Horizons de politiques Canada – L’avenir de la valeur (2)

Je continue ici l’analyse débutée dans le billet du 29 octobre 2021 sur le rapport intitulé L’avenir de la valeur de l’organisme fédéral Horizons de politiques Canada, lequel on peut qualifier de think tank.

Après avoir défini de ce qu’ils entendent par valeur (le montant d’argent reçu pour la vente d’un bien ou d’un service dans une économie de marché) et insisté sur le rythme de ces changements de valeur, les auteurs du rapport énumèrent les dix technologies qui selon eux sont à l’origine de ces profonds changements (p. 13) :

  • l’internet des objets ;

  • l’intelligence artificielle et les logiciels d’automatisation ;

  • la robotique ;

  • la téléprésence ;

  • la réalité virtuelle et augmentée ;

  • les technologies de production décentralisée (l’impression 3D par exemple) ;

  • les technologies bionumériques ;

  • les matériaux avancés ;

  • les chaînes de blocs ;

  • la connectivité à haut débit.

Sans nier l’importance des changements économiques que pourraient rendre possibles ces technologies, je rappelle qu’elles peuvent être utilisées de différentes manières pour atteindre des objectifs différents et parfois même radicalement opposés. Dans le même esprit, le fait d’accorder de l’importance à ces technologies et de financer des recherches qui portent sur elles peut s’expliquer par des projets économiques, sociaux et politiques de plus ou moins grande envergure, dont certains pourraient nous être bénéfiques, dont d’autres pourraient nous être nuisibles. Comme je l’ai dit dans le billet précédent, le fait de prétendre que ces technologies entraîneraient à elles seules de grands changements économiques donne l’impression trompeuse que le progrès technologique constitue une sorte de mouvement historique autonome et inéluctable, auquel les entreprises, les gouvernements, les sociétés et les individus doivent s’adapter, ce qui occulte de tels projets économiques, sociaux et politiques, ou du moins en minimise l’importance, ceux-ci semblant alors imposés par le progrès technologique qui exige que nous nous adaptions à lui.

Il est curieux de voir que quelques-unes des technologies énumérées ont déjà été utilisées pour nous confiner, nous faire travailler quand même à partir de la maison et remplacer certains de nos divertissements et de nos activités sociales (d’abord interdits, maintenant fortement réglementés) par des substituts virtuels. Et quelques autres de ces technologies pourraient être utilisées pour aller plus loin dans la même direction, si telle était la volonté de nos décideurs économiques et politiques, une x-ième « vague » supposément causée par un variant encore plus dangereux pouvant assurément servir de prétexte pour imposer ces changements, tout comme une nouvelle normalité où il nous faudrait « apprendre à vivre avec le virus ou les virus », qui serait là pour rester.


La valeur, dans ce rapport, se réduit à la valeur économique. Ce qui confère de la valeur à une chose ou à une activité en dehors des échanges économiques n’est pas pris en compte dans ce rapport. C’est pourquoi la valeur ainsi comprise est seulement déterminée par la rareté, c’est-à-dire le rapport entre l’offre et la demande. Comme les nouvelles technologies devraient inéluctablement entraîner de profonds changements de valeur qui affecteront nos sociétés, ce que nous valorisons pour des raisons qui ne sont pas économiques devrait simplement s’accommoder tant bien que mal de ces changements ou disparaître.

On illustre la manière dont le rapport entre l’offre et la demande affecte la valeur par cet exemple :

« Dans l’exemple des chauffeurs routiers, la rareté des compétences des chauffeurs leur donne une valeur. Moins ils sont nombreux, plus leur rareté augmente, et avec elle, leur valeur. Mais si la conduite automatisée coûte autant ou moins cher qu’un conducteur humain, on élimine la rareté des compétences requises : elles sont encodées dans le logiciel de conduite automatisée et peuvent être reproduites selon les besoins. » (p. 16)

Cet exemple arrive à point alors qu’on nous dit qu’une pénurie de main-d’œuvre (artificiellement créée par les politiques sanitaires) sévit, notamment dans le domaine du transport des marchandises. Qu’adviendra-t-il des chauffeurs, qui sont traités comme des marchandises comme les autres, quand on aura implanté à grande échelle la conduite automatisée, quand ils n’auront presque plus de valeur sur le marché et quand les concepteurs, les fabricants, les vendeurs et les acheteurs de ces camions automatisés seront les seules ou les principales personnes à qui rapportera ce changement technologique ? Ces questions pourraient être posées pour d’autres formes d’automatisation ou de robotisation du travail, du moins dans la mesure où le travail fait par les machines ne profiterait pas ou profiterait peu aux travailleurs (pour les libérer en partie du travail salarié, par exemple), et profiterait seulement ou surtout à ceux qui font le commerce de ces machines ou qui les acquièrent.

