Déclaration de la variole du singe comme urgence de santé publique de portée internationale (2)

Dans mon billet du 24 juillet 2022, j’ai analysé la déclaration du directeur-général de l’Organisation mondiale de la santé (OMS), notamment pour montrer à quel point sont faibles les raisons invoquées pour déclarer que la variole du singe est une urgence de santé publique de portée internationale (public health emergency of international concern ou PHEIC en anglais). Même le Comité d’urgence de l’OMS, dans le rapport qu’il a remis au directeur-général, n’a pas réussi à obtenir un consensus à propos de cette déclaration. En l’absence d’un tel consensus, le directeur-général a usé de son autorité pour déclarer que la variole du singe est un PHEIC. Depuis 2020, on ne cesse de nous rebattre les oreilles avec de soi-disant consensus scientifiques ou médicaux pour justifier de toutes de mesures farfelues qu’on dit sanitaires, mais qui sont en fait des mesures de guerre. Maintenant, en 2022, quand un consensus n’est pas atteint par le Comité d’urgence sur le fait de savoir si la variole du singe est un PHEIC ou non, le directeur-général tranche la question de manière autoritaire et montre qu’il peut très bien se passer d’un consensus scientifique ou médical. Et il a le culot de prétendre qu’il a pris en compte l’avis du Comité d’urgence dans sa prise de décision. Sans doute cela veut-il dire qu’il a pris en compte l’avis des membres du Comité d’urgence qui sont d’accord avec lui, sans daigner prendre en considération l’opinion des autres.

Je veux ici examiner quelles sont les raisons des membres et les conseillers du Comité d’urgence qui croient que la variole du singe est un PHEIC et les raisons de ceux qui pensent le contraire. Il est dommage que nous ne sachions pas qui a soutenu quelle position. J’aimerais tout particulièrement savoir ce qu’a déclaré la Theresa Tam, directrice de la Santé publique du Canada, à la deuxième réunion du Comité d’urgence. Voilà qui montre les limites de la transparence de l’OMS et de ce comité d’urgence.

Un dernier mot avant de commencer. Le directeur-général a déclaré, quand il a proclamé que la variole du singe est un PHEIC (conférence de presse du 23 juillet 2022), que le risque serait élevé seulement en Europe, alors qu’il serait modéré ailleurs :

« WHO’s assessment is that the risk of monkeypox is moderate globally and in all regions, except in the European region where we assess the risk as high. »

La composition du Comité d’urgence ne reflète pas la situation : il y a seulement trois membres (deux Suisses et un Anglais) et trois conseillers (une Française, un Suisse et un Suédois) sur les vingt-cinq personnes qui occupent des fonctions liées à ce comité. Il faudrait nous questionner sur les raisons de cette sous-représentation des pays que l’OMS dit être les plus touchés et sur les effets que cela a sur les conclusions du Comité d’urgence. Pour ce faire, il faudrait savoir si les experts provenant des pays qu’on dit plus durement touchés sont favorables ou défavorables à l’application de mesures sanitaires dans leur pays d’origine, lesquelles peuvent y accroître le pouvoir de la Santé publique et de l’establishment médical sur la population, et accélérer l’effondrement des sociétés touchées. À l’inverse, on peut se demander comment les experts qui viennent d’autres pays que l’OMS dit moins touchés ou où la variole du singe est endémique voient la déclaration d’un PHEIC qui aura des conséquences surtout pour d’autres pays, du moins pour l’instant. Puisque nous ne savons pas qui est favorable ou défavorable à la déclaration de ce PHEIC, nous ne pouvons que spéculer à ce sujet.


Commençons par les raisons données par les experts favorables à la déclaration d’un PHEIC.

