos du dépistage préventif de l’ensemble de la population et plus particulièrement des personnes hospitalisées, surtout quand il s’agit d’incroyants non vaccinés, afin de donner l’impression qu’il y a une « explosion de cas de COVID », et que les hôpitaux débordent de malades de la COVID et qu’il s’agit essentiellement d’infidèles.

En raison du prestige du clergé médical, je devine que plusieurs se diront que j’exagère ou même que c’est du délire. C’est pourquoi je continue ce billet en essayant de mettre en évidence la similitude de certains procédés de la religion sanitaire et du christianisme.

Le christianisme ne s’embarrasse pas des contradictions dans les termes, des incohérences et même des absurdités. C’est ce qui a fait dire à un Père de l’Église : « Je crois parce que c’est absurde. » Les mystères du christianisme, qui sont en fait les absurdités du christianisme, ont pour fonction de neutraliser ou de mettre hors-jeu les capacités critiques des croyants, y compris celles de beaucoup de prêtres. Le mystère de la transsubstantiation, où il s’agit de dire que le corps du Christ est vraiment présent dans le pain même si celui-ci conserve les qualités sensibles du pain, et que le sang du Christ est vraiment présent dans le vin même si celui-ci conserve les qualités sensibles du vin, est un bel exemple d’absurdité. C’est comme si on disait que le Christ est là tout en n’étant pas là, car ce sont les qualités sensibles d’un objet qui constituent ce qu’est cet objet. Les curés de la religion sanitaire n’exigent-ils pas de nous que nous croyions à une absurdité semblable quand ils ont recours au mystère de la maladie asymptomatique ? Car qu’est-ce qu’être malade, sinon avoir des symptômes de la maladie en question ? S’il est certainement réducteur de dire que la maladie se réduit à ses symptômes (la manière dont ces symptômes se produisent dans l’organisme en font aussi partie), on ne saurait raisonnablement parler d’une maladie sans symptômes, puisqu’ils sont essentiels à l’idée de maladie. Donc, parler d’un malade asymptomatique, cela revient à dire que cette personne est malade tout en n’étant pas malade. La présence du virus, malgré la radicale nouveauté que lui attribuent les devins et les curés, ne change rien à l’affaire. Aurait-on idée de dire que nous pouvons avoir la grippe sans avoir de symptômes de la grippe, tout simplement parce que nous serions ou pourrions être porteurs du virus de la grippe ? Pourquoi l’absurdité disparaîtrait-elle quand il s’agit de la COVID et du nouveau coronavirus ? Pourquoi faudrait-il adopter une nouvelle définition de la maladie spécialement conçue pour ce nouveau virus et cette nouvelle maladie ?

Ce mystère de la maladie asymptomatique est justement ce qui a permis aux curés de la religion sanitaire de nous considérer tous comme des malades effectifs ou potentiels, et de nous traiter en conséquence. Non seulement les mesures sanitaires se sont appliquées aux cas asymptomatiques de COVID, mais aussi aux cas contacts de des cas symptomatiques ou asymptomatiques confirmés, même en l’absence d’un résultat positif à la suite d’un test de dépistage. C’est aussi au nom du merveilleux mystère de la maladie asymptomatique que le clergé médical a recommandé l’imposition, le maintien et le durcissement des mesures soi-disant sanitaires qui s’appliquaient en permanence à toute la population, chacun étant considéré comme un cas potentiel et asymptomatique de COVID, en l’absence de symptômes, en l’absence d’un contact avec un cas symptomatique ou asymptomatique confirmé, en l’absence d’un résultat positif à la suite d’un test de dépistage, et même en présence d’un résultat négatif à la suite d’un test de dépistage. Les curés de la religion sanitaire, s’ils avaient voulu simplifier les choses, auraient pu tout simplement décréter que nous étions tous malades ou possiblement malades (ce qui revient au même, puisqu’il n’y aurait pas de moyen d’être absolument certain qu’une personne possiblement malade n’est pas malade), en vertu d’une sorte de tache originelle dont nous serions tous porteurs et de l’omniprésence de cette sorte de diable que serait le nouveau virus.