Les auteurs définissent quatre types de rareté qui favorisent la création de la valeur dans une économie.

« Rareté spatiale ou géographique : une rareté ou une contrainte liée à un lieu. Ex. un être humain doit se trouver dans un certain endroit pour qu’une interaction ait lieu (ex. pour se faire couper les cheveux, il faut être au même endroit que le coiffeur). Des intrants spécifiques, tels que le pétrole ou le gaz, peuvent n’être disponibles que dans un nombre limité d’endroits dans le monde. » (p. 16)

Ce qui est fâcheux, dans cette perspective économique, avec les travailleurs humains, c’est qu’ils ne sont pas toujours où il faudrait qu’ils soient pour servir leurs patrons et les clients de ces derniers.

« Rareté temporelle : une rareté ou une contrainte basée sur le temps. Ex. une personne doit être disponible à un moment précis pour que l’interaction puisse avoir lieu (ex. un rendez-vous chez le médecin). Il peut également s’agir d’un intrant, d’un service ou d’un produit spécifique qui n’est disponible qu’à un moment précis (ex. un spectacle). » (p. 16)

Ce qui est fâcheux, dans cette perspective économique, avec les travailleurs humains, c’est qu’ils ne sont pas toujours disponibles pour servir leurs patrons et les clients de ces derniers.

« Rareté absolue : une rareté ou une contrainte basée sur la quantité, dans laquelle il y a une quantité limitée d’un élément donné. Ex. une ressource minérale, une œuvre singulière comme la Joconde, ou une personne possédant un ensemble de compétences uniques, comme Yo-Yo Ma. La rareté absolue comprend l’expertise, qui peut être divisée en deux parties : la connaissance (savoir comment accomplir une tâche) et la capacité (aptitude à accomplir la tâche). » (p. 16)

Outre le fait que les arts n’ont sans doute rien à gagner à ce qu’on les mette sur le même plan que des marchandises ou des compétences professionnelles quand il s’agit de rareté absolue, fait-il sens de séparer l’expertise en ces deux parties ? Sait-on comment accomplir une tâche complexe, qui demande de l’expertise, quand on ne dispose pas de l’aptitude à accomplir cette tâche ? À l’inverse, a-t-on la capacité d’accomplir une tâche quand on ne sait pas comment l’accomplir ? Que faudrait-il penser d’un horloger qui saurait comment fabriquer une montre, mais qui ne serait pas capable de la fabriquer ? Que faudrait-il penser d’un autre horloger qui serait capable de fabriquer une montre, mais qui ne saurait pas comment la fabriquer ? Le premier horloger aurait un savoir strictement théorique de l’horlogerie et ne devrait pas être considéré comme un horloger. Le deuxième horloger serait un simple exécutant et ne devrait pas être considéré comme un horloger. Ce découpage peut à la rigueur faire sens quand il s’agit de remplacer une partie de l’expertise humaine, la capacité, par le travail automatisé des machines afin de surmonter la rareté absolue en fabriquant des montres à quartz dans des usines, ou, plus récemment, des montres dites intelligentes et des téléphones mobiles qu’on utilise comme montres. La rareté absolue devient alors celle des machines qui servent à fabriquer ces appareils dont presque personne ne sait comment elles fonctionnent, et celle de l’expertise des personnes qui savent comment fabriquer ces appareils et les machines qui servent à les fabriquer, bien qu’elles ne disposent pas de l’aptitude de fabriquer ces appareils et ces machines, qui doivent être fabriquer par des machines. Si on a encore besoin, pour l’instant, d’êtres humains dans ces usines pour faire le montage mécanique d’appareils à partir de pièces pré-fabriquées, on les traite généralement comme des moins-que-rien facilement remplaçables et pas comme des travailleurs qui bénéficient d’une expertise.

