Jeter de l’huile sur le feu (suite, parties 1 et 2) - modifié

29 mars 2022

Comme annoncé dans mon billet du 28 mars 2022, j’essaie d’évaluer l’efficacité de la troisième dose des « vaccins » sur une période plus longue que ce qui a été fait par Réinfo Covid Québec. Étant donné que le gouvernement du Québec ne rend pas public ses données sur les décès selon le statut vaccinal, je pourrai seulement faire cet exercice pour les « cas » confirmés en laboratoire et pour les hospitalisations. Pour ce faire, je travaillerai à partir des jeux de données du gouvernement, qui sont les données les plus brutes auxquelles nous avons accès.

Dans les deux cas, la période de référence sera du 1er au 27 mars 2022. En date du 29 mars 2022, ce sont les données les plus récentes qui sont publiées. Alors que le gouvernement, les « experts » et les journalistes nous annoncent à l’unisson une « sixième vague », et insistent sur l’importance de poursuivre l’injection de la troisième dose et de commencer l’injection de la quatrième dose, il importe de nous demander si c’est bien là une manière efficace d’affronter la hausse des « cas » et des hospitalisations qui a été observée dernièrement.

Pour simplifier le calcul, le pourcentage approximatif de la population représenté par chaque groupe a été établi à partir de la Vigie des activités de vaccination contre la COVID-19 et de suivi des couvertures vaccinales au Québec du 18 mars 2022 (tableau 1, p. 2). Le pourcentage de la population représenté par les 0 à 4 ans a été pour sa part estimé à partir des données de L’institut de la statistique du Québec. Le pourcentage des non-vaccinés est la différence du pourcentage de toute la population non vaccinée et du pourcentage des 0 à 4 ans, qui ne sont pas vaccinés, sauf quelques rares exceptions.

Je m’en tiendrai pour l’instant à des analyses générales portant sur l’ensemble de la population québécoise, sans faire des analyses plus fines portant sur chaque groupe d’âge.

 

Partie 1 - Analyse des données sur les nouveaux « cas » en fonction du statut vaccinal

Au premier coup d’œil, on voit que les personnes qui ont reçu trois doses représentent la majorité des nouveaux « cas », alors que les non-vaccinés représentent une faible partie de ces « cas ».

Bien entendu, les personnes qui ont reçu une troisième dose représentent une proportion beaucoup plus importante de la population que les personnes non vaccinées. Cependant cela ne suffit pas pour expliquer cet écart important. Les personnes auxquelles on a administré trois doses représentent environ 64,18 % des nouveaux « cas » durant la période de référence, alors qu’elles constituent environ 49,24 % de la population québécoise, pour un écart positif de 14,94 points. Pour leur part, les non-vaccinés représentent 5,13 % des nouveaux cas durant la période de référence, alors qu’ils constituent environ 9,30 % de la population, pour un écart négatif de 4,17.

Calculons maintenant le risque relatif de chaque groupe de personnes, en divisant le pourcentage de « cas » confirmés par le pourcentage approximatif de la population.

Le risque moyen étant de 100 %, nous constatons que le risque relatif d’infection des personnes qui ont reçu trois doses est de 130,34 %, ce qui est beaucoup plus élevé que le risque relatif d’infection des personnes non vaccinées, lequel est seulement de 55,16 %. Ce qui semble montrer que l’injection de trois doses a une efficacité négative quand on fait la comparaison avec le groupe non vacciné. C’est aussi le cas quand nous faisons la comparaison avec les personnes ayant reçu deux doses, pour lesquelles le risque relatif est 72,21 %. Si on en croit ces données, les personnes qui ont reçu trois doses ont globalement plus de chances d’être infectées que les personnes qui ont reçu deux doses, lesquelles ont à leur tour plus de chances d’être infectées que les personnes non vaccinées.

En divisant le risque relatif des personnes qui ont reçu trois doses par le risque relatif des personnes qui ont reçu deux doses (130,34 % / 72,21 %) et par le risque relatif des personnes non vaccinées (130,34 % / 55,16 %), nous constatons que les personnes qui ont reçu la dose de rappel auraient 1,81 fois plus de chances d’être infectées que les personnes qui ont reçu deux doses, et 2,36 fois plus de chances d’être infectées que les personnes non vaccinées.

