De quoi a l’air une véritable manifestation d’extrême-droite ?

D'après ce que raconte la majorité de la classe politique et des journalistes, le mouvement d'opposition aux mesures soi-disant sanitaires serait une espèce de rassemblement d’extrême-droite, où on retrouverait des racistes, des misogynes, des antisémites, des islamophobes, des homophobes et des transphobes, et où des croix gammées et d’autres symboles haineux seraient monnaie courante.

Pourtant rien de tout cela dans de nombreuses vidéos qui circulent sur internet depuis la semaine dernière. À moins bien sûr qu’on en vienne à considérer les drapeaux canadien et québécois comme de tels symboles, ce qui n’est pas à exclure, un jour, si nos gouvernements persistent dans leur autoritarisme et dans les mesures oppressives qu’ils imposent à la population. Qui sait ? il se pourrait qu’un jour on en vienne à considérer nos drapeaux comme des symboles nauséabonds. Mais nous n’en sommes pas encore là.

 

S’il est vrai que des images ou des vidéos circulent dans les médias et sur internet où on voit un drapeau nazi et un drapeau confédéré, c’est une infime minorité des manifestants, s’il ne s’agit pas d’agents provocateurs qui cherchent à discréditer ce mouvement. Ce ne serait pas la première fois que ça arrive. Qui a déjà participé à des manifestations qui dérangent le gouvernement sait bien qu’il faut faire attention aux agents provocateurs, dont le but est de retourner l’opinion publique contre les manifestants et de justifier une intervention policière brutale pour disperser la population en commettant des actes de vandalisme ou de violence.

Nos gouvernements et les journalistes savent très bien que le Convoi pour la liberté n’a rien à voir avec un groupe d’extrême-droite. Ils mentent en connaissance de cause. Et si une partie de la population en vient à croire ces accusations, c’est qu’elle ne se donne pas la peine de regarder des vidéos de la situation à Ottawa, et qu’elle ne sait pas de quoi ont l’air de véritables rassemblements ou manifestations d’extrême-droite, faute d’en avoir déjà vu, en personne ou en vidéo. Pour les aider à voir la différence, voici quelques échantillons.

 

Toutes ces scènes ont eu lieu en Ukraine en 2014, à l’occasion du changement de régime soutenu par plusieurs pays européens, par les États-Unis et par le Canada. Même l’incendie de la Maison des syndicats d’Odessa (2 mai 2014, à partir de 18:15 dans la vidéo), à l’occasion duquel environ une trentaine de personnes ont été tuées, en plus de nombreux blessés, n’a pas incité le gouvernement conservateur de l’époque et les médias canadiens à adopter une position plus nuancée à propos de cette guerre civile.

Le gouvernement Harper a envoyé 200 militaires canadiens en Ukraine en 2015 pour une mission d’entraînement (opération UNIFIER), et le gouvernement Trudeau a décidé de prolonger cette mission en 2017. Outre le fait qu’il pose déjà problème de soutenir un gouvernement issu d’une révolution où ont joué un rôle important des milices ultra-nationalistes et néo-nazies, et qui continue à les utiliser, certaines de ces milices, par exemple le régiment Azov (dont les symboles sont une Wolfsangel inversée et un soleil noir de couleur inversée), ont été incorporées à la Garde nationale ukrainienne et auraient même été entraînées par des instructeurs canadiens. (Voir les articles incriminants publiés dans l’Ottawa Citizen à la fin de l’année 2021 : 1, 2, 3.)

À un moment où le Canada vient de prolonger l’opération UNIFIER, et se propose d’augmenter les effectifs militaires canadiens en mission d’entraînement en Ukraine, de verser 340 millions de dollars à l’Ukraine et de lui fournir de l’équipement militaire non létal (1), en plus de lui accorder un prêt pouvant atteindre jusqu’à 120 millions de dollars (2), le gouvernement fédéral a vraiment du culot de nous faire la leçon et d’accuser le mouvement des camionneurs d’être contaminé par une idéologie d’extrême-droite. Mais voyons le bon côté des choses : il nous tend le bâton avec lequel le battre, ses accusations pouvant facilement être retournées contre lui en raison de son hypocrisie.

Bien entendu, il y a le risque de nous faire traiter de pro-russes et la CBC pourrait broder sur ses théories du complot. Toutefois il ne s’agit pas d’être pour ou contre les Russes, mais de nous demander si nous n’avons pas mieux à faire de notre argent que de le jeter au feu en entraînant et en équipant des forces militaires composées d’éléments d’extrême-droite qui sont bien connus pour leurs exactions contre les civils d’Ukraine. Compte tenu de l’état déplorable des finances publiques canadiennes depuis l’adoption des mesures soi-disant sanitaires, compte tenu que nous pourrions aggraver des tensions déjà palpables et nous retrouver engagés dans un conflit où nous ne faisons décidément pas le poids et où n’avons rien à gagner et tout à perdre, le tout pour défendre un pays vis-à-vis duquel nous devrions plutôt prendre nos distances, n’aurions-nous pas intérêt à essayer de résoudre plutôt nos propres problèmes ?

Pour ceux qui douteraient de l’existence ou de la puissance des groupes d’extrême-droite armés dans l’Ukraine que le Canada soutient depuis 2014, je les invite à ne pas croire ce que le gouvernement et les grands médias racontent sur la « révolution ukrainienne ». Ne nous ont-ils pas menti à plusieurs reprises sur la « gestion de la crise sanitaire » ? Ne mentent-ils pas sur le mouvement des camionneurs ? Alors pourquoi ne mentiraient-ils pas et ne nous cacheraient-ils pas des choses sur ce qui s’est passé et continue de se passer en Ukraine ? Avec tout ce qu’ils ont dit et fait depuis deux ans, nous savons qu’ils en sont capables. Je vous invite donc, si la question vous intéresse, à faire vos recherches par vous-mêmes. Le reportage de Paul Moreira, sur le début du conflit (2014-2016), est un bon point de départ :

Ukraine, les masques de la révolution