« Rareté artificielle : un cadre imposé pour créer une rareté. Ex. un système de permis qui octroie des droits exclusifs, un système de validation ou de reconnaissance de certaines compétences, ou la réglementation de la propriété intellectuelle. » (p. 16)

On peut s’attendre à ce que les « élites » économiques s’efforceront d’accroître la rareté artificielle quand le travail jusqu’à maintenant confié à des travailleurs humains sera automatisé et confié à des robots. Car elles abhorrent la rareté seulement quand elle implique pour elles des dépenses, par exemple quand il s’agit de payer des salaires. C’est une autre chose quand il s’agit de contrôler le trafic de certaines marchandises, de certains services et de certaines expertises. Alors tous les moyens sont bons pour créer artificiellement la rareté.


Venons-en aux 14 activités humaines de base pour lesquelles on évaluera les effets des changements de valeur qu’entraîneraient les nouvelles technologies. Même si les rédacteurs du rapport nous disent que cette liste n’est pas exhaustive, mais est seulement un point de départ pour une analyse plus approfondie (p. 17), le nom qu’on lui donne laisse entendre le contraire. On dit que ce sont les 14 activités de base, ce qui laisse entendre qu’il n’y a pas d’autres activités de base en plus de ces 14 activités. Puis il ne s’agit pas de 14 activités de base en économie, mais il s’agit plutôt de 14 activités humaines de base. Il est donc légitime de voir dans cette liste une tentative de fixer ce qui est essentiel dans les activités humaines, en imposant un point de vue économique déjà réducteur et simpliste d’un point de vue économique.

Voici la fameuse liste des 14 activités humaines de base.

Même si les auteurs du rapport précise qu’une transaction sur le marché peut impliquer plusieurs de ces activités, cet inventaire pose problème en ce que certaines activités impliquent nécessairement d’autres activités et sont difficilement séparables d’elles. La production et le transfert de connaissances sont des expériences qui modifient l’état émotionnel des personnes impliquées. Ce n’est pas la même chose d’élaborer et d’enseigner de nouvelles théories scientifiques qui nous permettent d’expliquer plus efficacement des phénomènes, et de produire des marchandises en transformant la matière, et ensuite de les transporter. La matière ne sent rien quand on la transforme et la transporte sous ces formes transformées. Par contre, les êtres humains qui participent pour l’instant à cette transformation et à ce transport de la matière sont affectés émotionnellement par les conditions de ces opérations de transformation et de transport, ce qu’on ne considérera pas parce qu’on a pris l’habitude de concevoir ces activités comme portant sur la matière et non sur des êtres humains, comme si les activités pouvaient être séparées des personnes qui y participent et sans lesquelles elles ne pourraient pas avoir lieu, pour l’instant, du moins.

***

Le nom de cette activité est étrange. Pourquoi ne pas avoir parlé de services physiques aux êtres humains ?

Faut-il y voir une tentative d’éviter le spécisme et d’inclure aussi les animaux, pour lesquels il existe des services de toilettage et des services de santé dont il ne faut pas négliger l’importance ? J’ai connu une personne qui, n’ayant pas assez d’argent pour aller chez le dentiste une fois par an, cédait aux pressions morales du vétérinaire et payait une fois par an un nettoyage de dents à son chat.

Ou est-ce pour inclure les êtres mi-machines, mi-hommes, que nous pourrions devenir si les transhumanistes adeptes des technologies bionumériques réalisaient leurs fantasmes sur nous ?

La définition de cette activité ou de ce groupe d’activités, même si elle est adéquate en ce qu’elle permet de comprendre de quoi il s’agit, n’en demeure pas moins bizarre. Il est en effet particulier de séparer les activités humaines en activités qui nécessitent un contact physique et celles qui n’en nécessitent pas. Une telle séparation aurait difficilement pu être utilisée avant l’arrivée du virus, ou du moins on ne l’aurait pas exprimée aussi directement. Considérant le zèle avec lequel on nous déconseille fortement, on nous interdit ou on réglemente tout contact physique avec des personnes qui n’habitent pas à la même adresse que nous, il ne s’agit probablement pas d’un hasard. Gardons l’œil ouvert.

