Faut-il nous moquer de nos concitoyens qui ont le cerveau lessivé ? (Réponse à James Corbett)

J’estime beaucoup James Corbett (chaîne Odysee) pour les vidéos qu’il fait depuis environ 15 ans, si je ne me trompe pas. Cela fait seulement deux ans que je le connais, mais je loue son approche non partisane et aussi la place accordée au doute dans sa démarche, en se gardant de faire de déclarations dogmatiques qui, si elles ne se réalisent pas, le discréditeraient aux yeux de plusieurs, comme cela est d’ailleurs arrivé à plusieurs dissidents. L’éventail des sujets qu’il a couverts depuis la fin des années 2000 est impressionnant : les fausses « pandémies » de 2009 et de 2020, la montée de la biosécurité, la propagande portant sur les changements climatiques et les politiques énergétiques, la démolition contrôlée de l’économie, les événements du 11 septembre 2001, les relations entre les États-Unis et la Chine, l’influence de l’industrie pharmaceutique, les relations publiques, l’évolution des médias, le transhumanisme, la guerre civile en Syrie, l’utilisation des organisations terroristes par le gouvernement américain, etc.

Mais je ne suis pas toujours d’accord avec lui et j’espère que, vous aussi, vous n’êtes pas toujours d’accord avec lui ou avec moi. Le contraire ne serait pas sain, et je pense que James Corbett serait d’accord. Autrement, nous ne nous vaudrions pas mieux, par notre attitude, que les autorités dogmatiques et nos concitoyens endoctrinés auxquels nous nous opposons. C’est pourquoi je dis franchement que je suis d’un autre avis que lui sur la manière de nous devons rapporter à ceux de nos concitoyens qui ont le cerveau lessivé.

Comme moi et beaucoup d’entre vous, James Corbett est un Canadien. Les Canadiens ont la réputation, à mon avis méritée, d’être très gentils et même d’être trop gentils. Que nous vivions au Québec ou dans les provinces, que nous soyons anglophones ou francophones, nous tenons généralement à montrer à nous-mêmes et aux autres que nous adhérons à cette morale de la gentillesse. C’est pourquoi nous n’aimons pas les heurts. C’est aussi pourquoi nous évitons souvent, à l’échelle individuelle, les discussions vives et, à l’échelle sociale, les débats publics houleux. Nous nous gardons généralement d’exprimer des jugements moraux fermes sur les personnes que nous côtoyons, même si ce jugement est réfléchi et peut-être justement pour cette raison. Certains de nos concitoyens intériorisent cette censure faite au nom de la gentillesse, et deviennent incapables de faire de tels jugements dans le for intérieur. Ou s’ils le font, c’est malgré eux, et ils ont l’impression que ce n’est pas correct et que c’est même méchant. S’il arrive que les Canadiens expriment ouvertement et même publiquement des jugements très négatifs sur des individus ou des groupes d’individus, c’est presque toujours dans des situations où les objets de ces jugements sont ou semblent être considérés comme des méchants par la majorité de notre société ou des milieux sociaux dont font partie les jugeurs. Forts de l’autorité et de la sécurité qui leur procureraient le troupeau, beaucoup de Canadiens condamnent moralement les personnes qui pensent et vivent autrement eux, à condition que ces dernières ne fassent pas partie d’une minorité ethnique ou culturelle reconnue. Dans ce cas, tous les coups et toutes les bassesses sont non seulement permis, mais même bien vus.

Cette morale de la gentillesse et la manière assez particulière dont on l’applique expliquent en partie pourquoi la propagande sanitaire a trouvé en nous un sol si fertile. Même les opposants, par exemple ceux qui ont participé au Freedom Convoy en février 2022, ne sont pas parvenus à se libérer de cette morale. Malgré les tentatives du gouvernement et des journalistes pour les faire passer pour des méchants et les vociférations des autres moutons enragés, ces opposants ont fait beaucoup d’efforts pour montrer qu’ils sont gentils. Le problème, ce n’est pas de chercher à paraître, par stratégie, gentil quand on est opposant dans un pays où règne une certaine morale de la gentillesse, mais d’être gentil jusqu’au fond du cœur et d’être prisonnier de cette morale de la gentillesse même dans des situations où on aurait intérêt à s’en dégager.