Voilà qui devrait, à mon avis, nous rendre méfiants face aux appels à nous faire injecter les deux premières doses ou la troisième dose. Et nous devrions aussi nous demander si l’annonce de l’injection d’une quatrième dose aux personnes âgées et vulnérables est vraiment une bonne idée. À supposer que les nouveaux « cas » soient un indicateur important de l’évolution de la situation épidémiologique (ce dont nous pouvons douter, puisque que beaucoup n’ont pas de symptômes ou ont seulement des symptômes légers, et peuvent donc difficilement être considérés comme vraiment malades), la poursuite et l’intensification de la campagne de vaccination pourraient revenir à jeter de l’huile sur le feu. Ne faudrait-il pas envisager de mettre fin à la campagne de vaccination, qui ne donne manifestement pas les résultats escomptés quant à la réduction des risques d’infection ?


Puisqu’il se fait tard, l’analyse sur les données des hospitalisations selon le statut vaccinal devra attendre à demain, si j’ai le temps. Comme je crains que notre gouvernement nous prépare un retour des mesures et intensifie ses appels à la vaccination, je préfère diffuser sans plus attendre cette analyse sur les données des « cas » en fonction du statut vaccinal.

Pour ne pas séparer ces analyses, j’ajouterai la deuxième partie à même ce billet, en signalant dans le titre qu’il a été modifié.

 

30 mars 2022

Partie 2 - Analyse des données sur les hospitalisations en fonction du statut vaccinal

Les personnes ayant reçu trois doses représentent encore une partie importante des nouvelles hospitalisations en mars 2022, pour la COVID ou avec la COVID.

Néanmoins le pourcentage des hospitalisations que représentent les personnes qui ont reçu trois doses n’est pas beaucoup plus élevé que le pourcentage de la population qu’elles représentent, c’est-à-dire 55,21 % des hospitalisations pour 49,24 % de la population, contrairement à ce qui a été observé pour les nouveaux « cas » confirmés.

Quant aux personnes non vaccinées, elles représentent 13,97 % des nouvelles hospitalisations pour 9,30 % de la population. Mais il faut considérer avec beaucoup de méfiance ces données. Il est notoire que les personnes non vaccinées admises à l’hôpital sont soumises plus souvent à des dépistages préventifs, étant donné qu’on les considère comme des vecteurs de contagion plus dangereux pour les autres malades et pour le personnel soignant. Ainsi cette politique de dépistage différente peut expliquer en partie ou en totalité la surreprésentation des non-vaccinés.

Ce qui m’intéresse ici n’est toutefois pas une comparaison entre les personnes non vaccinées et les personnes qui ont reçu trois doses. Les non-vaccinés représentent une si petite partie de la population que, même en étant réellement surreprésentés, ils constitueraient une faible partie des nouvelles hospitalisations pour ou avec la COVID. Ainsi, même si on réussissait à les contraindre à se faire injecter une, deux ou trois doses, l’effet produit n’améliorerait pas de manière significative la situation dans les hôpitaux, qu’on nous dit sous de fortes tensions. Après l’injection d’au moins deux doses à 82,90 % de la population québécoise, ce ne sont pas les personnes non vaccinées qui sont principalement visées par la poursuite de la campagne de vaccination, mais plutôt les personnes qui ont reçu deux ou trois doses et qui cumulent 77,84 % des nouvelles hospitalisations, pour obtenir qu’elles se fassent bientôt injecter une troisième dose ou, pour les plus âgées et les plus vulnérables, une quatrième dose.

Par conséquent, la première question qu’il faut nous poser, c’est s’il est raisonnable d’espérer que l’injection d’une troisième dose aux personnes qui en ont reçu deux améliore la situation dans les hôpitaux. Il semble que non, puisque les personnes qui ont reçu seulement deux doses sont sous-représentées (22,3 % des nouvelles hospitalisations pour 33,66 % de la population), alors que les personnes qui ont reçu trois doses sont légèrement sur-représentées. Ce qui voudrait dire que, de manière globale, l’injection d’une troisième dose aurait un effet négatif en ce qu’elle disposerait davantage à être hospitalisé pour ou avec la COVID.