Cette drôle de définition permet de regrouper ensemble des activités qui n’ont en commun que le fait d’exiger un contact physique. Pourtant il y a loin de la coupe de cheveux et à la chirurgie, la première pouvant être l’objet d’une transaction économique, alors que cela ne va pas de soi quand nous subissons une intervention chirurgicale dans le réseau public de la santé. Faut-il y voir une tentative de tout assimiler à des échanges économiques, au sens où dans ce rapport on traite tout comme des services susceptibles d’être l’objet de tels échanges, même ce qui ne s’y prête pas encore dans le contexte actuel ? Ou s’agit-il d’assimiler toutes les choses qui échappent en partie ou en totalité à cette vision économique, afin de les intégrer parfaitement, par exemple par la privatisation des soins de santé ou par l’adoption intégrale des principes en vigueur sur le marché dans les services publics ?

Pour ce qui est des différentes sortes de rareté, on insiste sur les problèmes d’accès que le fait de devoir se trouver au même endroit en même temps causerait, ce qui serait aggravé par l’expertise requise.

Mais on voit mal comment cela pourrait s’appliquer, en temps normal, à la coupe de cheveux et aux massages. Dans un rayon de 5 km de mon domicile, il doit y avoir au moins 20 endroits où je peux aller me faire couper les cheveux, et au moins dix où je peux recevoir un massage. Pour la coupe de cheveux, il n’est même pas nécessaire de prendre un rendez-vous dans bien des cas. C’est que ces services sont peu sujets à la rareté absolue et à la rareté artificielle. Je ne vois donc pas de quelle rareté on parle pour eux, du moins dans les villes, quand on ne décide pas de fermer les endroits où ils sont offerts, sous des prétextes sanitaires.

Pour ce qui est du dentiste et surtout de la chirurgie, il y a effectivement une certaine rareté, même dans les villes. Il me faut attendre parfois quelques semaines pour avoir un rendez-vous chez le dentiste, quand il ne s’agit pas d’une urgence. Quant aux chirurgies, on peut se retrouver sur une liste d’attente pour des mois, voire quelques années. Ce qui est dû principalement à la rareté absolue (n’importe qui n’est pas capable de devenir chirurgien) et à la rareté artificielle (la guilde des médecins, avec la collaboration du ministère de la Santé et des Services sociaux, défend ses privilèges en militant pour des contingentements exagérés dans les facultés de médecine et en rendant très ardue l’obtention du droit de pratiquer pour les immigrants médecins), et ce qui a été aggravé par la « gestion de la pandémie » par le gouvernement et sa mauvaise politique de santé bien avant la déclaration de l’état d’urgence sanitaire.

Voilà de quelle manière, selon les auteurs du rapport, les nouvelles technologies pourraient nous aider à résoudre ces problèmes de rareté, imaginaires, réels ou engendrés par de mauvaises politiques de santé ou une certaine forme de corruption des ordres professionnels.

Ces observations ne sont absolument pas pertinentes pour se faire couper les cheveux et recevoir un massage. Il faudrait deux personnes (une sur place, une autre à distance), en plus du client, pour offrir ces services qui n’exigent pas d’expertise assez rare pour qu’on gagne à ce redoublement, d’autant que cela aurait pour effet d’accroître la rareté temporelle. Quant à l’usage d’un robot télécommandé pour couper les cheveux ou donner un massage, il faudrait probablement à l’opérateur du robot une expertise plus grande que le coiffeur et le masseur pour ne pas rater ses coupes de cheveux et ses massages. Le recours à des robots semi-autonomes et autonomes, probablement coûteux et rares pour encore bien des années, produirait probablement une rareté qui n’existe pas pour l’instant, sauf quand on l’engendre grâce à des mesures sanitaires.

Pour les coupes de cheveux et les massages, le recours à ces technologies fait seulement sens quand on a pour projet social la réduction des contacts physiques et l’enfermement à domicile. Un coiffeur pourrait donc guider à distance une personne moins compétente pour qu’elle coupe elle-même les cheveux à une autre personne qui habite avec elle. Ou encore un robot loué ou acheté pourrait être télécommandé à distance par un coiffeur qui se trouve ailleurs. Ultimement, le robot pourrait faire le travail lui-même. Même chose pour les massages.

