La classe politique canadienne comme fossoyeuse de la démocratie

Voici un court montage où on peut voir nos élus fédéraux, y compris notre premier ministre, réclamer qu’on interdise la désinformation et la propagande sur l’intervention militaire de la Russie en Ukraine. Des membres du Parti libéral, du Parti conservateur, du  Nouveau Parti démocratique et du Parti vert déclament en faveur du contrôle de ce qu’il devrait être permis de dire sur les ondes canadiennes et sur internet. (Le Bloc québécois est probablement absent parce que ses membres s’expriment en français et que la vidéo est destinée à des anglophones.) Ils prétendent ainsi lutter contre l’autoritarisme de la Russie et d’autres pays et protéger notre démocratie. C’est du grand délire !

En fait, ces membres de la classe politique canadienne plaident en faveur de l’autoritarisme du gouvernement canadien, pour lequel l’intervention militaire de la Russie en Ukraine est une occasion en or pour faire adopter des motions et des projets de loi devant restreindre l’accès des citoyens canadiens à des sources d’informations diversifiées et à des points de vue divergents, notamment quant aux relations de notre gouvernement avec la Russie et l’Ukraine. C’est une manière de nous empêcher de juger en connaissance de cause de ce que fait notre gouvernement et des sanctions économiques qu’ils nous imposent sous prétexte d’essayer de nuire à la Russie et de la punir. En d’autres termes, on nous prive des moyens d’être à la hauteur de ce qui est attendu des citoyens. On nous traite comme des enfants auxquels les parents interdisent de regarder certains choses à la télévision ou sur internet. Car papa et maman sauraient mieux que nous ce qui est bon pour nous.

Ainsi la censure n’est pas simplement une sanction prise contre la Russie. Elle est avant tout une sanction contre les citoyens canadiens, que le gouvernement fédéral et la classe politique canadienne traitent comme une puissance étrangère au même titre que la Russie, laquelle ne doit pas s’ingérer dans les affaires politiques canadiennes, sauf pour approuver ce que décident ce gouvernement et cette classe politique qui dictent ce qui est de la désinformation et de la propagande devant être censurées, et ce qui n’en est pas.

Parlons franchement : le gouvernement et la classe politique, emportés par une hystérie anti-russe qui leur permet de consolider leur pouvoir sur nous, constituent un grave danger pour ce qui reste de notre démocratie après deux années d’urgence sanitaire et la répression du Freedom Convoy ; et, ce faisant, trahissent les citoyens canadiens, en les rendant incapables d’exercer leurs droits et de remplir leurs devoirs politiques, et en les réduisant à l’état de simples sujets. Car ce qui concerne actuellement la guerre en Ukraine pourrait être facilement étendu à toutes sortes de questions politiques, sociales et morales. En fait c’est déjà commencé depuis plusieurs années, et cette guerre est une occasion d’aller encore plus loin.

Les gouvernements qui pratiquent la censure ont forcément quelque chose à cacher. Il n’est jamais sorti quelque chose de bon de la censure. Je ne vois pas pourquoi ce serait différent cette fois-ci, ici et maintenant, simplement parce qu’il s’agit du Canada.

Qu’on n’invoque surtout pas les graves conséquences de ce qu’il est en train de se passer en Ukraine pour justifier la censure du gouvernement, par l’intermédiaire des câblodistributeurs, des fournisseurs internet, des plateformes de diffusion en ligne, des réseaux sociaux et des moteurs de recherche. C’est justement parce que les conséquences de cette guerre sont graves, comme le sont les conséquences des décisions prises par les gouvernements occidentaux, qu’il nous faut pouvoir examiner et discuter librement ce qui ce qui se passe et ce que notre gouvernement fait.

Consentir à cette censure revient donc à nous faire les complices décérébrés et invertébrés de nos propres fossoyeurs. Si nous sommes déjà trop ramollis pour résister vigoureusement et si nous continuons à agir comme des sujets, nous sommes indignes de la démocratie. Nous aurons alors ce que nous méritons : la servitude.