Idées de sabotage extérieur

L’émission de James Corbett sur le sabotage m’a donné envie de chercher des actes de sabotage que nous pourrions accomplir. À ceux de mes lecteurs que ce seul mot ferait sursauter et qui ne seraient pas chauds à l’idée de faire dérailler des trains, de faire exploser des ponts et de provoquer des pannes d’électricité, je dis que ce n’est évidemment pas ce que j’ai en tête. Ces actes de destruction, que nous sommes habitués de voir dans les films américains à grand budget, ne sont pas tout ce à quoi nous pouvons donner le nom de sabotage. Il existe d’autres formes de sabotage qui, bien que moins spectaculaires, peuvent être très efficaces quand elles sont réalisées sur assez longtemps et par un assez grand nombre de personnes, dans le cadre d’un projet concerté.

Le cas de Kendall Chamberlain est intéressant. Ce superintendant de l’eau potable et des eaux usées de Richmond au Vermont a réduit de manière significative le taux de fluorure dans l’eau distribuée par l’aqueduc municipal parce que, selon lui, il était trop élevé, les sources d’approvisionnement n’étaient pas fiables, et il représentait un risque pour la santé. Si un individu peut à lui seul entraver l’application dans sa ville de mesures sanitaires douteuses et critiquées par des scientifiques et des médecins, imaginons ce que pourraient faire quelques centaines, quelques milliers ou quelques dizaines de milliers de personnes décidées et organisées.

Le sabotage, tel que nous l’entendons dans ce billet, n’a pas pour but de nuire à nos concitoyens, mais d’empêcher les gouvernements, les bureaucraties publiques, les organisations à but non lucratif et les compagnies privées de leur nuire et de nous nuire. Pour ce faire, il n’est pas nécessaire d’incendier les édifices, les sièges sociaux et les usines de ces organisations qui, pour dire les choses franchement, n’organisent pas seulement le crime, mais l’institutionnalisent. De tels coups d’éclat n’auraient que des effets à court terme, mobiliseraient l’opinion en faveur de ces salopards et contre les dissidents impliqués ou non impliqués, et pourraient servir de prétexte à nos gouvernements pour censurer et punir encore plus la dissidence et la résistance. Ce que j’ai en tête, c’est de tirer profit des faiblesses de ces organisations parasitaires et nuisibles, comme si nous étions nous-mêmes un virus dont la raison d’exister serait de dégrader sournoisement les fonctions vitales de ces organisations, le tout en y prenant un plaisir malicieux, puisqu’il importe de joindre l’utile à l’agréable.

La principale difficulté, c’est que beaucoup de dissidents n’occupent pas des positions à l’intérieur de ces organismes, n’en occuperont jamais et ne sont donc pas capables de faire du sabotage intérieur comme Kendall Chamberlain. Heureusement, il est aussi possible de faire du sabotage extérieur. C’est à cette sorte de sabotage que je m’intéresserai dans ce billet, pour parler du sabotage intérieur dans un autre billet.

Un des principes importants du sabotage extérieur (et aussi du sabotage intérieur), c’est de s’efforcer d’obtenir les effets les plus perturbateurs avec un minimum d’efforts, le tout en s’exposant le moins possible à des représailles, afin de conserver ou même d’améliorer ses capacités de sabotage. Mais ce qui est caractéristique du sabotage extérieur, c’est que celui qui le pratique ne s’expose généralement pas à des représailles aussi sérieuses que celui qui pratique le sabotage intérieur, par exemple la perte d’un emploi ou le droit d’exercer une profession, qui peut priver des moyens de faire du sabotage intérieur ou dissuader d’en faire. S’il est grillé à certains endroits, celui qui sait preuve d’inventivité et qui pratique le sabotage extérieur peut trouver de nouvelles manières de pratiquer le sabotage, ainsi que de nouvelles cibles.