Selon eux, la variole du singe répondrait à la définition d’une PHEIC :

« The multi-country outbreak of monkeypox meets all the three criteria defining a PHEIC contained in Article 1 of the Regulations ([…] an extraordinary event […] (i) constitut[ing] a public health risk to other States through the international spread of disease and (ii) which may potentially require a coordinated international response). »

Il suffit donc qu’une maladie déclarée inhabituelle se propage au-delà des frontières nationale pour qu’on considère qu’elle représente un risque de santé publique susceptible d’exiger une réponse internationale coordonnée. De la gravité et de la fréquence de la maladie en question, on ne dit rien, car il suffit qu’elle se propage pour qu’elle constitue un danger pour la santé publique des pays concernés, selon le Règlement sanitaire international. Ces critères sont tellement faciles à satisfaire que le monde entier pourrait se retrouver à vivre sous le joug de dizaines de PHEIC d’ici quelques années.

Ces experts veulent justifier la déclaration d’un PHEIC en invoquant le prétendu devoir moral de l’OMS et même de la communauté internationale à l’égard des communautés LGBTI+ :

« The moral duty to deploy all means and tools available to respond to the event, as highlighted by leaders of the LGBTI+ communities from several countries, bearing in mind that the community currently most affected outside Africa is the same initially reported to be affected in the early stages of HIV/AIDS pandemic. »

Il faudrait voir qui sont ces leaders et s’ils représentent vraiment l’opinion des personnes qu’on dit les plus touchées par la maladie. On aurait tort de les considérer comme des leaders légitimes ou des représentants de la communauté LGBTI+ seulement parce que c’est eux qui prennent la parole et qui se font entendre. Puis il est douteux que l’avis de ces soi-disant leaders ait plus de valeur que le nôtre quant au fait que la déclaration d’un autre PHEIC normalise les crises sanitaires et les ingérences de l’OMS dans les affaires des États membres et procure aux gouvernements nationaux des raisons pour pérenniser et étendre la surveillance et le contrôle de la population, qu’elle appartienne à la communauté LGBTI+ ou non.

Comme pour la COVID-19, ces experts invoquent l’augmentation du nombre de cas :

« The observed rising trends in the number of cases reported globally, in an increasing number of countries, and, yet, likely to reflect an underestimation of the actual magnitude of the outbreak(s). »

Comme pour n’importe quelle maladie, le nombre de personnes atteintes ne peut qu’augmenter et ne peut certainement pas diminuer. Ce phénomène est aggravé par le fait qu’on augmente la surveillance des « cas » et qu’on procède à des tests de dépistage plus nombreux sous prétexte qu’on sous-estimerait la gravité de la situation, pour ensuite considérer l’augmentation des cas qui en résulte comme une aggravation de la propagation, en faisant mine d’oublier que la prétendue sous-estimation de la gravité de la situation a été invoquée pour obtenir ce changement de stratégie de surveillance et de dépistage. Puis on pourrait nous faire le même coup qu’avec la COVID-19, pour obtenir artificiellement une hausse des « cas » en considérant comme des « cas » des personnes asymptomatiques déclarées porteuses du virus après avoir passé un test PCR bidon ou dont le nombre de cycles d’amplification serait beaucoup trop élevé.

Les experts font ensuite d’une pierre deux coups en parlant des enfants et des femmes (qui constitueraient des groupes vulnérables) et en faisant allusion au SIDA (ce qui doit susciter la peur) :

« The cases of monkeypox reported in children and pregnant women, which are reminiscent of the initial phases of the HIV pandemic. »

De combien de cas parle-t-on ? Ces enfants et ces femmes ont-ils eu des contacts directs et prolongés avec des personnes LGBTI+ infectées ? Ont-ils été assez malades pour que la comparaison avec le SIDA fasse sens ? Est-ce à point inhabituel que les enfants et les femmes enceintes attrapent plus souvent certaines maladies que d’autres parties de la population ? Les experts en faveur du PHEIC ne répondent pas à ces questions dans ce rapport, et déclarent qu’on attend d’autres « vagues » où seront affectées d’autres populations :

« Future waves of monkeypox cases are expected as the monkeypox virus is introduced in additional susceptible populations. »