Qu’on ne se méprenne pas : je ne crois pas que James Corbett soit entièrement prisonnier de la morale de la gentillesse. Toutefois je ne crois pas non plus qu’il en soit complètement exempt, ce que je ne pense pas non plus de moi-même, malheureusement. Car on ne reçoit pas une éducation dans les écoles et les familles canadiennes sans séquelles. Il est donc utile qu’entre opposants, nous nous aidions à nous libérer de cette morale pour les faibles qui conduit tout droit à la servitude.

Voici les remarques de James Corbett, à partir de 1:08:51, auxquelles je veux répondre.

Même s’il est vrai que les personnes endoctrinées sont devenues infirmes intellectuellement à cause de la propagande auxquels elles ont été exposées au cours des dernières années, et même depuis leur enfance, je suis en désaccord avec l’attitude morale défendue par James Corbett. Ou du moins je pense qu’il ne faut pas lui donner une portée aussi générale, et l’opposer simplement à une attitude moqueuse.

Ce qui importe, quand nous rions ou quand nous nous moquons de nos concitoyens décérébrés par la propagande sanitaire, ce n’est pas si nous aimons ça ou non, ou si c’est gentil ou pas gentil de le faire, qui importe. La question qu’il faut nous poser est plutôt celle-ci : quels effets cherchons-nous à obtenir en riant ou en nous moquant d’eux ?

Je suis d’accord avec Corbett quand il dit qu’il serait absurde de rire du fait que quelqu’un à qui on aurait cassé les jambes à coups de masse ne serait pas capable de marcher. Ce rire malveillant n’aiderait certainement pas cette personne à marcher à nouveau, et ne procurerait aucun avantage au rieur et aux autres personnes qui ont leurs jambes en un seul morceau, si ce n’est un sentiment de supériorité mesquin. Mais il me semble que la situation est différente quand il s’agit de rire ou de se moquer des troupeaux qui ont le cerveau lessivé, qui rient de nous parce que notre cerveau n’a pas été lessivé, qui pensent qu’ils vaillent mieux que nous pour cette raison, et même que nous sommes des demeurés, et qui parfois voudraient qu’on nous exclût de la société, qu’on nous prive de nos moyens de subsistance, qu’on nous enferme dans nos domiciles ou qu’on nous déporte dans le Grand Nord pour protéger la société de nos microbes et de notre influence nocive. Nous ne sommes vraiment pas dans une situation où nous ririons d’une personne aux jambes fracassées, ce qui reviendrait métaphoriquement à lui donner des coups de pied alors qu’elle est au sol. En fait, ce sont plutôt nos concitoyens les plus endoctrinés qui, si on nous déclarait hors-la-loi ou nous excommuniait, se réjouiraient de notre sort, nous roueraient de coups ou nous lyncheraient, car nous serions des méchants qui mettraient en danger les gentils.

Plus nous laissons nos concitoyens endoctrinés exprimer leur intolérance ouvertement ou publiquement sans nous opposer à eux, plus ils se sentiront en droit de nous peindre sous les couleurs les plus sombres, et plus ils seront disposés, lors de la prochaine « vague » hivernale ou « pandémie », à collaborer avec les autorités politiques, sanitaires et policières pour nous excommunier ou nous lyncher. L’une des manières de nous opposer à eux, c’est d’argumenter avec eux pour les faire douter ou changer d’idée, ou de soustraire à l’emprise du troupeau ceux qui hésitent et sont seulement à moitié endoctrinés en ayant recours à l’argumentation. Tant mieux si ça marche parfois, même si c’est seulement en partie.

Mais que faire des autres, qui sont immunisés aux raisonnements et qui ne changeront probablement jamais d’idée, sauf peut-être quand il sera trop tard et que le mal aura déjà été fait, peut-être de manière irréversible ? Corbett reconnaît l’existence de ces personnes. C’est pourquoi il nous conseille d’accepter que certaines personnes, je dirais même beaucoup de personnes, sont irrémédiablement endoctrinées. De quelle manière agir avec ces personnes qui semblent devoir toujours rester sur leurs positions et même les renforcer ? Corbett nous propose de persister dans nos efforts de les convaincre, mais sans non plus nous faire d’illusions sur nos chances de réussite et sans nous investir entièrement dans cette entreprise, afin d’éviter d’amères déceptions. Je crois que c’est un bon conseil, pourvu qu’on ne l’applique pas à toutes les personnes et dans toutes les situations. Nous avons d’autres armes que les raisonnements à notre disposition. Persister à utiliser seulement ceux-ci dans des circonstances où elles se sont montrées inefficaces, c’est agir de manière semblables à ceux qui pensent que les « vaccins » sont la meilleure arme que nous ayons pour lutter contre les virus, et qu’en se faisant injecter des doses supplémentaires, les autorités politiques et sanitaires finiront pas déclarer la fin de la « pandémie », ou que c’est la seule manière de vivre avec le virus, qui est là pour rester.