Venons-en aux organisations que nous pourrions prendre pour cibles. Celles qui sont impliquées dans la santé publique et dans la sécurité ou, si on préfère, dans la biosécurité sont des cibles de choix. Il peut s’agir de centres de « recherche » publics ou privés, de laboratoires pharmaceutiques œuvrant dans la fabrication de « vaccins », ou encore de directions du ministère de la Santé et des Services sociaux, d’autorités sanitaires régionales, de centres de dépistage et de vaccination, et de commissions ou des comités chargés d’élaborer et de faire appliquer les consignes sanitaires dans les milieux de travail. Les organisations publiques ou privées chargées de la conception et l’implantation de l’identité numérique et des monnaies numériques programmables devraient elles aussi être ciblées, tout comme celles qui sont en train de nous appauvrir et de provoquer une grave crise énergétique et économique sous prétexte de lutte contre les changements climatiques et de guerre économique contre la Russie et, de plus en plus, contre la Chine. Et les grands médias, les compagnies administrant les réseaux sociaux et les plateformes de diffusion, les think-tanks et les associations d’experts (scientifiques ou non) – qui font passer des mensonges pour des faits indiscutables, et des pièges qu’on nous tend pour des bienfaits dont nous profiterions – devraient aussi faire l’objet d’actes de sabotage, au sens où nous l’entendons dans ce billet, bien sûr.

L’un des points faibles de ces organisations souvent très bureaucratiques, ce sont les efforts qu’elles doivent faire pour recruter des employés modérément intelligents et compétents pour faire ce qu’on leur demande et ne pas faire régulièrement des bourdes, mais pas trop intelligents, compétents et forts de caractère pour se montrer critiques vis-à-vis de ce qu’on leur demande de faire, notamment pour se protéger contre les actes de désobéissance ou de sabotage intérieur. Il n’est pas toujours facile de distinguer les uns des autres, et aussi de distinguer les employés qui ont le profil voulu des imbéciles et des incompétents qui leur sont inférieurs, surtout quand les personnes chargées de l’embauche ont des capacités intellectuelles fort médiocres.

D’un autre côté, beaucoup de nos concitoyens ont tellement été bien dressés au cours des dernières décennies qu’il est entendu que, quand ils sollicitent un emploi, ils sont prêts à se prostituer pour cet employeur. Dans un contexte où il n’y a pas de pénurie de main-d’œuvre généralisée ou dans certains secteurs du marché du travail, les recruteurs ont l’embarras du choix. Quand une telle pénurie existe (quelles qu’en soient les raisons) ou quand les compétences demandées sont spécialisées et rares, le travail des recruteurs est déjà plus difficile. Ce qu’il s’agit de faire, en tant que tant que saboteurs, c’est d’alourdir le travail de recrutement quand il existe une foule de larbins prêts à se prostituer, afin d’accroître les dépenses des organisations parasitaires en temps, en énergie et en argent. Quand les recruteurs sont plutôt à la recherche de prostitués professionnels aux compétences assez spécialisées et rares, et quand les conditions de travail proposées ne sont pas suffisamment intéressantes, il est même possible de faire échouer les tentatives de recrutement.

Intéressons-nous à un cas particulier. Un de mes informateurs dans la fonction publique québécoise m’a dit que, depuis que le gouvernement a autorisé le recrutement de fonctionnaires qui ne sont pas inscrits sur les listes de recrutement, les ministères éprouvent de la difficulté à combler les postes vacants. En effet, certains de ces ministères, surtout les plus grands, peinent à mettre en place le nouveau processus d’embauche, puisqu’une partie de ce dont s’occupait avant le Centre des services partagés du Québec (c’était l’organisme responsable d’organiser les examens pour toute la fonction publique québécoise) dans le processus d’embauche relève maintenant de la direction des ressources humaines de chaque organisme, qui n’a pas toujours les effectifs nécessaires. Dans ces cas-là, il arrive encore qu’on affiche encore des postes seulement pour les candidats inscrits sur les listes de recrutement ou déjà employés par un organisme public. Étant donné que, pour certaines de ces listes, il n’y a pas eu d’examens depuis quelques années, les nouveaux candidats sont rares et, quand un candidat est embauché par les recruteurs, il s’agit généralement d’un fonctionnaire qui vient d’un autre organisme public, ce qui ne fait que déplacer le problème de recrutement de la fonction publique québécoise. Ce n’est qu’après quelques tentatives ratées que la direction des ressources humaines accepte d’avoir recours au nouveau processus d’embauche.

Toujours d’après cet informateur, ce qui aggrave la situation dans certains ministères, c’est que la direction des ressources humaines est elle-même touchée par ces difficultés de recrutement et se retrouve elle-même en manque de main-d’œuvre en raison d’employés qui quittent et qu’elle n’est pas capable de remplacer. Pour cette raison et aussi à cause de la lourdeur bureaucratique de ces organisations et de leurs processus, la direction des ressources humaines est alors incapable de réparer ses propres pertes et celles des autres directions. Des offres d’emploi se retrouvent en attente de vérification ou de publication, et la pression exercée sur les employés de la direction des ressources humaines et des autres directions en déficit de ressources humaines augmentent. Dans les cas les plus graves, certaines unités administratives auraient perdu le tiers ou la moitié de leurs employés depuis quelques années, sans être en mesure d’en recruter de nouveaux ou de les garder, les personnes embauchées partant parfois seulement après quelques mois de travail, puisqu’elles ont obtenu un poste dans un autre ministère.