Cette formulation est étrange. Pourquoi ne parle-t-on pas simplement de futures vagues de variole du singe, et plutôt de futures vagues de cas de variole du singe ? Faut-il voir là un autre signe annonciateur d’une « pandémie de cas » générée artificiellement par des stratégies de dépistage massif ? Il est légitime de se poser la question, puisqu’on ne voit pas comment les experts pourraient faire autrement cette prédiction alors qu’ils font de la mauvaise connaissance du mode de propagation de la maladie une autre raison de déclarer un PHEIC :

« The modes of transmission sustaining the current outbreak are not fully understood. »

En pensant de cette manière, il faudrait, par mesure de précaution, déclarer un PHEIC toutes les fois que les experts ne comprendraient pas précisément comment une maladie se transmet. Nous ne sommes pas sortis du bois, parfois même pour les maladies qu’on dit bien connaître !

Les experts invoquent ensuite les manifestations cliniques différentes dans cette éclosion de variole du singe :

« The changes in the clinical presentation of cases of monkeypox currently observed with respect to the clinical picture known to date. »

Alors s’agit-il de la même maladie ? Ou considère-t-on comme des « cas » de variole du singe d’autres maladies aux symptômes plus ou moins semblables, de la même manière qu’on a certainement confondu des grippes et des pneumonies pour la COVID depuis 2020 ?

L’un des objectifs de la déclaration du PHEIC serait d’obtenir des preuves supplémentaires de l’efficacité des mesures pharmaceutiques et non pharmaceutiques pour contrôler l’éclosion :

« The need to generate further evidence related to the effectiveness of the use of both pharmaceutical and non-pharmaceutical measures in controlling the outbreak. »

Autrement dit, les experts de l’OMS envisagent, en profitant de l’urgence sanitaire, d’essayer encore une fois sur nous des injections et des traitements expérimentaux, et de renouveler des mesures non pharmaceutiques comme la distanciation sociale, le port du masque, l’isolement préventif et les confinements, sous prétexte d’obtenir des preuves que cela fonctionnerait pour contrôler l’éclosion. On en vient à se dire que l’éclosion sert à obtenir des preuves soi-disant scientifiques de l’efficacité de ces mesures si chères à l’OMS, beaucoup plus que ces mesures servent véritablement à contrôler une éclosion qui deviendrait incontrôlable autrement.

Les experts en viennent finalement à parler de la morbidité de la maladie :

« The significant morbidity associated with the monkeypox outbreak(s). »

Le taux de morbidité étant le nombre de personnes atteintes de la maladie par rapport à l’ensemble de la population, je ne comprends pas comment les experts de l’OMS peuvent déclarer que la morbidité associée à la maladie est considérable. Du 6 mai 2022 au 5 août 2022, seulement 27 067 cas (Our World in Data) ont été déclarés dans le monde entier, ce qui représente une partie négligeable de la population mondiale, estimée à 7,96 milliards de personnes. Du 19 mai 2022 au 3 août 2022, 892 cas ont été déclarés au Canada, qui a une population d’environ 38,43 millions de personnes. Aux États-Unis, c’est 7 084 cas ont été déclarés du 18 mai 2022 au 4 août 2022, pour une population d’environ 335,12 millions de personnes. En France, en Allemagne et au Royaume-Uni, c’est respectivement 2 241 cas, 2 887 cas et 2677 cas pour une population d’environ 65,58 millions de personnes, d’environ 84,35 millions de personnes et d’environ 68,64 millions de personnes. Même si le nombre de cas déclarés par jour augmente rapidement, vraisemblablement à cause de la surveillance accrue, rien n’autorise les experts de l’OMS à parler de morbidité significative, sauf s’ils ont pour projet de mettre en œuvre dans les pays touchés des campagnes de dépistage massif et à compter parmi les personnes malades des personnes qui n’ont pas ou presque pas de symptômes pour faire gonfler le nombre de « cas ».