Calculons le risque relatif de chaque groupe de personnes, en divisant le pourcentage des nouvelles hospitalisations par le pourcentage approximatif de la population.

Le risque moyen étant de 100 %, nous constatons que le risque relatif d’hospitalisation des personnes qui ont reçu trois doses est de 112,12 %, ce qui est beaucoup plus élevé que le risque relatif d’infection des personnes qui ont reçu deux doses, lequel est seulement de 67,23 %. Ce qui semble montrer que l’injection de la troisième dose a une efficacité négative quand on fait la comparaison avec les vaccinés avec deux doses.

En divisant le risque relatif des personnes qui ont reçu trois doses par le risque relatif des personnes qui ont reçu deux doses (112,12 % / 67,23 %), nous constatons que les personnes qui ont reçu la dose de rappel auraient 1,66 fois plus de chances d’être infectées que les personnes qui ont reçu seulement deux doses.

Il est donc pour le moins dire douteux que ce soit une bonne idée de nous précipiter dans les centres de vaccination pour y recevoir une troisième dose, et de lutter de cette manière contre cette « sixième vague ». Et il est tout aussi douteux que l’injection prochaine d’une quatrième dose aux personnes âgées ou plus vulnérables améliore vraiment la situation. Bien au contraire, elle pourrait l’aggraver. Au lieu d’aller de l’avant avec cette campagne de vaccination massive, il serait plus sage de la suspendre, le temps d’analyser avec plus de rigueur l’efficacité de ces injections expérimentales, et aussi leur sécurité. Comme pour les nouveaux « cas », persister sur cette voie reviendrait vraisemblablement à jeter de l’huile sur le feu.

Quant à l’idée de remettre en vigueur le passeport vaccinal (suspendu il y a à peine une quinzaine de jours) sous prétexte d’éviter un autre confinement généralisé, elle ne fait pas sens. En discriminant seulement les personnes non vaccinées ou qui ont reçu seulement une dose, les effets escomptés du passeport vaccinal, même s’ils étaient réels, seraient négligeables étant donné que ces personnes, peu nombreuses, représentent une petite partie des nouvelles hospitalisations pour ou avec la COVID. En décrétant que les personnes qui ont reçu seulement deux doses ne sont plus « adéquatement vaccinées », le gouvernement pourrait obtenir l’injection d’une troisième dose à beaucoup de ces personnes, les rendre plus vulnérables à la COVID et augmenter ainsi la fréquence des nouvelles hospitalisations. Bref, il agirait alors en pompier pyromane.

La seule manière dont l’usage d’un tel passeport pourrait être compatible avec ces données sur les hospitalisations, ce serait de l’utiliser pour exclure des lieux et des activités jugés à risque les personnes qui ont reçu trois doses, afin de les protéger et de veiller sur leur santé, et aussi de préserver notre système de santé. Mais il est tout aussi légitime de douter de l’effet protecteur de cette forme de ségrégation à l’égard des vaccinés avec trois doses, qu’à l’égard des personnes qui ne sont pas « adéquatement » vaccinées. Puis on ne peut pas obtenir des triples vaccinés qu’ils se fassent dévacciner, alors que le gouvernement voulait et pouvait obtenir, grâce au passeport vaccinal, la vaccination des non-vaccinés. Gardons-nous donc d’avoir de telles idées qui, bien que comiques, n’ont même pas un semblant d’utilité, et priveraient injustement ces personnes de leurs droits et de leurs libertés.

Pour conclure, ayons l’honnêteté de reconnaître qu’il ne sera possible d’avoir une idée claire de l’efficacité de la troisième dose qu’en analysant le nombre de nouvelles hospitalisations selon le statut vaccinal pour chaque groupe d’âge. Car il se pourrait que la surreprésentation de ces personnes dans les hospitalisations pour ou avec COVID s’explique en partie par le fait les personnes plus âgées ou plus vulnérables ont reçu en plus grand nombre la troisième dose.