Ce qu’il importe donc de faire, pour ceux d’entre nous qui voudraient faire du sabotage extérieur, c’est de s’assurer que la situation ne s’améliore pas ou se dégrade dans les organismes publics et les directions impliqués dans la mise en place des dispositifs de biosécurité et de contrôle de l’information et des opinions, et dans la restructuration de notre société, sous prétexte de guerre contre les micro-organismes, contre la désinformation et le complotisme, et contre les changements climatiques.

Voici quelques-uns des tours que nous pourrions jouer à ces organisations, au fur et à mesure que les offres d’emploi deviendront publiques et que tous pourront présenter leur candidature :

  1. Sans présenter notre candidature pour un poste à combler, nous pouvons écrire des courriels aux personnes désignées pour fournir de l’information sur le processus de sélection et la nature de l’emploi. Après avoir manifesté notre intérêt pour la fonction publique et le poste offert, nous pouvons leur poser toutes sortes de questions auxquelles nous voudrions avoir des réponses avant de présenter notre candidature, en utilisant des pseudonymes et des adresses électroniques différentes. Quand nous obtenons des réponses, nous pouvons continuer à faire marcher ces personnes en leur posant des questions supplémentaires ou en faisant semblant de ne pas bien comprendre les réponses qu’elles nous donnent.

  2. La deuxième possibilité demande de s’exposer un peu plus. Puisqu’il ne semble pas possible d’avoir un dossier valide sans fournir ses diplômes, il faut donc utiliser sa véritable identité pour présenter notre candidature pour tel poste, ou utiliser une fausse identité en falsifiant des diplômes, ce que je déconseille fortement puisque nous pourrions nous attirer des ennuis. Rien cependant ne nous empêche de poser notre candidature pour des postes que nous jugeons nuisibles, et ce, sans avoir les qualifications requises, le tout en baratinant pour qu’on reconnaisse une formation ou des expériences équivalentes. Même si notre candidature n’est pas retenue, les personnes responsables du processus de dotation devront quand même prendre connaissance de notre dossier de candidature, l’analyser et l’écarter, ce qui demande un certain temps, surtout quand cela se produit plusieurs fois pour un même poste.

  3. La troisième possibilité implique qu’on s’expose encore plus, mais n’implique pas à mon avis la prise de risques importants si nous jouons correctement la comédie. Pour des postes à combler pour lesquels nous avons les diplômes et l’expérience de travail demandés, nous pouvons faire de notre mieux afin de présenter un bon dossier de candidature et d’être convoqués pour une entrevue. Nous pouvons alors ne pas nous présenter à l’entrevue, sans même aviser les recruteurs, afin de leur faire perdre le plus de temps possible ; ou nous pouvons leur jouer la comédie en nous vendant le mieux possible et, advenant qu’on nous propose le poste, nous le refusons sous prétexte qu’on nous aurait proposé mieux ailleurs, nous pouvons demander du temps pour prendre une décision ou même dire que nous acceptons le poste et nous désister quelques jours ou quelques semaines plus tard, juste avant d’entrer en fonction. Les deuxième et troisième choix des recruteurs ayant souvent été avisés qu’ils n’ont pas obtenu le poste ou ayant parfois déjà accepté un autre emploi, il en résulte que ce poste doit être affiché à nouveau et que l’ensemble du processus de sélection doit être refait ; ou que les recruteurs doivent se rabattre à contrecœur sur des candidats certes obéissants, mais trop bêtes pour faire le travail modérément bien et diminuer la charge de travail de leurs collègues, ou sur des candidats qui sont plus intelligents que ce qui est requis pour l’emploi, qui ne sont pas dociles et qui peuvent atténuer la capacité de nous nuire de ces organismes, soit ouvertement, soit subrepticement, en pratiquant le sabotage intérieur.