Comme pour la COVID-19, ces experts nous annoncent déjà qu’il faut se préparer à la saturation des hôpitaux, tant la variole du singe serait dangereuse :

« The potential future implications on public health and health services if the disease were to establish itself in the human population across the world, particularly for an orthopoxvirus causing human disease, as global immunity has greatly declined after smallpox was eradicated. »

Cette affirmation est d’autant plus gratuite que l’OMS reconnaît elle-même que la maladie n’a généralement pas besoin d’être traitée :

« Les personnes atteintes de la variole du singe doivent suivre les conseils de leur prestataire de soins. Les symptômes disparaissent normalement d’eux-mêmes sans nécessiter de traitement. Si nécessaire, des médicaments contre la douleur (analgésiques) et la fièvre (antipyrétiques) peuvent être utilisés pour soulager certains symptômes. Il est important pour toute personne atteinte de la variole du singe de rester hydratée, de bien manger et de dormir suffisamment. Il est conseillé aux personnes qui s’isolent de prendre soin de leur santé mentale en pratiquant des activités qu’elles trouvent relaxantes et agréables, en restant en contact avec leurs proches à l’aide de la technologie, en faisant de l’exercice physique si elles se sentent suffisamment bien pour cela et si elles peuvent le faire en isolement, et en sollicitant un soutien en matière de santé mentale si elles en ont besoin. »
(Questions et réponses sur la variole du singe, version du 4 août 2022.)

Les experts favorables à la déclaration d’un PHEIC concluent ainsi la liste de leurs raisons :

« The perceived benefits associated with the prospective determination of a PHEIC include: 

- Maintaining a heightened level of awareness and alert, which would increase the probability of stopping human-to-human transmission of monkeypox virus;

- Boosting political commitment towards response efforts; Increasing opportunities for funds to be released for response, and research purposes, as well as for the mitigation of the socioeconomic impact of the disease;

- Boosting international coordination of response efforts, in particular to secure equitable access to vaccines and antivirals;

- The possible stigmatization, marginalization, and discrimination that may result from the prospective determination of a PHEIC should not be regarded as deterrent to do so, and would need to be addressed. »

Ce qui met en évidence que ce qui importe vraiment avec cette histoire de variole du singe, ce sont les pouvoirs et le financement accrus obtenus par les autorités sanitaires nationales et internationales, ainsi que par l’industrie pharmaceutique, qui pourra vendre ses produits et obtenir des fonds publics pour élaborer des traitements ou des injections expérimentales qu’elle nous vendra à grand prix et essaiera sur nous.

Quant à la stigmatisation, à la marginalisation et à la discrimination des membres de la communauté LGBTI+, je trouve que les experts ne prennent pas au sérieux ces problèmes et les balaient du revers de la main pour pouvoir arriver à leurs fins, à savoir déclarer un PHEIC. L’exagération de la gravité de la variole du singe, si variole du singe il y a, ne peut que favoriser la discrimination de cette minorité, dans les pays où les identités sexuelles traditionnelles s’imposent toujours dogmatiquement, et même dans les pays où ce n’est pas le cas. Les efforts faits pour combattre cette discrimination pourront dans le meilleur des cas seulement l’atténuer. Les soi-disant leaders de la communauté LGBTI+ ne devraient s’illusionner à ce sujet : la déclaration d’un PHEIC, l’application de mesures sanitaires plus ou moins contraignantes et le battage médiatique à propos de la variole du singe ne peuvent qu’attirer des ennuis à la communauté LGBTI+, même si ce n’est pas ce que désirent faire ces experts.


Passons maintenant aux raisons données pas les membres du Comité d’urgence défavorables à la déclaration d’un PHEIC, qui évaluent différemment la gravité de la situation et qui ne tombent pas dans l’alarmisme :

« The overall global risk assessment presented by the WHO Secretariat remained unchanged with respect to that presented to the Committee on 23 June 2022. »

Donc, pour eux, le risque que représenterait la variole du singe n’aurait pas changé depuis la première rencontre du Comité d’urgence, un mois plus tôt, où tous se sont entendus pour dire qu’on ne devait pas la considérer comme un PHEIC. S’il y a effectivement une augmentation des cas, il n’y a pas de quoi paniquer :