La moquerie est une arme très puissante, notamment contre ceux qui sont immunisés aux raisonnements, et qui utilisent parfois la moquerie pour ridiculiser, souvent maladroitement, ceux qui ne partagent pas leur religion sanitaire. Ils reconnaissent eux-mêmes la force de la moquerie, et ils y sont donc sensibles. Étant donné que la moquerie à laquelle ils ont recours a pour fonction d’empêcher la discussion et d’imposer la religion sanitaire, il est important pour les opposants d’être capables de livrer bataille sur le terrain de la moquerie et de faire battre en retraite nos concitoyens endoctrinés. Beaucoup d’entre eux s’engagent sur le terrain de la moquerie parce qu’ils ne sont pas capables de combattre sur celui du raisonnement, et qu’ils sont persuadés d’avoir les rieurs de leur côté et de ne pas être ceux qui seront ridiculisés. Le seul fait que des plaisanteries à leur sujet circulent de plus en plus leur enlève une partie de leur confiance, puisqu’il n’est plus certain qu’ils auront les rieurs de leur côté. Leur assurance, qui dépend en grande partie de l’esprit de troupeau, est encore plus affaiblie quand, pensant obtenir qu’on rie avec eux des autres, ils deviennent l’objet de ce rire et perdent parfois la face publiquement. La crainte de ne pas trouver seulement ou presque seulement des complices, d’essuyer des réparties, d’avoir les rieurs contre eux, et même d’être ridiculisés publiquement, feront qu’ils hésiteront parfois à utiliser la moquerie en tant qu’instrument de la religion sanitaire, et que des conditions plus favorables ou moins défavorables à l’argumentation existeront à certains endroits dans notre société, temporairement ou de manière plus durable. Sans doute les personnes ainsi ridiculisées ne seront guère disposées à discuter, mais au moins elles nous laisseront plus souvent discuter avec les personnes qui sont prêtes à le faire et qui sont alors partiellement libérées de l’emprise des dogmatiques et de l’esprit de troupeau.

S’il est vrai que la moquerie peut servir à rembarrer les dogmatiques qui croient avoir les rieurs de leur côté, et à aménager un contexte plus favorable à la discussion rationnelle, elle n’est pas seulement ou simplement un instrument qui sert à obtenir ce contexte et qu’il faut arrêter d’utiliser une fois que c’est fait. La moquerie peut s’intégrer aux raisonnements, et vice versa. Sa force critique et son effet libérateur s’en trouvent accrus. C’est ce qui fait qu’elle est supérieure à la moquerie des dogmatiques, qui a besoin de l’esprit de troupeau et des puissants moyens des médias de grand chemin pour produire ses effets et rivaliser avec la moquerie que nous la pratiquons et que les dogmatiques craignent à un tel point qu’ils la censurent pour obtenir la victoire.

Enfin, le maniement de la moquerie est aussi bénéfique pour nous, les opposants. La moquerie, c’est un peu comme les coups : il vaut toujours mieux les donner que les recevoir. En maniant la moquerie et en en usant contre nos concitoyens qui ont le cerveau lessivé et les autorités politiques, sanitaires et policières, nous refusons de prendre la place qu’on voudrait nous faire prendre dans la société, nous cessons d’agir comme les citoyens de second ordre ou comme les parias qu’on voudrait que nous soyons. Le rire est donc aussi libérateur pour nous et nous procure de la force, en ce qu’il nie la position d’infériorité morale dans laquelle on voudrait nous mettre et mine la supériorité morale que ces autorités et leurs fidèles voudraient avoir. Cependant, il est important de ne pas nous contenter de ce sentiment de libération procuré par le rire, par exemple en usant de la force qu’il nous procure seulement pour nous moquer encore plus de nos concitoyens qui ont le cerveau lessivé et ainsi obtenir à peu de frais un sentiment de supériorité qui pourrait devenir pour nous la fin ultime. Au contraire, la force supplémentaire obtenue grâce au rire libérateur doit être utilisée, individuellement et collectivement, pour résister plus vigoureusement aux autorités politiques, sanitaires et policières qui sont en train de détruire notre société et notre civilisation, et à nos concitoyens qui ont le cerveau lessivé et qui collaborent avec ces autorités.