La deuxième et la troisième possibilité ne doivent pas être répétées trop souvent, surtout pas avec les mêmes organismes publics. Une note pourrait être ajoutée aux dossiers informatiques de ces candidats pour qu’ils soient écartés automatiquement, sans que les recruteurs aient à intervenir activement. Il est donc important d’avoir recours à ces deux formes de sabotage extérieur avec une certaine modération. Malgré tout, si plusieurs personnes bombardent les fonctionnaires responsables du recrutement de questions et leur soumettent des dossiers de candidature qui n’ont rien à voir avec les postes proposés ou de bons dossiers pour des postes qu’elles n’ont pas l’intention d’accepter, il en résulte que ces fonctionnaires doivent composer avec une charge de travail supplémentaire pour recruter de nouveaux employés et que la fonction publique devient encore plus semblable à une maison de fous. À des endroits stratégiques, cela peut faire mal, non seulement à cause des postes qui ne sont pas comblés, mais aussi à cause de l’irritation des recruteurs et des équipes en sous-effectifs qui voient échouer leurs tentatives de recrutement – ce qui peut mener à des changements de postes ou à des départs de la fonction publique. Je pense, entre autres, au secteur des technologies de l’information directement impliqué dans l’élaboration de l’identité numérique qu’on implantera progressivement pour, vraisemblablement, surveiller et contrôler encore plus ce que nous faisons, comme une sorte de super passeport vaccinal qui pourrait en venir à s’appliquer de toutes sortes de manières à toutes sortes de lieux et d’activités, en ligne ou dans le monde physique. Le salaire des spécialistes de l’informatique étant souvent significativement plus bas dans la fonction publique que dans les entreprises privées, ce secteur connaît parfois d’importantes difficultés de recrutement et de rétention du personnel, ce qui en fait une proie facile. Mais nous devons nous dire qu’en cas d’aggravation marquée de la situation en partie à cause d’actes de sabotage extérieur, cela pourrait accroître la dépendance de la bureaucratique gouvernementale à une expertise informatique privée. Nous ne serions peut-être pas plus avancé, à moins de faire de ces entreprises des cibles de sabotage.


Nous devons nous demander si nous voulons seulement cibler les organismes publics, les directions et les emplois que nous jugeons directement nuisibles, ou si nous voulons cibler la bureaucratie gouvernementale dans son ensemble, soit que nous la considérions nuisible de bout en bout, soit que nous pensions qu’une attaque plus généralisée neutraliserait plus efficacement ceux de ses organes qui nous nuisibles plus activement, de la même manière qu’il peut faire sens d’attaquer des unités militaires de ravitaillement même si leur capacité de combat est faible, puisque la capacité des unités militaires plus dangereuses dépend du travail de ces unités.

Pour répondre à cette question, il faut nous poser plusieurs autres questions.

Dans quelle mesure des actes de sabotage extérieur concertés, s’ils prenaient pour cible toute la bureaucratie gouvernementale, pourraient aussi nous priver de services publics qui nous sont utiles, même s’ils sont bien en deçà de nos désirs et s’ils posent plusieurs problèmes ? Sur des points particuliers ou de manière générale, les inconvénients qui en résulteraient seraient-ils plus grands que les avantages obtenus en entravant la capacité à nous nuire de cette bureaucratie ?

Advenant que le sabotage extérieur généralisé contre la bureaucratie gouvernementale accélère ou aggrave l’incapacité de l’État à maintenir des services de santé, des formes d’aide sociale et l’éducation publique, se peut-il que le secteur privé, en étant financé ou non par le gouvernement, prenne le relais et que cela soit encore pire ? Faudrait-il alors nous préparer à saboter aussi ces organisations privées, ou même commencer à le faire maintenant, pour les rendre moins aptes à se substituer à la bureaucratie gouvernementale ?

Qu’est-ce qui, entre le sabotage généralisé ou ciblé de la bureaucratie gouvernementale, est le plus compatible avec des transformations institutionnelles et sociales plus favorables à nos intérêts, car le sabotage ne saurait suffire et constituer à lui seul un projet politique viable, dont il est tout au plus un moyen ?


Enfin, quelques mots pour dire encore une fois qu’il ne s’agit par pour nous de cibler seulement ou surtout les organismes publics. Les exemples de sabotage que j’ai présentés pourraient, avec des adaptations, être utilisés contre les entreprises privées qui nous exploitent et nous écrasent, et aussi contre des organisations à but non lucratif qui entretiennent d’étroites relations avec elles. Ne serait-il pas amusant et utile de saboter les efforts de recrutement de Moderna, quand elle commencera à recruter du personnel pour son usine de Montréal ? Ne pourrions-nous pas inventer d’autres procédés de sabotage extérieur, qui n’auraient rien à voir avec le recrutement du personnel, pour réduire la capacité à nous nuire des médias de masse ?