« The greatest burden of the outbreak is currently reported in 12 countries in Europe and in the Americas, with no indications, based on currently available data, of an exponential increase in the number of cases in any of those countries, and early signs of stabilization or declining trends observed in some countries. »

Ces opposants au PHEIC vont plus loin en déclarant que la maladie est presque seulement observée chez des homosexuels qui ont plusieurs partenaires sexuels, et presque inexistante dans le reste de la population, y compris les travailleurs de la santé :

« The vast majority of cases are observed among MSM (men who have sex with men) with multiple partners, and, despite the operational challenges, there is the opportunity to stop ongoing transmission with interventions targeted to this segment of the population. Cases observed beyond this population group, including among health workers are, to date, limited. »

Dans ce cas, pourquoi déclarer une urgence de santé de portée internationale alors que la majorité de la population mondiale n’est pas menacée, et que des interventions ciblées pourraient se montrer plus efficaces pour arrêter la propagation de la maladie, même si elles ne sont pas sans difficultés ? Et ce, d’autant plus que la maladie entraînerait très rarement des complications :

« The severity of the disease is perceived to be low. »

Ce que confirme le très petit nombre de décès, environ trois mois après le début de l’éclosion, qui est de 9 dans le monde entier (Our World in Data), en date du 1er août 2022. Je n’ai pas trouvé pour l’instant de données sur les hospitalisations.

Toujours selon ces experts, l’épidémie, loin de s’accélérer et de connaître une explosion de « cas » exponentielle, se stabiliserait et nous disposerions déjà d’indications plus claires à propos de ce qu’il faudrait faire à l’occasion d’autres épisodes épidémiques :

« The epidemic is gaining maturity, with future waves expected, and clearer indications about the effectiveness of policies and interventions are being generated. »

Il serait donc inutile de déclarer un PHEIC pour expérimenter sur les mesures pharmaceutiques et non pharmaceutiques, alors que la situation est sous contrôle, et qu’elle le sera encore plus lors d’éventuels autres épisodes épidémiques.

Ces experts vont même jusqu’à dire que la déclaration d’un PHEIC pourrait nuire à la réponse, et que ce risque dépasserait les bénéfices présumés de la déclaration d’un PHEIC :

« The potential risks of hampering response efforts through the prospective determination of a PHEIC are perceived as outweighing the benefits of the latter for the following reasons:

- The stigma, marginalization, and discrimination that a determination of a PHEIC may generate against the currently affected communities, especially in countries where homosexuality is criminalized, LGBTI+ communities are not well established and engaged in a dialogue with governments. Communities in some countries have reportedly indicated that minimizing stigma associated with monkeypox – which unlike HIV infection may be a visible condition – requires developing novel approaches, which could be challenging in the context of a PHEIC;

- Action taken by the WHO Secretariat since May 2022 to raise the alert in relation to the unfolding monkeypox outbreak, including convening the Committee, appear to be effective, in triggering immediate response efforts in many countries in the northern hemisphere;

- Technical guidance issued by the Secretariat to inform national response efforts is regarded as adequate and comprehensive, with no identified impediments preventing its implementation worldwide;

- For West and Central African countries, where capacity building for surveillance, laboratory, and response is needed, the determination of a PHEIC may not be regarded as a tool for triggering nor for boosting such efforts;

- The determination of a PHEIC would unnecessarily and artificially increase the perception of the risk of the disease in the general public, which, in its turn, would translate into generating demand for vaccines, which should be used wisely;

- Not determining a PHEIC would not mean “business as usual”. The communication of the WHO Director-General decision would still be an opportunity to convey the needed continuity of the full range of necessary public health actions, beyond a mere high visibility determination. »

Ainsi ces experts n’ignorent pas que si les autorités nationales y vont à fond avec les mesures visant l’ensemble de la population, et les soumettent ainsi à un contrôle et à une surveillance accrus, et si elles exagèrent la gravité de la maladie et en font une sorte de lèpre dans l’imaginaire collectif, ce sont les membres de la communauté LGBTI+ qui en paieront les prix. Une approche plus ciblée et plus discrète serait probablement aussi efficace, voire plus efficace, en ce qu’elle se concentrerait principalement sur les personnes malades, au lieu d’avoir une approche populationnelle générale qui pourrait alimenter la peur de la maladie et la haine envers la communauté LGBTI+.