Quant à la dentisterie et à la chirurgie pratiquées par une personne qui n’a pas les compétences requises et qui se feraient aider par un dentiste ou un chirurgien à distance, cela augmenterait la rareté temporelle, alors que la rareté spatiale diminuerait puisqu’il serait plus facile de trouver à proximité un exécutant aux compétences peu spécialisées qu’un dentiste ou un chirurgien compétent. Le gain du point de vue de la rareté ne serait vraisemblablement pas significatif, alors que la fréquence des erreurs commises par les exécutants peu compétents serait vraisemblablement significativement plus élevée que la fréquence des erreurs commise par les dentistes et les chirurgiens. Il est vrai que l’usage d’un robot télécommandé par un dentiste ou un chirurgien pourrait réduire la fréquence des erreurs, et peut-être même les rendre moins fréquentes que si le dentiste ou le chirurgien réalisait les opérations de ses propres mains. Cependant, le problème de rareté spatiale et temporelle demeure : il faut avoir accès à ces robots et à une salle de dentisterie ou de chirurgie au moment où le dentiste ou le chirurgien est disponible. Alors il n’y a pas vraiment de gain en ce qui concerne la diminution de la rareté. Pour leur part, les robots autonomes qui seraient capables de réaliser des interventions de dentisterie et de chirurgie seraient probablement aussi rares, au moins encore pour plusieurs années, que les dentistes et les chirurgiens ; et les premiers modèles ne seraient peut-être pas très fiables, comme l’apprendraient peut-être à leurs dépens les premiers usagers.

Puisque le recours de l’expertise à distance et à la robotique est difficilement justifiable du point de vue de la seule diminution de la rareté, j’en viens à me dire qu’il est peut-être lui aussi motivé en fait par un désir délirant de réduire autant que possible les contacts physiques, et aussi les déplacements d’une région à l’autre, à l’intérieur d’une région ou même à l’intérieur d’une ville.

Venons-en aux changements de valeur pouvant résulter de ces utilisations des nouvelles technologies.

Ce qui veut dire que tous ceux d’entre nous qui exerceraient des professions qui nécessitent des contacts physiques verraient non seulement leurs compétences perdre de la valeur, mais perdraient eux-mêmes de la valeur, par opposition aux robots qui, à terme, devraient les remplacer. Seule une petite élite aux compétences très rares serait en mesure de se faire valoir sur le marché et d’y vendre son expertise aux plus offrants. Serions-nous alors en mesure, avec les maigres revenus établis en fonction de notre valeur sur le marché, d’avoir accès à ces services ? Ou seraient-ils en grande partie réservés à l’élite économique qui contrôlerait le commerce des robots ou qui pourrait les acheter ? Comme l’humain en général continuerait à perdre de la valeur, ça serait dans l’ordre des choses. Et si on décidait de nous rendre accessibles ces services, il faudrait voir ce qu’on nous demanderait en contre-partie. Nous n’y gagnerions rien si on nous traitait comme les maîtres traitent leurs animaux domestiques.

Le troisième point de forme exprime clairement un désir de nous faire travailler à la maison et de réduire nos déplacements, comme c’est déjà le cas pour beaucoup d’entre nous depuis la déclaration de l’état d’urgence sanitaire. Ce qu’on s’efforce de présenter comme un changement de valeur due à l’usage de nouvelles technologies.


Je laisse à mes lecteurs le plaisir d’analyser les activités 2 et 3. Ils y trouveront l’annonce de changements de valeur qui – quelle surprise ! – convergent avec ceux annoncés pour l’activité 1. Encore ici, ces changements économiques (avec toutes leurs conséquences sociales) seraient simplement le résultat de nouvelles technologies, et ils ne s’inscriraient pas dans un projet de transformation sociale et politique dont ces technologies seraient l’instrument. Ce serait du complotisme de prétendre le contraire.


Je comprends que tout ceci semblera fou à plusieurs de mes lecteurs. Mais je ne fais qu’analyser ce qui est écrit dans ce rapport. Le fou, ce n’est pas moi.

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