En raison de la contagiosité présumée des « cas asymptomatiques » déclarés ou possibles, la « maladie asymptomatique » – qu’on ne saurait raisonnablement soigner avec des médicaments pour la simple raison qu’elle ne rend pas malade – devient une affaire collective où la moralisation se substitue aux soins servant à obtenir la guérison. Les « cas asymptomatiques » pouvant infecter d’autres personnes qui, souvent, seront elles aussi des « cas asymptomatiques », les curés se sont efforcés de vaincre ce virus sournois et cette maladie souvent invisible grâce à des sacrifices collectifs auxquels on a donnés le nom de mesures sanitaires. Ces privations sont généralement caractérisées par une certaine austérité morale interdisant tout ce qui fait l’agrément de la vie (isolement et même séquestration à domicile, suspension de la vie sociale, interdiction des sports et des activités culturelles, fermeture des restaurants et des bars, interdiction ou réglementation très lourde des voyages même à l’intérieur de la province ou du pays, etc.) et s’attaquant à notre prospérité individuelle et collective par l’immolation de certains secteurs de notre économie et la saignée des finances publiques. Les curés nous ont laissé entendre que, de ces sacrifices, il devrait résulter des bienfaits proportionnés, d’après l’ordre moral inhérent au monde dans lequel nous vivons. Et si les bienfaits escomptés ne se produisent pas, s’il continue à y avoir de nombreux « cas » et des « hospitalisations et des décès liés à la COVID », c’est que certains refuseraient de faire leur part des sacrifices collectifs, c’est qu’il faudrait des sacrifices encore plus grands, notamment parce qu’il y aurait des pécheurs qui ne feraient pas leur part et à cause desquels toute la communauté des fidèles serait punie. Point de salut sans les sacrifices, c’est-à-dire les mesures sanitaires austères ! Point de salut non plus sans la conversion volontaire ou forcée des mécréants, que les curés opportunistes tentent d’obtenir sur le lit d’hôpital de ces derniers, à la manière des prêtres catholiques qui harcelaient les athées moribonds, pour ensuite nous faire le récit édifiant de ces prétendues conversions extorquées.

Point de salut non plus sans les vaccins ! Car à toute religion apocalyptique, il faut un sauveur. Et gare à ceux qui refusent de reconnaître le sauveur pour ce qu’il est ! Ce sont des athées tout juste bons pour le bûcher ou, à notre époque plus civilisée, qui doivent être exclus de la vie sociale et parfois privés de leurs moyens de subsistance, selon les bonzes de la Santé publique. « Vous ne pouvez pas être sauvés sans les vaccins. », disaient-ils aux infidèles. Et aux fidèles, ils disaient et continuent de dire : « Vous n’êtes pas sauvés parce que vous avez été vaccinés une, deux ou trois fois. Vous le serez seulement si vous gardez votre vaccination à jour en vous faisant vacciner une ou deux fois par année. » Bref, les vaccins ne sauvent pas plus définitivement les fidèles, que la venue du Christ et sa crucifixion ne rachètent définitivement les péchés des bons chrétiens. Un tel point de doctrine soustrairait dans les deux cas les fidèles aux curés et serait à l’encontre des intérêts de ces derniers. Et même si on nous annonce actuellement la fin prochaine de la « pandémie », c’est pour nous faire croire en l’efficacité des vaccins salvateurs, en lesquels les curés et plus particulièrement les grands prêtres de la religion sanitaire réclameront que nous ayons foi pour être sauvés des prochains fléaux sanitaires dont la menace pèserait perpétuellement sur nous – comme les prêtres à l’ancienne mode finissaient par accorder l’absolution aux pécheurs à la suite du sacrement de la confession, précisément pour pouvoir continuer à exercer sur eux l’emprise morale que leur procure ce sacrement grâce aux péchés à venir.


Comme les prêtres du christianisme, les curés de la religion sanitaire empoisonnent la vie et nous proposent des traitements qui aggravent la situation et qui leur permettent de conserver leur emprise sur nous. Ils affaiblissent ainsi nos forces vitales, qui sont à la fois physiques, morales et intellectuelles, et contribuent à notre dégénérescence. Les véritables médecins, au contraire, devraient chercher à nous procurer la santé nécessaire pour vivre pleinement notre existence et nous développer le plus possible en tant qu’individus et sociétés.

Le rôle du curé et le rôle du médecin sont donc foncièrement incompatibles. Le premier ne soigne pas pour prêcher, et prêche pour ne pas soigner. Ou encore : plus un médecin est inapte à soigner, plus il prêche ; et plus il prêche, plus il devient inapte à soigner. Ou encore : plus un médecin a intérêt à prêcher, moins il a intérêt à soigner ; et plus il a intérêt à se faire curé, moins il a intérêt à rester médecin.

À ce compte, il devrait être possible de devenir curé de la religion sanitaire sans faire de longues et coûteuses études. Mais ces études sont néanmoins nécessaires au prestige du clergé médical, et aussi pour maintenir l’orthodoxie dans ses rangs et s’assurer de la docilité de ses membres, qui peuvent être radiés ou excommuniés pour cause d’hérésie, par exemple pour avoir critiqué les sacrifices imposés à la population sous prétexte d’urgence sanitaire, pour avoir critiqué les sauveurs que seraient les vaccins, ou pour avoir refusé d’être sauvés en recevant les vaccins, car ce sont là des actes qui pourraient ouvrir les yeux des fidèles sur la confusion du rôle de curé avec celui de médecin, et qui pourraient inciter d’autres médecins à assumer leur rôle et à refuser d’agir comme des curés.

Je termine ce billet en faisant remarquer que la transformation des médecins en curés de la nouvelle religion sanitaire détermine considérablement les rôles que se retrouvent à jouer les dirigeants politiques, les journalistes et les citoyens. Bref, il en résulte d’autres formes de confusion des rôles, que j’analyserai dans d’autres billets.

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