Même d’un point de vue strictement sanitaire, pourquoi déclarer un PHEIC si l’alerte qui a déjà été lancée et les mesures qui ont déjà été prises semblent suffire pour garder la situation sous contrôle, et si les autorités nationales des pays occidentaux appliquent déjà dans une large mesure les recommandations de l’OMS ?

En ce qui concerne les limites en matière de santé publique des pays africains d’où proviendrait cette nouvelle variante de la variole du singe, la déclaration d’un PHEIC ne serait pas une bonne manière de remédier à la situation.

La remarque de ces experts sur les vaccins est très intéressante. Au lieu de chercher à faire augmenter la demande pour les vaccins en donnant artificiellement à la population générale l’impression qu’elle est en danger, ils proposent d’utiliser avec discernement les doses de vaccin disponibles. C’est tout le contraire des experts qui sont en faveur de la déclaration du PHEIC et qui semblent vouloir accroître la demande pour ces produits pharmaceutiques.

Finalement, ces experts rappellent que le fait de ne pas déclarer un PHEIC ne signifie pas qu’on ne fait rien. Ce qui veut dire qu’il n’est pas nécessaire de déclarer une urgence de santé publique de portée internationale chaque fois que l’on veut faire des recommandations. Déclarer à tort et à travers des PHEIC, ce serait comme utiliser l’artillerie lourde ou même un missile intercontinental à ogive nucléaire pour détruire un poulailler.


Il semble donc y avoir deux groupes d’experts qui s’affrontent au sein du Comité d’urgence, et peut-être aussi au sein de l’OMS. Je me désole encore une fois que nous ignorerions lesquels de ces experts appartiennent à chaque groupe. Nous ne le saurons probablement jamais, étant donné que le code d’éthique de l’OMS s’oppose à cette transparence sous prétexte de confidentialité :

« The Ethics Officer from the Department of Compliance, Risk Management, and Ethics briefed Members and Advisers on their roles and responsibilities. Members and Advisers were also reminded of their duty of confidentiality as to the meeting discussions and the work of the Committee, as well as their individual responsibility to disclose to WHO, in a timely manner, any interests of a personal, professional, financial, intellectual or commercial nature that may give rise to a perceived or direct conflict of interest. Each Member and Adviser who was present was surveyed. No conflicts of interest were identified. »

Je n’ai pas vérifié s’il est vrai que les membres et les conseillers du Comité d’urgence n’ont pas de conflits d’intérêts en raison de leurs relations avec l’industrie pharmaceutique. Ce que je trouve intéressant, c’est que l’officier en éthique du Département de l’assentiment, de la gestion du risque et de l’éthique ne considère pas que l’OMS elle-même est en situation de conflit d’intérêts et compromise en raison du financement obtenu par la Fondation Bill & Melinda Gates et Gavi, l’Alliance du vaccin, qui sont étroitement liées à l’industrie pharmaceutique, notamment les marchands de vaccins ; et que certains membres ou conseillers du Comité d’urgence qui occupent des positions importantes dans les bureaucraties sanitaires nationales (par exemple Theresa Tam) peuvent certainement profiter de la déclaration régulière de PHEIC, qui leur permet de conserver ou d’accroître le financement et le pouvoir détenus par ces organismes bureaucratiques, qui sont des parasites qui vivent à nos dépens et dont on pourrait difficilement justifier la voracité et la puissance sans l’existence de tels PHEIC.

Ce n’est probablement pas pour rien qu’on sacrifie la transparence sur l’autel de la confidentialité au sein de ce comité. Ce qui peut sans doute être dit dans toutes sortes d’autres contextes, et laisse entrevoir le fort degré de corruption de nos institutions et de nos sociétés.